Anton Tchékhov, 1860-1904

Biographie de Tchékhov

Anton Tchekhov

Anton Tchékhov n’a vécu que 44 ans : une vie brève, durant laquelle il assiste à une extraordinaire floraison dans la littérature russe, puisqu’il est le contemporain de Dostoïevski, Tolstoï, Gorki…

Anton Tchekhov naît à Taganrog, en Crimée ; son père, fils de serf (rappelons que le servage a été aboli en 1861 seulement),  tyrannique, mystique et gestionnaire calamiteux (il tient une épicerie-débit de boisson), le détourne définitivement de la religion, en l’obligeant à chanter tous les soirs à l’église.

Sa famille (sa mère, faible et soumise à son père et ses frères) déménage en catastrophe en 1876, pour Moscou : le père échappe in extremis à la prison pour dettes. Le jeune Anton reste à Taganrog pour terminer ses études.

1879-1884 : Tchekhov est étudiant en médecine ; en même temps il écrit de très nombreuses nouvelles, très courtes, souvent comiques, qu’il publie dans les journaux.

1884 : il est médecin et commence à exercer ; mais il subit sa première hémoptysie, qui révèle une tuberculose.

1888 : ses Nouvelles connaissent un grand succès ; il reçoit le prix Pouchkine.

1889 : Son frère Nicolas meurt de tuberculose. C’est pour Anton Tchekhov un tournant : il écrit des œuvres plus longues, plus mélancoliques : Une banale histoire (1889) ; Le Duel (1891)

1890 : Il entreprend un voyage à l’île de Sakhaline, où se trouve le bagne. Il se livre à une véritable enquête sociologique et médicale, et rédige un récit qui peut être considéré comme le premier exemple de littérature concentrationnaire : L’Île de Sakhaline, qui sera publié en 1893 : récit terrifiant parce que dénué de pathétique, d’une rigoureuse objectivité.

A la suite de cette publication, les châtiments corporels seront interdits à Sakhaline, des écoles seront créées, et la condition des détenus quelque peu adoucie… On peut comparer l’œuvre de Tchekhov sur le bagne à celle du journaliste français Albert Londres, dont le reportage fit fermer le bagne de Cayenne.

1892 : Lutte contre la famine et le choléra. Il achète la propriété de Melikhovo, aux environs de Moscou, où il sera heureux au contact de la nature (il se fera construire une maisonnette au fond du jardin pour échapper à ses trop nombreux visiteurs et écrire ses œuvres !)

La maison de Mélikhovo

1896 : La Mouette (théâtre). Ce n’est pas sa première expérience d’écriture théâtrale, mais c’est un chef d’œuvre. Sera jouée en France par le théâtre de l’Atelier.

1897 : grave hémoptysie : il doit renoncer à vivre à Mélikhovo, et à exercer la médecine. Le metteur en scène Stanislavsky fait ses débuts à Moscou, et Tchekhov écrit Oncle Vania (qui sera créé en 1899)

1898 : Tchekhov achète une maison à Yalta, en Crimée, dont le climat convient mieux à son état de santé ; mais Moscou lui manque… Il rencontre l’actrice Olga Knipper, qui deviendra sa femme.

Tchekhov et Olga

1899 : La Dame au petit chien (nouvelle)

1901 : Les Trois Sœurs (théâtre) ; en parallèle, il continue à publier des nouvelles.

1904 : La Cerisaie (théâtre). C’est un triomphe. Tchekhov a le temps d’y assister, et meurt quelques jours plus tard.

Les principales caractéristiques de Tchekhov

  • La lucidité, le refus de toute illusion, sur l’homme, la société, ou la religion.
  • Le refus de tout engagement politique, en particulier en tant qu’écrivain. Il n’a aucune affinité avec les Révolutionnaires, pas plus qu’avec le pouvoir.
  • Cela n’indique nullement un manque de courage : en 1902, il démissionne de l’Académie quand le Tsar annule l’élection de son ami Gorki pour des motifs politiques.
  • C’est un scientifique, qui croit au progrès, à l’évolutionnisme (c’est un lecteur enthousiaste de Darwin). Matérialiste, il n’est cependant pas scientiste : il pense que le progrès améliorera la condition humaine, mais dans un avenir lointain…
  • Enfin, il manifeste désenchantement et mélancolie, mais non découragement ni désespoir : il croit en un bonheur futur.