Formation des mots en grec ancien

Un enfant en train d’apprendre l’écriture. Coupe de Douris, musée de Berlin.

Un mot grec est formé de plusieurs éléments :

  1. une racine, le plus souvent issue de l’indo-européen ;
  2. une série d’éléments pouvant s’ajouter à la racine :
    1. préfixe qui se place devant le mot ; ex : ἀντιλἐγω ;
    2. suffixe, qui se place après la racine ; ex: διδάσκω ;
    3. on trouve même des infixes, qui viennent se placer à l’intérieur du mot ; ex : λαμβάνω.
  3. une désinence, porteuse d’informations grammaticales (genre, nombre, personne…)

Les racines

L’indo-européen se caractérise par des racines formées de deux consonnes et d’une voyelle, qui peut avoir trois timbres : e, o ou le « timbre zéro », (ø), qui peut prendre des formes variées.

Quelques exemples :

  • Racine *leg-, log-, lg :
    • timbre e, pour le verbe : λέγω
    • timbre o, pour le nom : λόγος
    • Le timbre ø n’est pas attesté
  • Racine *nem, nom
    • timbre e : νέμω, Νέμεσις
    • timbre o : νόμος
    • Le timbre ø n’est pas attesté

Une famille de mots se caractérise par la présence d’une même racine.

Exemple : les mots λέγω, λόγος, ὁμολογέω-ῶ, λέξις, διαλέγομαι… appartiennent à la famille de la racine *leg-, log-, lg, comme les mots latin lego, colligo, intelligo

Qu’est-ce qu’une voyelle thématique ?

Originellement, la voyelle thématique peut avoir trois timbres : le timbre e, le timbre o et le « timbre zéro », marqué ø ; ces timbres, en fonction du contexte, peuvent être amenés à varier selon les lois de la phonétique.

On trouve la voyelle thématique dans plusieurs situations :

  • Elle est le cœur de la racine indo-européenne : voir ci-dessus.
  • On la trouve dans certaines déclinaisons de noms et d’adjectifs : c’est ce que l’on appelle la déclinaison thématique. Elle vient se placer entre le radical et la désinence proprement dite : ainsi, dans λόγ-ο-ς. L’alternance des timbres, qui est un marqueur mophologique très ancien, ne subsiste plus que pour le vocatif : λόγ-ε ; partout ailleurs, c’est le timbre o qui domine.
  • On la trouve surtout dans la conjugaison thématique :
    • le présent en -ω, l’imparfait en -ον , le futur en =σω ;
    • l’aoriste dit thématique, en -ον (ἔβαλον, εἶπον…

On notera qu’ici, l’alternance e/o est beaucoup plus marquée : le timbre o caractérise les 1ères personnes du singulier et du pluriel et la 3ème du pluriel, le timbre e les 2èmes personnes du singulier et du pluriel, et la 3ème personne du singulier.

  • Dans la conjugaison athématique des verbes en -μι, on trouve aussi une très ancienne alternance, cette fois entre le timbre e et le timbre ø : dans la série des verbes « à redoublement » (ἵστημι, ἵημι, δίδωμι), la voyelle du radical provient d’une combinaison entre le e de la voyelle, et le schwa (∂) :
    • aux trois personnes du singulier du présent, on a une racine à timbre e
      • st-e-∂2 > stā : ἵ-στη-μι
      • Y-e-∂1 > yē : ἵ-η-μι
      • d-e-∂3 > dō : δί-δω-μι
    • aux trois personnes du pluriel du présent, on a une racine à timbre ø
      • st-ø-∂2 > stā : ἵ-στα-μεν
      • Y-ø-∂1 > yē : ἵ-ε-μεν
      • d-ø-∂3 > dō : δί-δο-μεν