Texte d'étude et traduction

L'avare et le cuisinier

Le théâtre romain de Fourvière, Lyon, France.Informations[1]

Le cuisinier Congrion a été envoyé chez l'avare Euclion pour préparer le repas de noces de la fille de celui-ci . Mais Euclion ne l'entend pas de cette oreille, et il commence par frapper Congrion...

(CONGRIO) :– ita fustibus sum mollior magis quam ullus cinaedus.

Sed quid tibi nos tactiost1, mendice homo ?

(EVCLIO) – Quae res ?

Etiam rogitas? An quia minus quam aequom erat feci ?

(CONGRIO) – Sine, at hercle cum magno malo tuo2, si hoc caput sentit.

(EVCLIO) – Pol ego haud scio quid post fuat3 : tuum nunc caput sentit4.

Sed in aedibus quid tibi meis nam erat negoti

me absente, nisi ego iusseram ? Volo scire.

(CONGRIO) – Tace ergo.

Quia uenimus coctum5 ad nuptias.

(EVCLIO) – Quid tu, malum, curas,

utrum crudum an coctum ego edim6, nisi tu mi es tutor ?

(CONGRIO) – Volo scire, sinas an non sinas nos coquere hic cenam ?

Plaute, "Aulularia", vers 422-431.

Écoutez attentivement la lecture du texte :

L'avare et le cuisinier (0:46)
Informations[2]

Éclaircissements linguistiques

  1. Quid tibi nos tactios (= tactio est) ? tactio : acte de toucher ; tibi est tactio = "tu as l'acte de toucher" → "tu touches" ; se construit avec un accusatif, ici nos.

  2. cum magno malo tuo : mot à mot "avec ton grand malheur" → "malheur à toi"

  3. fuat = fiat

  4. caput... sentit : jeu de mots. La première expression signifie "cette tête-ci a son bon sens" ; mais dans la seconde, "sentire" signifie "éprouver", notamment des coups.

  5. coctum est le supin de coqueo et il a un sens de but : "pour cuire"

  6. edim est le subjonctif présent du verbe edo, is, ere (ou ēsse) : manger.

Traduction

CONG. – À cause de ton bâton, je suis plus ramolli qu'un mignon. Mais pourquoi nous touches-tu, mendiant ?

EUC. – Quoi ? Tu réclames encore ? C'est que j'en ai fait moins que je ne le devais ?

CONG. – Laisse : mais par Hercule malheur à toi, si la tête que voici a tout son sens.

EUC. — Par Pollux moi je ne sais pas ce qui va arriver ; maintenant, c'est ta tête qui s'en ressent. Mais qu'avais-tu à faire dans ma maison, en mon absence, si je ne t'en avais pas donné l'ordre ? Je veux le savoir.

CONG. – Alors tais-toi. C'est que nous sommes venus cuire le dîner de noce.

EUC. – Et qu'est-ce que cela peut te faire, saleté, que je mange cru ou cuit ? Tu es mon tuteur ?

CONG. – Je veux savoir : tu vas nous laisser, oui ou non, cuire ici le dîner ?