La nouvelle au xvième siècle

Château de Chenonceau

Bonaventure des Périers n’est pas apparu comme un OVNI dans le ciel littéraire du 16ème siècle : les NRJD appartiennent à une double tradition : la tradition italienne de Boccace, Poggio, reprise en France notamment par Marguerite de Navarre – dont Bonaventure des Périers fut précisément le valet – et la tradition française, qui va de l’évangile des Quenouilles à Tabourot et Le Poulchre.

Nous allons proposer un bref panorama de la nouvelle française au 16ème siècle, en nous inspirant de la très belle thèse de Gabriel Pérouse : Nouvelles françaises du XVIème siècle, images de la vie du temps, Service de reproduction des thèses, Université de Lille 3, 1978, 564 p.

Les sources italiennes

  • Le Decameron de Boccace : recueil de 100 nouvelles écrites entre 1349 et 1353, en prose (naissance de la prose italienne) ; lors de la peste qui décima Florence en 1348, sept jeunes filles et trois jeunes gens, la « Brigade », se réfugièrent dans un domaine à la campagne, qui ressemblait à un paradis terrestre. Là, pour passer le temps, chacun devra raconter chaque soir une histoire sur un thème imposé ou libre – soit, en tout, cent nouvelles, puisque le séjour dure dix jours. Toutes portent sur l’amour.
  • Les Facéties de Poggio
  • Dans une moindre mesure, les Asolani de Pietro Bembo (1470-1547), dialogues sur l’amour
  • Plus tard, Bandello

Les sources françaises

  • Les Quinze joies de mariage (fin du XIVème siècle) peignent en 15 tableaux les malheurs de l’homme confronté à son épouse ; le ton est misogyne, satirique et facétieux.
  • Le petit Jehan de Saintré, d’Antoine de la Sale, roman satirique en prose du milieu du XVème siècle, avait contribué à remettre en question les valeurs chevaleresques
  • L’évangile des Quenouilles, 1480. Voici ce qu’en dit Jacques Lacarrière qui l’a traduit en français contemporain :

« écrits en « françois » mêlé de formes picardes et publiés à Bruges en 1480, Les Evangiles des quenouilles ont acquis très vite une grande popularité. […]
Six femmes « sages doctoresses et inventeresses » se réunissent au cours de six veillées pour disserter à tour de rôle sur les maladies, remèdes, recettes, dictons, conseils et interdits de leur vie quotidienne. L’Œuvre, d’auteur inconnu, recueille donc un grand nombre de croyances et de superstitions concernant les femmes. Croyances qui ne sont nullement mortes avec le Moyen Âge et dont beaucoup ont survécu dans nos campagnes jusqu’au seuil de notre siècle.
Ce texte singulier révèle d’une manière particulièrement vivante et alerte l’univers quotidien des femmes du XVème siècle. C’est un document à caractère incontestablement polémique mais qui demeure unique en son genre par les informations qu’il fournit sur la vision du monde d’une certaine société médiévale.»

1500-1535

Les Cent nouvelles nouvelles de Philippe de Vigneulles

Ne pas les confondre avec les Cent Nouvelles nouvelles de Bourgogne. Philippe de Vigneulles, drapier de Metz, est né en 1471 et mort en 1528 ; il écrit ses Nouvelles avant 1515. Pour se divertir d’une grave maladie, il décrit un monde de paysans et de vignerons, qui n’ignore pas l’entraide ni l’affection, mais peut se montrer d’une extrême violence, notamment à l’égard de l’étranger et du juif. L’antisémitisme connaît un regain de virulence tout au long du siècle. Ses nouvelles constituent un commencement pour un genre bien français, qui s’oppose au genre italien :

Nouvelle française Nouvelle italienne
  • Orale
  • Spontanée
  • Fait divers divertissant ou récit de bon tour
  • Présentée comme vraie
  • Écrite
  • élaborée, notamment sur le plan de l’intrigue
  • Humaniste, avec une finalité moralisante
  • fictionnelle

Le Parangon de Nouvelles honnestes et délectables, Lyon, 1531

Anonyme, mais publiée en même temps que la Source d’Honneur d’Olivier de la Marche, le Parangon présente à la fois des caractères élitistes (il est dédié à un grand seigneur, et d’inspiration italienne, avec de nombreux emprunts à Boccace et à Poggio) et une volonté de vulgarisation (petit format) : il joint le divertissement à l’utile. Chaque pièce de vêtement féminin est lié symboliquement à une vertu, célébrée en des stances de décasyllabes, et suivie d’un récit en prose. C’est probablement l’origine de la « dédicace aux Dames » qui deviendra un poncif du genre, y compris chez Bonaventure des Périers.

