Biographie d’Aristophane | Prologue | Parodos |
Premier épisode | Premier stasimon | deuxième épisode |
Troisième épisode | exodos | Un comique de langue ? Aristophane et le dorien. |
Aristophane et les femmes |
Prologos (1-253)
Cette partie est un dialogue qui précède l’entrée du chœur ; ici, elle occupe les vers 1 à 253.
Scène 1 (Lysistrata, Cléonice) – v. 1-68
- εἰς Βακχεῖον : fête de Bacchus, sacrifice en l’honneur de Bacchus.
- τὸ τύμπανον, ου : tambourin
- ἡ κωμῆτις : voisine de quartier
- συνταράττω : troubler, bouleverser
- σκυθρωπάζω : avoir l’air sombre, chagrin ; jeu de mots entre σκυθρός, ά, όν « sombre » et Σκυθικός, ή, όν, « scythe ».
- τοξοποιέω-ῶ τὰς ὀφρῦς : froncer les sourcils. Le jeu de mots continue : les esclaves scythes étaient employés comme archers pour le maintien de l’ordre.
- κάομαι = καίομαι : (passif) être brûlé, brûler
- ἄχθομαι : être accablé, être irrité
- ὁτιή : parce que
- ἀπαντάω-ῶ : se présenter, aller à la rencontre de
- κυπτάζω : donner ses soins à, se préoccuper de
- ψωμίζω : donner à quelqu’un des bouchées de nourriture, faire manger, donner la becquée.
les maris semblent mis sur le même plan que les bébés : des êtres dont il faut s’occuper.
Remarquer les homéotéleutes : -εν, -σεν : souligne la multiplicité des tâches et des contraintes infligées aux femmes.
- (v. 20) προὐργιαίτερος, α, ον : plus avantageux, plus utile ; comparatif formé sur l’adverbe προὔργου : à propos
- πήλικος, η, ον : de quelle grandeur ?
- μῶν : particule interrogative : est-ce que ?
- ἀνεζητημένον : participe parfait passif de ἀναζητέω-ῶ : rechercher
- ἀγρυπνία : insomnie, veille
- ἐρριπτασμένον participe parfait passif de ῥιπτάζω : agiter en tous sens
- λεπτός,ή,ον : mince, délicat, minutieux
- ἐξολωλέναι : infinitif parfait médio-passif de ἐξόλλυμι : anéantir
=> Verbes en –μι : revoir le verbe δείκνυμι.
- ἔγχελυς, υος ; pl. attique ἐγχέλεις, εων : anguille. Celles du lac Copaïs, en Béotie, étaient réputées. La coquine Cléonice fait peut-être aussi un jeu de mots à connotation sexuelle…
- ἐπιγλωττάομαι-ῶμαι : tenir de mauvais propos, déblatérer
- ὑπονοέω-ῶ : conjecturer
- ἐξηνθισμέναι : participe parfait passif de ἐξανθίζω : farder
- κροκωτοφορέω-ῶ : porter une tunique jaune.
- ὁ κρόκος, ου : le safran
- κροκωτός, ή, όν : teint avec du safran (ὁ κροκωτός, οῦ (s.e. πέπλος ou χιτών : tunique jaune, pour les femmes ou les efféminés)
- καλλωπίζω : embellir, parer
- Κιμβερικός, ή, όν cimbrienne (robe), robe longue, sans ceinture et qui donc « se tient droite » (ὀρθοστάδια)
- περιβαρίδες, ων : chaussures élégantes de femmes, selon le Bailly ; chaussons ou pantoufles selon la note de l’édition Van Daele. Cette version nous semble improbable, les charentaises s’accordant mal avec robes et fards…
- προσδοκάω-ῶ : s’attendre à, penser qu’une chose peut arriver (avec ou sans ἄν)
- τὸ μύρον,οῦ : parfum, huile ou essence parfumé(e)
- ἡ ἅγχουσα : fard composé d’anchuse, une plante rouge, orcanette
- βάπτω : plonger (dans la teinture), teindre. Remarquer ici le moyen : « je vais me teindre une tunique »…
- τὸ ξιφίδιον, ου : petite épée, poignard
- πέτομαι : voler (comme un oiseau)
- τὸ κελής, ήτος : petit bateau léger, avec un banc de rameurs. Mais aussi cheval de selle, d’où le jeu de mot à connotation sexuelle : ces dames ont « chevauché » leur étalon…
- ὄρθριος, α, ον : matinal, qui agit de grand matin
- τὰ ἀκάτεια, ων : petites voiles ; jeu de mots avec τὸ ἀκάτιον, coupe à boire en forme de nacelle.
Scène 2 : Lysistrata, Cléonice, Myrrhine, Lampito (v. 69-253)
Μυρρίνη, Myrrhine, apparemment habitante d’Anagyros, quartier particulièrement malodorant, porte le nom du Myrte : un peu comme si on l’appelait Rose, ou Violette…
- τὸ ζώνιον, ου < ἡ ζώνη, ης : petite ceinture
- ἐπαναμένω : attendre patiemment
- ἡδί = ἥδε
- εὐχροέω-ῶ : avoir de belles couleurs
- σφριγάω-ῶ : être plein de suc, vigoureux
- ἄγχω : étrangler
- ναὶ τὼ σιώ = ναὶ τὼ θεώ (ὁ σίος = forme laconienne)
- γυμνάδδομαι = γυμνάζομαι (forme laconienne)
- ἄλλομαι : bondir
- πυγάν = πυγήν ·ἡ πυγή, ῆς : fesse
- ὁ τιτθός, οῦ : bout du sein
- τὸ ἱαρεῖον, ου : victime offerte en sacrifice
- ὑποψαλάσσω : tâter légèrement.
==> Noter l’usage amusant des dialectes : Lampitô se distingue aussitôt par des formes doriennes : ναὶ τὼ σιώ, γυμνάδδομαι, πυγάν, ὑποψαλάσσω, ὑμέ… Faire entendre sur une scène athénienne ce parler spartiate devait produire un effet percutant !
- πρέσβειρα, ας : une personne de qualité (adj. fém.)
- κομψός, ή, όν : paré avec soin
- παρατετιλμένη < παρατίλλω : épiler, arracher les mauvaises herbes
- ἡ βληχώ, οῦς : pouliot, (plante), poil.
