Platon, Les Lois

Gymnases et écoles pour tous, même pour les filles !

Τὸ δ’ ἑξῆς τούτοις, οἰκοδομίαι μὲν εἴρηνται γυμνασίων ἅμα καὶ διδασκαλείων κοινῶν τριχῇ κατὰ μέσην τὴν πόλιν, ἔξωθεν δὲ ἵππων αὖ τριχῇ περὶ τὸ ἄστυ γυμνάσιά τε καὶ εὐρυχώρια, τοξικῆς τε καὶ τῶν ἄλλων ἀκροβολισμῶν ἕνεκα διακεκοσμημένα, μαθήσεώς τε ἅμα καὶ μελέτης τῶν νέων· εἰ δ’ ἄρα μὴ τότε ἱκανῶς ἐρρήθησαν, νῦν εἰρήσθω τῷ λόγῳ μετὰ νόμων. ἐν δὲ τούτοις πᾶσιν διδασκάλους ἑκάστων πεπεισμένους (804d) μισθοῖς οἰκοῦντας ξένους διδάσκειν τε πάντα ὅσα πρὸς τὸν πόλεμόν ἐστιν μαθήματα τοὺς φοιτῶντας ὅσα τε πρὸς μουσικήν, οὐχ ὃν μὲν ἂν ὁ πατὴρ βούληται, φοιτῶντα, ὃν δ’ ἂν μή, ἐῶντα τὰς παιδείας, ἀλλὰ τὸ λεγόμενον πάντ’ ἄνδρα καὶ παῖδα κατὰ τὸ δυνατόν, ὡς τῆς πόλεως μᾶλλον ἢ τῶν γεννητόρων ὄντας, παιδευτέον ἐξ ἀνάγκης. τὰ αὐτὰ δὲ δὴ καὶ περὶ θηλειῶν ὁ μὲν ἐμὸς νόμος ἂν εἴποι πάντα ὅσαπερ (804e) καὶ περὶ τῶν ἀρρένων, ἴσα καὶ τὰς θηλείας ἀσκεῖν δεῖν· καὶ οὐδὲν φοβηθεὶς εἴποιμ’ ἂν τοῦτον τὸν λόγον οὔτε ἱππικῆς οὔτε γυμναστικῆς, ὡς ἀνδράσι μὲν πρέπον ἂν εἴη, γυναιξὶ δὲ οὐκ ἂν πρέπον. ἀκούων μὲν γὰρ δὴ μύθους παλαιοὺς πέπεισμαι, τὰ δὲ νῦν ὡς ἔπος εἰπεῖν οἶδα ὅτι μυριάδες ἀναρίθμητοι γυναικῶν εἰσι τῶν περὶ τὸν Πόντον, [7,805] ἃς Σαυρομάτιδας (805a) καλοῦσιν, αἷς οὐχ ἵππων μόνον ἀλλὰ καὶ τόξων καὶ τῶν ἄλλων ὅπλων κοινωνία καὶ τοῖς ἀνδράσιν ἴση προστεταγμένη ἴσως ἀσκεῖται. λογισμὸν δὲ πρὸς τούτοις περὶ τούτων τοιόνδε τινὰ ἔχω· φημί, εἴπερ ταῦτα οὕτω συμβαίνειν ἐστὶν δυνατά, πάντων ἀνοητότατα τὰ νῦν ἐν τοῖς παρ’ ἡμῖν τόποις γίγνεσθαι τὸ μὴ πάσῃ ῥώμῃ πάντας ὁμοθυμαδὸν ἐπιτηδεύειν ἄνδρας γυναιξὶν ταὐτά. σχεδὸν γὰρ ὀλίγου πᾶσα ἡμίσεια πόλις ἀντὶ διπλασίας οὕτως ἔστιν τε καὶ γίγνεται ἐκ τῶν (805b) αὐτῶν τελῶν καὶ πόνων· καίτοι θαυμαστὸν ἂν ἁμάρτημα νομοθέτῃ τοῦτ’ αὐτὸ γίγνοιτο.

