Texte d'étude et traduction

Trahison et punition de la vestale Tarpéia

Le supplice de Tarpeia (monnaie de 89 av. J-C, avers et revers).Informations[1]

Nouissimum ab Sabinis bellum ortum multoque id maximum fuit ; nihil enim per iram aut cupiditatem actum est, nec ostenderunt bellum prius quam intulerunt. Consilio etiam additus1 dolus. Sp.2 Tarpeius Romanae praeerat arci. Huius filiam uirginem auro corrumpit Tatius3 ut armatos in arcem accipiat ; aquam forte ea tum sacris extra moenia petitum4 ierat. Accepti obrutam armis necauerunt, seu ut ui capta potius arx uideretur seu prodendi exempli causa ne quid usquam fidum proditori esset. Additur fabula, quod uulgo Sabini aureas armillas magni ponderis brachio laeuo gemmatosque magna specie anulos habuerint, pepigisse5 eam quod in sinistris manibus haberent ; eo6 scuta illi pro aureis donis congesta7.

Tite Live, Ab Urbe condita, I, 11, 5-9.

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La trahison de Tarpeia (1:04)
Informations[2]

Éclaircissements linguistiques

  1. additus : sous-entendu "est".

  2. Sp. : Spurius. Sur les prénoms latins, voir ici.

  3. Tatius : Titus Tatius, roi des Sabins.

  4. petitum : c'est un supin en -um, forme invariable indiquant le but ; traduire ici par "pour aller chercher". Vous étudierez le supin dans la séquence 20.

  5. pepigisse : avait fixé comme prix (de sa trahison).

  6. eo : c'est pourquoi.

  7. congesta = congesta sunt (sujet : scuta). L'auxiliaire être est sous-entendu.

Traduction

La guerre la plus récente vint des Sabins, et ce fut de beaucoup la plus importante ; rien en effet ne fut fait par colère ou par cupidité, et les Sabins ne déclarèrent pas la guerre avant d'engager le conflit. A la résolution, fut ajoutée la ruse. Spurius Tarpeius commandait la citadelle romaine. Tatius corrompit à prix d'or sa fille, une vestale, pour qu'elle laissât entrer des hommes armés dans la citadelle : par hasard, elle était allée chercher de l'eau pour les cérémonies du culte hors des murailles. Les soldats qu'elle avait laissé entrer la tuèrent en l'écrasant de leurs armes, soit pour que la citadelle parût plutôt avoir été prise de vive force, soit pour montrer par un exemple que nulle part un traître ne peut être assuré de la parole donnée. On ajoute, selon la légende, que, comme les Sabins portaient ordinairement de lourds bracelets d'or au bras gauche et des bagues ornées de pierres précieuses d'une grande beauté, elle leur avait demandé « ce qu'ils portaient à la main gauche » : c'est pourquoi les boucliers avaient été jetés sur elle, à la place des cadeaux en or.