Théocrite (IIIème siècle av. J-C)

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Biographie

Théocrite a une position originale dans la littérature grecque, en refusant les grandes œuvres et en préférant les petites pièces, tout comme Callimaque, théoricien du groupe des poètes bucoliques. Un seul poète alexandrin s’en distingue : Apollonios de Rhodes, auteur de l’épopée Les Argonautiques.

Grec de Syracuse, Théocrite cherche à se faire protéger par Hiéron, en vain : il part donc en Egypte, et à Alexandrie, obtient le soutien de Ptolémée Philadelphe (285-246 av. J-C).

Il est considéré comme l’inventeur de l‘idylle, à l’origine petite pièce en vers sur des sujets divers. « Les Syracusaines » sont une idylle au sens moderne du mot ; « Le Cyclope » est une image parodique du monstre d’Homère, cruel mais capable de tendresse pour ses bêtes. Euripide avait traité le sujet dans un drame satyrique, et Philoxène de Cythère avait, le premier, traité le thème du Cyclope amoureux.

Idylle I : entretien entre Thyrsis et le chevrier (vers 1-63)

ΘΥΡΣΙΣ

Ἁδύ τι τὸ ψιθύρισμα καὶ ἁ πίτυς, αἰπόλε, τήνα

ἁ ποτὶ ταῖς παγαῖσι μελίσδεται, ἁδὺ δὲ καὶ τύ

συρίσδες· μετὰ Πᾶνα τὸ δεύτερον ἆθλον ἀποισῇ.

ἴ κα τῆνος ἕλῃ κεραὸν τράγον, αἶγα τὺ λαψῇ·

κα δ᾽ αἶγα λάβῃ τῆνος γέρας, ἐς τὲ καταρρεῖ

ἁ χίμαρος· χιμάρῳ δὲ καλὸν κρέας, ἔστε κ᾽ ἀμέλξῃς.

ΑΙΠΟΛΟΣ

Ἅδιον, ὦ ποιμήν, τὸ τεὸν μέλος ἢ τὸ καταχές

τῆν᾽ ἀπὸ τᾶς πέτρας καταλείβεται ὑψόθεν ὕδωρ.

Αἴ κα ταὶ Μοῖσαι τὰν οἴϊδα δῶρον ἄγωνται,

ἄρνα τὺ σακίταν λαψῇ γέρας· αἰ δέ κ᾽ ἀρέσκῃ

τήναις ἄρνα λαβεῖν, τὺ δὲ τὰν ὄϊν ὕστερον ἀξῇ.

ΘΥΡΣΙΣ.

Λῇς ποτὶ τᾶν Νυμφᾶν, λῇς, αἰπόλε, τῆδε καθίξας,

ὡς τὸ κάταντες τοῦτο γεώλοφον αἵ τε μυρῖκαι,

συρίσδεν; Τὰς δ᾽ αἶγας ἐγὼν ἐν τῷδε νομευσῶ.

ΑΙΠΟΛΟΣ

Οὐ θέμις, ὦ ποιμήν, τὸ μεσαμβρινὸν οὐ θέμις ἄμμιν

συρίσδεν. Τὸν Πᾶνα δεδοίκαμες· ἦ γὰρ ἀπ᾽ ἄγρας

τανίκα κεκμακὼς ἀμπαύεται· ἔστι δὲ πικρός,

καὶ οἱ ἀεὶ δριμεῖα χολὰ ποτὶ ῥινὶ κάθηται.

Ἀλλὰ τὺ γὰρ δή, Θύρσι, τὰ Δάφνιδος ἄλγε᾽ ἀείδες

καὶ τᾶς βουκολικᾶς ἐπὶ τὸ πλέον ἵκεο μοίσας,

δεῦρ᾽ ὑπὸ τὰν πτελέαν ἑσδώμεθα τῶ τε Πριήπω

καὶ τᾶν Κραναιᾶν κατεναντίον, αἷπερ ὁ θῶκος

τῆνος ὁ ποιμενικὸς καὶ ταὶ δρύες. Αἰ δὲ κ᾽ ἀείσῃς

ὡς ὅκα τὸν Λιβύαθε ποτὶ Χρόμιν αἶσας ἐρίσδων,

αἶγά τέ τοι δωσῶ διδυματόκον ἐς τρὶς ἀμέλξαι,

ἃ δύ᾽ ἔχοισ᾽ ἐρίφως ποταμέλγεται ἐς δύο πέλλας,

καὶ βαθὺ κισσύβιον κεκλυσμένον ἁδέϊ κηρῷ,

ἀμφῶες, νεοτευχές, ἔτι γλυφάνοιο ποτόσδον.

