Biographie ; bibliographie | L'Achilléide, I
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L'Achilléide, II |
Études générales sur l'Achilléide :
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Les Silves | La Thébaïde |
Publius Papinius Statius naquit à Naples, en Grande-Grèce, sous le règne de Claude ; son père était grammairien poète, et l'initia dès l'enfance à la poésie. Il vint s'installer à Rome en 69, l'année des "quatre empereurs" (Galba, Othon, Vitellius et enfin Vespasien) ; c'est cette année-là que Stace fit sa première lecture publique.
Stace mena à Rome l'existence d'un poète de cour, maintes fois couronné aux jeux poétiques : jeux de Naples en 78, jeux Albains et Capitolins. Son père meurt en 80, à l'âge de 65 ans. A partir de 95, Stace est gravement malade, et se partage entre Naples et Rome ; en 96, on perd toute trace de lui.
Stace nous a laissé trois œuvres, ou groupes d'œuvres :
Aeaciden : l'Éacide. Désigne Achille, petit fils d'Éaque, et fils de Pélée. Éaque étant fils de Jupiter, Achille est donc l'arrière-petit-fils du dieu...
formidatus : redouté, craint (formido, as, are, aui, atum)
uetitus : participe de ueto, as, are, uetui, uetitum, interdire, s'opposer à
inclitus, a, um = inclutus, a, um : célèbre, illustre
depleo : vider, épuiser ; deplere fontes haustu : épuiser les sources [de la poésie]
haustus, us : action de puiser
necto, is, ere, nexi, nexum : lier, attacher, entrelacer
stupeo : contempler avec étonnement
certatim : à l'envi, en rivalisant
laurus, us : forme de la 4ème déclinaison pour laurus, i : le laurier.
Deux parties pour ce texte : la première indique le sujet, après une très traditionnelle invocation à la Muse, d'ailleurs réduite à sa plus simple expression : "diua, refer". Cela évoque évidemment le prologue de l'Iliade :
Μῆνιν ἄειδε,
θεὰ, Πηληϊάδεω
Ἀχιλῆος
οὐλομένην...
Un certain goût pour les complications, notamment généalogiques, et la
métonymie : cf. Le
Méonien pour Homère, parce que selon certains, Homère serait né en Méonie...
La seconde partie, qui commence avec "At tu..." est un éloge de
l'empereur Domitien. Éloge traditionnel et obligatoire :
"Mais toi, que depuis longtemps contemplent avec stupeur le courage Italien
et Grec, pour qui fleurissent à l'envi les lauriers jumeaux des poètes et des
chefs, – depuis longtemps l'un d'eux souffre d'être vaincu par l'autre –
pardonne, et permets que tremblant je sue un instant sous cette poussière : par
un long préparatif pas encore sûr de lui-même, je m'apprête à te
célébrer, et le grand Achille est pour toi un prélude."
Après Néron ("qualis artifex pereo !") les Empereurs ne voudront plus se priver de la gloire littéraire, et n'hésiteront plus à se parer du "laurier des poètes" (uatum laurus)... Voir le règne des Flaviens (69-96), et plus particulièrement de Domitien (81-96). Ici, Stace fait allusion à la fois à de possibles talents de poète de l'Empereur, et à ses succès militaires, notamment sa conquête des Champs décumates, entre Rhin et Danube.
V. 20-396 : première partie : Thétis.
V. 20-51 : Enlèvement d'Hélène et rumeurs de guerre.
soluo,is, ere, solui, solutum classem : délivrer la flotte ==> appareiller
litus Œbalium : le rivage de Laconie
populor, aris, ari, atus sum : saccager, ravager
Amyclae : Amyclées, ville de Laconie (on trouve ce nom chez Martial 9, 104 et Ovide, Métamorphoses 8, 314)
Helle : fille d'Athamas, qui donna son nom à l'Hellespont. Jam Nereis : nouvelle Néréide. En tombant dans la mer Hellé ne serait pas morte, mais aurait épousé Poséidon.
inuisus, a, um : odieux, détesté ou malveillant, ennemi. Ici, Stace évoque Virgile, Énéide, I, 34-36 : "cum Thétis" rappelle "cum Iuno" : dans les deux cas la déesse aperçoit la flotte, et selon un angle de vue inhabituel : du haut du ciel pour Junon, en contre-plongée, du fond de la mer, pour Thétis. Et toutes deux veulent susciter une tempête meurtrière.
expauere : craindre, redouter (seule autre occurrence : Stace, Silves III, préface)
nec mora (est) : sans retard
prosilio, is, ere, silui : bondir de, sauter de
coeuntia : participe présent neutre pl. de coeo, is, ire, iui, itum : se rapprocher
Phrixus : fils d'Athamas et frère d'Hellé, noyée dans l'Hellespont (voir plus haut). Il s'enfuit jusqu'en Colchide sur un bélier d'or, à l'origine de la Toison d'or. Le rivage de Phrixus : la Colchide (actuelle Géorgie), ou le détroit de l'Hellespont, aujourd'hui les Dardanelles, qui séparent l'Europe de l'Asie.
explico, as, are, aui, atum : déployer, étendre
discusso ponto : la mer ayant été fendue
subeo, is, ire : pénétrer dans (aera) :
nurus, us, fém. : fiancée d'un fils, bru
Les vers 33-34 font écho à Virgile, Énéide VII, 319-322 :
Stace : "Ecce
nouam Priamo facibus de puppe leuatis
fert Bellona nurum : uideo iam mille carinis...
Virgile : Et Bellona manet te pronuba...
Virgile est partout présent dans l'œuvre de Stace.
plăga : étendue, région (ne pas confondre avec plāga : plaie)
tumidus, a, um : gonflé de colère
Réviser la conjugaison de uolo, nolo, malo.
cunabula : berceau, première enfance
committere : confier quelque chose à quelqu'un
toruus, a, um : menaçant, farouche
paruo = a paruo, dès l'enfance ?
improbus, a, um : ici, insatiable, acharné
metior, iris, iri, itus sum : mesurer, évaluer
hasta, ae : lance, javelot
trabes < trabs, trabis, fém. : bois, navire
rhoeteus, a, um : rhétéen, troyen. Le Rhoetēum est un promontoire de Troade sur l'Hellespont.
secundus Iuppiter = Neptune
La fin du discours coïncide avec la coupe trihémimère du vers 51 : l'enjambement et la coupe mettent particulièrement en valeur le mot "ūn(am) hĭě/mēm" : une seule tempête. Le sort de la guerre est ici joué : en voulant sauver son fils – projet purement égoïste ! – Thétis aurait pu empêcher la guerre de Troie ! Mais les Dieux sont eux-mêmes soumis au Destin...
V. 52-94 : Neptune refuse d'intervenir.
scopulosa : de roc, de rocher
cete : nom neutre pluriel : les baleines. Du grec κητή
arduus : haut, élevé, abrupt
iugalis, is : cheval (poétique)
glomero, as, are, aui, atum : rassembler, accumuler
pone : par derrière
Un très beau tableau de Neptune, accompagné de Tritons, de baleines, de dauphins, sur un char attelé de chevaux : image inspirée probablement de statues ou de peintures. Cf. la mosaïque du Musée du Bardo, à Tunis :
fretum, i : la mer, les flots
furto : subrepticement, en cachette
alumna, ae : nourrissonne, enfant (Vénus est née des flots)
consulta belli : les décrets de la guerre (consultum, i)
crassus, a , um : épais, dense, fangeux
cognatus : uni par le sang
redux : de retour
Caphāreūs : Capharée ; promontoire de l'Eubée où se brisa la flotte grecque au retour de Troie. Cf. Virgile, Énéide XI, 260
exsero, is, ere : faire sortir, dévoiler.
