Denis Diderot (1713-1784)

Diderot par Van Loo

Denis Diderot

Biographie

Diderot était mal connu à son époque. Deux raisons à cela :

1- Diderot lui-même : emprisonné en 1749 pour avoir écrit un livre athée et matérialiste, il ne publiera pas la plus grande partie de ses œuvres.

Voltaire publie à l’étranger, puis réimporte ses œuvres sous un faux nom ;

Rousseau publie en France et signe de son nom ; En 1951, on a encore découvert des œuvres de Diderot.

2- Raisons politiques et idéologiques : l’athéisme et le matérialisme n’étaient pas acceptés au 18ème siÈcle. Seuls les Allemands ont étudié les textes de Diderot : Hegel, Gœthe, Rosenkranz en 1864.

Diderot est le centre du siècle à cause de l’Encyclopédie. Il a également représenté les tendances de la pensée française au 18ème siècle.

 De 1713 à 1749 :

Fils d’un coutelier de Langres, il fait ses études au collège d’Harcourt (aujourd’hui Louis Le Grand). Il est reçu maître ès arts en 1732, puis connaît une dizaine d’années de bohème, car le droit ne l’intéresse pas : son père lui coupe les vivres. Diderot va alors faire de la littérature alimentaire (romans pornos, sermons pour missionnaires etc.) ; c’est alors qu’il se lie à Jean-Jacques Rousseau et à d’Alembert.

En 1743, il épouse en secret la fille de sa logeuse, Antoinette Champion.

Il traduit Shaftesbury, déiste parfait, pensant que l’homme bon est toujours récompensé. Avant la traduction, Diderot écrit que l’athéisme est insupportable. Pour lui le déisme est l’idée d’un Dieu transcendant qui a créé le monde ; (le théisme est aussi l’idée d’un Dieu transcendant, mais qui châtie aussi les méchants et bénit les bons : plus proche du christianisme.) En 1745, on peut affirmer que Diderot est théiste.

En 1746, l’éditeur Breton lui demande d’adapter en français une encyclopédie anglaise, best seller de l’époque. Il publie les Pensées Philosophiques contre Pascal :

                « Oui, je le soutiens, la superstition est plus injurieuse à Dieu que l’athéisme ».

Il vise ainsi le catholicisme.

En 1747, la police vient saisir le manuscrit de la Promenade du Sceptique sur le point d’être publiée ; Diderot avait été dénoncé par son curé.

En 1749, Lettre sur les Aveugles à l’usage de ceux qui voient, où il met en scène Sanderson, et conclut que Dieu n’existe pas. Il est emprisonné à Vincennes.

Il est alors influencé par Buffon, spinoziste.

Autre influence : celle de Neddam ; faisant des expériences sur les animalcules grâce au microscope, il croit démontrer que la matière peut créer elle-même : c’est la génération spontanée. Pasteur prouvera, longtemps après ! que l’expérience avait été mal faite.

 De 1749 à 1760 : C’est l’Encyclopédie.

Sa fille unique, Angélique, naît en 1753. La fin des années 1750 est une période noire : il se brouille avec Rousseau, d’Alembert abandonne la direction de l’Encyclopédie ; son père meurt, et lui-même ne peut se réconcilier avec son frère, chanoine et religieux fanatique. Mais il trouve protection et soutien financier auprès de l’impératrice Catherine de Russie.

1760-1784

A partir de 1757, il s’est intéressé au théâtre, aussi bien d’un point de vue théorique (Paradoxe sur le comédien) que pratique (Le Fils naturel, Le Père de famille), s’efforçant de créer un nouveau genre, le drame bourgeois.

De 1759 à 1781, il se passionne pour la peinture, et fait paraître les Salons.

En 1774, il effectue un voyage en Russie pour rencontrer l’impératrice Catherine.

Selon Michel Butor, il va y avoir 3 niveaux de l’écrivain Diderot :

Une pensée officielle : c’est une sorte de « programme commun des philosophes » :

  • antichristianisme, mais avec précaution et grille de lecture ;
  • déisme
  • culte de la science et des lumières
  • libéralisme anglais.
  • Le théâtre de Diderot fait partie de sa pensée officielle.

Une pensée officieuse : dans la Correspondance Littéraire, revue que Grimm adressait à toutes les cours d’Europe pour dire ce qui se passait à Paris, Diderot glissait des articles hardis contre les prêtres, ou sur la sexualité (sans aller jusqu’à la libération sexuelle !)

Une pensée très secrète : le Neveu de Rameau, le Rêve de d’Alembert, le Supplément au Voyage de Bougainville etc.n’ont jamais été publiés au 18ème siècle.