Euripide (480-406 av. J-C)

Buste d’Euripide (musée du Louvre)

 

Biographie Médée Le Cyclope
Ion Hippolyte  

Euripide a 15 ans de moins que Sophocle, mais un tout autre tempérament. Sophocle est marqué par les guerres médiques ; l’expérience d’Euripide, c’est la guerre du Péloponnèse, fratricide, longue, ruineuse ==> caractère désabusé de son théâtre.

De plus sa vie personnelle fut médiocre. Il ne triompha que 4 fois, et finit sa vie en exil.

Le théâtre de la Cité

Echo aux problèmes politiques de l’heure : très divers, tantôt patriote, tantôt pacifiste ; patriote surtout dans les textes de la 1ère partie de la guerre :

  • Les Héraclides (le roi d’Athènes Démophon accueille les enfants d’Héraclès) ;
  • Les Suppliantes (les mères des chefs tués à Thèbes sont aidées par Thésée) ;

Mais Euripide est aussi choqué par les démagogues :

  • Oreste : l’assemblée des Argiens ;
  • Hécube : personnage d’Ulysse.

Euripide, en revanche n’aime pas les Spartiates : médiocre personnage de Ménélas dans Oreste. Mais il n’aime surtout pas la guerre, et en souligne l’horreur :

  • Andromaque (deuil des femmes, des êtres sans défense)
  • Hécube ;
  • Les Troyennes.

Eschyle avait déjà montré ces horreurs, dans Les Perses. Mais elles étaient la conséquence d’une faute.

Humains, trop humains…

Souci de faire descendre les personnages de leur hauteur légendaire. (Cf. Electre mariée à un laboureur…)

La peinture des passions comme telles est une nouveauté : Eschyle l’ignorait, pour Sophocle, les personnages représentaient un idéal.

Chez Euripide : Hippolyte (personnage de Phèdre), Médée

Oreste est la tragédie du remords. Iphigénie aussi.

Certains personnages sont assez médiocres : Admète (Alceste), Ménélas (Oreste), Agamemnon (Iphigénie à Aulis).

Certaines figures en revanche sont idéalisées, protégées par la jeunesse ou la mort : Alceste, Polyxène, Iphigénie, Hippolyte : évasion vers un monde idéal, figures loin de la vie.

Les jeux de la chance et les jeux des dieux.

Grand changement par rapport à Eschyle et à Sophocle : Euripide est un poète philosophe qui a un respect très relatif pour la religion. Ainsi : part de l’hérédité et de l’éducation dans la qualité de l’être, les vices et les vertus des femmes… Invraisemblance de certaines images des Dieux (cf. plus tard Platon).

Mais ce n’est pas un rationalisme irreligieux ; il y a un certain mysticisme (rapports Hippolyte/Artémis). Euripide ne rejette pas sur les Dieux la responsabilité des malheurs humains. Les Dieux n’arrivent souvent qu’à la fin : Apollon dans Oreste, les Dioscures dans Electre, Athéna dans Iphigénie : tout s’est d’abord fait sans eux.

L’homme est ballotté par son destin : surprises, coups de théâtre, passions… Les Dieux responsables de ce qui arrive de mauvais.

Innovation et décadence

Un théâtre d’actualité, historique et intellectuel. Volontiers pacifiste, et rationaliste. Un théâtre d’analyse, du grandiose au bourgeois ; théâtre d’intrigue à la limite parfois du mélodrame. Le pathétique est l’une de ses spécialités (cf. dans Médée, les hurlements des enfants égorgés par leur mère…)

Il va jusqu’à la tragi-comédie : personnages médiocres, parfois bouffons. Unité d’action moins essentielle (les Troyennes). Rôle du chœur de plus en plus réduit.

Cette décadence en germe correspond à celle de la Cité : Vème siècle finissant, Athènes a perdu son empire. Euripide va finir sa vie en Macédoine, Socrate mis à mort, Xénophon part à l’étranger. Isocrate, maître de rhétorique, ne parle jamais à l’Assemblée. Platon rêve de fonder ailleurs sa cité idéale ; Démosthène se lamente sur la fin d’Athènes.

Le théâtre s’apprête à devenir œuvre de lettré, et non plus facteur d’unité religieuse et politique.