Le discours de Poséidon est un résumé de l'Iliade : la guerre qui déchire l'Europe et l'Asie, les exploits d'Achille, et notamment la mort d'Hector, et la mort d'Achille lui-même, puisque Thétis ne doit pas rester "inulta" (non vengée). Et même l'Odyssée est suggérée : "nous chercherons le cruel Ulysse"...
Là encore joue ce que Fernand Delarue (voir bibliographie) appelle le "leurre Virgilien" : en imitant Virgile, Stace fait attendre certains faits (une tempête, par exemple) et déçoit volontairement l'attente de son lecteur. Junon et Thétis ont toutes deux aperçu une flotte troyenne qui leur déplaît ; toutes deux vont trouver un autre Dieu – mais Junon va trouver Éole, un inférieur, et Thétis Neptune, un supérieur. Junon obtient ce qu'elle désire, Thétis échoue... et le lecteur se trouve frustré de "sa" tempête, seulement différée dans la prophétie de Neptune, qui annonce l'ouragan du cap Capharée, au retour d'Ulysse. Les données sont comparables, l'action s'engage autrement : le lecteur goûte à la fois le plaisir de la reconnaissance et celui de la surprise.
On peut penser également au début de l'Énéide : comme Vénus, Thétis s'inquiète pour son fils, et elle sera consolée par une prophétie à long terme... Mais la prophétie de Neptune rappelle davantage les Troyennes de Sénèque (v. 185-189).
V 95- 127 : Thétis en visite chez Chiron, précepteur d'Achille
repulsa, ae : échec, fin de non-recevoir (s'accorde avec graui)
demissus, a, um : abattu
excire : excio, is, ire, iui, itum : soulever, agiter
commenta : participe parfait déponent de comminiscor, sceris, sci : imaginer, inventer
detorqueo : tourner, détourner
Haemoniae terrae : les terres d'Hémonie (ancien nom de la Thessalie)
gressibus < gressus, us : pas, marche
uadum, i : gué, bas-fond
Sperchios : fleuve de Thessalie (Σπερχειός)
http://7gym-laris.lar.sch.gr/french/thessalie_fr.files/thessalia.JPG
fatigare : inquiéter, obséder. Cf. v. 217-218 : l'objet prend la place du sujet logique. Cf. plus haut : ce sont les bas-fonds qui frappent les pieds de la déesse...
sollers : ingénieux, intelligent, habile
rumpo, is, ere, rupi, ruptum : briser, fendre
torus, i : renflement, coussin, couche
accubitus, us = accubitio, onis : fait de prendre place sur un lit de table
genius, ii : génie (dieu particulier à chaque homme ou à chaque chose ; par extension, sa personne ou sa présence)
spiculum : dard, javelot, flèche
truncae orni : frênes brisés : le frêne servait de bois de lance et symbolisait la guerre. Cf. Hésiode, Travaux et jours, la race de bronze.
genialis, is, e : nuptial
pharetra, ae : carquois
insons, sontis : innocent
opperiens : participe présent d'opperior, iris, iri, pertus sum : attendre
ungula : le sabot (un Centaure est un homme-cheval)
crepo, as, are, crepui,
crepitum : rendre un son sec, crépiter, claquer
Construction : nota ungula senis (le sabot bien connu du vieillard) crepuit
[in] desueto campo (retentit sur la plaine qui en avait perdu
l'habitude).
imos in armos : armus, i = épaule ; imus, a, um : le plus bas. Chiron s'incline jusqu'à terre devant la déesse.
perpessa : participe parfait déponent de perpetior, eris, i, pessus sum : endurer jusqu'au bout, souffrir avec patience.
Pour le commentaire : Tout d'abord le voyage fantastique de la déesse, qui en trois bonds atteint la Thessalie (l'Eubée n'est certes pas très loin ; le golfe de Thessalie est au Nord de cette île) : le portrait de la déesse se complète : force surnaturelle, beauté (la blancheur de neige de ses pieds), et respect qu'elle inspire ensuite à Chiron.
Puis l'antre du Centaure, présenté comme un sage vieillard pacifique – alors que les Centaures, ses frères, sont des brutes –, médecin et musicien (il fut le maître d'Apollon). Scène à la fois familière (un grand-père qui attend son adolescent parti à la chasse, tout en préparant le repas...), et fantastique (description de l'antre, rappel de la nature chevaline du Centaure, intrusion de la déesse).
Enfin, rappel du passé : les noces de Thétis et Pélée, qui ont laissé leurs marques dans l'antre de Chiron : ces noces ont eu de nombreuses représentations iconographiques et poétiques ; voir par exemple Catulle, poème 64.
V. 127-158 : dialogue de Thétis et Chiron
On notera que le dialogue commence au milieu d'un vers (coupe penthémimère), et s'achève de même (coupe trihémimère). Dans ce dernier cas, la rupture est encore plus nette : la fin du discours de Chiron coïncide avec l'apparition du héros, d'abord signalée par l'effet qu'il produit :
Figit gelidus Nereida pallor
n'est pas sans évoquer le "je rougis, je pâlis à sa vue" racinien, signe d'une passion violente. L'amour maternel, comme l'amour, bouleverse et asservit celui ou celle qui l'éprouve.
pignora mea < pignus, oris : gage, ici gage de tendresse, objet chéri
utinam mentita : raccourci expressif : puissent-elles n'être que mensonge !
contuor = contueor, eris, eri : observer, regarder
planctus, us : action de frapper, coup
liueo, es, ere : être livide, bleuâtre
ubera : neutre pl. de uber, eris : mamelle, sein
inania Tartara : le vide Tartare (Tartara, orum)
axe peracto : axis, is, m = axe du monde, voûte du ciel ; perago, is, ere, egi, actum = parcourir. Sub axe peracto = à l'ouest. L'Atlantique est le lieu par excellence des purifications : cf. Didon qui se purifie de l'amour pour Énée (Énéide IV, 480)
Carpathius uates = le devin de Carpathos, une île de la mer Égée. Ne pas traduire par "le devin des Carpathes" : il s'agit de Protée, pas de Dracula !
piacula : sacrifice expiatoire
festinus, a, um : précoce, prématuré
Ossa : le mont Ossa, en Thessalie, est le séjour des Centaures
Pharsaliae niues : les neiges de Pharsale : ville de Thessalie, lieu de la bataille décisive remportée par César contre Pompée en 48 av. J-C, et chantée par Lucain (39-65 ap. J-C).
armentum, i : troupeau
Alcidem : Alcide, descendant d'Alcée = Hercule, qui selon certaines versions, participa comme Thésée à l'expédition des Argonautes.
