Apollonios de Rhodes, « Les Argonautiques »

Navire de commerce romain – musée archéologique de Saint-Raphaël (Var).
Photographie Michèle Tillard, février 2019

Apollonios de Rhodes, en grec Ἀπολλώνιος (Alexandrie, 295-215 av. J.-C.), est un poète et grammairien grec. Disciple de Callimaque de Cyrène, il compose une longue épopée, les Argonautiques, qui s’éloigne des enseignements de son maître et vise à se rapprocher de la simplicité homérique. Rejeté par Callimaque, il s’exile à Rhodes où il fonde une école de rhétorique. En même temps, il retravaille son poème. Rentré à Alexandrie, il connaît le succès et Ptolémée III Évergète le nomme directeur de la bibliothèque d’Alexandrie, en succession d’Ératosthène.

Les Argonautiques étaient très appréciées des Romains, et ont été une source d’inspiration notamment pour Valerius Flaccus dans la composition de ses propres Argonautiques. (Article « Apollonios de Rhodes » de l’Encyclopédie Wikipédia).

Livre I

Vers 605-701 : Escale à l’île de Lemnos

Les Argonautes font escale sur l’île de Lemnos, où, un an auparavant, les Lemniennes, jalouses des prisonnières que leurs maris avaient ramenés de Thrace, avaient assassiné toute la population mâle…

Τοῖσιν δ’ αὐτῆμαρ μὲν ἄεν καὶ ἐπὶ κνέφας οὖρος

πάγχυ μάλ’ ἀκραής, τετάνυστο δὲ λαίφεα νηός.

Αὐτὰρ ἅμ’ ἠελίοιο βολαῖς ἀνέμοιο λιπόντος

εἰρεσίῃ κραναὴν Σιντηίδα Λῆμνον ἵκοντο.

Ἔνθ’ ἄμυδις πᾶς δῆμος ὑπερβασίῃσι γυναικῶν

νηλειῶς δέδμητο παροιχομένῳ λυκάβαντι.

Δὴ γὰρ κουριδίας μὲν ἀπηνήναντο γυναῖκας

ἀνέρες ἐχθήραντες, ἔχον δ’ ἐπὶ ληιάδεσσιν

τρηχὺν ἔρον, ἃς αὐτοὶ ἀγίνεον ἀντιπέρηθεν

Θρηικίην δῃοῦντες· ἐπεὶ χόλος αἰνὸς ὄπαζεν

Κύπριδος, οὕνεκά μιν γεράων ἐπὶ δηρὸν ἄτισσαν.

Ὦ μέλεαι, ζήλοιό τ’ ἐπισμυγερῶς ἀκόρητοι.

Οὐκ οἶον σὺν τῇσιν ἑοὺς ἔρραισαν ἀκοίτας

ἀμφ’ εὐνῇ, πᾶν δ’ ἄρσεν ὁμοῦ γένος, ὥς κεν ὀπίσσω

μήτινα λευγαλέοιο φόνου τίσειαν ἀμοιβήν.

Οἴη δ’ ἐκ πασέων γεραροῦ περιφείσατο πατρὸς

Ὑψιπύλεια Θόαντος, ὃ δὴ κατὰ δῆμον ἄνασσεν·

λάρνακι δ’ ἐν κοίλῃ μιν ὕπερθ’ ἁλὸς ἧκε φέρεσθαι,

αἴ κε φύγῃ. Καὶ τὸν μὲν ἐς Οἰνοίην ἐρύσαντο

πρόσθεν, ἀτὰρ Σίκινόν γε μεθύστερον αὐδηθεῖσαν

νῆσον, ἐπακτῆρες, Σικίνου ἄπο, τόν ῥα Θόαντι

νηιὰς Οἰνοίη νύμφη τέκεν εὐνηθεῖσα.

Τῇσι δὲ βουκόλιαί τε βοῶν χάλκειά τε δύνειν

τεύχεα, πυροφόρους τε διατμήξασθαι ἀρούρας

ῥηίτερον πάσῃσιν Ἀθηναίης πέλεν ἔργων,

οἷς αἰεὶ τὸ πάροιθεν ὁμίλεον. Ἀλλὰ γὰρ ἔμπης

ἦ θαμὰ δὴ πάπταινον ἐπὶ πλατὺν ὄμμασι πόντον

δείματι λευγαλέῳ, ὁπότε Θρήικες ἴασιν.