Comptes amoureux de Jeanne Flore (1531-1535)

Il ne nous reste que sept Comptes de cette auteure lyonnaise ; ils témoignent d’une imagination débridée et d’un goût pour le merveilleux qui s’allie remarquablement à la peinture de la laideur et de l’horreur. Certaines pages expriment un érotisme véhément, tandis que la vieillesse est dépeinte avec cruauté ; Jeanne Flore se révolte contre les « mariages impareils », torture infligée à des jeunes filles contraintes d’épouser un barbon. Les amants, eux, goûtent la volupté – mais ne s’épousent pas, contrairement au Decameron de Boccace. Grande lectrice de textes antiques et italiens, sans aucune trace de morale chrétienne, Jeanne Flore préfigure Louise Labé et le Printemps de Jacques Yver.

1535-1555 : un âge d’or de la Nouvelle

La France connaît une période de prospérité malgré les guerres étrangères.

Rabelais est au faîte de sa gloire ; s’il rejette délibérément le genre de la nouvelle, ses Prologues créent un public de francs buveurs, contempteurs des « agélastes », que l’on retrouvera dans les recueils de Nouvelles.

Enfin, de nombreuses collections à succès paraissent dans ces années-là :

  • Le Grand Parangon de Nouvelles nouvelles, de Nicolas de Troyes, compte 300 nouvelles
  • En 1545, Antoine Le Maçon donne une nouvelle traduction du Decameron de Boccace
  • En 1549, le lyonnais La Motte-Roullant publie une nouvelle édition des 100 Nouvelles nouvelles bourguignonnes, sous le titre Facétieux Devis des 100 Nouvelles nouvelles. Le terme de « devis » sera repris par Bonaventure des Périers ; il souligne, comme le terme « propos », le caractère oral des contes.

Enfin cette période est celle de deux chefs d’œuvre :

Marguerite de Navarre par Jean Clouet.

  • L’Heptameron de Marguerite de Navarre ; de date incertaine mais publié à titre posthume en 1549. Peut-être était-il inspiré par la traduction de Boccace de Le Marçon en 1540-1542. Le sujet unique en était également l’amour. La situation d’origine est proche de celle de Boccace : les devisants se retrouvent enfermés dans une abbaye à Cauterets, alors qu’un violent orage a coupé toutes les communications. Ils doivent attendre qu’un pont soit construit, ce qui prendra dix ou douze jours. Le ton est varié, du grivois au religieux – Marguerite était proche de l’Évangélisme. Mais le livre fut arrêté à 7 jours, peut-être suite à la mort de l’auteure.
  • Les Nouvelles Récréations et joyeux devis de Bonaventure des Périers.

Claude de Taillemont, Discours des champs faëz (1553)

A peu près inconnu, Taillemont est aussi l’auteur de la Tricarite, œuvre en vers d’une orthographe particulière. Les Champs Faëz sont un démarquage très maladroit des Azolains de Bembo. Contrairement à la tradition française, Taillemont rejette tout réalisme ; ses rapports avec les femmes sont complexes, entre divinisation et haine. Il est l’une des sources des « Histoires tragiques » qui représenteront bientôt l’autre volet des genres narratifs courts en prose.

ADSD, Les Comptes du monde aventureux (1555)

L’auteur, désigné par ses initiales, est inconnu : peut-être appartient-il au cercle de la Reine de Navarre. Son titre refuse le mot « nouvelles », trop lié à Boccace et aux Italiens. Nous sommes en pleine période de la Pléiade, et de son nationalisme. Sur 54 récits, 15 sont originaux et décrivent des réalités françaises.