- συναλιάζω : réunir en assemblée
- ὁ στόλος : expédition militaire, troupe d’hommes
- μυσίδδω = μυθίζω (forme laconienne) : raconter, dire
- λῇς < λάω : vouloir (mot dorien)
- ἐπέρομαι (ἐπερήσομαι) : interroger de nouveau
- ποθέω-ῶ : regretter
- ἀποδημέω-ῶ : voyager hors de son pays, être absent de son pays
- τέλεος, α/ ος, ον = τέλειος : à qui rien ne manque, entier
- [ v. 105] ἡ ταγή, ῆς : ordre de commandement
- ἔλσῃ < ἔρχομαι : forme laconienne 3ème pers. du subjonctif. Provient de l’aoriste ἦλσον (= ἦλθον)
- ποκά = ποτέ
- πορπακίζομαι : porter un bouclier
- φροῦδος, η, ον : en route, parti
- ἀμπτάμενος = ἀναπετάμενος < ἀναπέτομαι : s’envoler
- μοιχός, οῦ : homme adultère, d’où ici « galant »
- φεψάλυξ : étincelle ; οὐδὲ φεψάλυξ, pas même une étincelle ; c’est, d’après J. Taillardat [1], un « hapax d’emploi », et il propose la traduction : « et il n’en reste pas seulement un feu-follet ».
- ὄλισβος, ου : phallus en cuir, godemiché
- σκύτινος, η, ον : en cuir
- ἐπικουρία : secours, assistance. La σκυτίνη ‘πικουρία est l’ ὄλισβος ci-dessus mentionné, dont les Athéniennes sont privées depuis que leur fournisseur, Milet, a rompu avec Athènes…
- τἄν = τοι ἄν
- τὸ ἔγκυκλον, ου : sorte de vêtement de femme, rond ( ?) : une jupe ??
- κατατίθημι : déposer, mettre en gage
- αὐθημερόν : le jour même
- ὡσπέρει : en quelque sorte
- ψῆττα, ας : plie ou barbue, sorte de poisson plat qui passait pour être coupé en deux ; cf. Platon, Banquet, 191d.
- ἀφεκτέον < ἀπέχομαι : il faut s’abstenir (+ gén.)
- τὸ πέος, ους : membre viril, verge
- μοιμυάω-ῶ :faire la moue
- ἀνανεύω : faire un signe de refus (en jetant la tête en arrière)
- κατείβομαι : tomber, couler
- παγκαταπύγων, ων, ον : « tout pour les fesses » ; terme très cru, et comique dans la bouche d’une femme jugeant ses consœurs.
- οὐκ ἐτός : non sans raison. Attention, faux ami : ne pas confondre ἐτός et τὸ ἔτος, ους, l’année.
- ψωλή, ῆς : le gland de la verge
- ἐντετριμμένος,η, ον < ἐντρίβω : maquillé, fardé
- παρατετιλμένη < παρατίλλω : épiler, arracher les mauvaises herbes
- στύομαι : être en érection
- σπλεκόω-ῶ : avoir des relations sexuelles
- προσίημι : laisser approcher de soi
- γῶν = γοῦν
- τὸ μῆλον, ου : pomme ou coing ; métaphore habituelle pour désigner les seins.
- ὦ μέλε (adressé à un homme ou une femme) : « mon bon, ma bonne »
- φλυαρία, ας :bavardage, niaiserie
- τὰ μεμιμημένα < μιμέομαι-οῦμαι : les imitations, les simulacres. Le mot est surtout drôle par ses sonorités.
- κἄλλως : attention à la crase et à l’orthographe != καὶ ἄλλως : et autrement, et par ailleurs.
- ὀδυνάω-ῶ : causer de la douleur, faire souffrir
- ἀμέλει : sois tranquille (impératif d’ἀμελέω-ῶ employé adverbialement
- ἀπερῶ :futur d’ ἀπεῖπον (rattaché à λέγω) : refuser, renoncer à
- [v.165] εὐφρανθήσεται : futur passif de εὐφραίνω : réjouir
- ῥυἅχετον :faute de frappe pour ῥυάκετον : foule tumultueuse, populace [ā]
- πλαδδιῆν < πλαδδιάω-ῶ (mot laconien) : radoter ; cf. v. 990
- ἆς (mot laconien) : tant que
- ἄβυσσος, ος, ον : sans fond
[I] Jean Taillardat, Les images d’Aristophane, études de langue et de style, Belles Lettres, 1965, 553 p.
==> moment décisif, suite à la remarque de Lampitô : il ne s’agit plus seulement d’une « grève du sexe », mais d’une occupation de l’Acropole, centre religieux, politique et financier d’Athènes : en effet, les temples servaient de banque.
- ὕπτιος, α, ον : renversé sur le dos
- τὰ τόμια : les entrailles découpées de la victime, sur lesquelles on jurait
- μηλοσφαγέω-ῶ : égorger des brebis pour un sacrifice
- θεῖσαι : participe aoriste féminin pluriel
- κύλιξ, ικος : coupe, vase à boire
- τὸ σταμνίον, ου : cruche pour le vin
- φεῦ δᾶ : exclamation courante chez les Tragiques, mais mystérieuse : « Hélas, Terre ! » ou « hélas ! Zeus ! »
- ἥσθη : aoriste passif de ἥδω : réjouir
- ὁ κάπρος, ου : le sanglier. Lysistrata fait comme si la cruche de vin était un animal sacrificiel… Ici le sanglier, ou verrat, a peut-être aussi une connotation sexuelle.
- ἀποπυτίζω : jaillir avec force
- ποτόδδει = προσόζει < προσόζω : exhaler une odeur
- λάζυμαι + gén. : se saisir de
- ἐπομοῦμαι < ἐπόμνυμι (futur) : confirmer par un serment
- ἐμπεδόω-ῶ : affermir, sanctionner (un serment)
- ἐστυκώς : participe parfait actif de στύομαι : être en érection
- ἐπιτύφω : brûler de passion pour (+ gén.)
- ὁ ὄροφος, ου : la toiture. (è erreur de traduction : c’est vers la toiture qu’on élève les Persiques, c’est-à-dire les pieds !)
- αἱ Περσικαὶ (κρηπῖδες) : chaussures à la mode persane
- ἡ τυροκνήστις : couteau à fromage
- καθαγίζω : offrir en sacrifice
- ὀλολυγή, ῆς : cri aigu, hurlement
A l’issue de ce prologos, les grandes lignes de l’action sont posées ; nous connaissons les protagonistes – Lysistrata, d’abord, la meneuse, puis Cléonice (assez portée sur l’alcool…), Myrrhine, et Lampitô la Spartiate, amusante par son dialecte, mais qui se révèle l’auxiliaire la plus efficace de Lysistrata. On remarquera que les femmes ignorent totalement les conflits qui opposent les hommes : aucune hargne ne vient empêcher leur complicité ; elles réalisent l’idéal panhellénique par leur simple comportement. La double action est elle aussi entamée : la « grève du sexe », d’un côté, l’occupation de l’Acropole, de l’autre. Et les menaces s’annoncent : la réaction des hommes, à commencer par les vieillards, qui sont les seuls hommes restés dans la cité…
Un comique de langue ? Aristophane et le dorien.
