Le monde romain à l’apogée de l’empire (Ier-IIème siècles)

Durant les trois premiers siècles de l’ère chrétienne se mit en place un Empire d’une dimension et d’une intégration totalement inédites, sous la direction d’une seule capitale, Rome ; à cette époque, on peut vraiment parler d’un monde globalisé, unifié par les échanges commerciaux, par mer et par terre – un immense réseau routier fut construit –, par l’architecture et l’urbanisation, par l’art, la culture, l’administration, la monnaie et la langue, ou plutôt les langues : l’empire fut bilingue, à la fois latinophone et hellénophone.

Rome en 20 av. J-C – Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Rome en 70 ap. J-C – cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Trois dynasties vont successivement occuper le pouvoir, et l’incarner durant trois siècles :

  1. Les Julio-Claudiens, héritiers du premier Princeps, Auguste (27 av. J-C – 68 ap. J-C)
  2. Les Flaviens (69-96 ap. J-C)
  3. Les Antonins (98-192 ap. J-C)

Une quatrième dynastie, celle des Sévères, marque un changement profond dans les institutions, et le début des crises du IIIème siècle ; elle appartient au moment de basculement entre le Haut et le Bas-Empire.

Un empire aux dimensions inédites

Les deux cartes ci-dessus montrent ce que fut l’Empire romain dans sa plus grande extension : durant ces deux siècles, les conquêtes seront marginales, et l’on assistera surtout à la consolidation des frontières. La Méditerranée, « mare nostrum », était devenue une gigantesque mer intérieures ; du Nord de l’Angleterre aux confins du désert, de l’Atlantique à la Mer Noire et à la Caspienne, du Danube au Nil, l’Empire romain occupait un espace immense et d’une extraordinaire diversité de climats, de populations et de cultures. Rome occupait 60 millions d’habitants à la mort d’Auguste, en 14 ap. J-C, et 75 millions d’habitants un siècle et demi plus tard, soit un quart de la population mondiale. Quant à la capitale, elle fut la première cité à atteindre le million d’habitants.

Un monde globalisé

La présence de l’armée romaine

Pour garantir la sécurité et la cohésion d’un pareil ensemble, pas moins de trente légions étaient stationnées aux frontières de l’empire – soit environ 180 000 hommes, auxquelles il faut ajouter les auxiliaires, et la marine : au total, un demi-million d’hommes défendaient le territoire, mais aussi apportaient avec eux une part de romanité.

Des facteurs d’unification

La citoyenneté romaine

Même avant 212, année où l’empereur Caracalla accorda la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire, Rome fut plutôt généreuse dans ce domaine. Certes, les hommes de l’Empire, Égyptiens, Syriens, Gaulois etc. conservaient leur langue, leurs coutumes, souvent leur religion ; mais ils appartenaient tous à la Romanité, et à ce titre, tendaient à copier, et à adopter progressivement les modes de vie et de pensée des Romains. Ainsi, de nombreux cultes étrangers furent admis à Rome, mais inversement les dieux romains se répandirent dans l’ensemble du territoire.

L’administration

Les provinces romaines étaient gérées par des administrateurs Romains, propréteurs ou proconsuls. Ce fut un facteur de romanisation, et notamment de l’expansion de la langue latine.

Les échanges commerciaux et culturels

L’extinction de la piraterie à la fin de la République, et les énormes besoins en marchandises de toutes sortes de la métropole romaine suscitèrent une explosion des échanges commerciaux, tant par voie maritime que terrestre : les ports se développent, comme les routes commerciales ; et l’on sait que l’Empire sut se doter d’un extraordinaire réseau routier. On peut dire que le monde des deux premiers siècles de notre ère était interconnecté.

Ancienne voie romaine près d’Alep, entre Antioche et Chalcis

Cette prospérité était en outre favorisée par ce que l’on a appelé « l’optimum climatique romain » (OCR), une longue période de climat chaud, humide, propice à d’excellentes récoltes – en particulier du blé.

L’urbanisation

Les Romains furent d’exceptionnels bâtisseurs ; d’un bout de l’empire à l’autre, ils construisirent des bâtiments à peu près similaires : temples, théâtres, amphithéâtres, basiliques (des bâtiments commerciaux), aqueducs pour les fournitures en eau, thermes et forum… ce qui contribua à introduire dans l’ensemble du territoire un mode de vie commun.

Par ailleurs, le  plan des villes nouvelles obéissait à un plan immuable : deux avenues perpendiculaires, le cardo et le decumanus, et un forum au centre, où elles se croisaient. S’y greffait un plan en damier,  avec des rues orthogonales délimitant des insulae, « îlots », ou pâtés de maisons.