La philosophie grecque

Raphaël Sanzio, Stanze du Vatican : l’Ecole d’Athènes

L’étude de l’histoire de la pensée montre que dans leurs efforts pour comprendre et expliquer le monde, les civilisations ont toujours d’abord élaboré des mythes. En Grèce comme ailleurs, tout a commencé par une cosmogonie de cet ordre et nul n’ignore la puissance et la vitalité de la mythologie grecque. Mais dès le VI° siècle avant J.C., émergent en Grèce, sur le terreau mythologique, des tentatives d’explication de l’univers essayant d’éliminer l’intervention du « surnaturel » dans l’énigme posée par l’existence du monde. C’est le début des disciplines scientifique et philosophique. Mais à cette époque là, elles étaient intimement liées, autant dire indifférenciées puisque les premiers philosophes se nommaient « physiciens », c’est-à-dire scrutateurs de la nature, « phusis » chez les Grecs. Les découvertes scientifiques de cette époque font, pour la plupart d’entre elles, toujours partie des fondements des sciences actuelles et cette recherche est aussi à l’origine de la philosophie au sens moderne du terme.

Athènes deviendra vite le centre de cette nouvelle pensée et Socrate le pivot de son évolution. Par la suite, la philosophie romaine (particulièrement dans ses recherches sur la morale, le stoïcisme et l’épicurisme) se réclamera héritière de la pensée grecque.

  1. Les pré-socratiques
  2. La première Sophistique
  3. Socrate et ses disciples
  4. Aristote
  5. Les Cyniques
  6. Les Épicuriens
  7. Les Stoïciens

Les pré-socratiques

Les présocratiques forment une étape importante de la pensée grecque par le caractère moderne de leurs intuitions scientifiques, vérifiées plus tard par les sciences actuelles. Les sciences et la philosophie de cette période se sont avant tout développées en Asie Mineure, appelée Ionie (Ephèse et Milet) et en Grande Grèce (Sicile et Italie du Sud).

 Orphée et Pythagore

Si Orphée est un personnage fictif, Pythagore, (570-495 av. J-C) qui s’en réclame, est, lui, un personnage historique. Le pythagorisme, qui se répandra en Grèce à partir de l’Italie, allie la croyance en la metempsychose, à l’étude des mathématiques et à une conception rationnelle de l’univers.

Dans son ouvrage intitulé Le Dossier Pythagore, Pierre Brémaud montre tout l’intérêt de cette focalisation sur les nombres, comme principe explicatif de l’univers. Ainsi le chiffre 10 est le « chiffre parfait, né de l’addition des 4 premiers nombres 4 + 3 + 2 + 1 : il représente la perfection du Tout. »

Thalès de Milet ( 625- 547 av. J.C.)

Contemporain de Pythagore, Thalès de Milet est le digne représentant d’une école ionienne, et plus particulièrement milésienne, de la pensée. Père de l’astronomie, auteur présumé du théorème qui porte son nom – selon lequel un triangle inscrit dans un cercle, et dont la base constitue le diamètre de ce cercle, est un triangle-rectangle – il étudia également le cosmos ; il estime que l’univers est issu d’un élément unique, l’eau. A ce titre, tout comme Anaximène qui estime, lui, que l’origine de l’univers est l’air, il s’efforce de rendre compte des phénomènes physiques d’une manière entièrement rationnelle ; à ce titre, il est l’un des pères de la science grecque, et moderne.

Héraclite d’Ephèse (550- 480 av.J.C.)

Sur ce philosophe déroutant et volontairement obscur, le premier à avoir, cependant, écrit en prose, voir ici.

Parménide (fin VIème– début Vème siècle av.J.C.) et l’école Eléate

Si, avec Thalès et Héraclite, l’on se trouvait en Asie Mineure, on revient avec Parménide et Empédocle en Italie du Sud ou en Sicile.

Sur cet auteur, qui a beaucoup influencé Platon – lequel lui a consacré un de ses derniers dialogues -, voir ici.

Parmi ses disciples, on compte Zénon d’Élée, qui se rendit célèbre par ses paradoxes sur le temps.

Anaxagore de Clazomènes (500-437 ou 436 av. J-C)

Sur cet ami de Périclès, originaire d’Asie Mineure, mais qui passa la plus grande partie de sa vie à Athènes avant de mourir en exil, voir ici.

Empédocle ( vers 495-435 av.J.C.)