V. 158-197 : portrait d'Achille.
natare : nager, être inondé (noter l'importance des images aquatiques : Thétis est déesse de la mer...)
lānūgo, ginis, f. : duvet
permutare : échanger (aliquid aliqua re)
plectrum, i : plectre, et par extension luth, lyre
fētus, a, um : qui a mis bas
Le jeune héros avec les lionceaux dans les bras : une belle image... et un personnage qui contrevient tranquillement aux lois de la chasse : on ne tue pas une femelle qui vient de mettre bas. Achille, cruel en toute tranquillité, semble "au-delà du bien et du mal", comme il le sera plus tard à l'égard de Deidamie. Par ailleurs, la présence de lions dans les montagnes de Thessalie, au Nord de la Grèce, peut nous sembler curieuse, mais Homère utilise très souvent cette comparaison, et l'art mycénien en représente souvent ; on peut penser que le lion n'avait pas encore complètement disparu de Grèce à la fin de l'âge du bronze (qui s'achève vers 1000 av. J-C)
cōnexus, a, um : permanent, lié
extendo : grandir, allonger. Le passif a ici presque le sens d'un "moyen" grec : "grandir pour soi"
protinus : d'emblée, tout droit, aussitôt
anhelus, a, um : essoufflé, haletant
iubar, aris, n. : étoile, éclat, lumière
como, is, ere, compsi, comptum : peigner
mulceo, es, ere, mulsi, mulsum : caresser
sua gaudia angunt matrem : ses propres joies angoissent sa mère. "Sua" renvoie à "matrem" (de manière peu classique) ; ce qui fait la joie de Thétis (le fait qu'Achille soit devenu un bel adolescent, plein de vie) fait aussi son angoisse : il ne manquera pas de vouloir risquer sa vie à la guerre.
Revoir la règle des pronoms réfléchis
Noter le goût immodéré de Stace pour les mots grecs (chelyn), les dénominations périphrastiques (Amphitryoniades, d'ailleurs de forme grecque également), les allusions mythologiques introduites à tout propos, à l'occasion d'une comparaison (Achille = Castor) ou d'un chant entonné par l'enfant. Mais ce qui domine, c'est le portrait ambigu d'Achille, à la fois homme et enfant, héros brutal et sanguinaire, et capable de gestes de tendresse à l'égard de Chiron.
V. 198-241 : nuit de réflexion et départ
Comparaison "homérique" de Thétis cherchant un refuge pour son fils, à un oiseau cherchant un emplacement pour son nid.
V. 242-282 : arrivée dans l'île de Scyros, chez Lycomède
V. 283-337 : rencontre avec Deidamie
Pallas Athena était l'objet d'un culte particulier pour l'empereur Domitien, qui fit construire au champ de Mars le temple de Minerua Chalcidica. Domitien se disait même descendant d'Athena.
Portrait décidément ambigu d'Achille : le sentiment amoureux se manifeste de manière purement physique (le feu aux joues, la sueur...), et la réaction est immédiate et brutale : la jeune fille n'est qu'une proie, dont il s'emparerait sans le moindre scrupule (et sans lui demander son avis). Ce caractère est conforme au personnage brutal et irascible décrit par l'Iliade. Noter que "eat atque [...] desiciat ni pudor teneat" n'est pas un irréel du présent, mais un éventuel : l'éventualité n'est donc pas complètement écartée...
Revoir les systèmes conditionnels
gyrus, i : cercle, rond (quand les cornes du taureau sont complètement poussées, on les dit lunata)
pastus, ūs : pâture. Socia pastūs : compagne de pâture.
La comparaison avec un jeune taureau renforce encore la brutalité et la violence du jeune homme. Le contraste sera d'autant plus grand lorsqu'il sera déguisé en fille !
arrepto tempore : ayant saisi l'occasion
simulare : reproduire, simuler
mihi contingere : arriver à quelqu'un
cura = en poésie, l'amour réciproque ou l'être aimé. Cf. en français : "mon beau Souci".
laetum : ici, adverbe : gaiement.
proteruus : violent, effronté, libertin
sinus, ūs : pli du vêtement, d'où vêtement.
impexus : non peigné, hirsute
monile, is, n. : collier. Au pl. : bijoux
picturatus : de diverses couleurs, diapré ou brodé
limbus, i, m. : bordure, frange
fandi = génitif du gérondif de fari.
Goût du détail pittoresque et réaliste : un jeune homme habitué à vivre dans une grotte, à demi-nu, ne se transforme pas du premier coup en jeune princesse raffinée !... La scène est peut-être à rapprocher de Pandore parée par les déesses (Hésiode, Travaux, 69-82). Portrait assez troublant d'un adolescent encore androgyne, à rapprocher de la statuaire hellénistique ou romaine.
Deux images d'Antinoüs, amant de l'empereur Hadrien, mort vers 130 ap. J-C. |
Un autre mythe est ici suggéré : celui de Pygmalion.
V. 338-396 : Achille chez le roi Lycomède.
cōmo, is, ere, compsi, comptum : arranger, disposer
haereo, es, ere : être accroché, attaché à ; une image maternelle plutôt crispante !!
exertus, a, um = exsertus : découvert (exsero, is, ere, serui, sertum)
latens : caché, secret, mystérieux ; ici, uestem latentem, "vêtement retroussé" ??
Hecate : la déesse Hécate, identifiée ici à Artémis. Son père et son frère sont donc Zeus (Jupiter) et Apollon, et sa mère Latone.
călăthus, i, m. : panier, corbeille
gymnăs, ădis, f. : exercice de la lutte. Stace est le premier à employer ce mot grec.
lustra (mot déjà employé pour l'antre de Chiron.): bourbier, tanière (v. 267)
neue... aut : paire dissymétrique, mais équivalent à neue... neue...
praecipue : surtout, avant tout
grates agere : remercier quelqu'un. (expression figée ; grates n'a pas de génitif)
defigere : fixer
fundere : répandre, déployer
v. 370 : dehinc est
monosyllabique et doit compter comme une voyelle longue :
Dehīnc sŏcĭ/ārě
chŏ/rōs // cās/tīsqu(e)
āc/cēděrě
/sācrīs.
Idaliae uolucres : les colombes d'Idalie, à Chypre, haut-lieu du culte d'Aphrodite
pinna, ae : plume, aile ==> vol
Toute cette première partie est vue par le regard de Thétis : ses craintes, ses tentatives pour cacher son fils, sa ruse enfin. Jusqu'à son départ, rassurée, elle occupe entièrement la première place ; les autres personnages – Poséidon, Chiron, Achille lui-même ne sont que des comparses, manipulés par la déesse.
Elle donne une image tragique de la maternité : un amour absolu – jusqu'à ne voir dans la guerre qui se prépare qu'une atteinte personnelle (v. 31 : me petit haec, mihi classis), jusqu'à étouffer son fils et l'arracher sans ménagement à sa vie auprès de Chiron. Mais un amour voué à l'échec : même sans l'intervention d'Ulysse, Achille est déjà bien trop guerrier dans l'âme pour accepter longtemps un pareil subterfuge... Il est en somme "génétiquement programmé" pour la guerre, et le soulagement de Thétis, v. 384 et suivant, sonne comme une ironie tragique. Comme Poséidon, comme Zeus lui-même (qui perd dans l'Iliade son fils Sarpédon), Thétis est le jouet du destin. A comparer avec une autre mère tragique : Hécube, épouse de Priam, et mère d'Hector, de Pâris, et de Cassandre...