Τῶ ποτὶ μὲν χείλη μαρύεται ὑψόθι κισσός,

κισσὸς ἑλιχρύσῳ κεκονιμένος· ἁ δὲ κατ᾽ αὐτόν

καρπῷ ἕλιξ εἱλεῖται ἀγαλλομένα κροκόεντι.

Ἔντοσθεν δὲ γυνά, τι θεῶν δαίδαλμα, τέτυκται,

ἀσκητὰ πέπλῳ τε καὶ ἄμπυκι· πὰρ δέ οἱ ἄνδρες

καλὸν ἐθειράζοντες ἀμοιβαδὶς ἄλλοθεν ἄλλος

νεικείουσ᾽ ἐπέεσσι· τὰ δ᾽ οὐ φρενὸς ἅπτεται αὐτᾶς·

ἀλλ᾽ ὁκὰ μὲν τῆνον ποτιδέρκεται ἄνδρα γέλαισα,

ἄλλοκα δ᾽ αὖ ποτὶ τὸν ῥιπτεῖ νόον· οἵ δ᾽ ὑπ᾽ ἔρωτος

δηθὰ κυλοιδιόωντες ἐτώσια μοχθίζοντι.

Τοῖς δὲ μέτα γριπεύς τε γέρων πέτρα τε τέτυκται

λεπράς, ἐφ᾽ αἷ σπεύδων μέγα δίκτυον ἐς βόλον ἕλκει

ὁ πρέσβυς, κάμνοντι τὸ καρτερὸν ἀνδρὶ ἐοικώς·

φαίης κα γυίων νιν ὅσον σθένος ἐλλοπιεύειν·

ὧδέ οἱ ᾠδήκαντι κατ᾽ αὐχένα πάντοθεν ἶνες

καὶ πολιῷ περ ἐόντι, τὸ δὲ σθένος ἄξιον ἥβας.

Τυτθὸν δ᾽ ὅσσον ἄπωθεν ἁλιτρύτοιο γέροντος

πυρναίαις σταφυλαῖσι καλὸν βέβριθεν ἀλωά,

τὰν ὀλίγος τις κῶρος ἐφ᾽ αἱμασιαῖσι φυλάσσει

ἥμενος· ἀμφὶ δέ νιν δύ᾽ ἀλωπεκες, ἁ μὲν ἀν᾽ ὄρχως

φοιτῇ σινομένα τὰν τρώξιμον, ἁ δ᾽ ἐπὶ πήραι

πάντα δόλον τεύχοισα τὸ παιδίον οὐ πρὶν ἀνησεῖν

φατὶ πρὶν ἢ ἀκράτιστον ἐπὶ ξηροῖσι καθίξῃ·

αὐτὰρ ὅγ᾽ ἀνθερίκοισι καλὰν πλέκει ἀκριδοθήραν

σχοίνῳ ἐφαρμόσδων· μέλεται δέ οἱ οὔτε τι πήρας

οὔτε φυτῶν τοσσῆνον, ὅσον περὶ πλέγματι γαθεῖ.

Παντᾷ δ᾽ ἀμφὶ δέπας περιπέπταται ὑγρὸς ἄκανθος.

Αἰολικὸν θάημα· τέρας κέ τυ θυμὸν ἀτύξαι.

Τῶ μὲν ἐγὼ πορθμῆϊ Καλυδνίῳ αἶγά τ᾽ ἔδωκα

ὦνον καὶ τυρόεντα μέγαν λευκοῖο γάλακτος·

οὐδέ τί πω ποτὶ χεῖλος ἐμὸν θίγεν, ἀλλ᾽ ἔτι κεῖται

ἄχραντον. Τῷ κά τυ μάλα πρόφρων ἀρεσαίμαν,

αἴ κά μοι τύ, φίλος, τὸν ἐφίμερον ὕμνον ἀείσῃς.