Dans Lysistrata, le dialecte dorien est particulièrement bien représenté, avec trois personnages :
- Lampitô, du vers 81 au vers 206, l’une des instigatrices de la révolte, et le lieutenant le plus efficace de Lysistrata.
- Un héraut, des v. 980 à 1012 ;
- Enfin un Laconien venu négocier la paix, des v. 1076 à 1272 ; celui-là aura même droit à un chant de 25 vers (1248-1272).
Cela représente au total moins d’une centaine de vers, certains très courts, ou réduits à un hémistiche ; mais l’effet produit devait être important, surtout en période de guerre contre Sparte… Le laconien, c’est la langue de l’ennemi !
Cette présence du laconien nous donne un tableau assez complet de ce dialecte :
Phonétique :
- Le ā reste α contrairement à l’attique : ἐκ τᾶς ταγᾶς (105) = ἐκ τῆς ταγῆς ; ἔβα = ἔβη (106) ; εἰράναν = εἰρήνην (118)…
- le θ attique est prononcé comme un [s] : ναὶ τὼ σιώ = ναὶ τὼ θεώ (81) ; μυσίδδω = μυθίζω (94) ; τῶν Ἀσαναίων = τῶν Ἀθηναίων (170)
- Le ε attique en hiatus devient [i]
- Le ζ attique se traduit par –δδ- (πλαδδιῆν = πλαζᾶν (171) ; μυσίδδω)
- Le [ou] attique devient [ω] : τὼς ἁμὼς ἄνδρας (168)
- Des aspirations au milieu des mots : ῥυἅχετον (170) ; πᾶἁ (995), ἀπήλαἁν (1001), ποιηὥμεσθα (1006)
- Des contractions différentes, ou inexistantes : ταὶ τριήρεες (173)
Morphologie :
- génitif pluriel en -ᾶν : τᾶν γυναικῶν (94)
- 1ère pers. du pluriel des verbes en –μες : πείσομες (168), μογίομες (1002), ὑποκεκύφαμες (1003)
- infinitif en –μεν (forme homérique également)
- Nominatif pluriel en ται (173), τοὶ (981)
Lexique et expressions particulières :
- Les Laconiens jurent « ναὶ τὼ σιώ », par les deux Dieux, les Dioscures ; ils évoquent volontiers les personnages spartiates : Ménélas et Hélène (155-156)
- Des mots bien particuliers :
On remarquera cependant que les expressions laconiennes s’intègrent naturellement dans le dialogue, sans que jamais l’un des interlocuteurs ne manifeste le moindre signe d’incompréhension : le Laconien devait être perçu comme un accent, plus que comme un dialecte. Un peu comme le Marseillais revu et corrigé par les Parisiens ? C’est d’ailleurs le parti pris de Victor-Henry Debidour, qui traduit ainsi une réplique de Lampitô : « Bouh ! vous me palpez comme une pastèque, qué ! » (v. 84)
La Parodos (v. 254-385)
Exceptionnellement cette partie est double, car il y a deux chœurs qui s’opposent : celui des vieillards, et celui des femmes. Le chœur des vieillards occupe les vers 254-318, celui des femmes de 319 à 352 ; s’ensuit un premier « agôn » entre les deux chœurs (353-385)
Pour le concours de Lyon 2009, les parties chantées ne sont pas à traduire.
Le chœur des vieillards.
[v. 266-270]
Chaque demi-chœur chante à son tour (strophe / antistrophe) ; le coryphée se charge des parties parlées.
- σπεύσωμεν : subjonctif aoriste de σπεύδω, se presser, se hâter
- τὸ πρέμνον : souche, bois à brûler
- ἐνίσταμαι τὸ πρᾶγμα : s’engager dans une affaire
- μεθέρχομαι : marcher avec, participer
- πυρά, ᾶς : bûcher
- νήσαντες < νέω : entasser, amonceler (n’existe qu’à l’aoriste ἔνησα)
[v. 281-285]
- ὠμῶς : durement, cruellement
- σχήσω : futur de ἔχω – tenir, contenir, arrêter, réprimer
- τὸ τόλμημα, ματος : action courageuse ou acte d’audace
[v. 306-318]
- ἐγρήγορα < ἐγείρω (parfait au sens intransitif) : être réveillé.
- ἕκατι : par la volonté de, avec l’aide de
- ἡ χύτρα, ας : vase d’argile, marmite
- ὁ φανός, οῦ : flambeau, torche (de sarment de vigne)
- ἐγκαθείς < ἐγκαθίημι : déposer
- ἅψαντες < ἅπτω : attaquer
- κριηδόν (adv.) : comme un bélier
- ὁ μοχλός, οῦ : barre de bois, levier, verrou
- χαλάω-ῶ τοὺς μοχλούς : ouvrir les verrous, ouvrir une porte
- ὁ καπνός,ου :vapeur, fumée
- πιέζω : presser, serrer
- θώμεσθα : subjonctif aoriste de τίθημι : poser
- τὸ φορτίον, ου : charge, fardeau
- ἡ ῥάχις, ιος : épine dorsale, échine
- θλίβω : presser, comprimer
- ἡμμένη : participe parfait passif de ἅπτω, attacher, toucher
Comique du chœur des vieillards : contraste amusant entre la vigueur de leurs propos, leur ardeur guerrière… et leur faiblesse physique : ils croulent sous le poids du bois qu’ils apportent, ont l’échine meurtrie par leur charge… En même temps, ces vieillards sont la caricature de ces « va-t-en-guerre » que précisément les femmes veulent combattre. Ils évoquent leur passé glorieux, haïssent les Spartiates…
Le chœur des femmes.
Seconde entrée, évidemment contraire à la première : opposition hommes / femmes, feu / eau, assiégeants / assiégées…
[319-320]
- λιγνύς, ύος : fumée noire
[350-386]
Il s’agit d’un « agôn » entre les deux coryphées : celui des vieillards, celui des femmes : stichomythie, qui s’achève en bagarre, particulièrement comique, entre une femme et un vieillard.
