François Rabelais (1483-1553)

François Rabelais – portrait anonyme

La Renaissance

Biographie de Rabelais

François Rabelais naît vers 1483 (d’autres avancent la date de 1494) dans le domaine de la Devinière près de Chinon. Il devient moine sans vraie vocation : en 1511 il entre dans l’ordre des Franciscains, et en 1520 il se trouve à l’abbaye de Fontenay-le-Comte, en Vendée ; il y constitue un petit cercle d’érudits locaux, qui lisent les textes anciens, et en particulier grecs, et correspondent avec Guillaume Budé. En 1523, la Sorbonne interdit l’étude du grec ; le groupe de Fontenay-le-Comte se disperse, et Rabelais entre dans l’ordre des Bénédictins de Maillezais. A partir de 1527, il parcourt plusieurs universités, en particulier celle de Montpellier, où il étudie la médecine. Il devient alors un médecin réputé, exerce à l’hôtel-dieu de Lyon et publie des traités médicaux grecs et latins.

En 1532, il publie sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier (en réalité l’anagramme de son nom) un récit intitulé Pantagruel, roi des Dipsodes, qui raconte les aventures d’une famille de géants. Ce livre fut dès sa sortie censuré par la Sorbonne ; Rabelais part alors à Rome, accompagnant le cardinal Jean du Bellay, parent du poète Joachim du Bellay.

En 1534, de retour d’Italie, il publie la Vie très horrificque du grand Gargantua, père de Pantagruel.  L’ambiance a changé à la cour de France : en 1534, des affiches ou « placards » contre la messe sont collées partout dans Paris, et jusque sur la porte de la chambre du Roi, à Blois ; François Ier, jusque là plutôt favorable aux évangélistes, change d’avis et se rapproche de la Sorbonne. Les évangélistes sont inquiétés, malgré la protection de Marguerite de Navarre ; Gargantua est à son tour condamné, et Rabelais doit alors mener une vie errante, exerçant la médecine et effectuant de nombreux voyages en Italie.

En 1546, Rabelais publie le Tiers Livre. Rabelais doit alors fuir à Metz. Jean du Bellay l’emmène à nouveau à Rome, puis lui procure une cure à Meudon.

En 1552, paraît le Quart Livre, récit de voyage de Pantagruel et Panurge, partis consulter l’oracle de la Dive bouteille. Si Gargantua était une Iliade, le Quart Livre est une Odyssée burlesque.

Rabelais meurt en 1553, mais en 1562-64 paraît un Cinquième Livre, dont l’authenticité est discutée.

Michel Ragon, dans le Roman de Rabelais (Éditions Albin Michel, 1993), donne une image romancée mais intéressante des dernières années de Rabelais.

Tableau d’ensemble de l’œuvre

L’œuvre essentielle de Rabelais (si l’on excepte des ouvrages mineurs comme la Pantagruéline Pronostication), est  constituée de 5 romans, qui semblent structurée en deux grands ensembles :

  • Le Pantagruel et le Gargantua paraissent à très peu de temps d’intervalle, entre 1532 et 1534 ; ce sont deux vies de géants, qui reprennent la structure des romans de chevalerie médiévaux : enfance, apprentissage, exploits du héros. Ils appartiennent à la première Renaissance, où triomphe l’évangélisme érasmien, et dont l’Affaire des placards de 1534 marque la fin.
  • Le Tiers Livre et le Quart Livre diffèrent déjà par leur titre, qui n’est pas celui du héros ; là, Pantagruel passe au second plan, tandis que Gargantua n’a plus qu’une présence marginale ; c’est le très (trop) humain Panurge qui devient le personnage central. Les deux romans forment un tout ; dans le premier, Panurge, qui veut se marier mais redoute d’être cocu, part en quête d’une vérité qui lui échappe toujours ; après avoir interrogé en vain diverses autorités, il décide d’aller consulter l’oracle de la Dive Bouteille. Le second est un récit de navigation : Panurge et ses amis partent en direction de l’oracle, mais ne l’atteignent pas.
    Les deux romans, séparés des premiers par une douzaine d’années – entre l’Affaire des placards et le massacre des Vaudois –, paraissent eux aussi avec très peu d’intervalle, en 1546 et 1552. Ils appartiennent à une période beaucoup plus sombre : les Évangélistes, tout comme les Protestants sont poursuivis ; Rabelais lui-même doit quitter la France à plusieurs reprises. La violence se déchaîne, comme en témoigne le massacre des Vaudois en 1545, dont on trouvera une allusion dans l’épisode des Papefigues.
  • Quant au Cinquième livre, posthume, il est simplement la « suite et fin » du Quart Livre, dont il reprend la structure (une navigation avec de nombreuses escales dans des pays extraordinaires).

Bibliographie

  • Bakhtine Mikhaïl, L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, 1965.
  • Demerson Guy, L’esthétique de Rabelais, SEDES, coll. Esthétique, Paris, 1996, 322 p.
  • Huchon Mireille, Rabelais, éditions Gallimard, collection « biographies », 2011, 429 p.
  • Lauvergnat-Gagnière Christiane, Lucien de Samosate et le lucianisme en France au XVIème siècle, athéisme et polémique, Librairie Droz, Genève, 1988, 434 p.
  • Milhe Poutingon Gérard, François Rabelais, bilan critique, Armand Colin, collection 128 lettres, 1996.
  • Pouilloux Jean-Yves, Rabelais, Rire est le propre de l’homme, éditions Gallimard, collection Découvertes littérature, Paris, 1993, 128 p.
  • Ragon Michel, le Roman de Rabelais, Éditions Albin Michel, 1993.
  • Rigolot François, Les langages de Rabelais, Droz, Genève, 1996, 198 p.
  • Saulnier Verdun-Louis, Le Dessein de Rabelais, SEDES, paris, 1957, 219 p.