Aux Enfers, un mort cherche à s’échapper, et refuse d’embarquer avec Charon : c’est un tyran, Mégapenthès…
Le Tyran et le savetier
Ὁ μέν γε τύραννος εὐδαίμων εἶναι δοκῶν παρὰ τὸν βίον, φοβερὸς ἅπασι καὶ περίβλεπτος, ἀπολιπὼν χρυσὸν τοσοῦτον καὶ ἀργύριον καὶ ἐσθῆτα καὶ ἵππους καὶ δεῖπνα καὶ παῖδας ὡραίους καὶ γυναῖκας εὐμόρφους εἰκότως ἠνιᾶτο καὶ ἀποσπώμενος αὐτῶν ἤχθετο. Οὐ γὰρ οἶδ’ ὅπως καθάπερ ἰξῷ τινι προσέχεται τοῖς τοιούτοις ἡ ψυχὴ καὶ οὐκ ἐθέλει ἀπαλλάττεσθαι ῥᾳδίως ἅτε αὐτοῖς πάλαι προστετηκυῖα· μᾶλλον δὲ ὥσπερ ἀρρηκτός τις οὗτος ὁ δεσμός ἐστιν, ᾧ δεδέσθαι συμβέβηκεν αὐτούς. Ἐγὼ δὲ ἅτε μηδὲν ἔχων ἐνέχυρον ἐν τῷ βίῳ, οὐκ ἀγρόν, οὐ συνοικίαν, οὐ χρυσόν, οὐ σκεῦος, οὐ δόξαν, οὐκ εἰκόνας, εἰκότως εὔζωνος ἦν· κἀπειδὴ μόνον ἡ Ἄτροπος ἔνευσέ μοι, ἄσμενος ἀπορρίψας τὴν σμίλην καὶ τὸ κάττυμα – κρηπῖδα γάρ τινα ἐν ταῖν χεροῖν εἶχον – ἀναπηδήσας εὐθὺς ἀνυπόδετος οὐδὲ τὴν μελαντηρίαν ἀπονιψάμενος εἰπόμην, μᾶλλον δὲ ἡγούμην, ἐς τὸ πρόσω ὁρῶν· οὐδὲν γάρ με τῶν κατόπιν ἐπέστρεφεν καὶ μετεκάλει.
Καὶ νὴ Δί’ ἤδη καλὰ τὰ παρ’ ὑμῖν πάντα ὁρῶ· τό τε γὰρ ἰσοτομίαν ἅπασιν εἶναι καὶ μηδένα τοῦ πλησίον διαφέρειν, ὑπερήδιστον ἐμοὶ γοῦν δοκεῖ. Τεκμαίρομαι δὲ μηδ’ ἀπαιτεῖσθαι τὰ χρέα τοὺς ὀφείλοντας ἐνταῦθα μηδὲ φόρους ὑποτελεῖν, τὸ δὲ μέγιστον, μηδὲ ῥιγοῦν τοῦ χειμῶνος μηδὲ νοσεῖν μηδ’ ὑπὸ τῶν δυνατωτέρων ῥαπίζεσθαι. Εἰρήνη δὲ πᾶσα καὶ πράγματα ἐς τὸ ἔμπαλιν ἀνεστραμμένα· ἡμεῖς μὲν γὰρ οἱ πένητες γελῶμεν, ἀνιῶνται δὲ καὶ οἰμώζουσιν οἱ πλούσιοι.
Lucien, La Traversée des Enfers ou le Tyran
Traduction
Le tyran qui semblait être heureux durant sa vie, craint et admiré de tous, ayant abandonné tant d’or, d’argent, et vêtements, chevaux, festins, enfants charmants et belles femmes, tout naturellement s’affligeait et supportait mal cet arrachement. En effet je ne sais comment, l’âme s’attache à de tels bien comme avec de la glu et n’accepte pas facilement d’en être délivrée, comme si elle était fondue en eux depuis longtemps. Ou plutôt, c’est comme par un lien incassable qu’il arrive à ces gens d’être attachés.
Mais moi, n’ayant aucun intérêt dans cette vie, ni champ, ni immeuble, ni or, ni biens mobiliers, ni réputation, ni statues, tout naturellement, j’étais prêt à partir ; et dès qu’Atropos m’a fait signe, j’ai volontiers jeté mon tranchet et mon cuir – j’avais en effet une chaussure dans les mains – j’ai bondi aussitôt, nu-pieds, sans même essuyer mon cirage noir, et je la suivais, ou plutôt je la conduisais, regardant devant moi : rien en effet ne me fit retourner ni me rappela.
Et par Zeus, je vois que tout est beau chez vous. Qu’en effet, l’égalité de condition existe pour tous et personne ne l’emporte sur un autre par la richesse, cela me semble super-agréable. Je conjecture qu’ici l’on ne réclame pas leurs dettes aux débiteurs, que l’on ne paye pas d’impôts, et surtout que l’on n’a pas froid l’hiver, que l’on n’est pas malade, et que l’on n’est pas battu par les plus puissants. Tout est paix, et les affaires sont mises sens dessus dessous : en effet, nous, les pauvres, nous rions, et les riches s’affligent et se lamentent.