L’arrivée au pouvoir
Après le suicide de Néron, Galba, gouverneur de Tarraconnaise, lui succéda, mais périt dans une émeute ; Othon, un agitateur, lui succéda. Les légions du Rhin se révoltèrent, proclamèrent empereur leur chef Vitellius, qui vainquit et tua Othon à Bédriac. L’armée d’Orient refusa cependant de le reconnaître et choisit son propre général, Vespasien. L’armée du Danube se rallia à celui-ci, et tua Vitellius à Crémone.
Vespasien (69-79)
De petite bourgeoisie italienne, Vespasien s’efforça de rétablir le calme dans la ville traumatisée par « l’année des Quatre empereurs » : il fit des économies, mit en valeur le domaine public afin de restaurer les finances ; de grands travaux à Rome et dans les provinces redonnèrent la prospérité et développèrent la romanisation. La paix fut maintenue ; son fils Titus prit Jérusalem et mit fin à la révolte des Juifs qui durait depuis 66.
Il s’efforça d’instaurer un système de succession clair et simple : l’hérédité monarchique fondé sur la primogéniture masculine. C’est pourquoi son fils aîné Titus se vit attribuer dès 71 l’Imperium et la puissance tribunicienne. Le pouvoir commence à évoluer nettement vers l’absolutisme : comme Auguste et Claude, Vespasien sera dit « Diuus » après sa mort.
Titus (79-81)
Le fils aîné de Vespasien lui succède pendant deux ans. Le règne du « délice du genre humain » fut marqué par une anecdote largement popularisée par Corneille et Racine : le renvoi de la princesse juive Bérénice, refusée comme impératrice par le Sénat romain, mais surtout par une épouvantable catastrophe : l’éruption du Vésuve, le 24 août 79, et la destruction d’Herculanum, Pompéi et Stabies. Pline le Jeune a raconté dans une lettre célèbre les événements tragiques qui causèrent la mort de son oncle, Pline l’Ancien.
Malgré une jeunesse libertine et parfois cruelle, il se montra bon empereur, prompt à apporter des secours aux sinistrés – outre la catastrophe de Pompéi, son règne subit aussi un grave incendie de Rome en 80 et une épidémie de peste – et il fut unanimement regretté lorsqu’il mourut le 13 septembre 81, à l’âge de 42 ans.
Domitien (Titus Flauius Domitianus, 81-96)
Son frère cadet Domitien lui succède ; âgé de 30 ans, marginalisé par son père puis par son frère, il n’a reçu qu’une éducation assez sommaire, contrairement à Titus. Son règne est l’un des plus controversé de l’histoire romaine.
Sur le plan extérieur, il connut défaite et humiliation : en 86, il fut vaincu par les Daces (actuelle Roumanie) et dut même leur payer tribut. Agricola échoua à conquérir l’Écosse. En revanche, Domitien renforça la frontière de l’empire en s’emparant des Champs Décumates, à la liaison entre Rhin et Danube en 89-90, et réorganisa en profondeur la défense du limes sur le Rhin : Trajan poursuivra son œuvre.
En 89, il dut faire face à la sédition de Saturninus, appuyé sur le Sénat et les légions de Germanie, et qui tentait d’usurper le pouvoir. Après quoi, il se durcit contre toute opposition.
Sur le plan intérieur, Domitien fit franchir une étape décisive au régime, en direction de l’absolutisme. S’appuyant sur l’armée, il imposa au Sénat la terreur, et un pouvoir absolu ouvertement inspiré de modèles orientaux.
Il réforme l’administration romaine, relève Rome des ruines provoquées par les incendies de 64 et de 80. Pour cela il embellit la ville de plusieurs édifices (le palais Flavien sur le Palatin, le temple de Jupiter Capitolin, le forum de Vespasien, l’Arc de Titus) et rétablit la bibliothèque d’Auguste qui avait brûlée. Il inaugure l’amphithéâtre Flavien (le Colisée) commencé sous le règne de Titus. Il cherche aussi à développer l’agriculture italienne, favorise la viticulture italienne par un édit protecteur. Enfin il s’attache la fidélité des militaires en augmentant la solde d’environ 25 %.
Philhellène, il protège et anime la vie culturelle et artistique.
Domitien est finalement assassiné le 18 septembre 96, à l’âge de 45 ans. Le Sénat fait maudire sa mémoire, et effacer systématiquement toutes les inscriptions en son honneur.