- ἀπροσδόκητος, ος, ον : à l’improviste, inattendu
- ἑσμός, οῦ : essaim d’abeilles
- βδύλλω : péter de terreur [ne pas hésiter à garder le sens propre : caractère populaire et carnavalesque du terme, fondé sur le « bas corporel »]
- περικατᾶξαι< περικατάγνυμι τὸ ξύλον τινί : briser sa canne sur quelqu’un
- ἡ κάλπις, ιδος : vase à eau
- χαμᾶζε : à terre (avec mouvement)
- πατάσσω (πατάξω, ἐπάταξα) : frapper
- ὄρχις, ιος / εως : testicules, bourses. (λαμβάνομαι + gén. : se saisir de)
- θείνω : frapper
- ἐκκοκκίζω : détruire, arracher
- τὸ γῆρας, ως : vieillesse, vieille peau dont se défont les serpents
- ὁ κόνδυλος, ου : poing, coup de poing
- σποδέω-ῶ : réduire en poussière
- βρύκω : mordre, dévorer
- ὁ πλεύμων = ὁ πνεύμων [cette double forme explique la double étymologie : pneum- et pleu/plev- : pleurésie, plèvre…] : le poumon
- τἄντερα = τὰ ἔντερα : les intestins, les entrailles
- ἐξαμάω-ῶ : faucher, arracher
- τὸ θρέμμα, ματος : créature (ὦ θρέμμ’ ἀναιδές, ô créature impudente : exclamation de Sophocle, Electre, 622)
- τύμβος, ου : tombeau (ici, injure : « cadavre ambulant » ?)
- κατασβέσω : futur de κατασβέννυμι, éteindre
- σταθεύω : faire griller, faire frire
- ῥύμμα : tache ou saleté qu’on lave : linge sale
- σαπρός, ά, όν : pourri, moisi
- ἄρδω : arroser
- ἀμβλαστάνω = ἀναβλαστάνω : repousser, reverdir
- αὖος, η, ον : sec, desséché
- χλιανέω-ῶ : réchauffer
Moment intensément comique, qui commence par un affrontement verbal, et s’achève par une bataille d’eau ; les vieillards, hargneux, sont battus à plate couture et se retrouvent trempés.
Premier épisode
Arrivée d’un nouveau personnage : le commissaire de police et ses archers scythes (l’équivalent de nos gardes mobiles). Le πρόβουλος était un conseiller délibérant avant de soumettre une affaire au peuple : entre notre commissaire de police et notre juge d’instruction. Les archers scythes étaient des esclaves publics, sous les ordres des Onze, et chargés de l’ordre public, notamment dans les tribunaux.
[387-430 : scène 1, le commissaire et le chœur des vieillards]
- ἐκλάμπω : sortir en brillant, briller tout à coup
- ἡ τρυφή, ῆς : mollesse, délicatesse, sensualité
- ὁ τυμπανισμός, οῦ : action de battre du tambour (notamment en parlant des prêtres de Cybèle)
- ὁ Σαβάζιος : Sabazios, divinité thraco-phrygienne, proche d’Attis et surtout de Dionysos ; son animal sacré était le serpent, et son culte était de nature orgiastique.
- τὸ τέγος, οῦς : le toit
- ὥρασι (adv.) : au moment opportun ; μὴ ὥρασι [ἵκοισθε] : puissiez-vous ne pas atteindre le bon moment = allez au diable !
- Δημόστρατος : orateur athénien
- ὑποπεπωκώς, κότος : participe parfait de ὑποπίνω : s’enivrer
- κόπτω τινά : se frapper à poitrine à propos de quelqu’un, pleurer quelqu’un
- μιαρός, ά, όν : souillé, impur
- ἀκολάστημα, ματος : action licencieuse
- τὸ ἱματίδιον, ου : petit vêtement (crase θαἰματίδια)
- σείειν : secouer, agiter
- [402] ἐνεουρηκώς, κότος : participe parfait de ἐνουρέω-ῶ : uriner dans ou sur
- ὁ ἁλυκός, οῦ : salé
- συνπονηρεύομαι : commettre quelque méchanceté avec quelqu’un, être complice d’une méchanceté
- βλαστάνω : pousser, croître
- ὁ χρυσόχοος, ου : fondeur d’or, orfèvre
- ὁ ὅρμος, ου : collier
- ἡ βάλανος, ου : gland ; petit pêne en forme de gland servant à fermer le collier des femmes. Jeu de mot à connotation sexuelle évidente !
- τὸ τρῆμα, ματος : trou, ouverture, orifice
- πλευστέα : adjectif verbal au pl. de πλέω, naviguer
- [413] ἐναρμόζω : ajuster
- τὸ ζυγόν, οῦ : courroie pour sandale de femme
- ἁπαλός, ός, όν : tendre, délicat
- χαλάω-ῶ : détendre (cf. v.310)
- ἀπήντηκα < ἀπαντάω-ῶ : se présenter. Cf. v. 13
- ἐκπορίζω : procurer, fournir
- ἡ κωπή, ῆς : manche de rame
- χαίνω, κεχήνα : rester bouche bée, bayer aux corneilles
- [427] καπηλεῖον : boutique de vin et épicerie, cabaret
[430-475 : scène 2, sortie des femmes]
- ἄκρος, α, ον : extrême (= summus) ; ἄκρα χείρ : le bout des doigts
- δημόσιος, ου : qui appartient à l’Etat ; agent de police
- κλαίω, κλαύσομαι, ἔκλαυσα : pleurer
- ἁνύω : accomplir, achever
- δήσετον < δέω : lier, attacher (aoriste ἔδησα)
- ἐπιχέω :verser sur, répandre
- πατούμενος< πατέω-ῶ : fouler aux pieds
- λαλέω-ῶ : bavarder
- ὁ κύαθος, ου : ventouse
- ἐκποκίζω : arracher les cheveux
- ἡ θρίξ, τριχός : poil, cheveu
- στενοκωκύτος, ος, ον : qui fait gémir et se lamenter
- [450] ἡττητέα : adjectif verbal de ἡττάω-ῶ : être vaincu
- ὁμόσε : dans la même direction, à l’encontre de
- λόχος, ου : troupe d’hommes armés, bataillon
- μάχιμος, η, ον : belliqueux
- σπερμ-αγοραιο-λεκιθο-λαχανο-πώλιδες : marchandes de graines et de légumes
- σκοροδο-πανδοκευτρι-αρτοπώλιδες : aubergiste marchande d’ail et de pain
==> invention verbale annonçant Rabelais !… - ἕλκω : tirer, traîner
- παίω : frapper
- ἀράττω : heurter, frapper
- λοιδορέω-ῶ : insulter
- ἀναισχυντέω-ῶ : être impudente
- ἐπαναχωρέω-ῶ : revenir sur ses pas
- σκυλεύω : dépouiller un ennemi tué
- [466] κάπηλος, ου : débitant de vin, cabaretier
==> combat comique, extrêmement rapide, et mettant aux prises des adversaires dissymétriques, - des gendarmes et des femmes : un peu comme Astérix attaquant tout un camp romain… Rappelle
- aussi, par le jeu des sonorités, la bataille de Frère Jean des Entommeures. Le déluge verbal accompagne la gestuelle. Les femmes l’emportent aussi par la maîtrise, et le respect du « droit de la guerre » (μὴ σκυλεύετε) //
- συνάπτω : s’engager dans une conversation avec quelqu’un (εἰς λόγους τινί)
- ἱματίδιον, ου : petit vêtement (cf. 401)
- κονία, ας : poussière, chaux, eau de chaux pour lessiver
- εἰκῇ (adverbe) : par hasard, à l’aventure
- κυλοιδιάω-ῶ : avoir les paupières gonflées (= avoir les yeux pochés)
- κάρφος, ους : brin de paille
- σφηκιά, ᾶς : nid de guêpes (allusion à la pièce Les Guêpes ?)
