Texte d'étude et traduction
La mort de Pline l'Ancien lors de l'éruption du Vésuve
En 79 ap. J-C, probablement en octobre selon les recherches les plus récentes, le Vésuve est entré en éruption, ensevelissant sous la cendre les villes de Pompéi et d'Herculanum. Pline le jeune, dans une lettre à son ami, l'historien Tacite, raconte comment son oncle, Pline l'Ancien, venu secourir des amis, est mort asphyxié par les gaz toxiques.
Iam dies alibi, illic nox omnibus noctibus nigrior densiorque1 ; quam2 tamen faces multae uariaque lumina soluebant. Placuit3 egredi in litus, et ex proximo adspicere, ecquid iam mare admitteret4 ; quod5 adhuc uastum et aduersum permanebat. Ibi super abiectum linteum recubans semel atque iterum frigidam aquam poposcit hausitque6. Deinde flammae flammarumque praenuntius odor sulpuris alios in fugam uertunt, excitant illum. Innitens seruolis duobus assurrexit et statim concidit, ut ego colligo, crassiore caligine spiritu obstructo, clausoque stomacho qui illi natura inualidus et angustus et frequenter aestuans erat. Ubi dies redditus — is ab eo quem nouissime uiderat tertius –, corpus inuentum integrum illaesum opertumque ut fuerat indutus7 : habitus corporis quiescenti quam defuncto similior8.
Pline le Jeune, "Lettres", VI, 16, 17-20.
Écoutez la lecture du texte :
Éclaircissements linguistiques
Sous-entendez "erat". Vous pouvez remarquer également le chiasme, doublé d'une antithèse : dies / nox (le jour, la nuit), alibi / illic (ailleurs, là-bas). Dies, diei est un mot de la 5ème déclinaison, que vous apprendrez bientôt (séquence 17).
Quam : relatif de liaison, dont l'antécédent est "nox".
placuit : "il plut, il parut bon" (suivi d'un infinitif, ici egredi).
ecquid iam mare admitteret : proposition interrogative indirecte (d'où le subjonctif). "Ecquid" est un pronom interrogatif. Mot à mot : "observer de tout près (ex proximo adspicere) ce que la mer permettait (ecquid mare admitteret)". → "afin d'observer de tout près s'il était désormais possible de prendre la mer."
quod : relatif de liaison, dont l'antécédent est "mare".
Le sujet sous-entendu est Pliniius Maior, Pline l'ancien.
Fuerat indutus : on attendrait la forme classique "indutus erat" (plus-que-parfait passif). Ces formes, où l'auxiliaire est à une forme de perfectum (amatus fui, fueram, fuero) exprime une durée : "il était resté habillé".
Il faut sous-entendre "erat".
Similior quiescenti quam defuncto : "similis" se construit avec un datif ; quiescenti est un participe présent substantivé ("un homme qui repose").
Traduction
Déjà, c'était ailleurs le jour, mais ici, c'était une nuit plus noire et plus profonde que toutes les autres nuits ; cependant, de nombreux éclairs et diverses lumières l'atténuaient parfois. On décida de sortir sur le rivage, et d'examiner de tout près s'il était possible de prendre la mer ; mais elle restait agitée et hostile. Là, étendu sur un drap que l'on avait posé, il réclama plusieurs fois de l'eau froide, et la but. Puis les flammes et l'odeur de soufre qui les accompagnait jettent les autres dans la fuite, et le font se lever. S'appuyant sur deux petits esclaves, il se dressa et tomba aussitôt, je suppose, la respiration coupée et le larynx obstrué par une fumée trop épaisse, larynx qu'il avait, par nature, faible, étroit et souvent enflammé. Lorsque le jour revint (c'était le troisième depuis celui qu'il avait vu pour la dernière fois), son corps fut retrouvé intact, sans blessure, et couvert des vêtements qu'il avait mis ; son attitude ressemblait plus à celle d'un dormeur qu'à celle d'un mort.
Complément :
Vous voulez lire la lettre de Pline en entier ? C'est ici.
Sur Pline le jeune ;
Sur son correspondant Tacite.