Héraklès

Héraklès, détail du Cratère des Niobides, v. 460–450 av. J.-C., musée du Louvre

Ce héros s’appelait en réalité Alcide ou Alcée (« La Force »). C’est d’Apollon qu’il reçut son nom d’Héraklès (« gloire d’Héra »).

Les origines

Héraklès est devenu dieu et a eu sa place dans l’Olympe : Zeus lui donna pour épouse Hébé, personnification de la Jeunesse. Mais il avait commencé par être un homme.

  • Dans l’Iliade, il est représenté comme un mort héroïque des temps déjà lointain.
  • Dans l’Odyssée, Ulysse l’appelle « ce héros des temps anciens » ; il le rencontre dans les Enfers (chant XI).
  • Hésiode dit qu’Héraklès devint dieu.

D’où venait-il ?

  • L’opinion la plus courante fait d’Héraklès un héros purement grec ; c’est un héros dorien, appartenant à la 2ème grande vague d’invasion ; il finit par personnifier la race dorienne : endurance, courage, luttes, brutalité). Ces Doriens se disent « Héraclides ».
  • Selon une autre légende, il est originaire de Tyrinthe, en Argolide. Il serait passé à Rhodes et à Samos ; la poésie épique de ces îles aurait popularisé le héros. Revenu dans la péninsule du Péloponnèse, Delphes, sous domination spartiate, en fait l’ancêtre des rois de Sparte.
  • On lui prête aussi une origine thébaine : sa mère aurait été Alcmène, femme d’Amphitryon.
  • Il y a enfin un Héraklès crétois, chef des Dactyles du Mont Ida.

IL y a donc une prolifération d’éléments légendaires.

Les travaux d’Héraklès : portée et signification

Héraklès et le lion de Némée

Dans le style des compétitions héroïques (cf. l’arc d’Ulysse dans l’Odyssée (chant XXI) ; ils sont imposés à Héraklès par son cousin Eurysthée, roi d’Argos, instrument de la haine d’Héra et instrument du destin.

  1. Le lion de Némée (qui lui donnera la peau de lion qu’il porte) ;
  2. L’Hydre de Lerne : il trempe ses flèches dans son sang ;
  3. La Biche aux pieds d’airain d’Érynie ;
  4. Le sanglier d’Érymanthe, et lutte contre les Centaures ;
  5. Les oiseaux du lac Stymphale ;
  6. Les écuries d’Augias → il institue les Jeux Olympiques ;
  7. Le taureau de Minos ;
  8. Le meurtre de Diomède ;
  9. La lutte contre les Amazones : il vole la ceinture de la reine Hippolyte et tue celle-ci ;
  10. Le meurtre de Géryon et le vol de ses bœufs ;
  11. Les pommes d’or du jardin des Hespérides ;
  12. La capture de Cerbère, le chien des Enfers.

À ceux-là s’ajoutent bien d’autres exploits : il participe à l’expédition des Argonautes, lutte contre Antée, libération d’Alceste…

Ces travaux relèvent plus du surhumain que du divin : ils n’ont rien de vraiment miraculeux. On peut distinguer plusieurs séries :

  • Travaux historico-épiques (7, 8, 9)
  • Travaux fantastiques, folkloriques (3, 10, 11)
  • Travaux à visée civilisatrice (2, 4, 5, 6…)

Chacun des exploits d’Héraklès constitue pour l’homme grec le signe ou la promesse d’une délivrance individuelle ou collective, la fin d’une aliénation.

Ainsi le lion de Némée symbolise la cruauté froide, atavique qui pousse les hommes à s’entre-déchirer ; l’hydre de Lerne signifie la haine ; la biche, la lâcheté, le sanglier, l’avidité et les oiseau, l’ambition. En nettoyant les écuries d’Augias, Héraklès répand le fumier sur la terre et enseigne aux hommes l’agriculture ; il les délivre du pillage. La guerre contre les Amazones est une razzia pour la possession des femmes ; la capture de Cerbère délivre de la peur de la mort.

Héraklès délivre, exorcise, surmonte les fatalités : c’est l’apanage d’un homme. Mais peut-être a-t-il voulu défier les Dieux ?

Les pommes d’or contenaient les secrets de l’Univers, qui devaient revenir aux Dieux  : Héraklès n’a pas voulu l’admettre, il rejetait les limites imposées aux hommes (comme Prométhée). Il ne lui restait plus qu’à mourir. Intervention de l’amour, négatif, possessif et destructeur. La tunique de Nessos, offerte par Déjanire, est l’instrument du remords : il expiait son hubris. C’est aussi la tunique de la vieillesse : Héraklès s’est suicidé par peur de déchoir ; c’est aussi pour cela qu’appelé dans l’Olympe, il épouse Hébé.

Signification du personnage d’Héraklès

C’est une personnalité contradictoire. Il a connu la faiblesse, dont il a honte : c’est une des raisons de sa brutalité. Cet orgueilleux a aussi été humble, notamment face à la Reine Omphale.

Joseph Dantant, 1874, Hercule aux pieds d’Omphale.

Après cette aventure, il devient un adulte responsable. Ce glorieux qui n’accepte pas les reproches a une conscience aiguë de ses fautes : il regrette constamment ses brutalités. D’où deux attitudes contradictoires :

  1. le désir de répondre à l’arbitraire divin par une liberté allant jusqu’à la tentation du suicide ;
  2. le désir de vivre en acceptant sans révolte la condition humaine.

Héraklès surmonte ses contradictions en se dépassant soi-même, en combattant les démons qui sont en lui.

Sa geste ressemble à la Légende dorée. Avec lui, la croyance aux héros est menée à son terme : dans l’Olympe, il est intercesseur, saint, au sens chrétien.

Héraklès, mortel devenu dieu en se dépassant soi-même, est gage d’espoir parce qu’il est tout proche du Grec moyen. Il atteint la condition divine par l’expiation.

Le culte d’Héraklès

On trouve ce culte un peu partout, à Sparte, à Argos, en Attique, à Thèbes, en Thessalie, en Asie, en Grande-Grèce…

Les fêtes qui lui sont consacrées ont partout un double aspect :

  • elles s’adressent d’abord à l’Olympien, dieu de la force physique, des sports, créateur selon certaines légendes des jeux olympiques ; dieu de la guerre, dieu qui écarte les dangers et conjure les mauvais sorts, un peu guérisseur. Il personnifie aussi le devoir librement accepté, le dévouement aux autres : voir l’allégorie d’Héraklès entre le vice et la vertu.

Pompeo Batoni, Hercule à la croisée des chemins, v.1753

  • Héraklès est aussi considéré comme un chtonien, qui apporte fertilité et richesse ; ses rapports avec les morts sont très nombreux. Dans certaines régions, en Grande-Grèce, Héraklès est associé à Déméter, Korè et Dionysos.