Τῶ καὶ ὅτ’ ἐγγύθι νήσου ἐρεσσομένην ἴδον Ἀργώ,

αὐτίκα πασσυδίῃ πυλέων ἔκτοσθε Μυρίνης

δήια τεύχεα δῦσαι ἐς αἰγιαλὸν προχέοντο,

Θυιάσιν ὠμοβόροις ἴκελαι: φὰν γάρ που ἱκάνειν

Θρήικας· ἡ δ’ ἅμα τῇσι Θοαντιὰς Ὑψιπύλεια

δῦν’ ἐνὶ τεύχεσι πατρός. Ἀμηχανίῃ δ’ ἐχέοντο

ἄφθογγοι· τοῖόν σφιν ἐπὶ δέος ᾐωρεῖτο.

Τείως δ’ αὖτ’ ἐκ νηὸς ἀριστῆες προέηκαν

Αἰθαλίδην κήρυκα θοόν, τῷπέρ τε μέλεσθαι

ἀγγελίας καὶ σκῆπτρον ἐπέτρεπον Ἑρμείαο,

σφωιτέροιο τοκῆος, ὅ οἱ μνῆστιν πόρε πάντων

ἄφθιτον· οὐδ’ ἔτι νῦν περ ἀποιχομένου Ἀχέροντος

δίνας ἀπροφάτους ψυχὴν ἐπιδέδρομε λήθη·

ἀλλ’ ἥγ’ ἔμπεδον αἰὲν ἀμειβομένη μεμόρηται,

ἄλλοθ’ ὑποχθονίοις ἐναρίθμιος, ἄλλοτ’ ἐς αὐγὰς

ἠελίου ζωοῖσι μετ’ ἀνδράσιν. Ἀλλὰ τί μύθους

Αἰθαλίδεω χρειώ με διηνεκέως ἀγορεύειν;

ὅς ῥα τόθ’ Ὑψιπύλην μειλίξατο δέχθαι ἰόντας

ἤματος ἀνομένοιο διὰ κνέφας· οὐδὲ μὲν ἠοῖ

πείσματα νηὸς ἔλυσαν ἐπὶ πνοιῇ βορέαο.

Λημνιάδες δὲ γυναῖκες ἀνὰ πτόλιν ἷζον ἰοῦσαι

εἰς ἀγορήν· αὐτὴ γὰρ ἐπέφραδεν Ὑψιπύλεια.

Καί ῥ’ ὅτε δὴ μάλα πᾶσαι ὁμιλαδὸν ἠγερέθοντο,

αὐτίκ’ ἄρ’ ἥγ’ ἐνὶ τῇσιν ἐποτρύνουσ’ ἀγόρευεν·

«  Ὠ φιλαι, εἰ δ’ ἄγε δὴ μενοεικέα δῶρα πόρωμεν

ἀνδράσιν, οἷά τ’ ἔοικεν ἄγειν ἐπὶ νηὸς ἔχοντας,

ἤια, καὶ μέθυ λαρόν, ἵν’ ἔμπεδον ἔκτοθι πύργων

μίμνοιεν, μηδ’ ἄμμε κατὰ χρειὼ μεθέποντες

ἀτρεκέως γνώωσι, κακὴ δ’ ἐπὶ πολλὸν ἵκηται

βάξις· ἐπεὶ μέγα ἔργον ἐρέξαμεν, οὐδέ τι πάμπαν

θυμηδὲς καὶ τοῖσι τόγ’ ἔσσεται, εἴ κε δαεῖεν.

