La vie quotidienne à Rome sous la République et sous l’Empire.

SOMMAIRE

LES NOMS ROMAINS

“Buste de Cicéron, Trinity College, Dublin – Photo de Roger Torrenti, 2017”

Marcus Tullius Cicero

Les citoyens romains possèdent en général 3 noms :

Le prénom (praenomen)

les prénoms possibles sont à peu près une quinzaine :

  • Appius (Ap.) ; ex : Appius Claudius, qui donna son nom à la via Appia
  • Aulus (A.)
  • Gaius (C.) ; ex : Caius Julius Caesar ; Caius SemproniusGracchus, l’un des Gracques
  • Gnaeus (Cn.) ; ex : Gnaeus Pompée
  • Decimus (D.)
  • Lucius (L.) ; ex : Lucius Sergius Catilina ; Lucius Murena…
  • Marcus (M.) ; ex : Marcus Tullius Cicero
  • Manius (M’)
  • Numerius (N.)
  • Publius (P.) ; ex : Publius Clodius Pulcher, ennemi de Milon… et de Cicéron
  • Quintus (Q.) ; ex : Quintus Tullius Cicero, frère de notre orateur
  • Servius (Serv.)
  • Sextus (Sext.)
  • Spurius (Sp.)
  • Tibérius (Ti.) ; ex : Tiberius Sempronius Gracchus, l’aîné des Gracques
  • Titus (T.)
  • Vibius (V.)

Le nom de famille, ou gentilice (nomen)

Il est commun à tous les membres d’une même gens : ex : Scipion, Sylla et Lentulus (complice de Catilina exécuté par Cicéron) appartiennent tous trois à la gens Cornelia. Ils s’appellent donc Cornelius.

Le surnom (cognomen)

Il se généralise à partir de Sylla ; à l’origine, il désigne une particularité (Balbus : le bègue ; Caecus : l’aveugle ; Cicero : le pois chiche ; Maximus : le très grand…) mais il devient rapidement héréditaire, et il sert à distinguer les différentes branches d’une gens. Ex : Pulcher désigne une branche de la famille des Claudii ; Celer une de la famille des Metelli… Un second surnom peut s’ajouter, pour distinguer deux sous-branches : ainsi la gens Cornelius Scipio se subdivise avec l’apparition des Scipion Nasica. Ce second surnom évoquait souvent une action d’éclat ou une particularité personnelle. Ainsi Quintus Fabius Maximus devint en outre Cunctator, grâce à sa tactique de temporisation devant Hannibal.

Les enfants adoptés prenaient les trois noms de leur père adoptif, et ajoutaient un 4ème nom en -anus pour rappeler leur père d’origine. Ainsi, quand P. Cornelius Scipio adopta le fils de L. Aemilius Paullus, celui-ci s’appela P. Cornelius Scipio Aemilianus. (Scipion Emilien). De même, quand César adopta Octave, celui-ci devint C. Julius Caesar Octavianus.

Les femmes n’avaient pas de prénom, mais prenaient le nom de leur père au féminin : ainsi, la fille de Cicéron s’appelle Tullia ; Sempronia était la fille de T. Sempronius Gracchus ; Cornelia, sa mère, était la fille de P. Cornelius Scipion l’Africain. Metellus Celer avait épousé Clodia, sœur de P. Clodius Pulcher ; quand il y avait plusieurs filles, on les désignait par leur ordre d’arrivée. Ainsi, les filles de Sextus Roscius Amerinus, défendu par Cicéron dans son premier plaidoyer, s’appelles respectivement Roscia maiora et Roscia minora…

Les esclaves n’avaient qu’un nom, désignant leur pays d’origine, une particularité physique, ou leur nom indigène plus ou moins latinisé : Congrio, Dauus, Tiro (= le débutant, esclave de Cicéron)…

Les affranchis prennent le nom de leur maître, et leur ancien nom comme « cognomen » : ainsi, Tiron affranchi par Cicéron devient Marcus Tullius Tiro.

Les repas sous la République

A la frugalité de l’époque antérieure aux conquêtes, succède un certain luxe, marqué notamment par des produits d’importation.

Les Romains ne font en fait qu’un seul gros repas par jour, la cena, auquel s’ajoutent deux collations.

  • Le ientaculum : c’est un petit déjeuner pris au réveil, et constitué de pain et de fromage.
  • Le prandium : c’est le casse-croûte du midi : viande froide, fruits, un peu de vin. Toujours pris sur le pouce.
  • La cena : C’est le véritable repas, qui marque la fin des occupations de la vie active. On le prend couché sur des lits à trois places, rangés autour d’une table carrée. Pour la cena, le nombre minimum de convives est de trois, le maximum de neuf (au-delà, on dresse une autre table). La salle à manger comprend trois lits (triclinium) ou deux (biclinium).

Débarrassés de leurs chaussures et de leurs vêtements de ville, les convives, servis par des esclaves, mangent avec leurs doigts ; l’on se rince les mains dans des rince-doigts. Chaque convive a apporté sa serviette.

Des invocations aux dieux sont faites au cours du repas.

Les femmes mariées assistent au repas, à partir du 1er siècle avant J-C.

Que mangeaient les Romains ?

