Virgile, Énéide, chant XI

Virgile écrivant l’Énéide entre Clio et Melpomène, mosaïque du Musée national du Bardo, Tunis

Tarchon exhorte les combattants Étrusques (v. 729-740)

Ergo inter caedes cedentiaque agmina Tarchon

730 fertur equo uariisque instigat uocibus alas,

nomine quemque uocans, reficitque in proelia pulsos.

« Quis metus, O numquam dolituri, O semper inertes

Tyrrheni, quae tanta animis ignauia uenit ?

Femina palantis agit atque haec agmina uertit !

735 Quo ferrum quidue haec gerimus tela inrita dextris ?

At non in Venerem segnes nocturnaque bella

aut ubi curua choros indixit tibia Bacchi,

exspectate dapes et plenae pocula mensae,

hic amor, hoc studium, dum sacra secundus haruspex

740 nuntiet ac lucos uocet hostia pinguis in altos!’

Donc, au milieu du massacre et de ses bataillons qui se débandent, Tarchon se transporte et il stimule ses ailes par des mots de toutes sortes, appelant chacun par son nom, et il ramène au combat les soldats en fuite. « Quelle peur, Étrusques jamais prêts à souffrir, toujours indolents, quelle grande lâcheté est entrée dans vos âmes ? Une femme vous met en déroute et disperse vos colonnes ! Pourquoi ce fer, et pourquoi ces traits inutiles dans vos mains ? Mais pour les combats de Vénus et ses signes nocturnes, ou lorsque la trompette courbe de Bacchus vous invite aux danses, vous vous n’attendez pas les festins et les coupes d’une table pleine ! Voilà l’amour, voilà la passion, pourvu que l’haruspice favorable annonce le sacrifice et que vous appelle au fond des bois sacrés une grasse victime ! »