Les désinences
Nominatif sing. |
|
Vocatif sing. |
Thème nu, ou identité avec le nominatif |
Accusatif sing. |
-n, devenu ă après consonne |
Génitif sing. |
Désinence –es/os de l’indo-européen : le latin a choisi –es, le grec -os |
Datif sing. |
ĭ : ancien locatif, ou désinence oi/ei/i de datif au degré zéro. Le latin a un ī |
Nom. Voc. Pl. |
|
Accusatif pl. |
Désinence –ns : après consonne, le –n s’est vocalisé en a ; mais tendance du grec à utiliser à l’accusatif le nominatif pluriel (πόλεις, βασιλεῖς…) |
Génitif pl. |
Désinence ων // latin –um, indo-iranien ou germanique –am. |
Datif pluriel |
Désinence de locatif –σι ; dans de nombreux dialectes, on trouve la forme –εσσι de maniement plus pratique. |
Duel |
|
Les thèmes en i
Les noms au thème en i sont construits, en réalité, sur une alternance entre un thème long (à vocalisme e) et un thème bref. Par exemple, pour le nom πόλις (la cité), il y a alternance entre un thème *πολι- et un thème *πολεΥ. Le thème *πολι- apparaît aux trois cas directs du singulier (Nom., Voc. et Acc.), et le thème *πολεΥ à tous les autres cas ; au génitif et au datif singulier, ce thème s’allonge en *ποληΥ.
- Nominatif singulier : ἡ πόλι-ς – thème πολι + désinence -s ;
- Vocatif singulier : πόλι – thème πολι nu ;
- Accusatif singulier : τὴν πόλι-ν – thème πολι + désinence -n ;
- Génitif singulier : τῆς πόλεως. Ici, la formation est plus complexe ; il faut partir d’un thème long *ποληΥ- + la désinence -os. Puis il y a eu une métathèse de quantité (on substitue une séquence brève-longue à une séquence longue-brève), sans que l’accent change de place :
πόληος > πόλεως. Notons cependant que la forme πόληος subsiste dans un certain nombre de dialectes. - Datif singulier : τῇ πόλει – même forme longue *ποληΥ- + la désinence -i ; la diphtongue a premier élément long s’est transformée en -ει.
- Nominatif pluriel : αἱ πόλεις – provient de *πόλεΥες > πόλεες > πόλεις
- Accusatif pluriel : τὰς πόλεις – cette forme peut s’expliquer soit par *πόλε-νς, soit par analogie avec le nominatif pluriel.
- Génitif pluriel : τῶν πόλεων – l’accent n’a pas d’autre explication que l’analogie avec le Gén. sing. πόλεως.
- Datif pluriel : ταῖς πόλε-σι(ν) – thème *πολεΥ + désinence -σι(ν).
- Nominatif-vocatif-accusatif duel : τὼ πόλει < πόλε-ε
- Génitif-datif duel : τοῖν πολέοιν < πολέ-οιν
Les thèmes en -u
Les noms en -υς, -εως
Les noms en -u, qui comptent des masculins essentiellement (πέλεκυς (la hache), πῆχυς (la coudée)) et des neutres (ἄστυ (la ville) ont une déclinaison très proche de celle des noms en -i, avec une pré-désinentielle à vocalisme zéro (-υ), et un vocalisme e au pluriel.
- Nominatif singulier : ὁ πῆχυ-ς – thème πῆχυ + désinence -s ; neutre ἄστυ (thème nu)
- Vocatif singulier :πῆχυ – thème nu ; neutre ἄστυ (thème nu)
- Accusatif singulier : τὸν πῆχυ-ν – thème πῆχυ + désinence -n ; neutre ἄστυ (thème nu)
- Génitif singulier : τοῦ πήχεως. On part d’un thème à voyelle e (πηχεϜ + la désinence -os).
πήχεϜος > πήχεος. Mais l’attique préfère une forme en -εως empruntée à la déclinaison en -i. - Datif singulier : τῷ πήχει – τῷ ἄστει < πήχεϜι, ἄστεϜι (avec disparition du Ϝ intervocalique).
- Nominatif-vocatif masculin pluriel : οἱ πήχεις – provient de *πήχεϜες > πήχεες > πήχεις ;
- Accusatif masculin pluriel : τοὺς πήχεις – cette forme peut s’expliquer par analogie avec le nominatif pluriel.
- Nominatif-vocatif-accusatif neutre : τὰ ἄστεα < ἄστεϜα
- Génitif pluriel : τῶν πήχεων, τῶν ἄστεων – l’accent n’a pas d’autre explication que l’analogie avec le Gén. sing.