La géographie des Comptes, Normandie, Lyon, Paris, le Poitou, le Périgord est la même que celle de l’Heptaméron et des NRJD ; ADSD a peu de choses à dire sur le monde paysan ; il décrit un milieu urbain, peuplé de prêtres et de moines tous misérables et immoraux, et s’adresse à un public féminin. Il donne une morale en son nom propre dans chaque histoire. Comme Bonaventure des Périers, il note la salubrité du rire, devenue un lieu commun.

Enfin, on note la présence d’une société conteuse au début du volume.

Jacques Tahureau du Mans, Dialogues (vers 1555)

Né en 1527 ou 1528, Jacques Tahureau étudie, notamment le grec à l’Université d’Angers. Vers 24 ans, il voyage en Italie, peut-être comme soldat, puis revient au bout de 2 ans dans sa province. En 1553 il séjourne à Poitiers pour ses études de droit ; il se lie avec le cercle humaniste de Sainte-Marthe, Bouchet, Toutain… En 1554 il connaît une grande réussite dans la poésie amoureuse. Il revient dans le Maine en 1555, se marie, et meurt à 28 ans.

Les Dialogues seront publiés dix ans plus tard : ils témoignent d’un grand appétit de vivre, d’une soif de liberté, d’une profonde connaissance du monde rural ; Tahureau méprise en revanche les bourgeois (commerçants, avocats et surtout médecins) et la noblesse de cour, mi-espagnole, mi-italienne, et qui a renoncé à vivre sur son domaine ! Misogyne, il refuse l’asservissement courtois aux dames, et condamne la danse.

Ami de Du Bellay, il partage les idéaux de la Pléiade, mais rejette toute philosophie, même Aristote et Platon.

Discours non plus mélancoliques que divers (1557)

Anonymes, parus à Poitiers chez l’éditeur Marnef ; écrits dans un cercle de lettrés, ils témoignent d’un état d’esprit encyclopédique, et d’une ironie pré-voltairienne, notamment à l’égard d’une prétendue origine troyenne de la France (Ronsard est visé !) ; nationalistes, ils rejettent Espagnols et Italiens. Ils ont certainement une pluralité d’auteurs.

Conclusion

En Italie

La nouvelle, née bien avant Boccace (13ème siècle), continue :

  • Cene de Grazzini
  • Piacevoli Notti de Straparola
  • Novelle de Bandello
  • Asolani de Bembo

La nouvelle évolue, mais se maintient.

En France

Le genre connaît une rapide désaffection.

En Espagne

Il existait une tradition de la narration brève, qui disparaît à la fin du 15ème siècle, avec la traduction du Decameron. Mais en 1540, la narration brève, boccacienne, connaît un renouveau.

Les Guerres de religion

1559-1572

Quasi silence, lié aux événements. Les Français se contentent de traductions, de Domenichi et de Bandello.

1572-1600

Le Printemps de Jacques Yver (1572)

Jacques Yver est né vers1520, et mort à Niort en 1556 ; le Printemps fut donc édité à titre posthume. C’est une œuvre contrastée, galante et gauloise ; on ne sait si elle est achevée ou non. Elle ressemble plus aux Champs Faëz qu’à Boccace. Composée de cinq « journées », c’est-à-dire de cinq conversations avec histoires intercalées, elle compte 4 histoires tragiques et une facétie ; dans la 2ème journée on trouve également une fable. Cependant, les disputes théoriques ont autant d’importance que les récits : on évolue vers l’essai. Mais la plus grande qualité de Jacques Yver est son réalisme.

On notera que Jacques Yver s’abstient désormais de toute satire anticléricale, contrairement aux auteurs de la première moitié du siècle : les temps ont changé, on ne veut plus donner d’arguments à l’adversaire…

On peut lire Le Printemps dans l’édition de la Pléiade, Conteurs français du XVIème siècle (édition Jourda, 1956)

Catherine Des Roches, Dialogue de Placide et Sévère, Dialogue d’Iris et de Pasithée.

