- Auguste (27 av. J-C – 14 ap. J-C)
- Tibère (14-37)
- Caligula (37-41)
- Claude (41-54)
- Néron (54-68)
Le règne de Tibère (14-37)
Un avènement difficile
Auguste n’a pas voulu établir de système fixe de succession, afin de préserver la fiction républicaine : il n’y a donc pas d’hérédité du pouvoir.
Auguste n’a pas eu de fils, mais il avait une fille, Julie, d’un premier mariage ; il avait également une sœur, qui avait elle-même un fils, Marcellus – celui-là même dont parle Virgile au livre VI de l’Énéide : « tu Marcellus eris… » : Auguste marie Marcellus à Julie, mais il meurt à 23 ans.
Il songe alors à Agrippa, son collègue au consulat et ami : il marie une seconde fois Julie en 21 av. J-C, attribue à Agrippa l’imperium proconsulaire sur toute l’étendue de l’Empire, et la tribunicia potestas ; mais Agrippa meurt à 51 ans, en 12 av. J-C… Il laisse deux fils, Caius et Lucius : Auguste les adopte, les fait désigner pour le consulat lorsqu’ils auront 20 ans, et les fait nommer Princes de la jeunesse. Mais Lucius meurt de maladie à 18 ans en 2 après J-C, et Caius deux ans plus tard. Un 3ème fils était né d’Agrippa et de Julie, Agrippa Postumus.
Livie, seconde femme d’Auguste, avait été la femme de Tiberius Claudius Nero, dont elle eut un fils, le futur Tibère ; plus tard, en 38, elle eut un autre fils : Nero Claudius Drusus (Drusus I).
Tibère est consul en 13 av. J-C ; à la mort d’Agrippa, il épouse Julie. Drusus obtient le consulat en 9 av. J-C, mais il meurt en Germanie la même année. En 7 av. J-C, Tibère redevient consul ; il obtient la Tribunicia Potestas, mais Lucius et Caius vivent encore : Tibère s’exile alors à Rhodes, jusqu’en 2 ap. J-C, après la mort de Lucius.
Auguste adopte en même temps Agrippa Postumus et Tibère ; il exige de ce dernier l’adoption du fils aîné de Drusus I, Germanicus, né en 15 av. J-C. Mais, d’un premier mariage, Tibère avait lui-même un fils, Drusus II.
Jusqu’à la mort d’Auguste, Tibère est associé au pouvoir ; Postumus est éliminé – Auguste annule son adoption. Auguste meurt le 19 août 14 ; le testament d’Auguste fait de Tibère son premier héritier. Il a alors 54 ans. Agrippa Postumus, exilé, est bientôt assassiné ; Julie, reléguée par son père, est tuée dès 14 ; la vieille Livie, mère de Tibère, devient Augusta.
Le règne de Tibère (14-37 ap. J-c)
Le rôle de Séjan
Lucius Aelius Seianus est le fils de Lucius Seius Strabon, adopté par un membre de la gens Aelia. Son père était préfet du prétoire. En 14, Tibère associe le fils au père ; en 17 ce dernier est nommé préfet d’Égypte. Séjan va manœuvrer durant 14 ans pour obtenir le pouvoir.
A la mort de Germanicus en 19, l’héritier présomptif de Tibère devient Drusus II, qui obtient en 21 le consulat, et en 22 la tribunicia potestas. Mais c’est un débauché, violent et incapable. Or sa femme, Livia ou Livilla, est la maîtresse de Séjan. En 23, Drusus est empoisonné. Il ne laissse que des enfants en bas âge.
Séjan, qui jouit alors d’une énorme puissance, demande à Tibère la main de Livilla. Il était en pleine faveur : simple chevalier, il reçoit les honneurs prétoriens (préteur à titre honorifique). Sa fille sera fiancée à un petit-fils de Germanicus.
Tibère a envie de quitter Rome : Séjan l’y encourage, et c’est chose faite en 26. Séjan fait alors office de vice-empereur ; il est quasi maître de la ville. Il doit à présent éliminer la famille de Germanicus.
On se souvient que Germanicus était marié à Agrippine l’ancienne, fille d’Agrippa. Elle avait trois fils, Nero, 20 ans (à ne pas confondre avec Néron !), Drusus, 18 ans et Caius (Caligula), 14 ans. Séjan réussit à convaincre Tibère qu’Agrippine voulait attenter à sa vie : le Sénat, saisi de l’affaire, condamne Agrippine et Nero à l’exil ; quant à Drusus, il est jeté en prison.
En 30, Tibère confie à Séjan l’imperium proconsulaire, et le fait entrer au Sénat. En 31, il le fait nommer consul. Séjan se fiance à la femme de Nero, petite-fille de Tibère, Julie. Veleius Paterculus écrit alors le Panégyrique de Séjan.
Mais Tibère a 72 ans, et Séjan veut brusquer les choses : il se lance dans une conspiration, comptant sur les cohortes prétoriennes. Mais Antonia, veuve de Drusus I et mère de Germanicus dénonce la conspiration à Tibère. Celui-ci s’assure le dévouement des cohortes urbaines et des vigiles, et désigne un successeur à Séjan, qui ordonne devant le Sénat l’arrestation de celui-ci. Les cohortes prétoriennes ne bougent pas, et Séjan est immédiatement exécuté, ainsi que tous ses enfants, ses complices, ses amis…
C’est à ce moment-là seulement que Tibère apprend la vérité sur la mort de son fils Drusus II, mort en 23 : toute la fin du règne sera marquée par des exécutions. Il aggrave la Lex de Maiestate (qui existait sous la République et avait été reprise par Auguste) contre ceux qui attentent à la sûreté de l’État : peine de mort, déportation. Et il utilise aussi les lois contre la concussion (contre les exactions des magistrats en province) contre ses ennemis. Il meurt enfin en 37.
La succession de Tibère
Ses successeurs devraient être Germanicus, son fils adoptif, et son neveu : celui-ci est désigné consul en 12 ; en 15, c’est le tour de Drusus II, son fils. Tibère donne l’imperium proconsulaire à Germanicus, mais veut associer Drusus au pouvoir : ils sont chargés de réduire les mutineries de Pannonie et de Germanie. Germanicus, marié à Agrippine l’ancienne, fille d’Agrippa et de Julie, est très populaire, mais Livie ne l’aime pas. En 17, il part en Orient pour une mission ; un conflit l’oppose à Pison, gouverneur de Syrie. Germanicus meurt à Antioche en octobre 19 : a-t-il été empoisonné par Pison ? Sur l’ordre de Tibère ? Pison, rappelé à Rome, se tue… Mais les historiens romains innocentent Tibère.
Une fois Germanicus mort, son successeur devait être Drusus : on a vu qu’il avait été éliminé en 23 par Séjan et Livilla.
Il ne restait donc plus que les enfants de Germanicus, Nero, Drusus III et Caius, dit Caligula… Or l’aîné, arrêté en même temps que sa mère, se suicida dans sa prison en 31 ; son cadet, Drusus III, mourut dans des circonstances obscures en 33. Il ne restait donc plus que le dernier, Caius… Celui-ci fut « assigné à résidence » à Capri, près de son vieil oncle Tibère : cet éloignement de Rome lui sauva probablement la vie, mais entama certainement son équilibre mental…