Κοὔτι τυ κερτομέω. Πόταγ᾽, ὠγαθέ· τὰν γὰρ ἀοιδάν

οὔ τί πᾳ εἰς Ἀΐδαν γε τὸν ἐκλελάθοντα φυλαξεῖς.

 

THYRSIS. Chevrier, le pin qui ombrage cette source fait entendre un doux frémissement, et toi, tu tires de ta flûte des sons enchanteurs. Tu ne le cèdes qu’à Pan. Si ce dieu accepte un bouc haut encorné, tu recevras une chèvre, mais s’il désire la chèvre, tu auras le chevreau : la chair du chevreau, nouvellement sevré, est exquise.

LE CHEVRIER. Ô berger ! ton chant est plus doux que le murmure de la source qui coule du haut de ce rocher. Si les Muses obtiennent une brebis, toi, tu recevras l’agneau encore renfermé dans la bergerie. Si cependant elles préfèrent l’agneau, tu obtiendras la brebis.

THYRSIS. Au nom des Nymphes, veux-tu, chevrier, veux-tu venir t’asseoir sur le penchant de cette colline, au milieu des bruyères, et jouer de ta flûte ? Pendant ce temps-là je surveillerai tes chèvres.

LE CHEVRIER. Berger, je ne le puis. Déjà il est midi, et à midi il n’est pas permis de jouer de la flûte : c’est l’heure que Pan, fatigué de la chasse, a choisie pour se reposer. Ce dieu est cruel, la colère siège continuellement sur son front ; aussi, je le crains beaucoup. Mais toi, THYRSIS, tu connais les malheurs de Daphnis, et tu excelles dans le chant bucolique. Allons nous asseoir sous cet ormeau, en face de la statue Priape et de ces sources limpides ou sur ce banc de gazon à l’ombre des chênes. Si tu chantes comme tu le naguère lorsque tu vainquis le Lydien Chromis, je te laisserai traire trois fois cette chèvre qui nourrit deux jumeaux et remplit encore deux vases de son lait ; et je te donnerai aussi une coupe profonde enduite de cire odoriférante : elle est garnie de deux anses et sort à peine des mains du sculpteur. À ses lèvres, en haut, s’enroule un lierre, un lierre saupoudré d’hélichryse ; dans cette bordure s’enroule la spirale, fière de son fruit jaune safran. A l’intérieur est représentée une femme, chef d’œuvre d’un dieu, parée d’un péplos et d’un diadème ; près d’elle des hommes à la belle chevelure rivalisent en discours alternativement ; mais cela ne touche pas son cœur ; tantôt elle regarde l’un en souriant, tantôt elle tourne son esprit vers l’autre ; eux, les yeux à la longue gonflés par la passion, se donnent du mal en vain. Ensuite est représenté un vieux pêcheur et une pierre rugueuse, sur laquelle le vieillard tire avec beaucoup d’effort son grand filet pour le jeter, semblable à un homme qui peine de toutes ses forces ; on dirait qu’il pêche de toute la puissance de ses membres ; voici que sur son cou ses muscles partout se sont gonflés et bien qu’il soit vieillissant, sa vigueur est digne de la jeunesse. Non loin du vieillard usé par la mer une vigne est richement chargée de grappes brunissantes, que garde un petit garçon assis sur un mur de pierres sèches ; autour de lui, deux renards, l’un se promène dans les rangées de ceps en pillant ce qui est mangeable, l’autre, ourdissant toutes sortes de ruses contre sa besace affirme qu’il ne laissera pas l’enfant avant d’avoir mis au sec son déjeuner ; mais lui, avec des tiges d’asphodèle tresse une belle cage à sauterelles en les ajustant avec un jonc ; il se soucie moins de sa besace ni des ceps qu’il ne se réjouit de son tressage. Partout autour du vase se déploie la souple acanthe. Un spectacle comme on en voit en Éolie ! Une merveille à te frapper le cœur. Pour prix de ce vase, j’ai donné à un batelier des Calydnes une chèvre et un grand fromage de lait blanc ; il n’a pas encore touché ma lèvre, mais il est encore tout neuf. Je t’en ferais volontiers cadeau, si toi, mon ami, tu me chantes l’hymne que je désire. Et ne m’outrage pas. Allons, mon cher ; tu ne garderas pas ce chant pour l’Hadès qui fait tout

Pour une étude précise du texte: voir ici.