V. 397-559 IIème partie : Ulysse
397-466 : rumeurs de guerre
Préparatifs... (397-446)
ambit < ambio, is, ire, iui, itum : s'empresser autour de quelqu'un, solliciter. Une belle figure d'Agamemnon en mouche du coche, et en agitateur fauteur de guerre !
calcatus : participe de calco, as,are, aui, atum : fouler aux pieds
degrassatus < degrassor, āris, āri, ātus sum : insulter
umbo, onis : promontoire, isthme
Maleae undisonae : Malée qui retentit du bruit des vagues (cf v. 198) : le cap Malée est au sud du Péloponnèse.
sēmita : sentier, chemin ; ici : détroit. "détroit de Phrixus" = les Dardanelles (voir plus haut)
Abydenus : d'Abydos, en Mysie, province d'Asie Mineure.
adligare : attacher, lier à
quatitur < quatio, is, ere : agiter
iuuencus, i : jeune taureau ; peau de bœuf (chez Stace)
La guerre est présentée comme une croisade pan-hellénique ; elle est glorifiée. Catalogue évoquant celui des vaisseaux dans l'Iliade, et jeu sur les noms propres et leur valeur poétique. Attention aux faux amis : Pisa n'est pas "Pise", mais "Pisa", ville d'Éolide, près d'Olympie ; Temese n'est pas Tempsa, dans le Bruttium, mais Tamasos, dans l'Île de Chypre, qui produisait du cuivre...
Acarnan : nom du héros éponyme de l'Acarnanie (partie de l'Épire)
turma, ae : escadron (30 hommes)
Epiros = Epirus : l'Épire, partie occidentale de la Grèce, aujourd'hui l'Albanie
iaculum, i : javelot
Noter le goût excessif et baroque de Stace pour les brachylogies : "Ombres de la Phocide et de l'Aonie, vous vous raréfiez pour des javelots" (en coupant des arbres...) ; "Pylos et Mycènes tendent les machines de guerre (les cordages des machines...) des murs (qui abattront les murs)". Dans la première phrase, on retrouve aussi la tendance typique de Stace, qui consiste à animer l'inanimé.
uello,is,ere, uulsi, uulsum : arracher
postis, is : montant d'une porte
effero, as, are, aui, atum : rendre farouche ; aurum : donner à l'or un caractère sauvage (= le transformer en armes)
sido, is, ere, sidi, sessum : crouler, s'affaisser.
exutus : participe parfait passif d'exuo : mettre à nu
lassatur < lasso, as, are, aui, atum : fatiguer
squalens, entis : être âpre, hérissé. Tunica auro squalens est une expression virgilienne (En. 10, 314) : tunique où l'or met des aspérités.
adtritus, us : frottement
lentare : rendre flexible, ployer, recourber
glandes < glans, glandis, f. gland, balle de plomb ou de terre cuite qu'on lançait avec la fronde.
sudes < sudis, is : pieu, piquet, épieu
conus, i : sommet d'un casque, cimier
Exaltation collective, guerrière et patriotique, qui n'est pas sans évoquer des scènes semblables (la mobilisation générale en 1914, par exemple...) ; en même temps, catalogue des armes et des machines de guerre ; mais on remarquera que Stace reste prudemment dans le vague, pour éviter tout anachronisme... L'armée d'Agamemnon n'a pas grand-chose à voir avec l'armée romaine impériale !...
Contrairement à son contemporain Plutarque, qui, iréniste, considérait volontiers que la guerre avait failli tuer la Grèce, sauvée seulement par la "Pax romana", Stace semble fasciné par la guerre, sa violence, et l'enthousiasme collectif qu'elle suscite.
transtra, orum : bancs des rameurs ; par métonymie, bateaux.
deficio, is, ere, feci, fectum : faire faute, manquer
carbasa, orum : voile de navire
La flotte à Aulis (447-466)
Aulis Hecateia : Aulis, la ville d'Hécate. Artémis, sur l'autel de laquelle Iphigénie devait être immolée, était souvent identifiée à Hécate, bien qu'elle en soit distincte dans la Théogonie d'Hésiode.
crĕpīdo, inis, f : saillie d'un rocher
scandens < scando, is, ere, scandi, scansum : monter sur, escalader
Caphareus : cf. v. 93-94 : annonce de la catastrophe qui anéantira la flotte grecque au retour de Troie ; technique épique de l'annonce anticipée.
latro, as, are, aui, atum : aboyer ; verbe normalement intransitif, mais employé transitivement ici (au passif) : mot à mot, Le Capharée soulevant sa tête "aboyée par la mer" = contre laquelle aboie la mer.
conficio metas : parcourir jusqu'au bout les bornes
curua indago, inis, f : un filet courbe, recourbé (ou replié)
cassibus < cassis, is, m. : filet de chasse, rets
āuia, orum : lieux impraticables (ne pas confondre avec ăuia : de grand-mère !)
mansuesco : s'apprivoiser, s'adoucir
Image homérique, qui agit par surimpression : à la vision d'un port empli de navire se superpose progressivement celui – assez surréaliste ! – d'animaux pris dans des rets, et qui oublient de se faire la guerre...
On notera que Stace ne fait aucune allusion à l'attente désespérée des vents par Agamemnon, ni au supplice d'Iphigénie. Seul indice peut-être : le rassemblement de la flotte aurait duré un an "donec sol annuus omnes / conficeret metas."
467-513 : Mais où est donc passé Achille ?
467-490 : Un seul héros, Achille.
capesso, is, ere bellum : entreprendre, engager la guerre
premo, is, ere, pressi, pressum : ici, rabaisser, surpasser
quamquam [...] septem Aiax umbone coruscet / armenti reges : "bien qu'Ajax fasse reluire à son coude sept rois du troupeau" : formulation quelque peu alambiquée, mais qui vient d'Homère (Iliade, VII, 219-220) : le bouclier était fait de sept peaux de bœufs !
contendere : lutter, rivaliser, combattre
adortus (est) < adorior, iris, iri, ortus sum : entreprendre
cruda rudimenta : apprentissages, premiers rudiments bruts, ou cruels
praestruxerit < praestruo, is, ere, struxi, structum : construire par avance, obstruer, boucher (elle avait rendu son beau corps impénétrable au fer)
Les champs Phlégréens : région de Macédoine où eut lieu le combat des Dieux contre les géants.
Gradiuus = Mars
Tritonia = Pallas Athéna. C'est près du lac Tritonis, en Libye, qu'Héphaïstos fendit le crâne de Zeus, d'où Athéna sortit toute armée. Déesse guerrière, elle est armée d'une lance et d'une égide (cuirasse en peau de chèvre), au centre de laquelle se trouve représentée la tête de Méduse, entourée de serpents.
uallatus, a, um : participe de uallo, is, ere, aui, atum, entourer de palissades, ou entourer d'hommes.
Revoir quamquam + subjonctif et dum + indicatif présent
496-513 : discours de Protésilas, qui sera le premier mort de la guerre.
quianam : pourquoi ? (poétique : Ennius, Virgile)
recludo, is, ere, clusi, clusum : ouvrir, mettre au jour
fremo, is, ere, fremui, fremitum : frémir, se demander en frémissant
sordeo (+ dat) : être sans valeur, méprisable
Calydonius heros : Diomède, roi de Calydon, ou son père Tydée (cf. v. 538)
genitus magno Telamone : il s'agit du "grand" Ajax, fils de Télamon, roi de Salamine. Il est armé d'un bouclier remarquable, fait de sept peaux de bœufs (voir plus haut) ; après une crise de folie, au cours de laquelle il massacra les troupeaux de bœufs des Grecs en les prenant pour des soldats, il se suicida de honte. Cf. l'Ajax de Sophocle.
