La proposition subordonnée infinitive
Définition :
L'infinitive est une proposition subordonnée complétive, dont le sujet est à l'accusatif, et le verbe à l'infinitif.
Le sujet est presque toujours exprimé :
credo me esse beatum : je crois que je suis heureux.
Quand le sujet est le même que celui de la principale, on emploie le pronom personnel réfléchi se à la 3ème personne :
credit se esse beatum : il croit qu'il est heureux, il croit être heureux.
Quand le sujet est différent, on emploie is, ea, id à l'accusatif :
credo eum esse beatum : je crois qu'il est heureux (je ≠ il)
La proposition infinitive latine traduit la plupart des « complétives par que » du français.
je sais que la vie est brève, scio uitam esse breuem.
ainsi que les infinitives du français :
j'ai vu les enfants se promener, uidi pueros ambulare.
Remarque :
Le français est parfois ambigu, car il ne distingue pas le pronom sujet réfléchi et non réfléchi.
Exemple : si je dis "Pierre aime son fils et il croit qu'il est heureux", le "il " de "il est heureux" peut indifféremment représenter Pierre et son fils ; seul le contexte permet de trancher.
À l'inverse, le latin est parfaitement clair.
Publius filium amat et credit se esse beatum : "Publius aime son fils et il croit qu'il (lui, Publius) est heureux" : "se" est un réfléchi qui ne peut renvoyer qu'au sujet de la phrase, c'est-à-dire Publius.
Publius filium amat et credit eum esse beatum : "Publius aime son fils et il croit qu'il (son fils) est heureux" : "eum" est non-réfléchi, et ne peut en aucun cas renvoyer au sujet Publius ; il ne peut donc représenter que "filium".
Les emplois de la proposition infinitive
On trouve des propositions infinitives introduites par certains types de verbes, dont voici une liste non exhaustive :
Sens | Verbes introducteurs | Exemples |
---|---|---|
Affirmation, opinion, connaissance | Dicere, scribere, credere, putare, scire, cognoscere... | Dicunt Homerum caecum fuisse, on dit qu'Homère était aveugle. Cicero narrat Romulum bonum regem fuisse, Cicéron raconte que Romulus était un bon roi. Puto eum Romanis exemplum esse : je pense qu'il est un exemple pour les Romains. |
Perception | Videre, audire... | Video Romanos semper cum finitimis bellum gessisse : je vois que les Romains ont toujours fait la guerre à leurs voisins. |
Verbes impersonnels | Conuenit, il convient Oportet, il faut Decet, il convient Videtur, il paraît bon Licet, il est permis... | Conuenit Numam regem esse : il convient que Numa soit roi. Oportet Romanos bellum gerere : il faut que les Romains fassent la guerre. |
Sentiments | Gaudere, dolere | Doleo te abesse ; gaudeo te mox uenturum esse. Je souffre de ton absence ; je me réjouis que tu viennes bientôt. |
Volonté | Volo (je veux), cupio (je désire), ueto (j'interdis), iubeo (j'ordonne)... | Jubeo te manere : je t'ordonne de rester. Volo populum Romanum beatum esse : je veux que le peuple romain soit heureux. Populus Romanus cupit Numam esse regem, le peuple romain désire que Numa soit roi. |
La concordance des temps
Dans la proposition subordonnée infinitive, le temps de l'infinitif indique la position de l'action de la subordonnée par rapport à celle de la principale : antériorité, postériorité ou simultanéité, en vertu du tableau suivant :
Verbe introducteur | Subordonnée | Traduction |
---|---|---|
Au présent : credo, je crois | eum uenire | qu'il vient |
eum uenisse | qu'il est venu | |
eum uenturum esse | qu'il viendra | |
Au passé : credebam, je croyais ; credidi, j'ai cru | eum uenire | qu'il venait |
eum uenisse | qu'il était venu | |
eum uenturum esse | qu'il viendrait |