Bibliographie
Les Origines de Rome
- Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie, articles « Enée », « Romulus »…
- Alexandre Grandazzi, Les Origines de Rome, éditions PUF, coll. « que sais-je ? » n° 216, 3ème édition mise à jour 2019, 126 p. (le plus récent)
- Marcel Bordet, Précis d’histoire romaine, éditions A. Colin, coll. U, p. 9-30.
- Michel Christol et Daniel Nony, Rome et son empire, Hachette Supérieur, 2007, p. 36-41
Les Etrusques
- « Les Etrusques », dossier de la revue Archéologia, sept-oct 1977
- Jacques Heurgon, La Vie quotidienne chez les Etrusques, Hachette Littérature, 1998.
- Paul Petit, Précis d’histoire ancienne, p. 206-208
- Michel Christol et Daniel Nony, Rome et son empire, Hachette Supérieur, 2007, p. 28-35
- Jean-Noël Robert, Les Étrusques, Belles-Lettres, 2007, 335 p.
- Marie-Laurence Haack, À la découverte des Étrusques, éditions La Découverte, Paris, 2021, 363 p.
La légende
- Énée, chassé de Troie, arrive en Italie ; après des combats contre des rois locaux, il fonde Lavinium.
- Son fils, Ascagne ou Iule, laisse Lavinium à sa mère et fonde Albe.
- Lui succèdent 12 rois albins, durant environ 300 ans.
- Le dernier des rois albins, Amulius, détrône son frère Numitor, et fait de sa nièce Rhéa-Sylvia une vestale. Mais le dieu Mars vient s’unir à Rhéa-Sylvia
==> naissance de deux jumeaux, Romulus et Rémus. - Amulius veut les tuer, et les expose : nourris par une louve, ils seront recueillis et élevés par des bergers. Devenus grands, ils tuent Amulius, remettent Numitor sur le trône, puis vont fonder une ville là où ils ont été élevés.
- → événements de 753 av. J-C : querelle entre Romulus et Rémus ; ce dernier est tué. Romulus est donc le 1er roi de Rome.
- Romulus, 1er roi, législateur. Enlèvement des Sabines ; unions des Sabins et des Romains en un seul peuple.
- Numa Pompilius = roi religieux, qui dote la ville d’institutions religieuses, notamment d’un calendrier.
- Tullius Hostilius = roi guerrier ; épisode des Horaces et des Curiaces (guerre entre Albe et Rome)
Après quelques rois romains, dont Ancus Martius, règnent des rois étrusques :
- Lucius Tarquin dit l’Ancien, (616-579), choisi par le peuple ;
- Servius Tullius, constructeur de la première enceinte fortifiée ;
- Tarquin le Superbe (534-510), un tyran ; sera chassé par Brutus après le viol de sa sœur Lucrèce par le fils de Tarquin : la République est proclamée, en 509.
Tout ceci forme le livre I de Tite-Live.
Le début du livre II raconte l’organisation de la République romaine (509-468) : les Etrusques, avec à leur tête Porsenna, roi de Chiusi, tentent de reprendre le pouvoir à Rome, ce qui sera l’occasion d’actes d’héroïsme :
- Horatius Coclès
- Mucius Scaevola
- Clélie.
En réalité, les Etrusques ont probablement gardé Rome bien au-delà de 509, date de la fondation du grand temple de la « triade capitoline ».
L’histoire
La date de 753 correspond approximativement à la première occupation du site de Rome : il s’agit d’une confédération de villages situés sur les collines de Rome ; on a retrouvé des fonds de cabanes sur le Palatin, ainsi qu’une nécropole où les cendres des défunts étaient recueillies dans des urnes en forme de cabanes. Tout récemment, la découverte d’une première enceinte sur le Palatin semble attester la fondation d’une cité : Romulus serait donc un roi historique…
Inversement, il n’y a jamais eu de cité unifiée sur les Monts Albains, mais probablement un habitat dispersé, tout au plus des villages : Albe-la-longue, fondée par le fils d’Énée, est donc probablement une légende. Il est en revanche probable que des habitants de ces Monts Albains ont été contraints de venir à Rome en déportation : au milieu du VIIème siècle, la population romaine s’accroît de manière significative.
De 600 à 550 avant J-C, naît la Ville proprement dite, sur l’emplacement du forum. De cette époque date le temple le plus ancien, celui de Vesta.
À l’époque d’Ancus Martius, les Romains opèrent une descente vers la mer : ils se rendent maîtres des marais salants près de l’embouchure du Tibre, et créent le port d’Ostie. Le trafic du sel leur permet d’acquérir une grande richesse.