- βλίττω : presser un rayon de miel
- [475] kἀρεθίζω : crase pour καὶ ἐρεθίζω : provoquer au combat, exciter
Strophe du demi-chœur des vieillards : partie qui n’est pas à traduire ; (476-483) ; l’antistrophe, de l’autre demi-chœur des femmes, se trouve v. 541-547.
- [484] ἔλεγχος, ου : preuve ou argument pour réfuter
- ἀκωδώνιστος, ος, ον : non éprouvé
- κυκάω : remuer, brouiller, bouleverser
- κορκορυγή, ῆς : borborygme des intestins, bruit de combat, grabuge
- ταμιεύω : être intendant, gérer, administrer
- σχέτλιος, α, ον : funeste, terrible, effroyable
- ἀγανακτέω-ῶ : s’indigner, s’irriter
- ὦ τᾶν : mon bon, mon cher
- [506] κρώζω : croasser
- ἴσχω : tenir, retenir
- γρύζω : grogner, murmurer
- ὁ στήμων, μονος : chaîne de tisserand
- νέω, νήσω, ἔνησα : filer (attention, il y a plusieurs verbes νέω : cf. v. 269)
- ὀτοτυζω : se lamenter, se plaindre
- τλητός, ή, όν : adj. verbal de τλάω, supporter : supportable
- κατάρατος, ος, ον : maudit (injure)
- κάλυμμα, ματος :voile de femme, qui couvrait toute la figure, sauf les yeux, en retombant sur les épaules ; les femmes devaient le porter pour sortir de chez elles.
- [535] ὁ καλαθίσκος, ου : petite corbeille, petit panier de femme
- ξαίνω : carder, peigner, filer
- [536] ξυζωσάμενος < συζώννυμι : se ceindre
- κύαμος, ου : fève
- [537] τρώγω : manger, croquer, grignoter
Second demi-chœur : antistrophe des femmes (541-547) ; le chœur se comporte comme un véritable personnage collectif, qui intervient dans le dialogue.
- [548] τηθή, ῆς : grand-mère
- μητρίδιος, α, ον : chargé d’organes de reproduction, chargé de graines
- ἀκαλήφη, ης : ortie (plante piquante symbolisant la colère) ; image devenue fréquente au Vème siècle, mais renouvelée par Aristophane. L’ortie apparaît trois fois chez lui, dans les Guêpes (884), les Phéniciennes (fr. 560) et ici.
- τέγγομαι : couler, se répandre, mollir
- οὔριος, α, ον : poussé par un vent favorable ; οὔρια θεῖν, avoir une heureuse navigation
- ἵμερος, ου : désir passionné
- ὁ κόλπος, ου : sein
- μηρός, οῦ : cuisse
- ἐντέξω < ἐντίκτω : faire naître dans
- τέτανος, ου : tension ou rigidité d’un membre
- τὸ τερπνόν, οῦ : le plaisir
- ῥοπαλισμός, οῦ : érection
- [557] λάχανον, ου : légume
- ἀσπίδ’ ἔχων καὶ Γοργόνα : figure de l’hendiadyn : la Gorgone ornait le bouclier, il s’agit donc du même objet.
- ὠνέομαι-οῦμαι : acheter
- ὁ κορακίνος, ου : coracin, poisson de mer bon marché (traduire par « petite friture » ?)
- κομήτης, ου : chevelu
- χαλκοῦς, ῆ, οῦν : en airain
- πῖλον : casque (en feutre)
- ὁ λέκιθος, ου : purée de légumes
- ἡ πέλτη, ης : pelte, petit bouclier léger en osier
- ἀκόντιον, ου : petit javelot
- ἐδεδίττετο : imparfait de δεδίττομαι, effrayer
- ἰσχαδόπωλις, ιδος : marchande de figues sèches
- ἡ δρυπεπής, ής, ές : qui mûrit sur l’arbre (figues, olives…)
- [567] ὁ κλωστήρ, κλωστῆρος : fil qui se roule autour du fuseau, fuseau
- ὁ / ἡ ἄτρακτος, ου : fuseau
- ὑποφέρω : lever, déplacer, porter sens dessus dessous
- διαφέρω : porter en divers endroits
- τὸ ἔριον, ου : la laine
==> effet comique : les femmes utilisent une métaphore spécifiquement féminine, le filage de la laine ; mais le commissaire, obtus, prend l’image au pied de la lettre.
- ὁ πόκος, ου : toison non encore lavée, laine brute
- βαλανεῖον, ου : bain
- ἡ οἰσπώτη, ης : suint (graisse de la laine de brebis)
- [576] ἐκραβδίζω : chasser à coups de verges (hapax)
- ὁ τρίβολος, ου : poils durs de la laine brute
- πιλέω-ῶ : fouler de la laine
- [578] ἀποτίλλω : arracher les poils, épiler
- ξαίνω : carder, peigner
- τὸ καλαθίσκον : petite corbeille ==> reprise des vers 535-536 : les attributs méprisables des femmes sont devenus, par un renversement carnavalesque, les moyens du salut.