Empédocle d’Agrigente (qui nous ramène donc vers la Grande Grèce), se distingue de ses prédécesseurs en considérant que l’univers était issu non pas d’un, mais de quatre éléments primordiaux : l’eau, le feu, la terre et l’air, qui se combinent ou se séparent selon l’influence de deux forces contraires : Νεῖκος (La querelle, la haine) et Φιλία (l’Amour, l’Amitié). Sur Empédocle, voir ici.

Démocrite d’Abdère (460-370 av.J.C.)

Ce contemporain de Socrate est surtout connu pour être le premier théoricien des atomes et du matérialisme. Il s’est également intéressé à la morale. Voir ici.

La première Sophistique

Au Vème siècle avant J-C, à l’apogée d’Athènes, règnent essentiellement les Sophistes. Ceux-ci ont à peu près abandonné les spéculations sur l’univers et les recherches scientifiques ; on assiste alors à une spécialisation.

D’un côté, la Sophistique et la philosophie, qui se consacrent à l’homme, à la morale, à la recherche du bonheur ; de l’autre, la science, essentiellement consacrée aux mathématiques, à la physique et à l’astronomie.

Les principaux Sophistes sont Protagoras d’Abdère (480-408) et Gorgias. Adversaires de Socrate, ils ont tous deux servi de protagonistes à des dialogues de Platon. Voir ici une étude sur le Gorgias, et ici un extrait du Protagoras.

Estimant que « L’homme est la mesure de toutes choses » (Protagoras), les Sophistes approfondissent la dialectique inventée par Zénon d’Élée ; il ne s’agit plus, en effet, de « montrer » la vérité, une et évidente, mais de s’affirmer, d’emporter la conviction par une parfaite connaissance des techniques du langage et de l’argumentation. Les Sophistes sont donc considérés comme les maîtres, et les inventeurs, de la rhétorique et de la dialectique.

Leur public également change : il s’agit moins d’esprits éclairés cherchant la connaissance pour elle-même, que de jeunes aristocrates Athéniens soucieux d’acquérir l’art de la persuasion, afin d’exercer le pouvoir, et prêts pour cela à payer fort richement leurs professeurs. Ce caractère à la fois utilitariste et mercantile de la Sophistique leur sera violemment reproché, notamment par Socrate et Platon.

Cela dit, comme en témoignent, de façon humoristique, les Nuées d’Aristophane, la différence entre Socrate et les Sophistes ne sautait pas aux yeux des contemporains…

Socrate et ses disciples

 Socrate (470-399 av. J.C.)

Dernier philosophe du Vème siècle, Socrate s’opposa constamment aux Sophistes, non sans parfois être confondu avec eux. Voir ici.

Platon (427-347 av. J.C.)

Voir ici.

Aristote (384-323)

Sa vie et son œuvre

Aristote naquit en Thrace en –384. Son père était le médecin de Philippe, roi de Macédoine. C’est peut-être lui qui lui donna le goût pour les sciences concrètes. Mais c’est à Athènes qu’il vint parfaire son éducation en suivant pendant vingt ans l’enseignement de Platon. Il devient un de ses élèves préférés et montra un goût profond pour l’acquisition de vastes connaissances, à tel point que Platon le surnommait « le liseur » et lui confia plus tard l’enseignement de la rhétorique. Aristote fut profondément influencé par la philosophie de Platon et son système se définit par rapport à celui de Platon, y compris dans ses oppositions, car les deux hommes avaient des tempéraments et des démarches opposés.

A la mort de Platon, Aristote quitta Athènes pour se fixer à Amos comme conseiller du prince des lieux. Il fut ensuite appelé à la cour de Macédoine pour devenir le précepteur du jeune prince, le futur Alexandre le Grand. Sous la protection du roi Philippe, il y constitua le plus grand laboratoire de l’Antiquité, étudiant et classant la faune et la flore dans un esprit encyclopédique.

En –335, il revint à Athènes, récemment soumise par la Macédoine, pour fonder son école, le Lycée, du nom d’un quartier de la ville. Comme il enseignait en se promenant, ses élèves furent appelés péripatéticiens ( de « péripatos » : promenade). A la mort d’Alexandre, en –323, il dut quitter Athènes pour fuir des réactions fortement antimacédoniennes. Peu de temps après, il mourut à Chalcis, en Eubée.

Son œuvre était importante, mais les traités destinés à la publication sont perdus ; il ne nous reste que les notes de cours et les exposés à usage interne. Cela explique la difficulté pour connaître l’œuvre véritable d’Aristote. La cheville ouvrière de la transmission de son œuvre fut Cicéron qui, plus deux siècles après, rassembla ses œuvres et les publia.