Aiax secundus : le "petit" Ajax, fils d'Oïlée, chef du contingent locrien. Armé plus légèrement que son homonyme, il prend part à tous les combats. Violent et impie, il se rendit coupable d'un sacrilège : pendant la prise de Troie, alors que Cassandre s'était réfugiée près de la statue d'Athéna, Ajax en arracha la jeune fille et la viola ; il fut tué par la déesse.
ceu : comme, ainsi que
Nam fama [dicit] [eum] degere nec [in] antris Chironis nec [in] aula patria Peleos ; Peleos est un génitif grec (Πηλεύς, έος)
inrumpo, is, ere, rupi, ruptum + acc : forcer, envahir
uexo, as, are, aui, atum : tourmenter, traquer
remitto, is, ere, misi, missum : faire remise de
uitta, ae : bandelette (des prêtres, des victimes...)
dependo, is,ere, pendidi, penditum pro : payer pour, en échange de
514-559 : Les révélations de Calchas.
Calchas, fils de Thestor, était devin de Mycènes, ou de Mégare. Il accompagnait les Grecs dans l'expédition contre Troie.
Portrait du devin en action (514-525)
gĕnae, arum : peut désigner les yeux (Properce).
sāgus, a, um : prophétique (1ère occurrence chez Stace, ici même)
līcium, ii : petite ceinture, cordelette
tūrifer, a, um : qui porte de l'encens (tūs, tūris)
mūgītus, ūs, m. : mugissement (noter l'importance des voyelles longues : harmonie imitative)
ēluctāta < ēluctor, āris, āri, ātus sum : surmonter en luttant
Discours du devin (526-537)
euersor, oris : destructeur
fluxus, a, um : fluide, flottant
nutans : chancelant
tremefactus, a, um (< tremefacio, is, ere, feci, factum) : ébranlé, épouvanté
conruo, is, ere = corruo, is, ere, rui : s'écrouler
Discours haletant et violent, où Calchas décrit ce qu'il voit : Achille enlevé, vêtu d'une robe, et bientôt séduit par la fille de Lycomède. Puis il s'écroule, comme Cassandre (Sénèque, Agamemnon, 720 sq.) ou la matrone vaticinante (Lucain, Pharsale, I, 678).
Départ d'Ulysse et Diomède vers Scyros. (538-559)
haerentem Ithacum : l'homme attaché à Ithaque = le maître d'Ithaque, Ulysse
trahere : si tua cura trahat : si ton souci t'y entraînait (subj. présent = éventuel)
Licet : ici employé comme conjonction : bien que, encore que
astus, us : ruse, fourberie
caterua, ae : troupe, bande, ici : essaim
carbasus, i, f. : voile de navire
V. 560-674 : Deidamie (IIIème partie)
560-592 : une cour un peu rude.
opertus, a, um < operio : couvrir, cacher
blande : d'une manière flatteuse, en cajolant
resumo, is, ere, sumpsi, sumptum : prendre à nouveau. Verbe expressif : Achille ne se contente pas de "regarder" Deidamie, il la "prend" par ses regard, s'en empare, comme d'une proie.
serta, orum : guirlandes, tresses, couronnes
canistra, orum : paniers, corbeilles
infringo : briser, heurter
cŏlus, i (ou cŏlus, us), f. : quenouille
pensum, i : poids de laine à filer chaque jour (cf. vers 261 : même début de vers, pēnsă mă/nū)
anhelo, as, are, aui, atum : être hors d'haleine
miratur quod... + subjonctif : le subj. traduit l'état d'esprit de la jeune fille, sa subjectivité : presque discours indirect libre; d'autant que "miratur" est mis en valeur en début de vers, après un enjambement.
Brutalité d'Achille : inhaeret, ferit, infringit, resumit, ligat... Un désir purement physique, brut, et qui se manifeste par des coups, même atténués en caresses ; c'est un jeune fauve, qui profite de l'ingénuité de sa compagne... Sa virilité éclate de toutes parts, y compris dans ses maladresses (il casse sa quenouille et emmêle ses écheveaux) : la ruse de Thétis paraît déjà bien vaine... La nature du héros sera plus forte.
De l'autre côté, psychologie assez subtile de Deidamie : elle a déjà tout compris, mais refuse de se l'avouer, et de laisser Achille avouer – ce qui l'obligerait à mettre fin à ces jeux amoureux, ou à s'engager vraiment.
Héra, fille de Cronos et de Rhéa, est donc la sœur de Zeus, dont elle fut la troisième épouse, après Métis et Thémis.
Le vers 592 est extrapolé, et doit se placer à la place du vers 772.
593-639 : méditation dans un bois.
593-624 : Achille conduit la bacchanale.
lucus, i : bois sacré
sublimis : haut, élevé
Agenorei : Bacchus était l'arrière-petit-fils d'Agénor (fils de Sémélé et petit-fils de Cadmos)
admissus caelo : touchant au ciel
trĭĕtēris, idis : espace de trois ans (τριετηρίς)
scissus, a, um : participe de scindo : fendu
mares < mas, maris : mâle
Bref tableau d'une bacchanale : animaux écartelés, arbres arrachés... Un déchaînement de violence qui contraste avec l'image précédente des jeunes filles, et annonce les méditations d'Achille, et le viol auquel il va se livrer.
temerator : corrupteur
oberret < oberro, as, are, aui, atum : errer autour de (+ dat)
Autre trait d'Achille : son peu de respect pour les dieux ; il n'hésite pas à commettre un sacrilège.
signa : enseignes. Métaphore militaire, peut-être un peu anachronique.
teres, etis : arrondi, rond, bien fait
nebris, acc. nebrida : nébride, peau de faon porté lors des fêtes de Bacchus et de Cérès.
missile, is : toute arme de jet (javelot, flèche...)
redimitus, a, um : couronné
pronus, a, um : penché en avant
Euhius : un des surnoms de Bacchus, dont la lutte contre les Indiens était proverbiale.
fastigium, ii : faîte, sommet
624-639 : Achille se parle à lui-même.
commentum, i : plan, projet
natatus, us, m. : action de nager ; le Sperchios est un fleuve de Thessalie.
ast
= δέ
aequaeuus, a, um : du même âge
fax, facis, f. : torche, flambeau
640-674 : le viol et ses suites.
tempestiuus, a, um : favorable, approprié
torpeo, es, ere : engourdir
"il se rend maître par la force de ses vœux, et de tout son cœur il se livre à de vraies étreintes". Qu'en termes galants ces choses-là sont dites !... Souvenir de Virgile, En. VII, 370 sq.
vers 643 : uidit (voit) ou risit (rit) : la deuxième version ferait des astres les complices du forfait... Lieu commun : Catulle, VII, 7-8 ; Juvénal VI, 311 et VIII, 149-150.
caerula mater = caerulea mater : mère bleue, mer d'azur (Thétis est une Néréide, déesse marine)
paene
Ioui genitum : "presque-fils" de Jupiter : Stace revient à
plusieurs reprises sur la divinité empêchée d'Achille ; cf. v. 252 et 268
; thème issu des Argonautes de Valerius Flaccus, I, 131 sq.