- ἄποικος, ος, ον : émigré, colon
- τὸ κάταγμα, ματος : pelote de fin qu’on dévide
- ἡ τολύπη, ης : pelote de laine
- [586] ἡ χλαῖνα, ης : tunique d’homme ou de femme, manteau
- ὑφῆναι : infinitif aoriste de ὑφαίνω : tisser, confectionner
- ῥαβδίζω : cf. v. 576, ἐκραβδίζω : chasser à coups de verges (hapax)
- παγκατάρατος, ου : tout à fait exécrable
- πλεῖν = adverbe : plus de, davantage ; πλεῖν ἢ τὸ διπλοῦν : plus du double
- [590] μνησικακέω-ῶ : garder du ressentiment, de la rancune
- εὐφρανθῆναι : infinitif aoriste passif de εὐφραίνω : réjouir, charmer (cf. v. 165)
- ἀπολαύω : jouir de
- μονοκοιτέω-ῶ : coucher seul(e)
- ἀνιάομαι-ῶμαι : s’affliger
- πολιός, ά, όν : gris, vieillissant
- ὀττεύομαι : prendre les augures, avoir de mauvais pressentiments
- [600] σορός, οῦ : urne funéraire, cercueil
- μελιτοῦττα, ης (s.e. μᾶζα) : galette de miel
- μάξω : futur de μάσσω, pétrir
- [607] ἀνάγεσθαι : gagner le large
- ἄντικρυς : directement, tout droit.
L’épisode se termine sur une dernière plaisanterie des femmes, la sortie piteuse du commissaire, et celle des femmes.
PREMIER STASIMON (614-705)
[614-625] : strophe. Partie chantée (qui n’est donc pas à traduire) ; « je flaire la tyrannie d’Hippias » : image assez paradoxale d’une tyrannie populaire, appuyée sur une partie du peuple, et qui fut combattue par l’aristocratie. Allusion au présent, menaces – oligarchiques, elles ! – soutenues par les Spartiates, et qui aboutissent en 411, peu après la pièce, à la tyrannie des Quatre-Cents ?
[626-635] : partie parlée, chœur des vieillards.
- νουθετέω-ῶ : avertir, réprimander
- διαλάττω : réconcilier
- κεχηνώς, ότος < χαίνω : avoir la gueule béante (cf. v. 426)
- ὕφηνα < ὑφαίνω : tisser, confectionner (586)
- κλας, datif κλαδί = κλάδος, ου, rameau, branche
- ἑξῆς : à la suite de, après
- πατάσσω : frapper (v. 362)
- ἡ γνάθος, ου : mâchoire
Caractère comique des vieillards, obtus, et prenant grotesquement des poses guerrières, en opposition avec leur état physique.
[636-647] : antistrophe, chœur des vieilles femmes. Elles s’adressent ici manifestement au public, après avoir déposé manteaux et masques (Ἀλλὰ θώμεσθ’,ὦ φίλαι γρᾶες, ταδὶ πρῶτον χαμαί.) = PARABASE. (mais cette parabase n’est pas en anapestes ! (deux brèves, une longue)
[648-657]
- τοὐράνου : attention ! crase pour ὁ ἔρανος, ου : cotisation, quote-part (et non τοῦ οὐρανοῦ, du ciel)
- δύστηνος, ος, ον : malheureux, lamentable
- γρυκτός, ός, όν : adjectif verbal de γρύζω, grogner (v. 509)
- ὁ ἄψηκτος, ος, ον : non tanné, non assoupli, dur
- κόθορνος, ου : cothurne ; chaussure orientale portée par les femmes, ou chaussure dont se servaient les acteurs tragiques pour se grandir.
[658-670] : épirrhème des vieillards ; 2ème partie de la parabase ; eux aussi ôtent leur costume de scène : ᾿Αλλὰ τὴν ἐξωμίδ’ ἐκδυώμεθα… (v. 662) ; l’exomide est une tunique courte portée par les hommes pauvres et les esclaves.
[671-681]
- λαβή, ῆς : prise, occasion
- λιπαρός, ά, όν : brillant, solide, luisant de graisse, fertile
- διαγράφω τοὺς ἱππέας : je biffe nos rôles de cavaliers (je raye des listes)
- ἔποχος, ος, ον : qui se tient solidement à cheval
- ἀπολισθαίνω, ἀπολισθήσω, ἀπώλισθον : glisser ou tomber de
- τὸ ξύλον : bois ; τετρημένος, η, ον < τίτράω-ῶ / τετραίνω : percer – τετρημένον ξύλον : bois percé, d’où carcan, entrave
- ἐγκαθαρμόττω : introduire en ajustant
- ὁ αὐχήν, ένος : cou, nuque
- Artémise était une reine de Carie qui combattit aux côtés de Xerxès en 480 ; quant à la célèbre fresque de Micon sur le Poecile, elle témoigne de l’importance de ce mythe chez les Athéniens… Il est assez comique que les vieillards fantasment les femmes en guerrières invincibles, au moment même où elles font tous leurs efforts pour rétablir la paix !
[682-695] : antépirrhème des vieilles femmes.
[696-705]
- ἐχθές : hier
- παιγνία, ας : fête
- ἡ ἔγχελυς, υος : anguille (v. 36)
- τὸ σκέλος, ους : jambe
- ἐκτραχηλίζω : rompre le cou
DEUXIEME EPISODE (706-780)
Il commence par un coup de théâtre : alors que Lysistrata s’était retirée sur un triomphe, après avoir fait battre en retraite les vieillards et les archers scythes, elle sort de la citadelle hors d’elle et désespérée ; c’est que les femmes se révèlent incapables de tenir leurs engagements de grève du sexe… On retrouve cette idée misogyne de la femme gouvernée par ses instincts, hystérique en somme…
- τὸ πρᾶγος, ους = τὸ πρᾶγμα, ματος ; vocabulaire tragique
- σκυθρωπός, ός, όν : qui a le regard sombre ; cf. σκυθρωπάζω, v. 7 (ce regard sombre semble un attribut de Lysistrata)
- θῆλυς, θήλεια, θῆλυ : féminin
- v. 719-710 : épizeuxe (figure de la répétition conjointe) dramatique et comique en même temps.
- βινητιάω-ῶ : avoir des désirs lascifs (nous avons le feu aux fesses)
- ᾖ βράχιστον τοῦ λόγου : m. à m. « que soit le plus court du discours » = bref !