L’occupation étrusque
Elle commence avec l’arrivée de Tarquin l’Ancien à Rome ; mais il ne s’agit nullement d’une invasion, mais d’une prise de pouvoir par un individu, d’ailleurs présenté comme à demi grec. Rome était probablement une cité appartenant à la sphère étrusque, mais de peuplement mixte, latin et étrusque. En réalité, dès le début de Rome, l’influence étrusque a été manifeste : celle de Véiès dès le VIIIème siècle, supplantée sans doute par celle de Tarquinia, avant que le roi de Chiusi, Porsenna, ne chasse les Tarquins.
Les Étrusques ont sans doute effectivement occupé Rome, mais bien au-delà de 509 (qui correspond à la fondation du temple de Jupiter Capitolin, le plus important de Rome) : ils ont dû dominer la Ville jusqu’au milieu du Vème siècle avant J-C. C’est en effet à ce moment que la puissance étrusque commença à décliner. Il y a donc eu très probablement bien plus de trois rois étrusques sur le trône de Rome ; quant à l’instauration de la République, elle correspond à un phénomène général dans la Méditerranée archaïque, que l’on a observé en Grèce (chute des Pisistratides), et en Étrurie (à Cære, à Tarquinia et dans d’autres cités).
La Rome des Rois, organisation sociale
Le dualisme entre patriciat et plèbe, qui marquera si fortement l’histoire de la République, n’existait pas à l’époque des Rois ; cela ne signifie pas qu’une aristocratie puissante ne s’était pas progressivement organisée, comme en témoignent les riches sépultures ; mais ces familles, contrairement au patriciat de l’époque suivante, enraciné à Rome, passait volontiers d’une cité à l’autre. Ces grandes familles s’appuyaient sur des « clients » ou des « vassaux » : autour d’une sépulture somptueuse se trouve le plus souvent une série de tombes plus modestes. Quant à la plèbe, elle n’apparaîtra comme entité politique qu’au Vème siècle.
Rome était probablement organisée en 30 curies (arrondissements, unités territoriales et humaines) qui se réunissaient pour former les comices curiates pour donner l’investiture civile au Roi. Peut-être cette assemblée approuvait-elle aussi les décisions concernant la paix et la guerre. Le Roi, lui, s’appuyait sur un conseil des Anciens (Senatus) : ce sont eux qui prennent réellement les décisions, que l’assemblée curiate se contente de ratifier : le suffragium, étymologiquement, est le fracas (fragor) des armes en signe d’assentiment.
Les 30 curies – sur le modèle des 30 Populi des Monts Albains – seraient regroupées en trois tribus, Tities, Ramnes et Luceres, dont les noms évoquent la langue étrusque. Il n’est pas certain que ces trois tribus aient correspondu aux trois peuples qui entouraient Rome : les Tities pour les Sabins, les Ramnes pour les Albains et les Latins, et les Luceres pour les Étrusques, mais cette légende témoigne en tous cas du caractère pluriel, assimilateur, de la cité Romaine, à l’opposé des cités grecques arc-boutées sur le droit du sang : cette capacité d’intégration fut un puissant moteur d’expansion de Rome.
La réforme servienne
Servius Tullius réorganisa la cité en 4 parties, en y intégrant de nouveaux quartiers : Suburana, Esquilina, Collina et Palatina. Il divisa également le peuple en deux classes censitaires : la classis, composée des soldats-citoyens qui pouvaient se payer un équipement militaire, et l’infra classem. Ce système, qui nous semble inégalitaire et injuste, était cependant plus intégrateur que l’organisation curiate antérieure, où seules les grandes familles accaparaient le pouvoir : elle suscita une forte opposition aristocratique, qui aboutit probablement à l’affaiblissement de la monarchie, puis à sa chute : la République romaine, en réalité une oligarchie, marque le triomphe de l’aristocratie romaine.
Les pouvoirs royaux
Le Roi, dans sa regia (palais royal), joue le premier rôle :
- Il a la capacité d’innovation religieuse : les Tarquins ont imposé la triade latine Jupiter-Junon-Minerve à la place de la triade archaïque Jupiter-Mars-Quirinus ;
- Son règne est « inauguré » par un signe de Jupiter ;
- lors du triomphe, il est mené sur un char, comme une statue de Jupiter ;
- Il a le rôle qu’auront plus tard les pontifes : il proclame, le jour des calendes, les fêtes à venir ; il est « maître du temps ».
- Il préside les comices, et rend la justice.
Dans cette triade inégale où le Sénat conseille, l’Assemblée curiate approuve, le Roi, au sommet, incarne et unifie tous les pouvoirs : par la suite, la République n’aura de cesse de les disperser et de les diviser – et le principat, de les réunifier.