Nicolas Gogol est né dans un village de l'oblast (gouvernement) de Poltava, au cœur de l'Ukraine, au sein d'une famille de petite noblesse campagnarde peu aisée. Son père, décédé en 1825 alors que Nicolas n'a que 16 ans, écrit de petites pièces de théâtre et développe le goût de son fils pour la littérature. Sa mère lui donne une éducation religieuse traditionnelle qui au fil des ans évoluera vers un mysticisme maladif. Après de médiocres études au lycée de Nijyn, Gogol quitte l'Ukraine pour Saint-Pétersbourg avec l'ambition de faire une grande carrière dans l'administration, mais il trouve d'abord un modeste emploi dans un ministère.
En 1829, Gogol publie, sous le pseudonyme de V. Alov et à compte d'auteur, le médiocre poème romantique Hanz Küchelgarten. Éreinté par la critique, il retire les exemplaires des librairies pour les brûler. Après cet échec, il voyage durant deux mois en Allemagne du nord.
De retour à Pétersbourg, il est forcé de s'engager à nouveau dans l'administration pour un salaire de misère. Il poursuit également ses écrits, regrettant le soleil d'Ukraine. C'est ainsi que l'année suivante paraît dans Les Annales de la Patrie sa première nouvelle, inspirée par le folklore ukrainien, la Nuit de la Saint-Jean.
En 1831, Gogol quitte l'administration et devient professeur à l'Institut patriotique pour filles d'officiers nobles. Il est introduit dans les milieux littéraires et présenté à Alexandre Pouchkine qui l'encourage à écrire. L'éloignement de l'Ukraine lui inspire les Soirées du hameau. Ce recueil de nouvelles grotesques, drolatiques et fantastiques, inspirées de la vie des paysans ukrainiens, lui assure la célébrité. Il comprend les quatre contes de la première partie :
Le succès est immédiat ; le second tome des Soirées du hameau est publié en 1832. Il comprend :
C'est un nouveau succès.
En 1833, Gogol traverse une profonde crise morale. Croyant selon le culte orthodoxe, il pense que chaque homme, qui est envoyé sur terre par Dieu, a une "mission" à accomplir ; mais il ignore quelle est la sienne. Il se découvre une vocation d'historien. Nommé professeur adjoint d'histoire à l'université de Saint-Pétersbourg en juillet 1834, ses premiers cours (auxquels assistera Tourgueniev) entraînent l'enthousiasme des étudiants. Son intérêt pour l'histoire comme sa popularité en tant que professeur s'éteignent cependant rapidement.
Gogol publie, en 1835, le recueil Arabesques, qui contient notamment "La Perspective Nevski", "Le Portrait" et "Le Journal d'un fou". Quant au recueil Mirgorod, on y retrouve entre autres le conte fantastique "Vij" et une première version de Tarass Boulba.
En 1836, la pièce de théâtre Le Revizor (dont le sujet lui a été fourni par Pouchkine), applaudie par les libéraux, attaquée par les réactionnaires, connaît un succès de scandale à Saint-Pétersbourg. Une remarque attribuée au tsar Nicolas Ier calmera les esprits : « tout le monde en a pris pour son grade, moi en premier ». Gogol se sent incompris : le public a vu une satire politique, là où il n'a voulu faire qu'une farce dénonçant la mesquinerie provinciale. En plein désarroi, il quitte à nouveau la Russie.
En juin 1836 Gogol entame une longue période de pérégrinations à travers l'Europe de l'Ouest. Il part d'abord pour l'Allemagne et la Suisse et arrive à Paris en novembre 1836 où il restera jusqu'en mars 1837. C'est à Paris qu'il apprend la mort de Pouchkine, tué en duel à Saint-Pétersbourg. Il s'installe ensuite à Rome où il demeurera deux ans, avant de reprendre la route. Reçu par des admirateurs fortunés, il visite ainsi l'Allemagne, la Suisse, la France et la Belgique.
Durant son voyage, il travaille à son manuscrit des Âmes mortes, son grand roman, qu'il a commencé en 1835, sur une idée de Pouchkine. L'ayant achevé après cinq ans de travail, Gogol tente de le faire publier en 1841, mais il est interdit par la censure à Moscou. Finalement autorisée par le comité de censure de Saint-Petersbourg, elle est publiée en 1842 ; satire aussi impitoyable qu'involontaire de la Russie tsariste, elle suscite aussitôt la controverse et connaît le succès.
En 1843, son expérience dans l'administration lui inspire une nouvelle fantastique, Le manteau.
Cependant, Gogol sombre de plus en plus dans la dépression et le mysticisme ; se croyant investi de la "mission" de sauver la Russie, il tente à plusieurs reprises d'écrire la suite des Âmes mortes ; il se réfugie dans la lecture de livres religieux, tels que L'imitation de Jésus-Christ, et s'enfonce dans un conservatisme politique et religieux extrême.
En 1846, les Passages choisis d'une correspondance avec des amis, réactionnaires jusqu'au grotesque, suscitent un véritable scandale.
En 1848, il visite les lieux saints lors d'un ultime voyage, mais n'y trouve pas de remède à sa dépression. Il revient alors en Russie, et partage son temps entre Odessa et Moscou, fréquentant parfois des moines fanatiques comme le Père Mathieu.
En février 1852, après avoir une dernière fois brûlé le manuscrit de la suite des Âmes mortes, il se laisse littéralement mourir de faim. Les médecins lui infligent alors des traitements d'une brutalité inouïe (bains froids, saignées...) et il meurt le 21 février 1852.