Sombre dimanche est une belle découverte.
3ème roman d’une jeune femme de 26 ans, il met en scène trois générations de Hongrois, coincés dans une petite maison au milieu des rails, à la gare de Budapest.
Imre Mandy, le grand-père, alcoolique et violent, anti-stalinien obsessionnel, a eu la jambe brisée lors de la Révolution de 1956 ; sa femme, Sara, mère d’un petit garçon à la suite d’un viol, se suicide à 35 ans d’une manière aussi grotesque qu’atroce, en s’étouffant avec un poireau.
Pal, le « petit Russe », vivra sa vie de mal-aimé auprès de son épouse, qui elle-même mourra écrasée par un train.
Imre, le petit-fils et narrateur, tentera en vain d’échapper à son destin, comme Agi, sa grande soeur ; mais celle-ci reviendra s’enfermer dans la petite maison après un avortement qui a mal tourné. Et Imre, adolescent mal intégré, puis jeune adulte raté, ne connaît que l’échec : la femme aimée, l’Allemande Kerstin, finira par le quitter, emmenant avec elle leur petite fille…
Au travers de ces personnages, immobiles et résignés, défilent trente années de l’histoire de la Hongrie. De la révolution manquée de 1956 à la chute du communisme en 1989, jamais le pays ne semble vraiment choisir son destin ; il subit, comme les Mandy, toujours plus pauvre et plus désespéré…
C’est un beau livre, mélancolique et poétique, teinté parfois d’un humour grinçant ; et nous découvrons de l’intérieur cette Europe centrale meurtrie, que nous connaissons si peu…