Lignes 1-10 :

  • ἑξῆς : à la suite
  • οἰκοδομία : construction d’un édifice
  • εἴρηνται : parfait passif de λέγω. ἐρρήθησαν est l’aoriste passif de ce même verbe, et εἰρήσθω l’impératif parfait passif, 3ème pers. sing.
  • τριχῇ : en trois endroits
  • τὰ εὐρυχώρια : l’esplanade
  • ἡ τοξική, ῆς : le tir à l’arc
  • ἀκροβολισμόν, οῦ : les jets, les lancers (javelot, poids, disque…)
  • μελέτη, ης : exercice, entraînement
  • φοιτάω-ῶ : fréquenter
  • τὸ λεγόμενον : comme on dit
  • κατὰ τὸ δυνατόν : dans la mesure du possible

En poursuivant ce discours, ont été mentionnées les constructions de gymnases et d’écoles publiques en trois endroits au milieu de la cité, et en dehors, également en trois endroits, des manèges de chevaux et des esplanades, aménagées pour le tir à l’arc et les autres lancers, pour l’apprentissage et l’entraînement des jeunes gens ; si alors je ne l’ai pas assez expliqué, à présent que cela soit dit avec des lois. Dans tous ces lieux, que des maîtres de chaque discipline, convaincus par un salaire s’ils résident comme étrangers, enseignent toutes les connaissances qui ont trait à la guerre et à la musique à ceux qui fréquentent l’école ; et ne fréquente pas l’école celui que son père veut bien y envoyer, tandis que celui dont le père ne veut pas négligerait son éducation ; mais, comme on dit, tout homme et tout enfant, dans la mesure du possible, doit être nécessairement éduqué, en tant qu’il appartient davantage à l’État qu’à ses parents.

Lignes 10 (Τὰ αὐτὰ…) 21 (ταὐτά).

  • Θηλεία, ας : femme, élément féminin
  • ἀσκεῖν : s’exercer à, pratiquer
  • ἴσα καὶ τὰς θηλείας ἀσκεῖν δεῖν développe τὰ αὐτὰ… εἴποι
  • μύθους παλαιούς : allusion à la légende des Amazones, femmes guerrières.
  • ἀναρίθμητος, ου : innombrable
  • Σαυρομάτις, ιδος : Sarmate
  • Κοινωνία, ας : fait d’avoir en commun
  • Πρὸς τούτοις : en outre
  • Συμβαίνειν : se produire
  • Πάσῃ ῥώμῃ : de toute sa force
  • ὁμοθυμαδόν : unanimement
  • ἐπιτηδεύειν : pratiquer

Ma loi dirait au sujet des femmes exactement la même chose qu’au sujet des hommes, qu’il faut que les femmes pratiquent les mêmes exercices ; et sans aucune crainte, je tiendrais ce discours, que ni l’équitation ni la gymnastique, dans la mesure où elles conviennent aux hommes, ne sont inconvenantes pour les femmes. J’en suis convaincu en entendant d’antiques légendes, et pour le présent je sais, pour ainsi dire, qu’il y a des foules innombrables de femmes vers le Pont, que l’on nomme Sarmates, qui s’étant vu ordonner la pratique commune non seulement des chevaux, mais aussi des arcs et des autres armes, s’y entraînent également. En outre, à ce sujet, je tiens un raisonnement de ce genre : j’affirme, si cette réforme peut avoir lieu, que c’est actuellement dans nos contrées la chose la plus absurde de toutes, que tous les hommes ne pratiquent pas de toute leur force, unanimement, les mêmes exercices que les femmes.

Ligne 21 à 23 :

En effet, la cité toute entière est ainsi et devient la moitié de ce qu’elle serait si tous avaient les mêmes charges et les mêmes peines ; or cela même serait une faute épouvantable du législateur.