Les dames Des Roches sont poitevines, et fréquentent le même milieu que Jacques Yver, le cercle de l’éditeur Marnef ; Mère et fille tiennent un salon très couru ; les dialogues de Catherine portent sur l’éducation des filles, le premier mettant en scène les pères, le second les filles. Les deux dames moururent le même jour, de la peste, en 1587.

Discours modernes d’IBSDSC (1572) et Nouveaux Récits de Du Roc Sort Manne (1574)

IBSDSC a été identifié comme Jean Bergier, sieur de Saint-Clément ; lyonnais ou forezien, il est inconnu par ailleurs. Il renoue avec les conteurs médiévaux, y compris pour l’anticléricalisme, ce qui est pure inconscience en 1571 ! Publié en 1572, il connaît le scandale et l’échec.

Du Roc Sort Manne, alias Romannet du Cros, auteur du Forez ou d’Auvergne, profite de cette circonstance pour piller Jean Bergier : 1/3 de son livre vient des Discours Modernes ! Anti-huguenot mais tolérant.

Philippe d’Alcrippe, La Nouvelle Fabrique (1579 ?)

Excellente description de la forêt de Lyons, près de Rouen, par un moine cistercien très inspiré par Rabelais. Philippe d’Alcrippe décrit dans le détail le monde forestier ; malheureusement, ces récits brefs, très éloignés de Boccace, et qui témoignent à la fois d’un goût pour le fantastique et pour l’humour, sont presque introuvables aujourd’hui.

Antoine du Verdier

Questions énigmatiques (1568), Diverses Leçons (1577), Compseutique (1584) : écrivain assez médiocre et laborieux, Du Verdier est un héritier de Rabelais.

Bénigne Poissenot, l’Esté (1583) et Nouvelles Histoires tragiques (1586)

Lui aussi a les honneurs de la Pléiade ( voir ci-dessus) mais celle-ci est fautive : à la page 1293, entre « en quoy » et « de ce beau mot », il manque 18 pages, selon G. Pérouse !

Dans l’Esté, Poissenot imite J. Yver, mais en trois journées seulement, et l’histoire-cadre est autobiographique : ses vacances en Languedoc. Les Histoires tragiques, elles, montrent une évolution de la mode, qui tend à délaisser le facétieux pour le tragique.

Vérité Habanc, Nouvelles Histoires tant tragiques que comiques (1585)

Il ne reste de cet auteur que cet opuscule, et à un seul exemplaire. Habanc use d’une grande variété de ton, de la longueur romanesque à la brièveté comique. Il s’inspire de Bandello, y compris le double aspect comique / tragique.

Ce catholique intransigeant qui vit sous Charles IX participe à la querelle des femmes : il vitupère leur immoralité, redoute la damnation sans pour autant reculer devant l’érotisme.

Noël du Fail (1520-1591)

  • Propos rustiques, 1547, nouvelles rabelaisiennes dans une histoire-cadre à la Boccace ;
  • Baliverneries, 1548 (ces deux ouvrages sont dans l’édition de la Pléiade)
  • Contes et discours d’Eutrapel (1585)

En même temps que ses Contes et discours d’Eutrapel, Noël du Fail écrit (comme l’avait fait Vigneulles) une chronique du Parlement de Bretagne : il garde des anecdotes pour ses récits. Livre surtout descriptif ; il parle de la vie quotidienne, des femmes (il est moins misogyne que Habanc, mais ne dit rien de leur vie intellectuelle. La fin du siècle est réactionnaire…)

Le genre évolue :

  • L’histoire-cadre devient évanescente ;
  • Les anecdotes, trop rebattues, ne sont plus présentes qu’allusivement ;
  • La part de réflexion s’accroît ;
  • L’auteur ne se croit plus obligé d’être facétieux ;
  • Le livre ne cherche plus à se rattacher à une tradition orale, une société conteuse.

==> on va plus encore vers l’essai ; Du Fail est contemporain de Montaigne.

Cholières, Matinées et Après-disnées

Cholières ne s’intéresse guère à l’actualité politique ou religieuse, mais il suit passionnément l’actualité intellectuelle ; il est l’un des rares à citer Copernic !

