Une école qui se répand dans tout l’empire romain
La plus grande différence entre l’école romaine et l’école grecque, est que la première se répand dans l’ensemble de l’empire romain, et plus particulièrement dans la partie occidentale de l’empire (que les Grecs n’avaient jamais atteinte). Certaines provinces sont même mieux pourvues en écoles que l’Italie même : la Narbonnaise, par exemple, ou encore la Bretagne, sous l’impulsion du gouverneur Agricola.
Malgré de grandes disparités entre riches et pauvres, entre citadins et ruraux, la plupart des Romains savent au moins lire et écrire, et attachent une grande importance à l’éducation de leurs enfants. Cependant, pas plus qu’en Grèce, il n’y a pas d’ « éducation nationale » : l’instruction demeure une question strictement privée qui relève de l’autorité du paterfamilias.
Comme les enfants grecs, les petits Romains demeurent auprès de leur mère, à la maison, jusqu’à l’âge de 7 ans. Puis le père de famille peut choisir de le faire éduquer par un précepteur, généralement un esclave instruit ; mais le plus souvent, il le confie à une école.
L’école élémentaire (de 7 à 11 ans)
À Rome, au moins pour les plus jeunes, les écoles sont mixtes.
L’enfant est emmené par son « pédagogue » (un esclave chargé de le conduire à l’école, de lui faire repasser ses leçons, et parfois de lui apprendre le grec) chez un maître d’école (magister ludi) ; l’enfant porte la « toge prétexte » (ornée de deux bandes rouges). L’instituteur lui apprend l’alphabet, la lecture et l’écriture, et l’initie au calcul au moyen d’un abaque (une sorte de boulier).
Les écoles, souvent surchargées, sont pauvres, sales, misérables, glaciales l’hiver, brûlantes l’été ; les cours ont même parfois lieu en plein air. Les maîtres sont mal payés – ils ne vivent que de ce que paient les parents – et peu instruits : ils ne sont ni contrôlés ni formés par l’État ; ils n’ont droit à aucune considération, et imposent leur autorité par la violence et les châtiments corporels : férule (une baguette de bois), fouet, martinet… Horace fait ainsi le portrait d’Orbilius, son maître sadique qui a gâché son enfance ; d’autres témoignages en font foi, de Martial, Plaute ou Juvénal. Parfois de riches philanthropes, tels que Pline, créent des écoles.
Méthodes et outils
Il n’existe pas de manuels scolaires : l’apprentissage se fonde sur la lecture et la récitation par cœur des grands auteurs (Homère pour le grec, Virgile ou Tite-Live pour le latin).
L’enfant n’a pas de cartable, mais une boîte (capsa) contenant tout son matériel :
- Tablettes de cire (cera, tabella) , et un stilus (stylet) pour écrire
- et son déjeuner, car il passait toute sa journée à l’école.
Le grammaticus (11 à 15 ans)
Si la plupart des enfants cessent l’école à 11 ans, les familles les plus riches envoient leurs enfants dans une grande ville de province, ou une école à Rome même. Il fréquentera alors le grammaticus. Celui-ci vient souvent d’Athènes, de Pergame, de Rhodes ou d’Alexandrie.
- Le grammaticus commence sa leçon par une praelectio : il lit et explique un texte, et scande les vers. Les auteurs les plus lus sont encore Homère, Tite-Live et Virgile.
- Puis l’élève procède à la lectio : il lit le texte, note et apprend les commentaires du maître.
- Il peut faire également quelques rédactions et un peu de calcul. Il apprend également un peu d’histoire, de géographie, de musique et de mythologie.
Les études supérieures
Pour les plus fortunés, qui se destinent à la vie politique, les études se poursuivent chez le rhéteur, qui va essentiellement enseigner l’art du discours. C’est un enseignement fondé essentiellement sur la rhétorique et la littérature, et dans une moindre mesure la philosophie et le droit.
En revanche les mathématiques et les sciences ne sont pas officiellement enseignées : ce savoir s’apprend dans les familles, auprès du père ou d’un maître d’apprentissage.