La méthode de l’essai (CPGE scientifique)

quelques livres de la Pléiade

L’essai sur des œuvres au programme (CPGE scientifiques)

 

Qu’est-ce que l’essai ?

L’essai se présente sous la forme d’une question ou d’une citation généralement suivie d’une question, à laquelle vous devrez répondre en vous appuyant sur les œuvres au programme.

Ex : « Dans quelle mesure les œuvres au programme permettent-elles de définir le « juste milieu » auquel doit, selon Aristote, se tenir l’homme modéré ? »

On peut procéder en plusieurs étapes :

  1. Lire attentivement le sujet, et en tirer une problématique claire. Ici, il faut s’interroger sur le « juste milieu », le « μηδὲν ἀγάν » (rien de trop) des grecs : comment le définir ? Dans quels domaines s’applique-t-il : celui des passions ? du pouvoir ? de la morale ? De plus, « dans quelle mesure » semble suggérer que les trois œuvres, peu ou prou, font référence à ce juste milieu. La question serait différente si l’on n’avait que « Les œuvres au programme permettent-elles de définir…
  2. Pour chacune des trois œuvres, il faut donc, au brouillon, se demander en quoi elles définissent le « juste milieu », quelles figures l’incarnent, quelles autres au contraire s’y opposent :
    1. opposition Epistémon / Gargantua, Gargantua et Grandgousier / Picrochole, Gargantua / Frère Jean dans Gargantua ;
    2. opposition Socrate / ses différents interlocuteurs, et notamment Calliclès ;
    3. opposition Don Carlos / don Alonso dans Dom Juan, et les figures de Dom Juan et de Sganarelle…
    4. Toujours se souvenir que les œuvres ne sont pas là pour illustrer le propos, mais qu’elles sont le point de départ de la réflexion !
  3. Il faut ensuite élaborer un plan : il est en effet INTERDIT de produire trois monographies : tout plan qui étudie successivement chacune des œuvres est rejeté ; on attend de vous une synthèse.
    On peut ici suggérer le plan suivant (très schématiquement !)

    1. Les figures du « juste milieu » sont valorisées dans les trois œuvres : Epistémon face aux appétits démesurés de Gargantua enfant, les « bons rois » face à Picrochole, Socrate toujours vainqueur face à ses adversaires, Don Carlos comme figure de la mesure face à la démesure archaïque de son frère…
    2. Mais ces figures sont-elles toujours positives ?
      1. Socrate, en faisant de la tempérance une fin en soi, n’est pas exactement une figure de la mesure ; cf. le cours.
      2. Dom Juan, contrairement à bien des pièces de Molière, ne présente pas de figure du « juste milieu » : Sganarelle, défenseur de la morale, est lui-même un personnage carnavalesque.
      3. Enfin, dans le camp des « bons » de Gargantua, on trouve aussi Frère Jean, figure même de la démesure…
    3. A l’inverse, donc, il y a des figures positives de la démesure :
      1. Ambiguïté de Dom Juan ;
      2. il y a aussi de la démesure dans Socrate ;
      3. Enfin, Gargantua = la célébration de la démesure carnavalesque. Il s’agit de géants !
  4. Rédaction de l’introduction et de la conclusion :
    1. L’introduction doit obligatoirement comporter une entrée en matière, la question ou la citation, la problématique et l’annonce du plan.
    2. La conclusion doit synthétiser brièvement le développement, donner le dernier mot de la réponse à la question posée, et éventuellement élargir le sujet.
  5. Rédaction du développement, en veillant à bien intégrer les citations, et à ménager des transitions entre les différentes parties.
  6. Relecture, correction des fautes d’orthographe…

Quelques conseils supplémentaires :

  • Soignez la présentation : un lecteur sera plus favorablement disposé si la copie est propre, bien disposée, sans affèteries inutiles, avec une marge confortable, et de la place en début de copie pour l’appréciation et la note.
  • Écrivez lisiblement, avec une encre suffisamment foncée : songez que votre correcteur, après 123456789 copies, est un peu fatigué… Facilitez-lui la tâche, il vous en sera reconnaissant !
  • Respectez les conventions typographiques : soulignez les titres (cela évitera de confondre Dom Juan, le personnage, et Dom Juan, l’œuvre), mettez les citations entre guillemets… et souvenez-vous que lesdits guillemets ne sont jamais une excuse pour des termes inappropriés ou familiers !
  • Respectez enfin les consignes : la longueur d’un essai peut vous être imposée, généralement entre 800 et 1200 mots selon les concours. Habituez-vous à écrire 10 mots par ligne, cela vous évitera des comptages fastidieux !