Un mot grec est formé de plusieurs éléments :
- une racine, le plus souvent issue de l’indo-européen ;
- une série d’éléments pouvant s’ajouter à la racine :
- préfixe qui se place devant le mot ; ex : ἀντιλἐγω ;
- suffixe, qui se place après la racine ; ex: διδάσκω ;
- on trouve même des infixes, qui viennent se placer à l’intérieur du mot ; ex : λαμβάνω.
- une désinence, porteuse d’informations grammaticales (genre, nombre, personne…)
Les racines
L’indo-européen se caractérise par des racines formées de deux consonnes et d’une voyelle, qui peut avoir trois timbres : e, o ou le « timbre zéro », (ø), qui peut prendre des formes variées.
Quelques exemples :
- Racine *leg-, log-, lg :
- timbre e, pour le verbe : λέγω
- timbre o, pour le nom : λόγος
- Le timbre ø n’est pas attesté
- Racine *nem, nom
- timbre e : νέμω, Νέμεσις
- timbre o : νόμος
- Le timbre ø n’est pas attesté
Une famille de mots se caractérise par la présence d’une même racine.
Exemple : les mots λέγω, λόγος, ὁμολογέω-ῶ, λέξις, διαλέγομαι… appartiennent à la famille de la racine *leg-, log-, lg, comme les mots latin lego, colligo, intelligo…
Qu’est-ce qu’une voyelle thématique ?
Originellement, la voyelle thématique peut avoir trois timbres : le timbre e, le timbre o et le « timbre zéro », marqué ø ; ces timbres, en fonction du contexte, peuvent être amenés à varier selon les lois de la phonétique.
On trouve la voyelle thématique dans plusieurs situations :
- Elle est le cœur de la racine indo-européenne : voir ci-dessus.
- On la trouve dans certaines déclinaisons de noms et d’adjectifs : c’est ce que l’on appelle la déclinaison thématique. Elle vient se placer entre le radical et la désinence proprement dite : ainsi, dans λόγ-ο-ς. L’alternance des timbres, qui est un marqueur mophologique très ancien, ne subsiste plus que pour le vocatif : λόγ-ε ; partout ailleurs, c’est le timbre o qui domine.
- On la trouve surtout dans la conjugaison thématique :
- le présent en -ω, l’imparfait en -ον , le futur en =σω ;
- l’aoriste dit thématique, en -ον (ἔβαλον, εἶπον…
On notera qu’ici, l’alternance e/o est beaucoup plus marquée : le timbre o caractérise les 1ères personnes du singulier et du pluriel et la 3ème du pluriel, le timbre e les 2èmes personnes du singulier et du pluriel, et la 3ème personne du singulier.
- Dans la conjugaison athématique des verbes en -μι, on trouve aussi une très ancienne alternance, cette fois entre le timbre e et le timbre ø : dans la série des verbes « à redoublement » (ἵστημι, ἵημι, δίδωμι), la voyelle du radical provient d’une combinaison entre le e de la voyelle, et le schwa (∂) :
- aux trois personnes du singulier du présent, on a une racine à timbre e
- st-e-∂2 > stā : ἵ-στη-μι
- Y-e-∂1 > yē : ἵ-η-μι
- d-e-∂3 > dō : δί-δω-μι
- aux trois personnes du pluriel du présent, on a une racine à timbre ø
- st-ø-∂2 > stā : ἵ-στα-μεν
- Y-ø-∂1 > yē : ἵ-ε-μεν
- d-ø-∂3 > dō : δί-δο-μεν
- aux trois personnes du singulier du présent, on a une racine à timbre e