Ἡμετέρη μὲν νῦν τοίη παρενήνοθε μῆτις·

ὑμέων δ’ εἴ τις ἄρειον ἔπος μητίσεται ἄλλη,

ἐγρέσθω· τοῦ γάρ τε καὶ εἵνεκα δεῦρ’ ἐκάλεσσα. »

Ὧς ἄρ’ ἔφη, καὶ θῶκον ἐφίζανε πατρὸς ἑοῖο

λάινον· αὐτὰρ ἔπειτα φίλη τροφὸς ὦρτο Πολυξώ,

γήραι δὴ ῥικνοῖσιν ἐπισκάζουσα πόδεσσιν,

βάκτρῳ ἐρειδομένη, περὶ δὲ μενέαιν’ ἀγορεῦσαι.

Τῇ καὶ παρθενικαὶ πίσυρες σχεδὸν ἑδριόωντο

ἀδμῆτες λευκῇσιν ἐπιχνοάουσαι ἐθείραις.

Στῆ δ’ ἄρ’ ἐνὶ μέσσῃ ἀγορῇ, ἀνὰ δ’ ἔσχεθε δειρὴν

ἦκα μόλις κυφοῖο μεταφρένου, ὧδέ τ’ ἔειπεν·

« Δῶρα μέν, ὡς αὐτῇ περ ἐφανδάνει Ὑψιπυλείῃ,

πέμπωμεν ξείνοισιν, ἐπεὶ καὶ ἄρειον ὀπάσσαι.

ὔμμι γε μὴν τίς μῆτις ἐπαύρεσθαι βιότοιο,

αἴ κεν ἐπιβρίσῃ Θρήιξ στρατός, ἠέ τις ἄλλος

δυσμενέων, ἅ τε πολλὰ μετ’ ἀνθρώποισι πέλονται;

Ὡς καὶ νῦν ὅδ’ ὅμιλος ἀνωίστως ἐφικάνει.

Εἰ δὲ τὸ μὲν μακάρων τις ἀποτρέποι, ἄλλα δ’ ὀπίσσω

μυρία δηιοτῆτος ὑπέρτερα πήματα μίμνει,

εὖτ’ ἂν δὴ γεραραὶ μὲν ἀποφθινύθωσι γυναῖκες,

κουρότεραι δ’ ἄγονοι στυγερὸν ποτὶ γῆρας ἵκησθε.

Πῶς τῆμος βώσεσθε δυσάμμοροι; Ἦε βαθείαις

αὐτόματοι βόες ὔμμιν ἐνιζευχθέντες ἀρούραις

γειοτόμον νειοῖο διειρύσσουσιν ἄροτρον,

καὶ πρόκα τελλομένου ἔτεος στάχυν ἀμήσονται;

Ἦ μὲν ἐγών, εἰ καί με τὰ νῦν ἔτι πεφρίκασιν

Κῆρες, ἐπερχόμενόν που ὀίομαι εἰς ἔτος ἤδη

γαῖαν ἐφέσσεσθαι, κτερέων ἀπὸ μοῖραν ἑλοῦσαν

αὔτως, ἣ θέμις ἐστί, πάρος κακότητα πελάσσαι.

ὁπλοτέρῃσι δὲ πάγχυ τάδε φράζεσθαι ἄνωγα.

Νῦν γὰρ δὴ παρὰ ποσσὶν ἐπήβολός ἐστ’ ἀλεωρή,

εἴ κεν ἐπιτρέψητε δόμους καὶ ληίδα πᾶσαν

ὑμετέρην ξείνοισι καὶ ἀγλαὸν ἄστυ μέλεσθαι. »

Ὧς ἔφατ’· ἐν δ’ ἀγορὴ πλῆτο θρόου. Εὔαδε γάρ σφιν

μῦθος. Ἀτὰρ μετὰ τήνγε παρασχεδὸν αὖτις ἀνῶρτο

Ὑψιπύλη, καὶ τοῖον ὑποβλήδην ἔπος ηὔδα·

« Εἰ μὲν δὴ πάσῃσιν ἐφανδάνει ἥδε μενοινή,

ἤδη κεν μετὰ νῆα καὶ ἄγγελον ὀτρύναιμι. »

 

