Les guerres médiques

Les causes

L’empire Perse, successeur de l’empire Mède, s’étendait de l’Égypte à l’Indus, et convoitait l’Asie Mineure. Les Achéménides entendaient exercer un pouvoir sans limite sur l’ensemble de leur empire, même si cette domination se limitait, en fait, au paiement d’un tribut et à la fourniture, à l’occasion, de quelques troupes.

En face, notamment sur les côtes d’Asie Mineure, se développaient des cités grecques, qui, en tant qu’entités politiques, aspiraient à être pleinement souveraines – ce qui était incompatible avec la soumission qu’exigeait le roi de Perse.

Les Grecs d’Ionie, d’abord soumis aux Lydiens de Crésus depuis 560, puis aux Perses vers 546, après la victoire de Cyrus, voient d’un mauvais oeil l’expansionnisme de l’usurpateur Darius arrivé au pouvoir en 522. Cependant, ils attendirent 499 pour se révolter contre lui.

La révolte eut d’abord pour origine des manœuvres politiques des tyrans de Milet ; mais elle s’étendit rapidement, probablement pour des raisons politiques : en effet, pour soutenir sa domination, Darius s’appuyait un peu partout sur des tyrans ; or la tyrannie était de plus en plus mal supportée dans des cités qui aspiraient à « se gouverner par elles-mêmes ». La révolte commença donc par le renversement des tyrans, même si certains conservèrent leur vie, leur liberté, et même une partie de leur influence.

Durant l’hiver 499-498, les Ioniens demandèrent et obtinrent des secours des Grecs d’Europe, en particulier d’Athènes qui envoya 20 navires. Insurgés et Athéniens s’emparèrent de Sardes, et incendièrent le temple de Kybébé, ce qui attisa la fureur des Lydiens et des Perses, qui s’en souviendront lorsqu’ils s’empareront à leur tour d’Athènes ; la Carie, Byzance et l’Hellespont, et surtout Chypre tombent entre les mains des Ioniens.

Mais, de 497 à 494, les Perses reprennent le terrain perdu : l’Hellespont, puis Chypre sont reprises, et les Cariens se rallient. Une grande bataille navale oppose enfin les Ioniens et les Perses, et, à l’automne 494, Milet, assiégée, tombe. La répression sera féroce, les villes et leurs temples étant incendiés.

Par la suite, le roi de Perse mena une politique plus pacifique à l’égard des Ioniens, renonçant notamment à leur imposer une tyrannie : ainsi ne bougèrent-ils pas lors des guerres Médiques.

Cependant, soit pour punir l’aide apportée par les Grecs aux cités ioniennes, soit pour éviter que celles-ci ne soient influencées par leurs voisins occidentaux, Le Grand Roi s’engagea dans une politique expansionniste vers l’ouest, en direction de la Grèce.

L’empire perse. Pour agrandir l’image, cliquez dessus.

Les forces en présence

L’armée Perse, formée de soldats venus de tous les points de l’immense Empire, manquait d’unité, de cohésion, de discipline. Athènes et Sparte avaient sur leurs adversaires une grande supériorité morale : un fort sentiment national, et la volonté de lutter pour la liberté des Grecs. Elles avaient aussi la supériorité militaire : si leur armée était inférieure en nombre, elle était bien entraînée, et la flotte athénienne, composée de trières (navires de guerres rapides, munis d’un éperon à l’avant), était très supérieure à la flotte perse, lourde et peu manœuvrable.

Une trière, navire de guerre grec

Les guerres

La première guerre (492-490)

En 492, le général perse Mardonios franchit l’Hellespont, soumet Thasos et la Macédoine ; mais une violente tempête au mont Athos lui fait perdre 300 navires et 20 000 hommes. Cela joint à une résistance farouche dissuade les Perses d’avancer par voie terrestre.

En 491, tout en préparant une immense flotte, les Perses envoient des hérauts dans les Cyclades pour demander « le pain et l’eau », c’est-à-dire la soumission : les îles, et de nombreuses cités acceptent, mais Athènes, Platées et Sparte refusent.

Les Perses, après avoir anéanti Naxos, débarquent en Eubée ; ils prennent Érétrie, l’incendient et détruisent les temples. Mais l’objectif principal est Athènes.

En septembre 490, ils affrontent les Athéniens à Marathon. Athéniens et Platéens infligent une défaite aux Perses, tuant 6400 ennemis, pour eux-mêmes 192 morts seulement. Hérodote raconte avec force détails cette bataille, restée un immense titre de gloire pour les Athéniens.

Tertre de la bataille de Marathon

Tertre funéraire pour les 192 morts grecs de Marathon. © wikicommons

Mais l’objectif reste de prendre Athènes : les Perses tentent alors de l’atteindre par la mer. L’armée grecque revient donc à marche forcée vers Athènes ; les Perses se rembarquent et renoncent à attaquer.

La première guerre médique n’est pas un échec pour les Perses : ils ont obtenu deux de leurs trois objectifs, les Cyclades et Érétrie. Mais clairement, ils ont montré qu’ils pouvaient être battus.