Peleos
in thalamos uehitur Thetis ; aequora delphin
corripit, illa sedet deiecta in lumina palla
nec Ioue maiorem nasci suspirat Achillen.
tympanum, i : tambourin (symbole du féminin ou de l'efféminé chez Quintilien ou Sénèque).
comminus : sous la main, de près
fortassis = fortasse : peut-être
altrix, icis : nourrice
adnuo, is, ere, nui, nutum : donner par signe son assentiment
index : qui indique
Lucina : déesse des accouchements
resoluo, is, ere, solui, solutum : délivrer ; "jusqu'à ce que, le terme achevé, Lucine apporta le jour fixé et, annonciatrice de l'accouchement, la délivra".
On remarquera que cet épisode est loin d'être essentiel dans la biographie d'Achille : le viol n'occupe que trois vers 1/2, puis l'on entend les plaintes et les craintes de la jeune fille, victime mais qui sera considérée (et se considère elle-même) comme coupable, – une réalité encore effective aujourd'hui dans bien des pays – et enfin, l'accouchement, après une ellipse de neuf mois sur laquelle on ne saura rien : Achille a continué son jeu comme si de rien n'était... Enfin, il n'est pas dit un mot ici de l'enfant !
Celui-ci, Néoptolème ou Pyrrhos, fut élevé par son grand-père ; après la mort d'Achille, des ambassadeurs grecs vinrent à son tour le chercher pour qu'il combatte les Troyens ; fidèle à la mémoire de son père, il les suivit, récupéra avec Ulysse les armes d'Héraklès détenues par Philoctète, et participa à la prise de Troie. Il obtint Andromaque, veuve d'Hector comme butin de guerre, et revint sans encombre en Grèce. Voir l'Andromaque de Racine.
675-960 : arrivée et triomphe d'Ulysse. (IVème partie)
675-818 : Arrivée à Scyros d'Ulysse et Diomède.
675-725 : l'arrivée des Grecs.
Nouveau changement, assez brusque, de point de vue : on abandonne Deidamie pour se tourner vers les Grecs, qui arrivent à Scyros. La transition est rude : "iamque"... comme elle l'était au vers 560, "at procul", ou 396 ("interea") : Stace ne s'embarrasse pas de longues transitions. La chronologie est un peu floue : les deux fils narratifs s'entremêlent... Il est peu probable que la navigation d'Ulysse et Diomède ait duré un an, ni que l'on ait attendu autant de temps avant de les envoyer chercher Achille !
flexus : courbe, sinuosité
Pure énumération de noms propres, sans réalité géographique – à moins que cette navigation erratique ne serve justement à expliquer le délai entre la décision des vers 550 sq. et sa réalisation effective...
carchesium, i : coupe à anse
arceo : détourner, écarter, empêcher
erueret < eruo, is, ere, erui, erutum : détruire de fond en comble, bouleverser
scopulosus, a, um : rocheux
rudentes < rudens, entis, m. : cordage, drisse
resumere pontum ne signifie pas ici "reprendre la mer" mais "marcher à la rame" : voir la note 3 p. 95.
Ætolus = Diomède
segnes < segnis, is, e : lent
aera < aes, aeris, n. : l'airain, le bronze ou le cuivre. Ici, des cymbales ?
lituus, i : trompette
Pour décrire le trajet entre Aulis et Scyros, Stace reprend les noms empruntés au trajet de Thrace en Crète de l'Énéide, III, 124-126 :
"Linquimus Ortygiae portus pelagoque uolamus,
Baccatamque iugis Naxon uiridemque Donusam,
Olearon niueamque Paron sparsasque per aequor
Cycladas..."
Les Romains considèrent volontiers que la précision géographique relève d'une érudition excessive et de mauvais goût : Plaute, déjà, dotait Thèbes d'un port, et Sénèque, un des modèles de Stace, la méprisait également dans ses tragédies. Ce qui importe, c'est la force évocatrice des noms, sans rapport avec un quelconque référent réel.
726-750 : Les émissaires grecs reçus par le Roi Lycomède.
dextri dei : les dieux propices.
Voir l'opposition, dans la première partie, entre le roi "pacifique" (placidissime regum) et la guerre qui s'étend (trucis belli), que la métrique place côte à côte. Il faut y voir une forme d'ironie. D'autre part, l'accueil du Roi fait immédiatement penser à l'accueil qu'Alcinoos réserve à Ulysse – ce même Ulysse ! – dans l'Odyssée VI et VII...
perlustro, as, are, aui, atum : parcourir, passer en revue
Vers
744 :
uīrgĭnĭs
/ aūt dūbĭ/ā
făcĭ/ēs sūs/pēctă
fĭ/gūrā.
La scansion indique que dubia est épithète de figura, et suspecta
de facies. Noter le chiasme.
porticibus < porticus, us : portique, galerie à colonnes
uagis porticibus est une hypallage : c'est Ulysse qui erre "à l'aventure" !
legit arua : il parcourt les champs. ; à moins qu'il ne faille garder la métaphore de la lecture : le chasseur "lit" les traces dans la terre et les champs...
porrectus : participe de porrigo ; étendu, couché.
caespes, pitis : motte de gazon, gazon. L'ennemi en question est sans doute un sanglier.
750-818 : réactions d'Achille
perlibro, as,are, aui, atum : niveler (ici, parcourir)
extemplo : aussitôt
Le vers 772 est extrapolé : le copiste s'est cru obligé de compléter l'aposiopèse des vers 767-771.
saltem : du moins
suboles, is, f. : rejeton, pousse, postérité
Ironie tragique : Lycomède ignore tout de la présence d'Achille parmi ses filles – le jeune homme lui a été présenté comme une "sœur" d'Achille, et il ne l'a sans doute pas beaucoup vu – et il n'imagine évidemment pas que son vœu du vers 783 est en réalité déjà accompli...
segnis, e : paresseux, apathique, lâche
strata, orum : lit, couche
819-885 : la ruse d'Ulysse
819-826 : allusions d'une part à l'échange de cadeaux traditionnel entre hôtes (cf. l'Odyssée), d'autre part à la plaine d'Enna, en Sicile, lieu du rapt de Proserpine ; la présence de Diane, Junon et Minerve peut aussi faire penser au jugement de Pâris...
Ismenia buxus, us, f. : buis, objet en buis, flûte ; ismenius, a, um : du fleuve thébain Ismenus. L'une des filles d'Œdipe s'appelait Ismène...
area Rheae : les cymbales de Rhéa = de Cybèle ; les cultes de Cybèle et de Bacchus étaient quelquefois confondus.
entheus, a, um : inspiré par une divinité (hellénisme)
Curetes, pii Samothraces : les Curètes furent chargés de couvrir, par de bruyantes danses guerrières, les vagissements du petit Zeus soustrait par Rhéa à son père Cronos. Les Cabires de Samothrace sont confondus avec eux.