  • Tout le jour et jusqu’au crépuscule le bon vent souffla très fort dans les voiles déployées de la nef. Mais, avec les derniers rayons du soleil, le vent tomba et c’est à la rame qu’ils arrivèrent dans la rocailleuse Lemnos des Sintiens. C’est là que toute la population mâle à la fois, par le criminel forfait des femmes, avait été massacrée sans pitié l’année précédente. Les hommes, en effet, avaient répudié leurs femmes légitimes qu’ils avaient prises en haine ; au contraire, ils éprouvaient un violent amour pour les captives qu’ils ramenaient eux-mêmes de leurs pillages en Thrace, sur la côte opposée : c’est la terrible colère de Cypris qui les poursuivait, parce qu’ils ne l’avaient pas honorée d’offrandes depuis longtemps. Ô malheureuses, tristes victimes d’une insatiable jalousie1 ! Non contentes de tuer avec ces captives leurs maris dans leur lit, elles détruisirent en même temps tout le sexe mâle pour n’être pas châtiées plus tard de leur crime atroce. Seule entre toutes, elle épargna son vieux père, Hypsipile, fille de Thoas qui régnait sur le pays : au creux d’un coffre, elle l’abandonna sur la mer, à la dérive, pour lui laisser une chance de salut ; des pêcheurs le ramenèrent sur l’île appelée autrefois Oinoié et plus tard Sikinos, d’après ce Sikinos que la Naïade Oinoié enfanta de son union avec Thoas2. Quant aux Lemniennes, élever des troupeaux de bœufs, revêtir les armes de bronze, labourer les champs de blé leur semblait à toutes plus facile que les travaux d’Athéna qui seuls les occupaient jusqu’alors. Cependant, bien souvent, les yeux fixés sur la vaste mer, elles se demandaient avec une peur affreuse quand les Thraces viendraient. (633) Aussi, quand elles virent Argô s’approcher de l’île à force de rames, sur le champ, toutes ensembles, elles sortirent des portes de Myrina, revêtues de leurs armes de guerre, et accouraient sur le rivage, pareilles à des Thyades3 mangeuses de chair crue : elles se disaient que c’étaient sans doute les Thraces qui arrivaient. Avec elles était la fille de Thoas, Hypsipyle, revêtue des armes de son père. Dans leur incertitude, elles couraient, muettes, si grande était la crainte suspendue sur elles. (640) Cependant, du navire, les héros envoyèrent Aithalidès, le messager rapide à qui ils confiaient le soin des ambassades et le sceptre d’Hermès, son père, qui lui avait donné en tout une mémoire inaltérable. Même maintenant qu’il s’en est allé vers les tourbillons invisibles4 de l’Achéron, l’oubli n’a pu envahir son âme ; bien au contraire, suivant l’alternance immuable fixée par le destin, tantôt elle compte au nombre de ceux qui habitent sous terre, tantôt elle revient à la clarté du soleil parmi les vivants. Mais qu’ai-je besoin de conter en détail la légende d’Aithalidès ? (650) C’est lui, en tous cas, qui persuada Hypsipyle d’accueillir les voyageurs, le jour finissant, pendant la nuit. Mais, à l’aube, ils ne détachèrent pas les amarres de la nef à cause du Borée qui soufflait5. Les femmes de Lemnos s’en venaient par la ville siéger en assemblée, car c’était l’ordre d’Hypsipyle en personne. Dès que toutes, en foule furent réunies, aussitôt elle tint au milieu d’elles ce discours pour les exhorter :