Idylle XI : Le Cyclope

La Chanson du Mal-Aimé (v. 19-44)

Ὦ λευκὰ Γαλάτεα, τί τὸν φιλέοντ’ ἀποβάλλη,

Λευκοτέρα πακτᾶς ποτιδεῖν, ἁπαλωτέρα ἀρνός,

Μόσχω γαυροτέρα, φιαρωτέρα ὄμφακος ὠμᾶς,

Φοιτῇς δ’ αὐθ’ οὕτως ὅκκα γλυκὺς ὕπνος ἔχῃ με,

Οἴχῃ δ’ εὐθὺς ἰοῖσ’ ὅκκα γλυκὺς ὕπνος ἀνῇ με,

Φεύγεις δ’ ὥσπερ ὄϊς πολιὸν λύκον ἀθρήσασα ;

Ἠράσθην μὲν ἔγωγε τεοῦς, κόρα, ἁνίκα πρᾶτον

ἦνθες ἐμᾷ σὺν ματρὶ θέλοισ’ ὑακίνθινα φύλλα

ἐξ ὄρεος δρέψασθαι, ἐγὼ δ’ ὁδὸν ἁγεμόνευον.

Παύσασθαι δ’, ἐσιδών τυ καὶ ὕστερον, οὐδὲ τί πᾳ νῦν

ἐκ τήνω δύναμαι· τὶν δ’οὐ μέλει, οὐ μὰ Δι’, οὐδέν,

Γινώσκω, χαρίεσσα κόρα, τίνος οὕνεκα φεύγεις·

Οὕνεκά μοι λασία μὲν ὀφρὺς ἐπὶ παντὶ μετώπῳ

ἐξ ὠτὸς τέταται ποτὶ θὥτερον ὦς μία μακρά,

εἷς δ’ ὀφθαλμὸς ἔπεστι, πλατεῖα δὲ ῥὶς ἐπὶ χείλει.

Ἀλλ’ ωὑτὸς τοιοῦτος ἐὼν βοτὰ χίλια βόσκω,

Κἠκ τούτων τὸ κράτιστον ἀμελγόμενος γάλα πίνω·

Τυρὸς δ’ οὐ λείπει μ’ οὔτ’ ἐν θέρει οὔτ’ ἐν ὀπώρᾳ,

Οὐ χειμῶνος ἄκρω· ταρσοὶ δ’ ὑπεραχθέες αἰει.

Συρίσδεν δ’ ὡς οὔτις ἐπίσταμαι ὧδε Κυκλώπων,

Τίν τε, φίλον γλυκύμαλον, ἁμᾷ κἠμαυτῷ ἀείδων

Πολλάκι νυκτὸς ἀωρί. Τρέφω δὲ τοι ἕνδεδκα νεβρώς,

Πάσας μηνοφόρως, καὶ σκύμνως τέσσαρας ἄρκτων.

Ἀλλ’ ἀφίκευσο ποθ’ ἁμέ, καὶ ἑξεῖς οὐδὲν ἔλασσον,

Τὰν γλαυκὰν δὲ θάλασσαν ἔα ποτὶ χέρσον ὀρεχθεῖν·

ἅδιον ἐν τὤντρῳ παρ’ ἐμὶν τὰν νύκτα διαξεῖς.