- Datif pluriel : τοῖς πήχε-σι(ν) – τῶν ἄστε-σι(ν) par analogie avec les thèmes en i.
- Nominatif-vocatif-accusatif duel : τὼ πήχει < πήχεϜ-ε (avec disparition du Ϝ intervocalique).
- Génitif-datif duel : τοῖν πηχέοιν
Les noms en -υς, -υος
Ils sont peu nombreux, et comportent le plus souvent un ū : comme ἰχθῦς (le poisson). Voici en quoi ils diffèrent du modèle en –υς, -εως :
- Génitif singulier : τοῦ ἰχθύος. On part d’un thème à vocalisme zéro + la désinence -os).
- Datif singulier : τῷ ἰχθύι (vocalisme zéro + la désinence -ι)
- Nominatif-vocatif masculin pluriel : οἱ ἰχθύες (vocalisme zéro + la désinence -ες) ou ἰχθῦς (forme contracte)
- Accusatif masculin pluriel : τοὺς ἰχθῦς – cette forme peut s’expliquer par analogie avec le nominatif pluriel, ou par un vocalisme zéro + la désinence -νς (le ν disparaît devant le ς en allongeant la voyelle qui précède).
- Datif pluriel : τοῖς ἰχθύ-σι(ν)(vocalisme zéro + la désinence -σι(ν)).
- Nominatif-vocatif-accusatif duel : τὼ ἰχθύε< ἰχθύ-ε.
- Génitif-datif duel : τοῖν ἰχθύ-οιν.
Les adjectifs en -υς, -εος
Il s’agit de très nombreux adjectifs tels que βραχύς, -εῖα, -ύ, ἡδύς, -εῖα, -υ… Les formes qui nous intéressent ici sont les masculins en -ύς et les neutres en ύ (avec accent sur la terminaison – finale ou pré-désinentielle).
Ils ne diffèrent des noms en –υς, -εως par deux points :
- ils forment leur génitif singulier sur un radical en -εϜ + la désinence -ος : ἡδέος, βραχέος…
- ils forment leur neutre pluriel sur un radical en -εϜ + la désinence -α : ἡδέα, βραχέα.
Les thèmes en -eu
Ce thème compte des noms communs de métier ou de statut (βασιλεύς, le roi, χαλκεύς, le forgeron, γραφεύς, le secrétaire…), et des noms propres : Προμηθεύς, Ὀδυσσεύς, Ἀχιλλεύς (Prométhée, Ulysse, Achille)… Il s’agit d’un thème en –ēϜ > ηυ > ευ.
- Nominatif singulier : βασιλεύς – thème βασιλεύ + désinence -s ;
- Vocatif singulier : βασιλεῦ – thème nu (et règle de la longue accentuée) ;
- Accusatif singulier : τὸν βασιλέᾱ < βασιλεϜᾱ ;
- Génitif singulier : τοῦ βασιλέως. Ici, la formation est plus complexe ; il faut partir d’un thème long *βασιλήϜ- + la désinence -os. Puis il y a eu une métathèse de quantité (on substitue une séquence brève-longue à une séquence longue-brève), sans que l’accent change de place :
βασιλήος > βασιλέως. Notons cependant que la forme βασιλήος subsiste notamment chez Homère. - Datif singulier : τῷ βασιλεῖ– même forme longue *βασιλήϜ- + la désinence -i ; la diphtongue a premier élément long s’est transformée en -ει.
- Nominatif pluriel : οἱ βασιλεῖς – provient de *βασιλήϜες > βασιλῆς >βασιλεῖς (sans doute par analogie avec πόλεις, πήχεις…) ; la forme βασιλῆς subsiste notamment chez Homère.
- Accusatif pluriel : τοὺς βασιλήας > βασιλέᾱς – le η s’abrège en hiatus ; on trouve aussi la forme βασιλεῖς, analogique. la forme βασιλήας subsiste notamment chez Homère.
- Génitif pluriel : τῶν βασιλέων < βασιλήων (forme qui subsiste chez Homère).
- Datif pluriel : τoῖς βασιλεῦ-σι(ν) < *βασιλήϜ- + désinence -σι(ν).
- Nominatif-vocatif-accusatif duel : τὼ βασιλῆ <*βασιλήϜ-ε
- Génitif-datif duel : τοῖν*βασιλήϜ-οιν > βασιλήοιν > βασιλέοιν