  • Le pain : environ 800 g à 1 kg par jour (nous en consommons aujourd’hui environ 120 g…)
  • Viande : porc, chèvre, mouton… mais aussi volailles, rôties ou bouillies.
  • Gibier : sanglier, perdrix, bécasses…
  • Poisson (du thon de Méditerranée, des anchois…)
  • oeufs
  • huîtres (très appréciées) et escargots
  • Légumes : ils ignoraient bien sûr la pomme de terre, mais connaissaient le chou, les féculents (lentilles, pois chiches, fèves), les asperges, les poireaux et le concombre… et bien sûr les olives.
  • Les fruits : pommes, fraises des bois, figues, poires, prunes et pruneaux, raisin ; mais aussi des fruits importés d’Afrique, comme les dattes. Ils connaissaient également les noix, les amandes, et les graines de pavot.
  • Le fromage, de brebis ou de chèvre
  • des céréales, notamment en bouillie (orge, blé)
  • Le garum, sauce à base de poisson qui servait à saler les aliments (mieux que le sel), et qui ressemblait à notre Nuoc Mâm.
  • Les herbes aromatiques : coriandre, ail, aneth, fenouil, céleri et menthe
  • le miel, pour sucrer les aliments ou le vin.

Que buvaient les Romains ?

  • De l’eau ;
  • Beaucoup de vin, souvent coupé d’eau, et parfois aromatisé avec du miel (mulsum) ; ils connaissaient le vin rouge et blanc. L’Italie en produisait, des crus célèbres (le Falerne) ; mais ils en importaient également, notamment d’Espagne.

La monnaie romaine à la fin de la République

L’unité monétaire est l’as. Lors de la seconde moitié du 1er Siècle (fin de la République), l’on peut élaborer le tableau suivant :

Pièce valeur valeur en euros
1 as environ 4,20 €
1 sesterce (HS) = 4 as environ 16,80 €
1 denier = 4 sesterces environ 70 €
1 aureus (monnaie d’or créée par César) = un peu plus de 2 deniers  environ 140 €

La journée de travail d’un ouvrier (équivalent de notre SMICARD) était d’environ 12 as (3HS), soit environ 50 €.

Une « prime » de 200 000 sesterces (promise par le Sénat à qui dénoncerait les Catilinistes ; cf. Salluste) vaudrait donc plus de 3 millions d’euros ! De quoi susciter des vocations… douteuses !

Quelques salaires et prix sous l’Empire, d’après le Musée des Docks Romains, à Marseille

Le Musée des Docks Romains, situé  28 place Vivaux, 13002 Marseille, est à visiter absolument. En peu de salles, il retrace l’histoire du port de Marseille, et rassemble d’émouvants témoignages de la vie quotidienne d’un grand port de l’antiquité.

Voici quelques valeurs indiquées dans ce musée :

Salaires :

  • Journalier, 4HS/jour
  • Compagnon chez un boutiquier, 1 à 2 HS par jour
  • Instituteurs : 1 HS 1 as à 5 HS par jour ;
  • Fonctionnaires :
    • Proconsul : 1 000 000 HS /an soit 2793 HS/jour
    • Tribunus semextris : 25 000 HS / an (68 à 69 HS/jour)
    • Procurateurs : 60 000 à 100 000 HS / an
  • Militaires :
    • Soldat des troupes auxiliaires : 300 HS /an (2 as / jour, la moitié d’un journalier !)
    • Légionnaire, 900 HS / an (6 as / jour, un peu plus de 25 €)
    • Soldat des cohortes urbaines, 1500 HS / an (4 HS / jour)
    • Prétorien, 3000 HS/an (8 HS/jour)
    • Primes :
      • Donatiuum : 15 000 HS pour les prétoriens sous Claude et Néron
      • Honesta missio (= prime de départ) : 20 000 HS (5 000 deniers, 350 000 €) pour un prétorien après 16 ans de service ; 12 000 HS (3 000 deniers, 210 000 €) pour un légionnaire après 20 ans de service.

Prix :

  • Denrées :
    • Blé : 3 à 4 HS le modius (8,73 litres)
    • Livre de pain de 500 g : environ 1 as (4,20 € !)
    • Vin de Falerne (grand cru !) : 4 as le setier (0,54 l), soit plus de 30 € le litre !
    • Vin ordinaire (uinus rusticus) : 1 à 2 as le setier ! ce qui le met tout de même entre 8 et 16 € le litre !!
  • Vaisselle :
    • 1 assiette : 1 as
    • 1 petit vase à boire : 2 as
    • 1 lampe : 1 as
    • 1 passoire en argent : 360 HS
  • Vêtement :
    • 1 tunique : 15 HS ; dans cette société de pénurie, le tissu était cher, et l’on comprend qu’un esclave n’ait eu qu’une tunique par an – dans le meilleur des cas !
  • Animaux :
    • 1 mulet : 520 HS (le prix d’un scooter !)
    • 1 porcelet : 20 HS
  • Services :
    • Entrée au bain : entre 0,25 as et 1 as
    • Nettoyage d’une tunique : 4 HS
  • Chaussures : 12 à 16 HS
  • Objets de luxe :
    • Une petite table en bois de citre : 500 000 HS (on peut espérer qu’à ce prix-là, le design était parfait !)
    • 2 cratères de qualité : 100 000 HS
  • Esclaves : environ 2000 HS

Le vêtement romain

La Toge

Habit civil des Romains, elle exigeait environ 15 mètres de tissu, et ne pouvait être convenablement drapée qu’à l’aide d’un ou plusieurs esclaves. Il en existait plusieurs sortes :

  • Toga candida : toge des candidats à une élection
  • Toga pulla : toge de deuil
  • Toga uirilis ou libera : toge virile (que les garçons revêtaient à 17 ans)
  • Toga picta : toge brodée, pour le triomphe

Le vêtement féminin

Femme portant stola et palla

  • la tunica, ou tunique, ancêtre des sous-vêtements ;
  • la stola, longue robe souvent serrée par des rubans ;
  • La palla, manteau, mantille ou grande écharpe : palla.jpg

La maison romaine

Porte reconstituée au Glanum, près de Saint-Rémy de Provence.