 

Ô blanche Galatée, pourquoi repousses-tu ton amant, toi, plus blanche à voir que le lait caillé, plus délicate que l’’agneau, plus joyeuse que la génisse, plus luisante que le raisin vert, pourquoi viens-tu ainsi par ici lorsque le doux sommeil me saisit, pourquoi pars-tu aussitôt que le doux sommeil me quitte, et fuis-tu comme une brebis qui a vu un loup gris ? Moi je t’’ai aimée, jeune fille, lorsque pour la première fois tu vins avec ta mère, dans l’’intention de cueillir des fleurs violettes de la montagne, et que moi je montrais le chemin. Cesser de t’’aimer, alors que je t’’ai revue plus tard, je ne le puis d’’aucune manière maintenant depuis lors. Tu ne t’’en soucies nullement, par Zeus;; je sais, gracieuse jeune fille, ce qui te fait fuir : c’est parce qu’’un seul long sourcil épais barre mon front entier, d’’une oreille à l’’autre, que je n’’ai qu’’un œœil unique, et un large nez au-dessus de ma lèvre. Mais tel que je suis, je fais paître mille brebis, et, lorsque je les ai traites, je bois le lait le plus succulent. Le fromage ne me fait défaut ni en été, ni à la saison des fruits, ni au cœur de l’’hiver ; les claies sont toujours surchargées. Je sais jouer de la syrinx mieux qu’’aucun des Cyclopes, quand je chante souvent à une heure indue de la nuit, pour toi et aussi pour moi, ma douce pomme chérie. Je nourris pour toi onze jeunes biches, toutes marquées de croissants de lune, et quatre oursons. Mais viens à moi, et tu n’’y perdras rien ; laisse la mer glauque déferler sur le rivage ; tu passeras fort agréablement la nuit près de moi dans l’’antre.

Éclaircissements linguistiques

  • ἀποβάλλομαι : repousser. Ἀποβάλλῃ = ἀποβάλλει ; ἔχῃ, ἄνῃ = subjonctifs sans ἀν
  • ἡ πηκτή, ῆς : fromage de lait caillé (pensons à la «pectine ») ; la forme πακτᾶς est dorienne
  • ποτιδεῖν < προσοράω-ῶ : infinitif aoriste dorien. Pour avoir une idée de la langue dorienne, voir le cours sur Lysistrata, d’Aristophane. Le dialecte dorien est surtout une langue littéraire.
  • ἁπαλός, ή, όν : tendre, délicat
  • ὁ / ἡ ἀρήν, ἀρνός : jeune agneau (le nominatif est inusité)
  • ὁ / ἡ μόσχος, ου : veau, génisse
  • γαῦρος, ος, ον : joyeux, fier
  • φιαρός, ά, όν : brillant de force et de santé
  • ὁ / ἡ ὄμφαξ, ακος : raisin vert ; les Cyclopes connaissaient la vigne, mais pas le grand crû qu’Ulysse fait goûter à Polyphème pour l’endormir !
  • ὠμός, ή, όν : précoce, pas mûr
  • ἀθρέω-ῶ : apercevoir
  • τεοῦς = σοῦ
  • ἦνθον = ἦλθον
  • οὐδέ τι πῃ : absolument d’aucune manière
  • τηνῶ : là
  • τίν = σοί
  • ἡ ὀφρύς : le sourcil
  • τὸ ὦς = τὸ οὖς : l’oreille
  • ἡ ῥίς : le nez ; le Cyclope a un nez « plat et large », c’est-à-dire épaté ou camus. Le pauvre, conscient de sa laideur, témoigne ici de quelque humilité…
  • Ἀλλ’ ωὑτὸς : traduire par « et c’est encore moi qui… » Dans l’Odyssée, le Cyclope est présenté comme un excellent berger.
  • νεβρώς, πάσας μηνοφόρως = νεβροὺς… μηνοφόρους : les biches ont une lune blanche au front, marque de beauté (comme l’étoile au front des chevaux)
  • νυκτὸς ἀωρί : à une heure indue de la nuit
  • ὀρεχθεῖν : s’étendre vers ==> déferler

Parodie des plaintes amoureuses : décalage du ton épique au ton comique : c’est un peu l’Odyssée travestie, exemple-type de style burlesque (cf. Scarron, l’Énéide travestie). Il s’agit d’une poésie raffinée, savante, fondée sur la connivence entre le poète et un lecteur lettré.