- ἀϋτέω-ῶ : crier, invoquer en criant (mot homérique et tragique)
- διαδιδράσκω : s’enfuir de tout côté
- πρώην : (adv.) tout récemment
- ἡ ὀπή, ῆς : trou, ouverture
- τὸ αὐλίον, ου : caverne, grotte
- ἡ τροχιλεία, ας : treuil, poulie, cabestan
- κατειλυσπάομαι-ῶμαι : se glisser en bas
- αὐτομολέω-ῶ : passer dans le camp ennemi
- στρούθος, ου : moineau (rien n’est impossible chez Aristophane : dans La Paix, le héros se rendait chez les Dieux, transporté par un bousier !)
- κατασπάω-ῶ τινα τῶν τριχῶν : tirer en bas quelqu’un par les cheveux
- σέων : génitif pl. de ὁ σής, petit ver, larve
- [730] κατακόπτω : couper en morceau. ἕρια κατακοπτόμενα, laine mangée aux vers
- ἡ ἄμοργις, γιδος : lin fin ou de pourpre (de l’île d’Amorgos)
- ἀποδέρω : écorcher complètement
- ὅσιος : permis par la loi divine [s’oppose à ἰερός, ά, όν : dans les endroits sacrés, comme l’Acropole, ou l’île de Délos, il n’était possible ni de naître, ni de mourir ]
- ληρέω-ῶ : dire des sottises
- κύω : être enceinte
- ἡ μαῖα, ας : la sage-femme
- σκληρός, ά, όν : dur
- τὸ κοῖλον : objet creux ==> effet comique : la femme qui prétend respecter les interdits religieux commet justement un sacrilège, en volant le casque d’Athéna ! En réalité, on ne pouvait l’enlever : on est ici dans la fantaisie (d’où l’absence de réactions indignées)…
- ἡ περιστερά, ᾶς : colombe, pigeon
- τὰ ἀμφιδρόμια : les amphidromies : on promenait le nouveau-né chez les voisins et autour de la maison ; équivalent de notre baptême.
- ὁ ὄφις, εως : serpent ; être légendaire auquel personne ne croyait plus. V-H Debidour traduit joliment par « la Tarasque ».
- οἰκουρός, ός, όν : qui garde la maison
- κικκαβάζω : crier comme le chat-huant (κικκαβαῦ, onomatopée) ; faire hou-hou ; les chouettes logeaient en grand nombre dans l’Acropole, au point d’être passées en proverbe.
- τὸ τεράτευμα, ματος : duperie
- ἀργάλεος, α, ον : difficile, pénible, cruel
- προσταλαιπωρέω-ῶ : continuer de souffrir
- ὁ χρησμός, οῦ : l’oracle
- πτήττω : se blottir de crainte
- ὁ ἔποψ, οπος : huppe
- [771] φάλης, ητος : le phallus
- τὰ νέρτερα : ce qui est dessous
- ἐπάνω : au-dessus
- πτέρυξ, υγος : aile
- καταπύγων, ων, ον : infâme débauché
Lysistrata, en bon chef d’armée, a rétabli la situation, en utilisant la crédulité des femmes – mais les « vrais » généraux n’hésitaient pas non plus à recourir aux oracles ! – ainsi que leur désir.
2ème stasimon (781-828)
Les deux chœurs, des vieilles femmes et des vieillard, restent face à face : petites histoires parallèles, gestes obscènes, menaces de coups…
Troisième épisode (829-1042)
Long et décisif épisode en plusieurs scènes : les femmes vont affronter les hommes mûrs, et non plus seulement des vieillards ou des gendarmes.
Première partie : la mésaventure de Cinésias (829-979).
Lysistrata, Myrrhine, sur l’Acropole, Cinésias, plus bas (829-864).
- παραπεπληγμένος, η, ον < παραπλήσσω : frappé de démence
- τὸ ὄργιον, ου : cérémonie ou mystère (de Déméter, de Bacchus…) ; transports de l’amour
- μεδέων, ουσα, ον < μεδέω : protéger
- [839] ὀπτάω-ῶ : faire rôtir, faire griller
- ἐξηπεροπεύω : tromper (hapax)
- συσταθεύω : aider à mettre au feu (hapax)
Entrée de Cinésias [845]
- ὁ σπασμός, οῦ : spasme, convulsion
- ὁ τροχός, οῦ : roue (instrument de supplice)
- στρεβλόομαι-οῦμαι : être tordu
- οὑντός : crase pour ὁ ἐντός [ἑστώς] : celui qui se tient en arrière de
- ἐκποδών : au loin
- ἡμεροσκόπος, ου : sentinelle de jour
- [856] τὸ ᾠόν, οῦ : œuf
- τὸ μῆλον, ου : pomme ou coing ; cf. v. 155.
- ὁ λῆρος, ου : radotage, sottise
Entrée de Myrrhine [870]
- ἐπιτρίβω : user, épuiser de souffrance
- [881] ἄλουτος, ος, ον : sale, non lavé
- ἄθηλος, ος, ον : non allaité
- ἀγανός, ή, όν : aimable, doux
- βρενθύομαι : faire le fier, se fâcher
- ὁ πόθος, ου : le désir
- [896] ἡ κρόκη, ης : trame, fil de trame
- ὁ / ἡ ἀλεκτρύων, ονος : coq, poule
- ἀπομώμοκα : parfait de ἀπόμνυμι, jurer que non, jurer de ne pas…
- [912] ἁγνός, ή, όν : pur, exempt de souillure
- τὸ κλινίδιον, ου : petit lit, couchette
- ἁνυσας < ἀνύω : accomplir, achever, réussir. cf. v. 438
- ἡ ψίαθος, ου : natte de jonc
- ὁ τόνος, ου : ligament, sangle de lit
- τὸ προσκεφάλαιον, ου : oreiller
- [928] ξενίζομαι : accueillir en hôte
- τὸ στρόφιον, ου : soutien-gorge (bandelette de cuir que l’on se plaçait sous les seins)
- ἡ σισύρα, ας : peau avec sa fourrure, servant de couverture
- βινέω-ῶ : faire l’amour
- τὸ στρῶμα, ματος : couverture, tapis
- ἐπαίρω : relever
- μυρίζω : parfumer
- [940] ἐκχυθείη : optatif aoriste passif de ἐκχέω, verser, répandre
- ἀλείφω : graisser, oindre, enduire
- διατριπτικός, ός, όν : qui use par le frottement / qui retarde ; double sens, et allusion à la défection de Rhodes.