Pour les Athéniens, Marathon devient un véritable mythe. Désormais, on ne pourra plus négocier avec les Perses sans passer pour un traître. La gloire de Marathon aidera sans aucun doute les Grecs à résister lors de la seconde guerre médique.

La deuxième guerre (480)

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Carte du monde grec pendant les guerres médiques (v. 500-479 av. J.-C.). © wikicommons

Si la première guerre n’avait été qu’une expédition de représailles, la seconde, menée par le Roi en personne, fut une invasion méthodique. Elle eut lieu 10 ans après, sous la direction du fils de Darius, Xerxès.

Le renforcement des Athéniens

Après avoir écarté tous ses adversaires par une série d’ostracismes, Thémistocle profite de la découverte, en 483-482, d’un riche filon d’argent dans les mines du Laurion pour faire construire une flotte de 200 trières, ce qui sera décisif aussi bien à Salamines qu’après la guerre, pour construire la ligue de Délos. Le conflit qui opposait Athènes et Égine ayant pris fin, les Grecs sont à peu près unis pour affronter les Perses.

Les préparatifs des Perses

La mort de Darius, puis une révolte en Égypte, en 486, retardent l’expédition. C’est Xerxès, son successeur, qui en prend l’initiative, peut-être sous l’influence de son cousin Mardonios, qui espère devenir satrape de Grèce, et des exilés qui pensent profiter de l’invasion pour se rétablir au pouvoir, notamment les Pisistratides.

Les préparatifs sont gigantesques : on construit des milliers de navires, on creuse un canal dans la presqu’île du Mont Athos, on fait un pont de bateaux sur le Bosphore, mais, comme une tempête le détruit, on exécute les responsables et on fait même fouetter la mer !

Les Grecs ont été si impressionnés par l’énorme masse de l’armée perse que les chiffres les plus fous ont circulé, jusqu’à plusieurs millions d’hommes. Plus raisonnablement, on peut penser que 200 000 hommes ont été mobilisés – mais cela sans compter tous les non-combattants, presque aussi nombreux. Quant à la flotte, le chiffre de 1207 navires, avancé à la fois par Hérodote et Eschyle, paraît vraisemblable.

La guerre elle-même

Impressionnées par les Perses, et peu encouragées par un oracle de Delphes plutôt défaitiste, la plupart des cités hésitent à combattre. La Thessalie se rallie aux Perses.

La bataille des Thermopyles met aux prises une armée lacédémonienne très inférieure en nombre, mais déterminée ; leur général Léonidas résiste vaillamment trois jours, avant d’être pris à revers. La flotte de l’Artémision, en Eubée, peut échapper aux Perses. Mais la route vers la Grèce est ouverte…

Athènes est directement menacée : sous l’influence de Thémistocle, ils abandonnent la cité, et se réfugient avec la flotte à Salamine.

Le 22 ou le 23 septembre 480, la bataille s’engage. La stratégie de Thémistocle, qui compense l’infériorité numérique par le fait de combattre dans un détroit, ce qui empêche les lourds navires perses de manœuvre, est payante : sous les yeux de Xerxès qui avait installé son trône sur le rivage, les Athéniens infligent une défaite décisive et de lourdes pertes, plus de 200 navires, aux Perses.

Salamine

Salamine
                    La bataille de Salamine (480 av. J.-C.). © wikicommons

Abandonné des Phéniciens (Xerxès ayant eu la mauvaise idée de s’en prendre aux officiers Phéniciens après la défaite de Salamine), le Roi laisse le commandement à Mardonios et rentre en Perse.

Cette défaite perse marque la décadence de l’Empire perse : création de la « Confédération de Délos », empire maritime au profit d’Athènes, qui en 448 impose sa suprématie. Désormais, ce sera la paix avec l’empire Perse.

En 479, Mardonios reconquiert Athènes, et les habitants se réfugient de nouveau à Salamine ; le bouleute qui proposait d’accepter les conditions humiliantes de Mardonios est lapidé ; Mardonios ravage systématiquement l’Attique, mais doit se replier en Béotie.

Finalement, dans la bataille de Platées, Mardonios est tué, et l’armée perse est décimée. Seul un contingent réussit à fuir et à regagner l’Asie à marches forcées. Désormais, la Grèce est sauvée, et a même récupéré un énorme butin.

Dans le même temps, à Mycale en face de Samos, la flotte grecque attaque les Perses qui s’y étaient réfugiés.

Conclusion

Les Grecs n’ont pas toujours su se montrer unis face au danger ; et la défaite inattendue des Perses provient aussi d’erreurs de stratégie.

Mais Athènes a définitivement établi son leadership, après les victoires de Marathon et de Salamine, et aussi par les sacrifices consentis durant la guerre : la ville abandonnée, l’Acropole détruit et les temples rasés… De ce malheur sortira un bien : après la guerre, et grâce au formidable butin récolté, Périclès donnera à la ville un éclat sans pareil.