Amyclis < Amyclae, clarum : Amyclée, ville de Laconie.
intorqueo : tordre, enrouler
amictus, us, m. : ce qui enveloppe, vêtement
laudata cohors soluuntur repetuntque : sujet singulier, verbes au pluriel ! Accord par le sens.
limbus, i : bandeau
caelo, as, are, aui, atum : ciseler, graver
iuba, ae : crinière
Une métamorphose annoncée : le contraste entre les jeunes filles et Achille déguisé est montré encore une fois de manière presque comique : il est incapable de se tenir, de respecter les bonnes manières, aussi bien à table que dans la danse. En somme, c'est un soudard !...
Puis la ruse d'Ulysse proprement dit : la seule vue d'un bouclier et d'une lance suffit pour qu'Achille tombe le masque (qui lui pesait sérieusement !) et se révèle tel qu'en lui-même : il apparaît même grandi d'un coup, alors qu'il n'était guère qu'un adolescent. Le cinéma par la suite utilisera ce genre d' "effets spéciaux" (Docteur Jekyll et Mr Hyde, l'effroyable Hulk...). L'effet hésite entre le comique (involontaire) et l'épique...
A noter que l'image des jeunes filles est tout aussi caricaturale : une bande de sottes, toujours prêtes à croire n'importe quoi, et à se disperser comme un vol de moineaux. Ce qui est assez improbable de la part de bacchantes rompues aux cérémonies les plus rudes...
885-920 : Et Deidamie dans tout cela ?
adlego, as, are, aui, atum : alléguer, produire
concipe foedus : prononce le traité, le contrat (formule de mariage)
Une conclusion heureuse et rapide de l'histoire de Deidamie : son père – qui a appris, d'un seul coup, qu'il a introduit un séducteur dans sa propre maison, qu'Achille s'est emparé sans façons de sa fille, et que lui-même est déjà grand-père – fait preuve de générosité, et, stoïquement, accepte ce qu'il ne peut empêcher : il marie les tourtereaux. Au reste, Achille est un beau parti : fils d'une déesse, petit-fils de Jupiter par Éaque...
On peut noter encore une fois le goût de Stace pour les tableaux vivants (peut-être inspirés par des peintures ?) : Achille à demi-nu devant le roi, le bébé à ses pieds, et la jeune fille, éperdue et honteuse, en arrière-plan...
920-960 : Le départ d'Achille
alnus, i, f. : aune ; ce qui est fait en bois d'aune, les bateaux.
planctus, us : action de se frapper dans la douleur, bruyante douleur
Tyndaris, idis : la fille de Tyndare, Hélène. Deidamie redoute-t-elle simplement la trop célèbre beauté d'Hélène, ou bien Stace annonce-t-il implicitement l'ampleur de son projet : raconter l'histoire d'Achille jusqu'au-delà de la mort, et son mariage posthume avec Hélène ? Une destinée qui ne figure pas chez Homère...
gaza, ae (mot perse) : trésor du roi de Perse
inrita uerba : paroles
vaines, stériles, sans effet. Ce dernier vers est une imitation de Catulle,
64, v. 59 :
inrita uentosae linquens promissa procellae ("laissant à la tempête
capricieuse ses vaines promesses")
Imitation et variante : "uentosae procellae", datif singulier chez
Catulle, devient nominatif pluriel chez Stace. Alors que Thésée faisait
sciemment de vaines promesses, Achille est donc ici davantage le jouet des
éléments et du destin...
Le chant I s'achève donc sur une note douce-amère : Deidamie est pardonnée, son honneur est sauf, et son fils – le futur Néoptolème ou Pyrrhus – lui reste. Mais elle est assez lucide pour savoir qu'elle ne reverra jamais Achille, que celui-ci ne lui sera pas fidèle (il aimera successivement Iphigénie, Briséis, Polyxène...) et qu'il ne reviendra pas vivant de Troie. Mais elle sait aussi qu'on ne lutte pas contre le destin.
Quelques documents iconographiques :
Sur le sarcophage de 240, voir l'article d'Odette Touchefeu.
Il existe aussi un opéra de Händel, appelé Deidamie, créé en 1741. Voir ici.
Vers 1-30 : Achille apaise sa mère, et quitte Scyros
exuio, is, ere, exui, exutum :dégager, dépouiller
coruscus, a, um : tremblant, ou brillant, étincelant
hebetem < hebes, hebetis : émoussé, qui a perdu sa pointe
rorans : répandant la rosée
palla : manteau de femme
escendere : monter
lito, as, are, aui, atum : sacrifier
ueneratur : ueneror, aris, ari, atus sum : témoigner du respect, honorer
orsus : participe de ordior, iris, iri, orsus sum : commencer
ardua, orum : les hauteurs
vers 23-26 : poésie visuelle de l'héroïne au sommet d'une tour, son enfant dans les bras, et regardant la mer. Stace l'a déjà utilisée dans la Thébaïde (VII, 243 sq. et XI, 354 sq.). L'image sera maintes fois reprise ! Vient peut-être de Catulle (Ariane voyant partir Thésée) ou de Virgile (Didon).
uiduus : veuf. Il faut garder l'image, et ses connotations mortifères.
V. 30-48 : Dialogue d'Achille et d'Ulysse
v. 34 : coutume romaine que Stace attribue aux Grecs d'Homère : à Rome, pour déclarer la guerre, on ouvrait les portes du temple de Janus.
resides causas < reses, residis : qui séjourne, inactif
ēdo, is, ere, edidi, editum : prononcer, dire, publier
V. 49-85 : le récit d'Ulysse
Récit rétrospectif dont le modèle est évidemment le long récit d'Ulysse à Alcinoos dans l'Odyssée. Il remonte ici aux plus lointaines causes mythologiques de la guerre de Troie : le jugement de Pâris.
Dioné = Aphrodite ou Vénus
lis, litis, f. : dispute
exitialis,is, e : funeste, pernicieux
Amyclées : ville de Laconie, déjà citée ; Pâris aurait donc commis un double sacrilège : il aurait dévasté un bois sacré de Cybèle (comme le Clodius romain, ennemi de Cicéron...) et se serait emparé d'Hélène, femme de son hôte !
uiles messis aceruos : aceruus, i = tas, monceau : "comme de vulgaire tas de moisson".
capulus, i : manche de l'épée.
On observe les talents de manipulateur d'Ulysse : il évoque Deidamie au moment même où il lui arrache son mari ; et il sait exactement comment provoquer les réactions d'Achille. Celui-ci apparaît emporté, colérique : ce qui est conforme à l'Iliade.
V. 86-160 : récit d'enfance d'Achille
Oenides : le petit-fils d'Oenée = Diomède
ritus, us : usage, coutume
spissus, a, um : dense, compact
semianimis, is, e (poétique) : à demi-mort ; on imagine la férocité de l'enfant !
cutis, is, f. : peau
planta, ae : plante du pied, pied
damma, ae, ou dama, ae, m. : mot gaulois : daim
cuspis, idis, f. : pointe, épieu, javelot
fulmineus : impétueux, foudroyant, meurtrier
sicubi : si quelque part
seducta iugis : éloignée des crêtes (iŭgum, i)
remearem : revenir (remeo, as, are, aui, atum)
cito, as, are, aui, atum : mettre en mouvement, brandir
gaesa, orum : mot gaulois : javelots de fer en usage chez les gaulois ; on trouve le mot chez Virgile (En. VIII, 662),mais ici il ne peut s'agir que d'un anachronisme - et d'une volonté de dépaysement du lecteur : Achille accumule les mentions de noms barbares et d'armes exotiques.
contus, i : épieu, pique
falx : faux (arme de guerre)
actor habenae : habena, ae = courroie, lanière, fronde
molaris, is : meule
caligo, inis : obscurité, détresse ; ici, vertige
Oebalius, a,um : de Sparte (Oebalus était un ancien roi de Laconie)
palen< pale, es : lutte (mot grec : πάλη, ης)
caestus, us : ceste, gantelet (bandelettes de cuir garnies de plomb)
quaterem < quatio, is, ere, quassum : secouer, frapper, faire vibrer
lues, is, f. : peste, maladie contagieuse
monitus, us : rappel, conseil, avis
hactenus : seulement jusque là ; voilà tout ce que...