Platon, essentiellement tourné vers la morale, fut un théoricien ; Aristote, de tempérament pragmatique, essaya de classer et de décrire rigoureusement tous les champs de la connaissance, inaugurant ainsi la démarche encyclopédique. S’il est philosophe, il est aussi l’Erudit, le Savant. Chose nouvelle dans l’histoire des connaissances, il distingue nettement les différentes sciences jusque là confondues dans la philosophie.

Sa Métaphysique

Aristote s’oppose nettement à Platon en affirmant la réalité du monde concret qui n’était pour Platon qu’un monde de reflets (le vrai monde étant celui des Idées). Cette partie de la pensée d’Aristote est assez difficile à cerner dans ses détails. Pour lui le corps est la matière – comme le matériau d’une statue est une « statue en puissance » — et l’âme est la forme donnée au corps (eidos) — comme la statue terminée est une « statue en acte ».

Cette position de départ éclaire sa démarche dans tous les autres domaines, fondée sur l’observation, la description et le classement raisonné.

Le champ de la morale et de la politique

Son traité de morale le plus important est l’Ethique à Nicomaque. Aristote l’aborde par une série de descriptions des mœurs aboutissant à des définitions et un classement réfléchi. Dans la définition des différentes vertus, Aristote, contrairement à Platon, s’intéresse aussi aux vertus sociales — comme l’amabilité – prenant bien davantage compte des contingences concrètes . Comme Montaigne plus tard, sa préoccupation pour définir les vertus semble être le juste milieu, la difficile voie moyenne, entre l’excès et le manque, évitant de tomber dans l’un ou l’autre de ces vices opposés : ainsi dans le livre II de l’Ethique à Nicomaque, le courage est défini à mi-chemin entre la témérité et la lâcheté.

Dans son œuvre politique, seuls nous restent les huit livres de la Politique ; toute la documentation préalable et les autres ouvrages sont perdus. Pour Aristote, l’homme étant un animal politique, l’idée même de Cité va de soi. Elle correspond à un besoin naturel de l’homme. Il critique la cité idéale de Platon, car selon lui la propriété et l’affection des individus les uns pour les autres sont les éléments nécessaires au bon fonctionnement de la Cité.

Il distingue trois types de gouvernement :la monarchie, l’aristocratie, la république, qui, lorsque l’intérêt particulier prend le pas sur l’intérêt général, se muent en leurs correspondants corrompus, respectivement : la tyrannie, l’oligarchie, la démocratie. La répartition des trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire peut se combiner, dans chaque type de gouvernement, de manière différente.

Le meilleur régime est, en politique aussi, celui qui emprunte la voie du juste milieu : sa constitution idéale est un mélange réaliste de démocratie et d’aristocratie. Là aussi, il s’oppose à l’idéalisme platonicien.

Les sciences

Fidèle à son tempérament, Aristote s’est surtout intéressé à l’histoire naturelle et à la biologie. Il n’a cessé de mener des enquêtes avec ses disciples, observant les phénomènes naturels là aussi dans une perspective de classement. Les quelques titres qui nous sont parvenus en disent long sur l’éclectisme de ses recherches, dont les conclusions sont, certes, aujourd’hui dépassées, mais dont la démarche, innovante à cette époque, est fondatrice de bien des disciplines actuelles : « Du ciel », « Des météores », « Des crues du Nil » ; « Histoire des animaux », « Des parties des animaux » ; « Sur les couleurs », « Sur les plantes », et bien d’autres.

Rhétorique et littérature

Ses traités de rhétorique et de poétique sont fondés eux aussi sur l’observation et le classement rigoureux des mécanismes et des ressorts du raisonnement (pour la rhétorique) et des genres littéraires (pour la poétique). Dans ces domaines son influence fut profonde. Il a ainsi forgé les outils encore actuels de la critique littéraire et de l’analyse des discours. Ainsi, c’est de lui que viennent les règles de la vraisemblance et de l’unité d’action sur lesquelles repose la grande tragédie classique du XVII° siècle.

Ce qui est frappant chez Aristote, c’est l’alliance d’une diversité encyclopédique des savoirs et d’une unicité de la méthode appliquée dans tous ces savoirs, et cela constamment nourri d’un intérêt profond et sincère pour tout ce qui a trait à l’humain.

Pour une étude plus complète, voir ici.

Les philosophes cyniques (fin Vème siècle, IVème siècle).