  • (657)  « Mes amies, hâtons-nous d’envoyer à ces hommes les agréables présents qu’il convient d’emporter avec soi sur un navire, des vivres et du vin délicieux, pour qu’ils restent toujours hors de nos murs. Évitons que, forcés de venir chez nous, ils n’apprennent toute la vérité et qu’une fâcheuse rumeur se répande au loin, car nous avons accompli un acte grave ; à eux non plus notre conduite ne serait nullement agréable, s’ils la connaissaient. Telle est l’idée qui nous est venue maintenant ; mais si parmi vous une autre a dans l’esprit un avis meilleur, qu’elle se lève ; c’est aussi pour cela que je vous ai convoquées ici. » (667) Elle dit et s’assit sur le siège de pierre de son père. Après elle sa nourrice, Polyxô6 se leva : elle chancelait sur ses pieds décharnés par la vieillesse et s’appuyait sur un bâton, mais elle désirait vivement parler ; près d’elle quatre vierges étaient assises, ignorant le mariage malgré les cheveux blancs qui les couvraient. Elle se leva au milieu de l’assemblée, le cou à grand-peine dressé entre ses épaules voûtées, et parla ainsi : (675) « Les présents, comme le veut notre reine Hypsipyle, envoyons-les aux étrangers, puisqu’il convient de les leur donner. Mais vous, comment pensez-vous assurer votre sauvegarde en cas d’attaque d’une armée thrace ou d’un autre ennemi ? De telles incursions sont fréquentes parmi les hommes : ainsi, aujourd’hui même, cette troupe est arrivée à l’improviste. Et, si quelqu’un des dieux bienheureux détourne ce malheur, à l’avenir bien d’autres, plus grands que la guerre, vous attendent. Quand les vieilles femmes auront péri, quand vous, les jeunes, aurez atteint sans enfants la vieillesse odieuse, comment subsisterez-vous alors, malheureuses ? Est-ce que d’eux-mêmes, dans les champs aux sillons profonds, les bœufs attelés ensemble tireront pour vous à travers la jachère la charrue qui fend le sol et, sitôt l’année révolue, moissonneront-ils le blé ? Pour moi, même si les Kères m’ont eue jusqu’ici en horreur, je pense qu’avant l’année prochaine sans doute la terre m’aura recouverte ; j’aurai reçu ma part d’honneurs funèbres, comme il convient, avant d’avoir vu s’approcher cette calamité. Mais aux jeunes je conseille d’y bien réfléchir, car maintenant un remède efficace est à votre portée : c’est de confier aux étrangers vos maisons, tous vos biens, et le gouvernement de notre illustre ville. » (697) Elle parla ainsi et des acclamations emplirent l’assemblée, car elles approuvaient ce discours. Après elle, aussitôt, Hypsipyle se leva de nouveau et répondit en ces termes : « Puisque vous êtes toutes de cet avis, je vais à l’instant même envoyer au navire une messagère. »(traduction É.Delage, Belles-Lettres, 2002).