Achille raconte avec complaisance son éducation virile auprès de Chiron, mais passe sous silence ses années passées parmi les femmes à Scyros : il en a honte.
Le combat contre le fleuve : cf. Iliade XXI,233 sq. (combat contre le Xanthe), mais aussi Silius Italicus (IV, 638 sq.) et Lucain (III, 580 sq.) Stace lui-même en avait introduit plusieurs dans sa Thébaïde.
Ce récit, qui clôt le peu que Stace a pu achever du livre II, produit un effet trompeur de composition circulaire : le début du livre I montrait Achille revenant de la chasse auprès de Chiron, et la fin revient au point de départ, dans les montagnes de Thessalie (d'ailleurs peuplées d'un bestiaire improbable, ou lions et tigres cohabitent avec daims, loups et sangliers...) ; l'effet de miroir est peut-être voulu : une époque se clôt pour Achille, celle de son enfance et de sa jeunesse. Propulsé brutalement dans l'âge adulte, comme les navires ont été propulsés par les vents hors de Scyros, il dit ici un dernier adieu à des êtres qu'il ne reverra jamais : Deidamie, puis Chiron. La suite aurait probablement montré un autre Achille, définitivement détaché de son passé, le héros de l'Iliade et des légendes postérieures.
L'influence de Sénèque dans l'Achilléide ;
L'influence d'autres poètes (Catulle, Noces de Thétis et Pélée)
Poésie et peinture : comme chez Catulle, ecphrasis = description de tableaux vivants et animés (voir notamment dans les comparaisons, mini tableaux)
Féminin et masculin dans l'Achilléide
L'influence de Sénèque dans l'Achilléide :
C'est dans les Troyennes de Sénèque, que Stace a trouvé l'argument de sa pièce, ou du moins des éléments biographiques concernant Achille :
une prophétie, v. 185-189 ; mais chez Stace, c'est par une aventure galante qu'Achille commencera par prouver sa virilité. Il y a un caractère presque comique, hérité d'Ovide plus que de Sénèque, dans la personnalité du héros. Cependant, chez Sénèque, la cruauté qui pousse l'ombre d'Achille à réclamer le sacrifice de Polyxène n'apparaît jamais condamnable. Chez Stace aussi, Achille, "magnanimus" est au-delà de toute réprobation morale, y compris lorsqu'il viole Deidamie.
et surtout le récit de Pyrrhus, rappelant à Agamemnon les exploits de son père.
Enfin,
des ressemblances structurelles :
Thétis habille Achille
en fille
Achille séduit Deidamie avec des arguments trompeurs |
Andromaque cache son fils
dans le tombeau d'Hector
Hélène trompe Polyxène en lui faisant croire à un mariage avec Pyrrhus |
Cependant il y a une différence de color (ou de ton) : Andromaque veut sauver son fils pour qu'il venge Troie ; Thétis veut seulement lui épargner la guerre. Les Troyennes sont la tragédie du désenchantement, ce qui contraste avec la marche joyeuse d'Achille vers la victoire.
Sénèque a été le maître de Stace, aussi bien par ses tragédies que par sa prose. La Thébaïde reprend l'argument de deux pièces de Sénèque ; et sa philosophie est à l'arrière-plan de toute l'œuvre de Stace. Ainsi, le dernier livre de la Thébaïde, qui voit l'intervention salvatrice de Thésée, s'inspire du De Clementia.
L'Achilléide, une épopée "éthique"
Selon Quintilien, il existe deux sortes de style épique : le style "pathétique" (nous dirions plutôt "tragique") issu de l'Iliade, et le style "éthique" héritier de l'Odyssée. Les termes allemands de "Kriegsepos" (épopée guerrière) et "Personenepos" (épopée personnelle) sont peut-être plus parlants. L'Énéide de Virgile est composée de six livres de Personenepos – les six premiers, relatant le voyage d'Énée, la rencontre avec Didon, la descente chez les morts, et de six livres de kriegsepos – les six derniers, racontant les combats d'Énée en Italie.
Style "pathétique" (Kriegsepos) | Style "éthique" (Personenepos) |
|
|
L'Achilléide serait donc, selon Fernand Delarue, l'Odyssée de Stace, la Thébaïde étant son Iliade. Les deux épopées s'opposent terme à terme : dans la Thébaïde, des haines familiales mortelles, des actes exceptionnels et inhumains, comme un père maudissant ses fils, le duel des frères, le défi de Capanée aux dieux... dans l'Achilléide, une affection familiale généralisée, une mère "trop humaine" qui couve son fils au point de l'étouffer et qui prend la guerre de Troie pour une contrariété personnelle, un père dépassé par les événements, mais qui pardonne, un marmot dans les bras...
Qu'eût été l'Achilléide, si Stace avait pu l'achever ? Nous sommes réduits aux conjectures, mais la prophétie de Neptune donne quelques pistes : Achille se couvrira d'une gloire qui lui donnera l'immortalité, consolant ainsi sa mère ; peut-être un mariage posthume (avec Hélène ? avec Polyxène comme le laisse penser le précédent de Sénèque ?)
Contrairement
à la Thébaïde, l'Achilléide met en scène une guerre "fraîche
et joyeuse", dont la légitimité n'est jamais mise en doute ; les héros y
participent en toute conscience, par un choix clair et raisonné, où se mêlent
raison et désir : la προαίρησις,
fondement même de l'ἦθος
Enfin, Stace met en scène, dans l'Achilléide, ce qui sera le fondement de ce qu'on n'appelle pas encore le "romanesque" :
le coup de théâtre (soigneusement préparé) des vers I, 878-882 : la métamorphose du héros (cf. Ulysse se révélant aux prétendants, Odyssée XXII, 27-30 et 45-59)
les reconnaissances : Achille se fait reconnaître de Deidamie, puis est reconnu par Ulysse, et enfin se révèle à Lycomède.
l'aventure : "plura uacant" est annoncé dès le prooemium : cela annonce bien des aventures, énumérées dans les Troyennes, ou données par la tradition ;
la présence de la mer : 326 vers sur 1108 de récit se passent sur ou sous l'eau...
Le surnaturel, incarné par les déplacements de Thétis, l'apparition de Neptune sur son char, et surtout par Chiron, pleinement homme moralement, mais physiquement très chevalin (il frappe du sabot, se cabre, dort dans une étable...)
Il est donc vraisemblable que l'Achilléide aurait continué dans la veine du Personenepos, et que Stace avait en tête la composition d'une véritable "somme" poétique, contenant tous les genres : les deux grands genres épiques, la poésie familière, élégiaque et satirique dans les Silves, et peut-être d'autres encore, dont nous n'avons pas trace...