Représentés par le célèbre Diogène (413-327) et son disciple Cratès, les cyniques préféraient l’action à l’argumentation, et ne nous sont donc connus que de seconde main. Diogène pourtant passait pour avoir écrit, notamment des tragédies, mais les traces en sont perdues.

Très provocatrice, la philosophie cynique prépare à la fois le Stoïcisme et l’Epicurisme :

• Rejet de la civilisation, et des valeurs de la société. Le cynique se veut apatride, sans famille ; il vit en marge de la société dont il refuse les valeurs. Son attitude est souvent provocante : sale, barbu, il urine, se masturbe et fait l’amour en public…

• Un eudaimonisme, comme le platonisme, l’épicurisme… Le cynisme estime que le seul but de la philosophie est le bonheur, et il propose pour cela une voie courte, reposant non sur des connaissances (il n’a que faire de la physique et de la logique), mais sur des actes.

• Une ascèse rigoureuse : le cynique prône un retour à l’Etat de nature, dont l’homme n’aurait jamais dû sortir. Il rejette donc tous les plaisirs non naturels, et de manière plus générale, tous les biens extérieurs à l’homme, sources de souffrances puisqu’ils peuvent lui être enlevés (on voit la parenté avec le stoïcisme…). Par un entraînement rigoureux, le Sage s’efforcera donc d’apprendre à surmonter la souffrance, à se prémunir contre la maladie ou la mort : endurer le froid ou le chaud, la faim…

• Il débouchera ainsi sur un bonheur authentique : une tranquillité de l’âme, exempte de craintes, qui s’accompagne de plaisir et de joie.

Épicure (341-270 av. J-C)

Pour Epicure et ses disciples, le bonheur est le but unique de la philosophie ; il va même jusqu’à affirmer que tout ce qui ne conduit pas au bonheur est parfaitement inutile. Ce qui le conduit à des affirmations qui ont fait scandale à l’époque, et même au-delà :

  • Toute connaissance n’est pas bonne ; et si c’est souvent l’ignorance qui est à l’origine de nos peurs et de nos malheur (d’où ses recherches physiques, visant à éliminer la peur des Dieux comme celle de la mort par un matérialisme rigoureux), il est aussi des connaissances inutiles et des ignorances propices. La connaissance n’a pas de valeur en soi – sauf si elle est elle-même source de jouissance !
  • « Dans les autres occupations, le fruit ne vient qu’une fois qu’on les a laborieusement menées au terme ; mais en philosophie, l’agrément court du même pas que la connaissance ; la jouissance ne succède pas à l’apprentissage, l’apprentissage et la jouissance sont simultanés.«  (27ème sentence vaticane).
  • Le Sage est à la recherche d’un bonheur individuel, qui implique qu’il se détache de tous les biens sociaux, qu’il se tienne à l’écart de la société et de ses honneurs… Voir les textes de Lucrèce (en particulier le célèbre Suave mari magno…) et d’Horace.

Ajoutons le fait que le « Jardin », école fondée à Athènes par Épicure, ne ressemblait pas aux écoles traditionnelles (le Portique, le Lycée d’Aristote….) mais plutôt à ce que l’on appellera à l’époque hippie une « communauté » où se mêlaient, au grand dam des moralistes, jeunes et vieux, hommes et femmes… (or la société grecque pratiquait la stricte séparation des sexes, les femmes étant à peu près confinées au gynécée…) D’où des rumeurs aussi folles que mal fondées !

Le bonheur étant le but ultime de la philosophie, on y parvient d’une part grâce à une « physique » qui nous permet de combattre les peurs irrationnelles, mais également par la connaissance anthropologique de l’homme, qui lui permettra, en évacuant les perversions reçues dès l’enfance, de connaître sa vraie nature et de vivre conformément à celle-ci.

L’une des grandes affirmations de la physique épicurienne, est qu’il n’y a rien en dehors de la matière et du vide. Par voie de conséquence, l’âme (dont Epicure ne nie pas l’existence) est nécessairement de nature matérielle, composée d’atomes, et comme telle, mortelle. Il n’y a donc pas de survie après la mort, pas d’au-delà : c’est ici et maintenant que nous devons vivre et tenter d’être heureux. C’est une rupture radicale, notamment avec le platonisme.

Comme un peu plus tard les Stoïciens, Épicure considère que la durée de la vie est au fond relative : ce qui compte, c’est moins qu’elle ait été longue ou brève, mais qu’elle ait été de qualité. Et pour en juger, la nature fournit un critère absolu : le plaisir et la douleur, l’un représentant le Souverain Bien, l’autre le Mal.

