Biographie ; l’œuvre ; bibliographie | Livre I | Livre II |
Livre III | Livre IV | Livre V, Les origines des guerres médiques |
Livre VI, Marathon | Livre VII, les Thermopyles | Le dialecte ionien, la langue d’Hérodote |
Biographie
La Biographie d’Hérodote nous est mal connue, par la Souda (notices de l’époque byzantine, issues de biographies aujourd’hui perdues, et publiées par Adler vers 1930 sous le nom de Suidas).
Il naît à Halicarnasse, en Carie, au début du Vème siècle, d’une famille distinguée, peut-être liée aux Cariens : il a vu vivre, à côté des Grecs parlant dorien, cette population indigène, anatolienne, qui parle grec tout en conservant parfois son dialecte. Son père s’appelait Lyxès, ce qui est de consonance carienne, mais le nom d’Hérodote est, lui, parfaitement grec. Hérodote a donc pu avoir une connaissance directe de l’organisation de l’Empire Perse, et il voua sa vie à l’examen des rapports gréco-perses.
Il se forme, comme tout jeune Grec, par la lecture d’Homère et des logographes (Hécatée de Milet).
Le seul fait notable que nous connaissions de la vie d’Hérodote à Halicarnasse, c’est que dans les années 470-460, la ville était dirigée par le tyran Lygdamis ; or la famille d’Hérodote faisait partie des opposants, elle fut chassée d’Halicarnasse et émigra à Samos, où l’on parle ionien, langue qu’il adoptera dans ses Histoires. Son oncle Panyassis, un poète, fut mis à mort, d’où l’horreur d’Hérodote envers tous les tyrans. Il reviendra à Halicarnasse avant 454, date à laquelle Lygdamis dut être chassé, Halicarnasse faisant désormais partie de la Ligue de Délos, dominée par Athènes. Mais il y trouve des dissensions aussi dangereuses que la tyrannie : il s’exile à nouveau.
Un peu plus tard, après 443, il part s’installer dans une colonie grecque panhellénique qui vient d’être fondée en Italie méridionale, Thourioi, à l’initiative de Périclès, sur le site de Sybaris ; Hérodote y a reçu le droit de cité.
Hérodote a également beaucoup voyagé : né sujet du Roi de Perse, il pouvait se rendre dans des contrées hostiles aux Grecs. Il est allé en Syrie (Gaza, Tyr), dans le Moyen-Orient jusqu’à l’Euphrate. Il visite Babylone, parcourt la grande route royale de Suse à Sardes (du plateau iranien à l’Anatolie) ; il parcourt toute l’Ionie, la mer Égée ; en Grèce propre, il connaît Delphes, Olympie, Athènes.
Vers le Nord, il est allé en Thrace (début du livre V) et même en mer Noire jusqu’à Olbia (près d’Odessa).
Il a voyagé en Grande Grèce, probablement en Sicile.
Vers le Sud, il a visité l’Égypte jusqu’à Assouan (Première cataracte) et la Cyrénaïque (livre IV).
Les relations d’Hérodote et d’Athènes : il connaît la cité au faîte de sa puissance : le Siècle de Périclès (460-430 environ) ; il a été l’ami de Périclès, a connu Sophocle vers 453 (Ode à Hérodote). Un décret d’Anytos en 445 propose de faire attribuer à Hérodote un cadeau officiel de 10 talents pour les lectures de son œuvre. Il a assisté à des tragédies, qui ont eu une certaine influence sur la composition de son œuvre ; il a dû prendre contact avec les premiers Sophistes.
À l’époque de Périclès, cinquante ans après les guerres Médiques, s’esquissait un rapprochement entre l’empire Perse et la cité d’Athènes ; Périclès avait bien compris que Sparte tentait, de son côté, d’obtenir subsides et appui du Grand Roi. De nombreux émissaires furent échangés, jusqu’à parvenir, en 449 à la « paix de Callias » ; il est possible que les voyages d’Hérodote en pays perse ait eu précisément pour but de préparer cette paix, et de donner aux Grecs une image plus objective des Perses : c’est du moins la thèse de Jacques Lacarrière (voir bibliographie).
L’œuvre
Elle embrasse tout le monde connu ; mais le sujet principal est la lutte entre la Grèce et l’Asie.
Livre 1
Il commence par les guerres des temps héroïques entre les peuples des deux contrées, et par les causes que leur assignait la tradition : les enlèvements d’Io, d’Europe, de Médée et d’Hélène.
Dans les temps historiques : les rois de Lydie ont été les premiers à entreprendre de combattre sérieusement les Grecs : Hérodote étudie ce royaume, les dynasties successives, le règne de Crésus, l’état de Sparte et d’Athènes à cette époque.
