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Archimède pensif, de Domenico Fetti (1620), Musée de Dresde.Informations[1]

Le grand savant Archimède était mort en 212, après la prise de Syracuse, tué par un soldat Romain à qui il n'avait pas répondu, tant il était absorbé par ses calculs. Le général romain Marcellus, qui aurait préféré le sauver, voulut au moins honorer sa mémoire en lui faisant élever un tombeau au sommet duquel se trouvaient une sphère et un cylindre, symboles des découvertes d'Archimède : celui-ci avait en effet établi les formules de surface et de volume de ces deux corps.

Mais les générations avaient passé, l'oubli était venu, et l'on ne connaissait même plus l'emplacement du tombeau d'Archimède quand Cicéron devint questeur à Lilybée. Il avait l'occasion d'aller souvent à Syracuse, où se trouvait le siège du préteur, et c'est à lui que revint l'honneur de retrouver, en 75 av. J-C, le tombeau de l'illustre savant.

Archimedis ego quaestor ignoratum ab Syracusanis, cum esse omnino negarent, saeptum undique et uestitum uepribus et dumetis, indagaui sepulcrum. Tenebam1 enim quosdam senariolos2, quos eius monumento esse inscriptos acceperam. Qui declarabant in sepulcro sphaeram esse positam cum cylindro. Ego autem, cum omnia collustrarem oculis3, (est enim ad portas Agrigentinas4 magna frequentia sepulcrorum), animaduerti columellam non multum e dumis eminentem : in qua inerat sphaerae figura et cylindri. Atque ego statim Syracusanis (erant autem5 principes mecum) dixi me illud ipsum arbitrari esse quod quaererem. Immissi cum falcibus multi purgauerunt et aperuerunt locum. Quo6 cum patefactus esset aditus, ad aduersam basim7 accessimus. Apparebat epigramma, exesis posterioribus partibus uersiculorum dimidiatis fere. Ita nobilissima Graeciae civitas, quondam uero etiam doctissima, sui ciuis unius acutissimi monumentum ignorauisset, nisi ab homine Arpinate didicisset.

Cicéron, "Tusculanes", V, 23, 64-66

Question

En vous aidant des outils à votre disposition, traduisez le texte ci-dessus.

Indice

  1. tenebam : il faut sous-entendre memoria ;

  2. quosdam senariolos : certains petits sénaires (vers de six pieds) ;

  3. oculis collustrare : parcourir des yeux ;

  4. Agrigentinae portae : la Porte d'Agrigente, à Syracuse ;

  5. autem : "il faut préciser que" ;

  6. Quo : adv. de lieu, relatif de liaison compl. de aditus;

  7. ad adversam basim : vers la face antérieure du piédestal.

Solution

Sous ma questure, j'ai recherché le tombeau d'Archimède, inconnu des Syracusains, alors qu'ils en niaient l'existence, enseveli de toutes parts et recouvert de ronces et de broussailles. En effet, je gardais le souvenir de quelques petits sénaires, dont j'avais appris qu'ils étaient gravés sur son monument. Ceux-ci déclaraient que sur son tombeau une sphère avait été déposée à côté d'un cylindre. Ainsi, alors que je parcourais tout des yeux (il y a en effet près de la Porte d'Agrigente une grande quantité de tombeaux), je remarquai une petite colonne qui n'émergeait pas beaucoup des broussailles : il s'y trouvait la figure d'une sphère et d'un cylindre. Et moi, aussitôt je dis aux Syracusains (il faut préciser que des princes étaient avec moi) que selon moi, c'était cela même que l'on recherchait. De nombreux ouvriers munis de faux nettoyèrent et ouvrirent le lieu. Là, l'ouverture ayant été dégagée, nous accédâmes à la face antérieure du piédestal. L'inscription apparaissait, la seconde moitié à peu près des vers ayant été effacée. C'est ainsi que la plus noble cité de Grèce, et même, à une certaine époque, la plus savante, aurait ignoré le monument de son citoyen le plus pénétrant, si elle ne l'avait appris d'un homme d'Arpinum !

Complément

Pour en savoir plus sur Cicéron.

Pour en savoir plus sur Archimède.