Biographie | Bibliographie | Contes cruels |
l'Ève future | Axel |
Auguste de Villiers de L'Isle-Adam naît à Saint-Brieuc, rue Saint-Benoît, le 7 novembre 1838. Il est le fils unique du marquis (titre de courtoisie) Joseph-Toussaint-Charles et de Marie-Françoise Le Nepvou de Carfort-Daniel de Kérinou. En 1843, sa mère obtient une séparation de biens, suite à de très mauvaises affaires du marquis ; Entre 1847 et 1855, le jeune Villiers suit des études chaotiques dans diverses écoles de Bretagne. En 1855, le marquis vend sa maison et ses terres, et la famille s'installe à Paris. Dans la capitale, Auguste fréquente quelques cafés d'artistes et quelques salons (où son nom l'a introduit) et y rencontre un certain succès. Il se lie ainsi avec Catulle Mendès et Jean Marras en 1860 et rencontre, à la Brasserie des Martyrs, François Coppée, Charles Baudelaire, Leconte de Lisle. Il commence à collaborer à quelques feuilles obscures. Toutefois, en 1856, son père est interné à la prison de Clichy pour dettes. Il publie son premier livre, Deux essais de poésie l'année suivante, puis débute une carrière journalistique en décembre 1859 avec deux articles de critique musicale. Le même mois, il fait paraître, à compte d'auteur, ses Premières poésies chez N. Scheuring à Lyon, qui passent totalement inaperçues. En août 1862, il publie à compte d'auteur et à cent exemplaires, chez Dentu à Paris, le premier volume d'Isis, un roman dont la suite ne paraît jamais. Le 28 août, ses parents l'obligent à faire un séjour à Solesmes, où il demeure jusqu'au 20 septembre. En 1863, il noue une liaison avec Louise Dyonnet, une demi-mondaine, mère de deux enfants, et accomplit un séjour de quinze jours en août à Solesmes, où il rencontre Louis Veuillot. En 1864, alors qu'il rompt avec Louise Dyonnet, il fait la connaissance de Flaubert et se lie d'amitié avec Mallarmé, son père fait une nouvelle fois faillite.
En mars 1866, il fait paraître à Saint-Brieuc Morgane, un drame en cinq actes qu'il destine au théâtre de la Gaîté, ainsi qu'une seconde édition d'Elën, drame de 1865. En mai, trois poèmes du premier fascicule du Parnasse contemporain sont de Villiers. Au printemps, il se fiance avec Estelle, la seconde fille de Théophile Gautier, dont l'aînée, Judith, vient de se marier avec Catulle Mendès. Les fiançailles sont rompues en janvier 1867, les parents de Villiers ayant refusé de consentir à une telle mésalliance.
En octobre 1867, Villiers de L'Isle-Adam devient rédacteur en chef de la Revue des Lettres et des Arts, hebdomadaire que viennent de fonder les frères Thomas et Armand Gouzien. La revue paraît jusqu'en mars 1868 ; Villiers y publie une longue nouvelle, Claire Lenoir, et un conte, L'Intersigne. Parmi les collaborateurs de la revue, on compte Mallarmé, Verlaine, Banville, Mendès et les frères Goncourt. En septembre 1869 naît à Paris Jules Émile Leroy (1869-1911), fils de l'actrice Mathilde Leroy et de père inconnu, qui est peut-être le fils naturel de Villiers.
En janvier 1870, après un échec au théâtre du Gymnase, Alexandre Dumas fils parvient à faire accepter La Révolte de Villiers au Vaudeville, qui n'a que cinq représentations en mai et est publiée chez Lemerre en juillet. Le même mois, Villiers joue un rôle important lors des manifestations insurrectionnelles qui suivent la mort du journaliste Victor Noir, abattu par le prince Pierre Bonaparte.
Après un voyage en Suisse et en Allemagne en juin 1869, au cours duquel ils devaient rendre compte pour les journaux parisiens de l'Exposition universelle des Beaux-Arts à Munich, mais qu'ils avaient fait en fait pour voir les opéras de Richard Wagner et rencontrer le compositeur, Villiers, Mendès et Judith Gautier vont couvrir au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, la représentation en français de Lohengrin en mars 1870, avant de se rendre en juin à Weimar, pour un festival de la musique de Wagner. De là, ils vont à Munich pour voir La Walkyrie. Toutefois, ils doivent rentrer en France, lors du déclenchement des hostilités.