Éclaircissements linguistiques :

  • αὐτῆμαρ : le même jour<span< li= » »></span<>
  • τὸ κνέφας : obscurité, crépuscule
  • ἀκραής, ής, ές : qui souffle fort
  • τετάνυστο : plus que parfait moyen sans augment de τανύω, tendre, déployer
  • τὸ λαῖφος, ους : voile de vaisseau (trag.)
  • εἰρεσία : mouvement des rames
  • κραναός, ή, όν : rocailleux
  • νηλειῶς : sans pitié
  • ὁ λυκάβας, αντος : année (dans l’Odyssée et chez Ap. de Rhodes)
  • κουρίδιος, α, ον : époux (-se) légitime
  • ἐπισμυγερῶς : lamentablement
  • ἀκόρητος, ος, ον : insatiable
  • ἑός, ἑή, ἑόν : possessif 3ème p. Épique
  • ῥαίω, ἔρραισα : briser, détruire
  • λευγαλέος, α, ον : pitoyable, funeste
  • ἡ ἀμοιβή, ῆς : ce qu’on donne en échange ; ici, expiation
  • περιφείδομαι : épargner soigneusement
  • ἐρύομαι : tirer à soi
  • ὁ ἐπακτήρ, ῆρος : chasseur, pêcheur
  • διατμήγω ἀρούρας : labourer les champs
  • ῥηίτερος, α, ον : comparatif épique de ῥάδιος, facile
  • πέλεν : imparfait épique, 3ème sing. de πέλω, être ordinairement
  • ἔμπης = ἔμπας : toutefois
  • θαμά : souvent
  • παπταίνω: regarder avec inquiétude
  • τῶ = τοῦ (dorien)
  • ἐρρέσσομαι : être poussé à force de rames (cf. plus haut, εἰρεσία)
  • πασσυδίῃ = πανσυδίᾳ : en toute hâte
  • ἔκτοσθε : au-dehors
  • δήιος, α, ον : meurtrier, hostile
  • ᾐωρεόμην-ούμην, imparfait de αἰωρέω-ῶ : être suspendu
  • ἀπρόφατος, ος, ον : imprévu, non prédit, terrible
  • μεμόρηται : parfait de μείρομαι , obtenir en partage
  • μειλίξατο : aoriste 3ème sing. poétique de μειλισσω, adoucir, se rendre favorable
  • τὸ πεῖσμα, ματος : câble, amarre
  • ἐποτρύνω : lancer un message pressant, exhorter
  • τὰἤια, ων : les vivres
  • λαρός, ός, όν : délicieux
  • ἀτρεκέως = ἀτρεκῶς : sincèrement, vraiment, exactement
  • ἡ βάξις, εως : rumeur
  • ὅγε, ἥγε, τόγε : celui-ci, celle-ci…
  • δαεῖεν < δάω : apprendre (opt. 3ème pl. épique)
  • παρενήνοθε : 3ème sing. d’un verbe inusité : « pénétra dans » (hapax)
  • πίσυρες = τέτταρες (éolien, épique)
  • ἑδριάομαι-ῶμαι : être assis
  • ἡ ἔθειρα, ας : chevelure
  • ἐπιχνοάω-ῶ : être couvert de cheveux
  • ἦκα : légèrement
  • ἡ δειρή, ῆς : le cou
  • τὸ μετάφρενον, ου : partie supérieure du dos entre les épaules
  • ἀποφθινύθω: se consumer, périr
  • διερύω :tirer qqch. à travers
  • ἡ νειός, οῦ : jachère
  • πρόκα : tout à coup
  • ὁ στάχυς, υος : épi de blé
  • ἀμάω-ῶ : moissonner
  1. Mot à mot : ô malheureuses, lamentablement insatiables de jalousie !
  2. Phrase complexe : Καὶ τὸν μὲν ἐς Οἰνοίην ρσαντο / πρόσθεν, ἀτὰρ Σίκινόν γε μεθύστερον αὐδηθεῖσαν / νῆσον, ἐπακτῆρες, Σικίνου ἄπο, [τόν ῥα Θόαντι / νηιὰς Οἰνοίη νύμφη τκεν εὐνηθεῖσα]. Le sujet de la principale est ἐπακτῆρες, le verbe ἐρύσαντο, le COD τὸν μὲν, qui reprend Thoas. Tout le groupe en vert est le complément de lieu, développant « ἐς… νῆσον ». L’île  fut appelée d’abord Oinoié (Οἰνοίην πρόσθεν αὐδηθεῖσαν) – du nom de la Naïade), et plus tard Sicinos (ἀτὰρ Σίκινόν γε μεθύστερον αὐδηθεῖσαν), du nom de son fils (Σικίνου ἄπο). La relative est plus simple : τόν relatif COD, νηιὰς Οἰνοίη νύμφη sujet, Θόαντι εὐνηθεῖσα, participe apposé au sujet, avec un COI (Θόαντι), et le verbe τέκεν. L’ordre des mots met en valeur à la fois les pêcheurs, et l’histoire de Sicinos, qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire d’Hypsipyle, et encore moins à celle de Jason, mais qui permet une parenthèse érudite à Apollonios. Notos qu’Oinoié signifie « la vineuse », et que Thoas était fils de Dionysos
  3. Il s’agit des Ménades. Voir le culte de Dionysos.
  4. Ἀχέροντος δίνας ἀπροφάτους : Émile Delage traduit « les tourbillons invisibles » ; il vaudrait mieux « les tourbillons terribles » ou « les tourbillons imprévus » – ce qui signifierait qu’Aithalidès est mort brutalement.
  5. Le Borée est un vent du Nord ; or les Argonautes ont besoin d’un vent de sud, ou d’ouest.
  6. Polyxô, une vieille dame assez terrifiante, qui, selon certaines versions de la légende, serait l’instigatrice du massacre commis par les Lemniennes… Le portrait qui en est dressé est hyperréaliste – une tendance de l’art hellénistique.