
Virginia Woolf à 20 ans, par Charles Beresford.
Biographie – Bibliographie
Romans
- La Traversée des apparences (The Voyage Out) (1915)
- Nuit et jour (Night and Day) (1919)
- La Chambre de Jacob (Jacob’s Room) (1922)
- Mrs Dalloway (1925)
- Vers le Phare (To the Lighthouse) (1927)
- Orlando, a biography (1928)
- Les Vagues (The Waves) (1931)
- Flush, a biography (1933)
- Les Années (The Years) (1937)
- Entre les actes (Between The Acts) (1941)
Orlando (1928)
Sous couvert d’un personnage assez fantastique, qui commence sa vie comme garçon au 17e s. et la termine en femme au début du 20e s., Virginia Woolf écrit, non sans humour, la biographie de son amie Vita, autrement dit la poétesse Vita Sackville-West (1892-1962) avec qui elle entretint une longue amitié amoureuse.
Les Vagues (1931)
Sans doute le roman le plus expérimental de Virginia Woolf, poussant le « flux de conscience » jusqu’à ses limites. Elle se place ainsi dans un grand mouvement romanesque, dans la lignée de Faulkner, dont le roman Le Bruit et la fureur est paru aux États-Unis en 1929.
Six personnages se livrent à une série de monologues, à travers lesquels se dessine leur vie, depuis leur enfance jusqu’à leur vieillesse. Un septième, Percival, ne dit rien ; mais sa mort prématurée hante les autres et suscitent en eux une sorte de fascination. Le livre comporte neuf chapitres, interrompus par neuf interludes lyriques, décrivant un paysage maritime.
- Trois femmes : Jinny, belle, riche et sûre d’elle ; Susan, attirée par la nature et la vie à la campagne, qui vit ses années d’étude et ses moments citadins comme d’horribles contraintes, et Rhoda, peut-être un autoportrait de Virginia Woolf, angoissée, solitaire, et perpétuellement en décalage avec les autres ;
- Trois hommes : Bernard, l’écrivain ; Louis, constamment complexé par ses origines australiennes (son père est « banquier à Brisbane ») et son accent ; et Neville, homosexuel et perdu dans son amour sans réciproque pour Percival.
Flush (1933)

Cocker spaniel anglais
Flush est un tout petit roman (88 pages dans l’éditions de la Pléiade, 2012) ; il raconte, à la troisième personne – mais en se limitant strictement au point de vue du chien, un épagneul ou un cocker, de sa naissance dans la campagne anglaise, chez Miss Mitford, à son adoption par la poétesse Elizabeth Barrett (1806-1861), une jeune femme qui vit recluse à Londres, malade et plus ou moins séquestrée par un père abusif, qui a décrété qu’aucun de ses sept enfants survivants n’aurait le droit de se marier. Le pauvre Flush doit donc troquer ses instincts de chasse et son goût pour la nature, pour un intérieur victorien où il passe sa vie sur un sofa, près de sa maîtresse bien-aimée… Une quiétude un peu lourde, seulement rompue par l’épisode rocambolesque de son enlèvement par des malfaiteurs de Whitechapel…
C’est toujours par les yeux inquiets de Flush que nous assisterons à l’arrivée de Mr Browning, un autre poète, qui va sortir Miss Barrett de sa torpeur et la convaincre de l’épouser en secret et de fuir avec lui en Italie. D’abord violemment hostile à l’intrus, Flush finit par lui vouer le même amour inconditionnel qu’à sa maîtresse.
En Italie, Flush découvre enfin la liberté : plus de laisse, plus de risque d’enlèvement… Il court la ville, se gorgeant d’odeurs (car contrairement à sa maîtresse humaine, lui vit par son odorat et non par les mots), découvrant même la joie de la sexualité.
Un jour, grand chambardement : une « répugnante créature » surgit dans son quotidien, le bébé d’Elizabeth et Robert Browning, que le chien devra bien se mettre à aimer lui aussi !
Il y aura un bref retour à Londres, après la mort du père (1857) ; puis l’on assiste à la mort de Flush – qui dut avoir lieu, en réalité, en 1854 :
« Mrs Browning continua de lire. Puis elle regarda de nouveau Flush. Mais il ne la vit pas. Un changement extraordinaire l’avait saisi. « Fush ! » s’écria-t-elle. Mais il resta silencieux. Il avait été vivant ; maintenant il était mort. C’était tout. » (p. 709, édition de la Pléiade 2012, t. 2)