Mais c’est un écrivain médiocre, qui n’a pas su choisir entre le sérieux et le facétieux.

Guillaume Bouchet, les Sérées (1584, 1597, 1598)

Riche éditeur – il succède à Marnef – et juge-consul des Marchands de Poitiers, Bouchet écrit depuis longtemps. Poitiers, ville prospère dans les années 1579-80 (le siège de 1569 est loin), connaît une vie intellectuelle intense. Ancrées dans la réalité, les Sérées sont un fourre-tout ; Bouchet veut à la fois instruire et amuser ; mais c’est un genre impossible. Les contes sont très artificiels, et l’histoire-cadre quasi exténuée. On arrive ici aux limites du genre du conte ou de la nouvelle.

Benoist de Troncy, Formulaire fort récréatif de Bredin-le-Cocu (1590)

Benoist de Troncy renonce enfin à l’histoire-cadre. Le Formulaire est une parodie, faite par un notaire, d’actes juridiques, notamment des testaments. Ancré dans la réalité, il peint férocement une petite noblesse désargentée mais arrogante et accrochée à ses menus privilèges. Catholique engagé, Troncy reconnaît l’existence de protestants modérés, mais honnit les Reîtres ; ligueur, il ironise sur son propre parti, en qui il n’a guère d’illusions. Il dépeint surtout avec sympathie les paysans qu’il connaît bien.

On retrouve la veine rabelaisienne dans l’invention verbale, et onomastique, et aussi dans les thèmes – y compris l’anticléricalisme ! On retrouve aussi l’influence d’Alcrippe.

Un court Dialogue est annexé à ce livret : un veuf songe à se remarier et en parle à ses amis. C’est un festival de misogynie, dans la lignée des Quinze joies de Mariage et inspiré de Poggio (Un vieillard doit-il se marier ?). On peut aussi y voir une part de polémique contre les italianisants, qui divinisent la femme.

Estienne Tabourot des Accords (1549-1590)

Avocat dijonnais cultivé, facétieux, mais à la fin de sa vie ligueur agressif.

Contes Facétieux ou Apophtegmes du Sieur Gaulard

Gaulard, un gentilhomme franc-comtois – sujet du Roi d’Espagne, et toujours un peu ridicule aux yeux d’un dijonnais – est censé être l’auteur de ces contes.

Escraignes dijonnaises (1595, posthumes)

Les Escraignes désignent les veillées ; le mot vient de scrinia, hutte en branchage où l’on se réunissait pour discuter ou se raconter des histoires.

Ce court recueil a une forme désormais archaïque : une « société conteuse »

Tabourot fait sortir le genre de l’impasse, en optant délibérément pour le registre facétieux : il réserve le caractère encyclopédique pour ses Bigarrures.

François Le Poulchre de la Motte Messemé (1546-1597), Le Passe-temps (1595-1597)

Né près de Loudun, grand seigneur (il doit sonprénom à François 1er) et authentique homme de guerre, il publie deux tomes, le second posthume et incomplet. Très proche de Montaigne qu’il admire, il abandonne, en même temps que les « devisants », le ton facétieux. Ses textes sont extrêmement variés : anecdotes, souvenirs, contes, et même des vers (500, qui émaillent la prose).

Esprit éclairé, aimant le savoir et la politique, haïssant toute forme de brutalité, y compris la torture judiciaire, il a des idées très modernes, notamment sur le mariage : il est favorable au divorce !…

Conclusion

Le genre a donc évolué : peu à peu le caractère oral s’est perdu, avec l’abandon de la « société conteuse » et des devisants : l’histoire-cadre a disparu. Le ton facétieux, lui aussi, s’est usé, laissant place à des réflexions sérieuses – et l’on évolue vers l’essai – ou à des histoires tragiques – et l’on va vers le roman.

Mais le conte, ou la nouvelle, bref récit en prose, continuera sa vie ; il connaîtra un renouveau au 17ème siècle, notamment sous l’influence espagnole. Mais ceci est une autre histoire…