Le Surréalisme

André Breton en 1924

Bibliographie

  • Robert BRECHON : Le Surréalisme (coll. U2, Armand Colin)
  • Louis ARAGON : Le Paysan de Paris
  • André BRETON : Les Manifestes du Surréalisme (coll. Idées Gallimard)

Quelques dates

  • 1919 : Les Champs Magnétiques (Soupault-Breton : textes en écriture automatique)
  • 1924 : Breton : 1er Manifeste.
  • 1926 : Eluard : Capitale de la Douleur ; Aragon : Le Paysan de Paris
  • 1928 : Breton : Nadja
  • 1930 : Breton : 2ème Manifeste (qui articule Révolutions politique et poétique)
  • 1937 : Breton : L’Amour Fou.

Les sources revendiquées

  • Sade
  • le roman noir anglo-saxon
  • Rimbaud
  • Lautréamont (très important)
  • Alfred Jarry
  • Apollinaire : avant-propos aux Mamelles de Tirésias.

Les précurseurs

1910-1913 : En France et à l’étranger, révision complète des principes esthétiques : LA MODERNITE. Cf le « Bateau-Lavoir » (rue Ravignan) : lieu où se déroulent toutes les recherches esthétiques d’avant-garde.

Le futurisme

En 1909, Marinetti est l’auteur de ce mouvement ; homme de culture italienne et française, parlant les 2 langues. Création d’un mouvement ; publication d’un Manifeste dans le Figaro en 1909.

Il s’agit de remplacer un idéal d’harmonie par un idéal de mouvement, car les principes esthétiques ne semblent plus adaptés à la société. Vision neuve de la poésie où l’on insère toutes les inventions modernes. (cf. Zone, d’Apollinaire). 1913 : désormais, il faut des « mots en liberté », dit Marinetti. Un poète actuel ne peut pas dire notre univers comme le faisait Racine.

Rupture de la syntaxe. Emploi préférentiel du substantif, de l’infinitif. Volonté de faire coïncider le plus possible écriture et vie.

Grande influence sur Apollinaire et sur Cendrars.

Le mouvement Dada

Né à Zurich en 1916. Tristan Tzara en est l’auteur. 1916 = la guerre la plus horrible de l’histoire, qui détruit tout ce qu’elle prétend défendre ; en Suisse, un pays neutre, de jeunes intellectuels découvrent la faillite de la civilisation humaniste créée par la Renaissance.

C’est un mouvement négatif : les Dadaïstes veulent tout détruire (cf. les « conférences Dada »). Mouvement qui dure peu : dès la fin de la guerre lui succède le Surréalisme. Breton, Soupault, viennent de Dada. Dada a-t-il donné naissance au Surréalisme, ou celui-ci s’élève-t-il contre lui ? Le Surréalisme propose une nouvelle forme de vie qui donnerait à l’homme joie, amour de la vie ; il reprend cependant la révolte de Dada contre la société « humaniste ».

Le Surréalisme

Il correspond exactement à l’entre-2-guerres. Après 1940, il y a encore des Surréalistes, et influents, mais le mouvement s’essouffle.

La grande date : 1924

  • Au 15, avenue de Grenelle s’ouvre un « bureau de recherches surréalistes » : mouvement qui se veut d’avant-garde et moderne. Ce bureau a pour mission de recueillir des documents pour étayer la théorie.
  • Premier Manifeste
  • Premier n° de la revue La Révolution Surréaliste (récemment rééditée).

1926-27 : Aragon, Eluard, Breton, Péret adhèrent au Parti communiste.

Dans son 2ème Manifeste, Breton met au point sa position par rapport aux partis politiques ; en 1935, il rompt avec le PCF et « excommunie » ses camarades, surtout Aragon.

Mais en 1924, le problème ne se posait pas pour les Surréalistes ; pour eux, il s’agit plutôt d’une révolution « métaphysique » : le 1er Manifeste revendique « une liberté pour l’homme dans une libre et féconde disposition de son imagination ».

