Voyager à la Renaissance

Le voyage en Europe

On voyage beaucoup à la Renaissance, pour ses affaires, ou pour sa formation, et souvent dès le plus jeune âge. Le mot « casanier » est très péjoratif ! En revanche, le voyage purement touristique, par simple curiosité, n’existe pas encore.

Le voyage est difficile : les routes sont dangereuses, il faut prendre des chevaux ou la Poste, des coches… et les périls sont multiples : bandits, mauvaises auberges, troubles politiques et / ou religieux…

En outre, les cartes et guides sont souvent très insuffisants. Par exemple, la première carte de France, très imparfaite (le Cotentin est quasi ignoré, la courbure du golfe du Lion n’existe pas…) est celle d’Oronce Fine, en 1525 ; on disposait aussi des « portulans », cartes des littoraux destinés aux marins, et se limitant aux rivages.

Un Portulan Pour agrandir, cliquer sur l’image

Carte d’Oronce Fine Pour agrandir, cliquer sur l’image

Le voyage s’appuie sur des réseaux : on ne voyage jamais seul. Les principaux réseaux :

  • marchands, et en particuliers libraires se rendant aux foires (la plus célèbre est celle de Francfort) ;
  • hébergement chez des confrères ou amis, parfois échanges entre fils de famille ; certains adolescents peuvent servir comme « pages » chez de riches familles, ou gagner leur vie comme précepteurs, ou encore travailler, souvent chez des corréligionnaires.
  • La langue de communication est le latin ; grâce à cette langue commune il existe un large échange d’idées, de manuscrits, d’œuvres…

Le voyage lointain

L’Italie et l’Orient

Les Croisades, qui se sont soldées par un échec assez piteux, sont terminées, mais Jérusalem reste un lieu de pèlerinage, et une étape obligatoire de tout voyage en Orient.

Le trajet était à peu près toujours le même : on gagnait l’Italie, et en particulier Venise – souvent avec un détour par Rome, et en particulier Lorette, à moins que l’on s’y arrête au retour – où l’on s’embarquait sur la « nave » vénitienne, qui allait gagner le proche Orient, escortée par la flotte de la Sérénissime. On passait par la Grèce, en particulier les îles, Chypre ou Rhodes, et l’on débarquait à Jaffa.

Le voyage était long, au minimum 8 ou 9 mois, et souvent bien plus ; il coûtait fort cher, et était surtout extrêmement dangereux. Il fallait franchir des cols montagneux, souvent en hiver, et bien des voyageurs périrent dans des avalanches (le mot n’existait pas encore !) ; puis le pèlerin affrontait le voyage en mer, toujours synonyme de mille périls : tempête, naufrage, corsaires, et, peut-être le plus redoutable, les épidémies à bord, en particulier de scorbut. Enfin, l’arrivée à Jaffa ne signifiait pas la fin de tout danger : les Européens se retrouvaient dans une terre étrangère, aux mains des Ottomans (et soumis aux attaques de tribus Arabes insoumises), et le plus souvent sous une chaleur écrasante, car ils s’y trouvaient généralement en juillet et août.

Ces voyages nous sont connus par de nombreux témoignages, mais qui reprennent inlassablement les mêmes étapes, les mêmes remarques, se copiant les uns les autres – avec, parfois, la surprise d’un instantané pris sur le vif…

Le « grand tour en Orient » faisait partie de la formation quasi obligatoire des jeunes gens qui pouvaient se le permettre…

Le Nouveau Monde

Voir Les Grandes Découvertes.

C’est l’aventure absolue : on n’a plus ici aucune protection, aucun repère ; on part vraiment à l’aventure, avec pour seules indications les récits des prédécesseurs… Et les populations rencontrées sont souvent hostiles.

En outre, le voyage ne peut se faire que par mer, ce qui est la voie la plus dangereuse.

Récits de voyage

Bibliographie

  • Céard Jean et Margolin Jean-Claude (sous la direction de), Voyager à la Renaissance, actes de colloque de Tours 1983, Éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 1987, 674 p.