Le symbolisme (1857-1897)

Jean Moréas (1910)
domaine public

Origine du symbolisme

Le symbolisme est un mouvement poétique, né en réaction au réalisme, et surtout au naturalisme de Zola et des Frères Goncourt. Il prend sa source chez Baudelaire, en particulier dans le poème des Fleurs du mal intitulé ‘Correspondances » :

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

La traduction par Baudelaire des œuvres d’Edgar Allan Poe sera également décisive pour l’essor du mouvement.

George-Albert Aurier donne une définition du symbolisme dans un Mercure de France de 1891 :

« L’œuvre d’art devra être premièrement idéaliste, puisque son idéal unique sera l’expression de l’idée, deuxièmement symboliste puisqu’elle exprimera cette idée en forme, troisièmement synthétique puisqu’elle écrira ses formes, ses signes selon un mode de compréhension général, quatrièmement subjective puisque l’objet n’y sera jamais considéré en tant qu’objet mais en tant que signe perçu par le sujet, cinquièmement l’œuvre d’art devra être décorative. »

Le symbolisme s’inspire donc de certains aspects du Romantisme, mais surtout de Baudelaire, de Wagner, et aussi de Rimbaud. Verlaine sera un temps considéré comme un chef de file, notamment pour sa poétique :

« Car nous voulons la Nuance encore,
Pas la Couleur, rien que la nuance !
Oh ! la nuance seule fiance
Le rêve au rêve et la flûte au cor ! »

Le symbolisme naît en réaction au positivisme et au scientisme, qui triomphent dans la France de la Troisième République, et semble contraire à tout esprit poétique. Plus qu’un mouvement structuré, c’est la rencontre de plusieurs individualités, poètes, mais aussi peintres ou musiciens.

Le Roman symboliste

À rebours de Joris Karl Huysmans (1884) met en scène un héros extrêmement raffiné, et reclus ; il inspirera Oscar Wilde, notamment pour son Portrait de Dorian Gray.

Barbey d’Aurévilly est aussi considéré comme un romancier symboliste, comme Gabriele d’Annunzio à ses débuts.

Musiciens symbolistes

Si le grand inspirateur est Richard Wagner, le plus grand musicien symboliste est Claude Debussy. Il s’inspire dans ses œuvres de poètes symbolistes : Cinq poèmes de Baudelaire, Prélude à l’après-midi d’un faune (inspiré par Mallarmé)…

Théâtre symboliste

Le point de départ est probablement le Faust de Goethe. À cette influence s’ajoute celle des dramaturges scandinaves, tels que Strindberg et Ibsen.

Les scènes symbolistes sont assez réduites : le théâtre d’Art (1890-1892) de Paul Fort et le théâtre de l’Œuvre (1893-1897) de Lugné-Poë.

Les symbolistes s’inscrivent en faux contre l’hypertrophie du spectaculaire et du dramatique, issu du théâtre romantique. La représentation devait avoir lieu dans un silence total, quasi religieux.

L’auteur le plus représentatif est Maurice Maeterlinck, mais l’on peut citer aussi Henri de Reignier. Tête d’or, de Claudel, fait aussi partie de ce mouvement.

Peinture symboliste

Gustave Moreau (1826-1898) est sans doute le plus connu et le plus représentatif de ce mouvement.