Mais cet hédonisme revendiqué aboutit en fait à une ascèse sur le plan physique (un régime sobre permet un plaisir à plus long terme que l’intempérance, qui conduit à l’indigestion ; un remède douloureux sera accepté s’il rend la santé…), et à un mode de vie studieux et amical sur le plan moral : les vertus traditionnelles sont ainsi préservées ; le criminel, le débauché sont de mauvais calculateurs, qui ruinent leur santé, leur fortune, se vouent à la solitude ou au remords. On n’est pas si loin du « méchant par ignorance » de Socrate…

La meilleure forme de plaisir, la plus durable, est l’ataraxie, ou absence de trouble : un plaisir « d’état » et non d’action, que l’on n’éprouve lorsque l’on ne souffre d’aucun mal physique, d’aucun tourment moral ou sentimental… Un « bien-être » lié au pur sentiment d’exister… Une « basse continue » (pour reprendre l’image de Monique Canto Sperber, voir supra) marquée de temps en temps par le « temps fort » d’un plaisir plus actif… (Ex : un « petit extra » dans un régime raisonnable…) Cette marge de liberté s’explique par les trois catégories de désirs :

  • naturels et nécessaires, les seuls vraiment légitimes : boire de l’eau quand on a soif.
  • ni naturels, ni nécessaires, et donc rigoureusement condamnés par le Sage, comme sources de plus de souffrance que de plaisir : boire dans une coupe d’or, par exemple, ou ne boire que champagne et grands crus millésimés… Le luxe est ainsi condamné.
  • Une catégorie intermédiaire, que le Sage s’octroie de loin en loin, sans jamais s’en rendre esclave : s’offrir, à l’occasion, (et au choix du lecteur !!) un soda, un jus de fruit, une goutte de pastis dans l’eau, une bière fraîche, voire une coupe de champagne… AVEC MODERATION, cela va de soi.)

L’on atteint ainsi une forme de plaisir qui, pour être plus simple, dépourvue d’artifice, n’en est que plus intense : voir ainsi « L’art de vivre » de Giono, qui dans la Chasse au Bonheur, décrit une expérience de ce genre. Voir aussi le texte de Comte-Sponville, « la tempérance »

Le Stoïcisme

Cette philosophie est née en Grèce au IIIème siècle avant J-C ; elle est donc postérieure à celle de Socrate et de Platon (Vème-IVème) et d’Aristote (IVème). On distingue trois grands mouvements :

  • L’ancien Stoïcisme, ou Stoïcisme athénien : Zénon de Citium (une ville de Chypre), 334-262, Cléanthe (331-232) et Chrysippe de Soles (280-206), qui propose une vision globale de l’univers : physique, logique, psychologie, morale. A noter que les oeuvres de Chrysippe (ou plutôt ce qu’il en reste, des fragments) ont été récemment rééditées. (voir bibliographie). A quelques années près, les premiers Stoïciens sont contemporains d’Epicure, qui fonde son école, le Jardin, en 306. Ils se réunissent près du Portique « Stoa poikilè », proche de l’Agora d’Athènes, d’où le nom que gardera l’école : le Portique.
  • Le moyen Stoïcisme date du Ier siècle avant J-C : il est donc contemporain de Cicéron, César, de l’épicurien Lucrèce… Il ne se limite plus à Athènes, mais essaime dans le bassin méditerranéen, notamment à Rhodes. Il est représenté par Panetios et Poseïdonios, dont Cicéron, vers 78-77, suit les cours. Panétius fera également des séjours à Rome. Il s’agit d’une remise à jour du stoïcisme, qui insiste davantage sur le point de vue moral.
  • Le nouveau Stoïcisme, ou Stoïcisme impérial, regroupe des philosophes postérieurs, d’époques différentes : Epictète, Sénèque (mort en 65), Marc-Aurèle ; et il met essentiellement l’accent sur la morale, fondée sur l’effort, l’intention du bien et la maîtrise de soi.
    • Epictète (50-130 après J-C) : ancien esclave affranchi, il n’écrit rien lui-même, comme Socrate. C’est son disciple Arien qui rédige son ouvrage, le Manuel ou Enchiridion.
    • Marc-Aurèle (121-180 ap. J-C, empereur de 161 à 180) : Auteur d’un ouvrage intitulé À soi-même, ou Pensées.