Refus de la société occidentale

Procès du réalisme

Procès d’une littérature qui a fui l’imagination et a donné à l’homme le seul droit de copier l’univers, le tout reposant sur une prétendue logique (cf. p. 14 sqq.).

Réhabilitation de l’ensemble de l’activité psychique

Il faut faire travailler la totalité de l’esprit et non pas seulement l’intelligence. Esprit infirme jusqu’à présent. Importance du rêve : toute une série de puissances dédaignées par la vie quotidienne. Breton est médecin et intéressé par Freud. (Manifestes, p.33) ; L’homme doit jouir librement de tout ce qu’il porte en lui. Le rêve nous propose une image de cette vie possible, mais seulement une image (p. 24). P. 31 sqq. : remonter aux sources de l’imagination poétique.

L’image surréaliste

Pierre Reverdy contribue à créer le Surréalisme, mais sans jamais y appartenir : il est plus ancien. Premier à définir l’image comme le feront plus tard les Surréalistes.

L’image est création pure de l’esprit. Ne pas confondre avec la comparaison ni la métaphore ; distinction d’ordre thématique. « Elle ne peut naître d’une comparaison, mais du rapprochement de 2 réalités très éloignées« . Paul Reverdy, Nord-Sud, mars 1918.

Ex : « la Terre est bleue comme une orange » (Eluard) : écart très grand entre deux réalités, rapport nouveau à l’univers.

La lecture d’une image surréaliste permet de dire que le poète ne dit pas le monde : il dit quelque chose de neuf, il parle.

Mais Breton apporte une nuance : pour Reverdy, cette création est voulue délibérément. Pour Breton, elle est spontanément obtenue : écriture automatique. Voir l’anecdote rapportée dans Manifestes, p. 31 : perception d’une création neuve qui lui apparaît comme un travail spontané de l’esprit.

  • Cf. p. 34 : la pensée = libre et spontané fonctionnement de l’esprit.
  • P. 37 : définition du Surréalisme.

La Lettre du Voyant d’Arthur Rimbaud est publiée à la fin de la guerre, quand Breton commence à réfléchir au Surréalisme : elle l’a éclairé. Cf. p. 42 : Secrets de l’art magique surréaliste. Méthode à suivre : pour Breton, l’écriture automatique est l’exercice qui nous aide à reconquérir la liberté de notre esprit et sa mobilité. Le hasard est un Dieu : cf. le « hasard objectif », le jeu des « cadavres exquis ».

Il est impossible de publier des poèmes écrits ainsi. Les poètes tirent parti de cet entraînement, mais n’en font pas des poèmes.

P. 50 : ce qu’apporte le Surréalisme : images, révolution de la forme et de la pensée. Cf. Le Paysan de Paris : un homme qui découvre Paris ; stupéfaction, les passages, et un jardin : les Buttes-Chaumont. Mélange de l’artificiel et du naturel.

L’image est un stupéfiant et le Surréalisme un vice : « Il y a dans chaque homme une image à trouver qui anéantit l’univers. »

L’image surréaliste crée un univers nouveau. Volonté de changer la vie, et non la Société, au début.

Fin du 1er Manifeste : « l’existence est ailleurs ». Il ne s’agit pas d’une évasion dans un autre monde (spatial ou temporel) ; une altérité de chaque être est nécessaire, et une altérité de l’univers. Changer le regard de chaque homme pour changer son univers et sa vie par contagion. Type de révolution que souhaite Breton au début et à la fin de sa vie.

Le Surréalisme n’est pas un mouvement littéraire ou poétique

Les Surréalistes ont écrit pour se faire connaître, ou par goût, mais ce n’est pas une révolution d’ordre littéraire. Breton détestait le mot « littérature ».

C’est un mouvement d’abord et avant tout d’ordre Révolutionnaire.