- ὄζον : participe présent neutre de ὄζω, sentir, exhaler
- ἑψήσας : participe aoriste de ἐψέω = ἔψω : faire bouillir, distiller
- ὁ ἀλάβαστος, ου = ἀλάβαστρος : vase à parfum, albâtre
- [948] ᾦζυρα : crase pour ὦ οἰζυρά : lamentable, pénible
- ὑπολύομαι : se déchausser
Une scène très drôle, fondée sur le comique de répétition (Myrrhine sort chaque fois que Cinésias veut la saisir), et un badinage amoureux annonçant Marivaux – en plus obscène. Les femmes, présentées comme soumises à leurs instincts dans l’épisode précédent sont ici maîtresses du jeu, et d’elles-mêmes.
Cinésias, seul avec le chœur des vieillards (952-979)
- παιδοτροφέω-ῶ : nourrir un ou des enfant(s)
- Κυναλώπηξ, ηκος : Chien-Renard, nom d’un tenancier de maison close
- μισθόω-ῶ : louer (sens actif ou passif)
- ἡ τίτθη (cf. τιτθός, οῦ, bout de sein, v. 83) : nourrice
- τείρομαι :être usé
- ὁ νέφρος, ου : rein
- ἀντίσχω : < ἀντέχω : résister
- ἡ ὀσφύς, υος : hanche, flanc
- ὁ ὄρρος, ου : sacrum (extrémité de la colonne vertébrale), croupe
- ὁ ὄρθρος : le point du jour
- παμμυσάρος, α, ον : tout à fait scélérat
- ὁ θωμός, οῦ : tas (de blé ou de paille)
- ὁ πρηστήρ, ῆρος : ouragan avec production d’éclairs
- τυφώς, ῶ (datif τυφῳ) = τυφῶν, ῶνος, tourbillon, ouragan
- συγγογυλίζω : mettre en boule
- οἴχομαι : aller, venir
- ἡ ψωλή, ῆς : gland de la verge (cf. v. 143)
Déploration comique, qui est aussi une parodie de tragique : cris et gémissements, malédictions souhaitant l’anéantissement total de l’ennemi – avec usage de l’hyperbole… Mais en même temps, passage porteur d’espoir : alors que les vieillards ressassent leur misogynie, Cinésias, lui, continue d’affirmer son amour pour Myrrhine, promesse de réconciliation et de retour à l’ordre.
Deuxième partie : négociations de paix
le héraut spartiate et le prytane athénien ((980-1013)
L’on retrouve ici le dialecte laconien de la belle Lampito, parlé ici par un héraut.
- τᾶν Ἀσανᾶν = τῶν Ἀθηναίων
- γερωχία, ας = γερουσία, ας, nom de l’assemblée spartiate
- λῶ, λῇς, λῇ : formes laconiennes = désirer vivement, vouloir
- Κονίσαλος : divinité obscène, comme Priape
- κυρσάνιος, ου : jeune homme (mot laconien)
- μάλη, ης : aisselle. N’existe que dans l’expression ὑπὸ μαλῆς, sous l’aisselle
- βουβωνιάω-ῶ : avoir une tumeur dans l’aine
- ἀλεός, ός, όν : insensé
- πλαδδιάω-ῶ : radoter (mot laconien), cf. v. 171
- σκυτάλη : scytale, bâton utilisé par les spartiates, sur lequel on enroulait une lanière de cuir portant un message ; le destinataire devait avoir un bâton de même diamètre pour pouvoir le lire
- [995) ὀρσός = ὀρθός
- πᾶά = πᾶν ?
- πελλά, ῆς : vase à traire le lait. Le spartiate désigne ainsi les femmes !…
- ὑσπλαγίς, ίδος : forme laconienne pour ὕσπληγξ, πληγγος : barrière fermant la carrière avant le départ des coureurs
- ἀπηλαἁν < ἀπελαύνω : chasser
- ὑσσάκων : g. pl. de ὕσσακος, ου, non attesté : sexe de la femme. Pour l’anecdote : Bailly ne traduit pas, mais renvoie vers l’euphémisme αἰδοῖον γυναικων !
- μογίομες = μογέομεν-οῦμεν < μογέω-ῶ : souffrir
- [1003] λυχνοφορέω : porter une lampe
- ὑποκέκυφα < ὑποκύπτω : se courber un peu
- ποτάδμαι < ποτάομαι-ῶμαι : voler, s’envoler.
Réconciliation des deux chœurs (1014-1042)
- πόρδαλις, ιδος = πάρδαλις, εως : panthère, léopard
- δύσκολος, ος, ον : d’humeur difficile, désagréable
- ἡ ἐμπίς, ίδος : cousin (gros moustique)
- ὤνησα : parfait de ὀνίνημι, rendre service, être utile
- φρεωρυχέω : creuser un puits
- ἀποψήσω :futur de ἀποψάω-ῶ, essuyer
- μὴ ὤρας ἴκοισθε : cf. v. 391, μὴ ὥρασι, qu’il aille au diable !
- θωπικός,ή, όν = θωπευτικός, ή, όν : propre à flatter
- πανώλεθρος, α, ον : tout à fait infâme, digne de périr
- συσταλείς : participe aoriste passif de συστέλλω : rassembler
3ème stasimon (v.1043-1071)
Les deux chœurs sont enfin réunis ; ce stasimon comprend deux strophes (ode, antode) mais pas de partie parlée (épirrhème).
Exodos : évacuation de l’Acropole (1216-1278).
- φορτικός, ή, όν : grossier, vulgaire ; φορτικὸν τὸ χωρίον : le lieu commun est grossier.
- ταλαιπωρέω-ῶ : être malheureux, souffrir
- κωκύω : se lamenter, pleurer sur
- εὐωχημένος, η,ον <εὐωχέω-ῶ : traiter magnifiquement
- νήφω : être sobre
- ὑπονοέω-ῶ : supposer, soupçonner
- ἐπιορκέω : faire un faux serment
- [1240] μαστιγίας, ου : gibier de fouet, fripon
- τὸ φυἁτήριον, ου : = φυσατήριον = φυσητήριον, ου : sorte de flûte. (le ἁ au milieu d’un mot évoque la prononciation dorienne : le /s/ est avalé et devient une sorte d’aspiration)
- διποδιάζω : danser la dipodie
- ἡ φυσαλλίς, ίδος : sorte de flûte
Retour à l’ordre :
- le double chœur, réconcilié, est à présent chassé sans ménagement, avec force insultes et menaces : scène comique d’un prytane qui a bien du mal à se faire obéir, et qui d’ailleurs est ivre.
- Chacun retrouve sa chacune : une fois achevée sa mission, Lysistrata rentre chez elle, disparaît. Le pouvoir politique reste aux mains des hommes, que la leçon aura, peut-être ! rendus plus sages.
- Tout se termine dans les chants et les danses.