Sénèque (1 – 65 ap. J-C)

 

Buste de Sénèque à Cordoue, sa ville natale

Sénèque philosophe :

Sénèque dramaturge :

Pseudo-Sénèque :

Biographie de Sénèque

On trouve une excellente biographie de Sénèque par Paul VEYNE, très documentée et riche d’enseignements sur la civilisation latine, dans le volume de la collection « Bouquins » (Robert Lafont) consacré à Sénèque. Voir bibliographie.

Une jeunesse inquiète :

Né à Cordoue au début de l’ère chrétienne, il était le deuxième fils de Sénèque le rhéteur et d’Helvia. Dès le début, il subit la double influence des écoles d’éloquence chères à son père, et d’une philosophie plus austère, celle du pythagoricien Sotion et du stoïcien Attale. D’abord attiré par l’ascétisme, il est poussé par son père vers une vie mondaine ; mais sa liberté d’esprit lui vaut la disgrâce de l’Empereur Claude, et l’exil en Corse.

C’est durant cette période qu’il écrit De la Colère et la Consolation à Marcia.

L’exil en Corse (41-49)

La Corse n’est pas encore, à cette époque, considérée comme « l’Île de Beauté » ; aux yeux d’un jeune romain mondain et cultivé, c’est une contrée sauvage, arriérée même, où il s’ennuie ferme… Il y écrit la Consolation à Helvia, mais aussi la Consolation à Polybe, ouvrage de flatterie destiné à obtenir son retour en grâce.

Précepteur et ministre (49-62)

Il est rappelé à Rome par Agrippine pour être le précepteur de Néron ; et à partir de 54, il sera également ministre, aux côtés de Burrus. Sénèque devient alors un personnage des plus discutables ; d’un côté il tente d’éduquer son élève à la philosophe (traité De la Clémence), sans grand succès ; de l’autre, il flatte la réaction contre l’Empereur Claude après l’assassinat de celui-ci en écrivant l’Apocoloquintose (« la métamorphose de Claude en citrouille »), ne proteste pas contre l’assassinat de Britannicus, fils de Claude et légitime prétendant au trône – il est vrai que l’origine criminelle de la mort de celui-ci est aujourd’hui sérieusement remise en cause : il serait, plus probablement, mort d’une crise d’épilepsie -, et rédige même la lettre par laquelle Néron justifie l’assassinat d’Agrippine devant le Sénat !

En outre, il mène une vie luxueuse, acquiert une fortune  considérable par des moyens douteux,  sans pour autant renoncer à faire figure de moraliste : il écrit  la Brièveté de la vie (sans doute en 49, à son retour de Corse), De la Constance du SageLa Vie heureuse (où il s’explique justement sur le fait qu’on puisse être à la fois riche, courtisan et philosophe), La Tranquillité de l’âme, et ses tragédies.

Sénèque dramaturge

Les tragédies : Sénèque est aussi auteur de neuf tragédies : Hercule furieux, Les Troyennes, Les Phéniciennes, Médée, Phèdre, Oedipe, Agamemnon, Thyeste et Hercule sur l’Oeta, auxquelles il faut ajouter une palliata, probablement apocryphe : Octavie. Très admirées à la Renaissance, elles ont servi de source aux premiers auteurs de théâtre français, puis à Racine et Corneille. Un peu oubliées depuis, elles  sont redécouvertes par la critique moderne.

La retraite et la mort (62-65)

A partir de 62, il s’éloigne de la cour et perd peu à peu la confiance de Néron. Il se réfugie dans la philosophie, achève ses Recherches sur la nature, écrit Du loisir, des Bienfaits, De la Providence et ses Lettres à Lucilius, son ouvrage le plus célèbre.

Compromis dans la conspiration de Pison, qui vise à faire tomber ou à tuer Néron, il est  condamné à se suicider.

Méconnu durant la période qui suivit sa mort, il sera redécouvert par les premiers penseurs chrétiens, comme Tertullien et Saint-Augustin ; mais c’est surtout à la Renaissance qu’il connaîtra sa plus belle heure de gloire : Montaigne en fera l’un des ses maîtres à penser.

Bibliographie

  • Chrysippe, Oeuvre philosophique, traduit et commenté par Richard Dufour, Les Belles Lettres, 2005, 1435 p., 71 €
  • Sénèque,  Entretiens, Lettres à Lucilius, collection Bouquins (Robert Laffont), 1993. Avec une biographie de Sénèque par Paul Veyne
  • Marc Aurèle, Pensées
  • Epictète, Manuel