Démosthène, « Les Olynthiennes »

“Buste de Démosthène, Trinity College, Dublin – Photo de Roger Torrenti, 2017”

Troisième Olynthienne

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Καίτοι σκέψασθ´, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἅ τις ἂν κεφάλαι´ εἰπεῖν ἔχοι τῶν τ´ ἐπὶ τῶν προγόνων ἔργων καὶ τῶν ἐφ´ ὑμῶν. Ἔσται δὲ βραχὺς καὶ γνώριμος ὑμῖν ὁ λόγος· οὐ γὰρ ἀλλοτρίοις ὑμῖν χρωμένοις παραδείγμασιν, ἀλλ´ οἰκείοις, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, εὐδαίμοσιν ἔξεστι γενέσθαι. Ἐκεῖνοι τοίνυν, οἷς οὐκ ἐχαρίζονθ´ οἱ λέγοντες οὐδ´ ἐφίλουν αὐτοὺς ὥσπερ ὑμᾶς οὗτοι νῦν, πέντε μὲν καὶ τετταράκοντ´ ἔτη τῶν Ἑλλήνων ἦρξαν ἑκόντων, πλείω δ´ ἢ μύρια τάλαντ´ εἰς τὴν ἀκρόπολιν ἀνήγαγον, ὑπήκουε δ´ ὁ ταύτην τὴν χώραν ἔχων αὐτοῖς βασιλεύς, ὥσπερ ἐστὶ προσῆκον βάρβαρον Ἕλλησι, πολλὰ δὲ καὶ καλὰ καὶ πεζῇ καὶ ναυμαχοῦντες ἔστησαν τρόπαι´ αὐτοὶ στρατευόμενοι, μόνοι δ´ ἀνθρώπων κρείττω τὴν ἐπὶ τοῖς ἔργοις δόξαν τῶν φθονούντων κατέλιπον. Ἐπὶ μὲν δὴ τῶν Ἑλληνικῶν ἦσαν τοιοῦτοι· ἐν δὲ τοῖς κατὰ τὴν πόλιν αὐτὴν θεάσασθ´ ὁποῖοι, ἔν τε τοῖς κοινοῖς κἀν τοῖς ἰδίοις. Δημοσίᾳ μὲν τοίνυν οἰκοδομήματα καὶ κάλλη τοιαῦτα καὶ τοσαῦτα κατεσκεύασαν ἡμῖν ἱερῶν καὶ τῶν ἐν τούτοις ἀναθημάτων, ὥστε μηδενὶ τῶν ἐπιγιγνομένων ὑπερβολὴν λελεῖφθαι· ἰδίᾳ δ´ οὕτω σώφρονες ἦσαν καὶ σφόδρ´ ἐν τῷ τῆς πολιτείας ἤθει μένοντες, ὥστε τὴν Ἀριστείδου καὶ τὴν Μιλτιάδου καὶ τῶν τότε λαμπρῶν οἰκίαν εἴ τις ἄρ´ οἶδεν ὑμῶν ὁποία ποτ´ ἐστίν, ὁρᾷ τῆς τοῦ γείτονος οὐδὲν σεμνοτέραν οὖσαν· οὐ γὰρ εἰς περιουσίαν ἐπράττετ´ αὐτοῖς τὰ τῆς πόλεως, ἀλλὰ τὸ κοινὸν αὔξειν ἕκαστος ᾤετο δεῖν. Ἐκ δὲ τοῦ τὰ μὲν Ἑλληνικὰ πιστῶς, τὰ δὲ πρὸς τοὺς θεοὺς εὐσεβῶς, τὰ δ´ ἐν αὑτοῖς ἴσως διοικεῖν μεγάλην εἰκότως ἐκτήσαντ´ εὐδαιμονίαν.

Traduction

Comparons, Athéniens, par leurs grandes lignes, la façon d’agir de nos aïeux, et la nôtre. Je serai bref, et ne vous dirai rien que vous ne sachiez ; je ne fais pas appel à des exemples étrangers ; c’est en suivant vos exemples nationaux que vous pouvez retrouver le bonheur. Ces hommes, auxquels leurs orateurs ne cherchaient pas à plaire, qu’ils ne chérissaient pas comme on vous chérit maintenant, exercèrent pendant quarante-cinq ans une hégémonie acceptée par les Grecs, ils amassèrent plus de dix mille talents dans l’Acropole ; le roi de Macédoine leur était soumis comme un barbare doit l’être à des Grecs ; dans les expéditions de terre et de mer, où ils servaient de leurs personnes, ils dressèrent de nombreux et magnifiques trophées ; à eux seuls leurs actes ont assuré une gloire qui a déjoué l’envie. Tels ils se sont montrés à la patrie grecque ; mais, dans la ville même, voyez quelle a été leur conduite publique et privée ! Au nom de l’État, que de temples ils ont construits, si beaux et ornés à l’intérieur, de tels chefs-d’œuvre que l’âge suivant ne les a pu surpasser. Dans la vie privée, ils étaient à ce point modestes, et attachés aux habitudes démocratiques, que, si l’un de vous s’arrête devant la maison qui abrita Aristide, ou Miltiade, ou quelque autre grand citoyen de cette époque, il ne la trouve pas moins simple que la maison voisine ; car ce n’était pas pour s’enrichir qu’ils administraient les affaires ; chacun ne songeait qu’à accroître la fortune publique. Loyaux envers les Grecs, pieux à l’égard des dieux, n’admettant que des lois égales pour tous, ils ne pouvaient manquer d’assurer à la ville la plus grande prospérité.