De retour à Paris, après un séjour d'un mois chez Mallarmé, à Avignon, Villiers prend le commandement des éclaireurs du 147e bataillon de la garde nationale. Pendant le siège de la capitale par les Allemands, il vit avec sa famille dans un dénuement complet. Lors du déclenchement de la Commune, il se montre enthousiaste, mais doit bientôt renier ses sympathies communardes. Durant l'été, en effet, il fait des démarches en vue d'être nommé attaché d'ambassade à Londres, qui échouent, ce qui complique la situation financière des Villiers, d'autant que, le 13 août 1871, Mlle de Kérinou, soutien de la famille, meurt ; comme elle avait mis tous ses biens en viager, la situation de la famille devient particulièrement précaire. Pour y remédier, Villiers entre en contact, en 1873, avec Anna Eyre Powell, une riche héritière anglo-saxonne, qui refuse finalement de l'épouser.
En janvier 1874, il propose Morgane au théâtre de la Porte Saint-Martin, puis décide de refondre le drame sous un nouveau titre, Le Prétendant. En juillet 1875, il proteste dans Le Figaro contre le mélodrame Perrinet Leclerc (1832), qu'on vient de reprendre au théâtre du Châtelet, où son ancêtre, le maréchal Jean de Villiers de L'Isle-Adam, apparaît sous un jour peu favorable, avant d'intenter un procès en août contre Édouard Lockroy, le seul des deux auteurs qui soit encore en vie. Le 1er août 1877, il est débouté de son procès et renonce à faire appel. Cependant, il apprend qu'un certain Georges de Villiers de L'Isle-Adam l'accuse d'usurper son nom ; il manque de le provoquer en duel quand il découvre qu'en fait, Louis XVIII, croyant à tort la branche des Villiers de L'Isle-Adam éteinte, avait autorisé un Villiers des Champs à « relever » le nom en 1815.
Pendant quelques semaines, au printemps 1879, paraît La Croix et l'Épée, un hebdomadaire légitimiste où Villiers joue un rôle important. Son drame Le Nouveau Monde paraît en librairie, chez Richard à Paris, au début 1880, et son roman L'Ève nouvelle, auquel il travaille depuis 1877, est publié en feuilleton dans Le Gaulois en septembre. Mais, l'œuvre ne plaisant pas aux abonnées, le journal en interrompt bientôt la parution, et elle passe à L'Étoile française, un journal républicain, en décembre. Il en interrompt lui-même la publication juste avant la fin en février 1881.
Le 10 janvier 1881, Villiers est candidat légitimiste dans le XVIIe arrondissement aux élections pour le conseil municipal, mais il est battu. Le lendemain naît à Paris Victor-Philippe-Auguste, fils naturel de Villiers et de Marie Brégeras, née Dantine, veuve illettrée d'un cocher belge. Désormais, Villiers vit avec elle et éloigne ses projets de mariage. Le 12 avril 1882, la mère de Villiers meurt.
Le 9 février 1883 paraît le recueil Contes cruels, chez Calmann-Lévy. Dix jours après, au théâtre des Nations est créé Le Nouveau Monde, que le comte d'Osmoy, homme politique et écrivain, et le libraire Lalouette avaient financé. Mais la pièce n'a finalement aucun succès et doit être retirée au bout de dix-sept représentations. Cependant, Villiers collabore au Figaro à partir d'avril, puis à Gil Blas en août 1884. À cette époque, il se lie avec Léon Bloy et Joris-Karl Huysmans, qui publie À Rebours, où Villiers apparaît comme l'un des auteurs préférés du héros, des Esseintes. Du 18 juillet 1885 au 27 mars 1886, La Vie moderne publie en feuilleton la version complète de L'Ève future, tandis que La Jeune France fait paraître en deux parties, en novembre 1885 et en juin 1886, la première publication complète d'Axël. Le 1er décembre 1885, le père de Villiers meurt à son tour, dans la misère. Enfin, L'Ève future est publiée en volume à Paris par Maurice de Brunhoff en mai 1886. De même, en mai 1887, la maison Tresse et Stock fait paraître le recueil Tribulat Bonhommet, qui comprend une version remaniée de Claire Lenoir. Puis, ce sont les Histoires insolites qui paraissent à la Librairie moderne en février 1888 et les Nouveaux Contes cruels à la Librairie illustrée en novembre.
Atteint d'un cancer des voies digestives lors de l'hiver 1888-1889, Villiers ne peut plus travailler, et Mallarmé doit ouvrir une « cotisation amicale » parmi ses amis pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Le 12 juillet 1889, il est transféré à la clinique des Frères Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, à Paris. Se sentant à l'article de la mort, il rédige, le 12 août, un testament où il reconnaît son fils Victor et épouse in extremis Marie Dantine, le 14, afin de légitimer son fils. À noter que juste avant de mourir, il eut ces derniers mots qui devaient passer à la postérité : « Eh bien, je m'en souviendrai de cette planète ! ». Mort le 18, il est inhumé au cimetière des Batignolles le 21. Plus tard, ses restes sont transférés au cimetière du Père-Lachaise, avec ceux de son fils, mort en 1901.
En 1890, Axël paraît chez Quantin et Chez les passants, recueil de chroniques et de contes, au comptoir d'Édition.