Attaque de Cyrus contre Sardes : étude du peuple perse, conquérant de la Lydie, et par là au contact de la Grèce. Hérodote explique l’histoire des Perses en remontant à celle des Mèdes ; il raconte la destruction de la puissance Assyrienne, explique l’origine, la constitution, les intérêts des colonies grecques d’Asie Mineure.
Livre 2
Avec Cambyse, fils de Cyrus, il nous fait voir l’Égypte. Il décrit avec la plus grande précision les rites et les mœurs ; quant à la chronologie, elle reste assez floue (mais il a fallu des siècles d’étude pour parvenir à une datation à peu près cohérente).
Livre 3
L’on voit alors Cambyse pénétrer en Égypte ; il tente alors de pousser plus loin ses conquêtes, ce qui donne l’occasion à Hérodote de parler de l’Éthiopie (c’est-à-dire de l’Afrique noire), de l’Arabie et de l’Inde.
Livre 4
Avec Darius, il parcourt les extrémités nord et sud du monde : la Libye et la Scythie. Avec Mégabazès, lieutenant de Darius, la Thrace et la Macédoine.
Livres 5 et 6
Révolte des Ioniens contre les Perses : l’Europe et l’Asie se retrouvent face à face. Hérodote fait alors le tableau général de la Grèce, et surtout d’Athènes.
Puis, il évoque la première guerre médique, jusqu’à Marathon.
Livres 7 et 8
Hérodote évoque alors la seconde guerre médique, jusqu’à la délivrance totale de la Grèce.
Seule la description de l’Assyrie est trop brève : Hérodote avait, semble-t-il, composé un ouvrage spécial sur elle, aujourd’hui perdu.
L’unité de l’œuvre, c’est la confrontation Orient / Occident.
On peut comparer Homère et Hérodote : même influence sur les contemporains, même inspiration, même pensée nationale et poétique.
Sa langue est une combinaison savante de l’ancien Ionien et de l’attique : souplesse, clarté, abondance, mélodie. Tout vit dans ses tableaux ; il recherche le naturel, le dialogue, l’exposition simple des faits, avec des préoccupations morales.
Son intérêt pour la vie et les mœurs des peuples pris dans leur ensemble l’ont fait considérer comme le père de la sociologie autant que celui de l’histoire.
Bibliographie critique
- Lacarrière Jacques, En cheminant avec Hérodote, voyage aux extrémités de la terre, Paris, Seghers, 1981, 310 p.
Le dialecte ionien – la langue d’Hérodote
Le dialecte ionien est essentiellement la langue d’Hérodote ; Homère, également d’origine ionienne, écrit une langue plus complexe, où l’ionien se mêle à l’éolien.
Phonétique
En ionien, ᾱ est devenu η, et contrairement à l’attique, n’est pas redevenu ᾱ après un ρ ou un ι : « le jour » se dit ᾑμέρη et non ἡμέρα.
On trouve cependant en ionien des ᾱ de formation récente : πᾶσα.
L’ionien ne pratique pas toujours les contractions : on trouve des formes telles que ποιέων à la place de ποιῶν.
Quant il contracte, il le fait de manière différente de l’attique :
- Οη > ω (ὀγδώκονταà côté de ὀγδοήκοντα)
- Εο > ευ (ποιεῦμεν à la place de ποιοῦμεν)
- Εου > ευ (φιλεῦσα à la place de φιλοῦσα)
La crase ο + α > ω : ὁ αὐτός > ωὐτός
Le double sigma est resté en l’état, alors qu’il est devenu –ττ- en Attique : ἡ θάλαττα au lieu de θάλασσα
Hérodote n’emploie pas le ν euphonique.
Beaucoup d’aspirations ont disparu (psilose) :
- ἐπ’ἡμέρῃ ἑκάστῃ (ἐφ’ἡμέρᾳ en Attique)
On trouve souvent des transferts d’aspiration :
- Κίθων (χίτων)
- ἐνθαῦτα (ἐνταῦθα)
Morphologie
L’article garde souvent, comme chez Homère, son sens démonstratif.
Ηérodote n’utilise pas le duel.
1ère déclinaison
- Génitif masculin singulier en –εω
- Génitif pluriel en –εων
- Datif pluriel en -ῃς, ῃσι
2ème déclinaison
- Datif pluriel en –οισι à côté de –οις
3ème déclinaison, thèmes consonantiques
Les thèmes en – ς ont généralement une déclinaison non contracte : τείχεος ; si la contraction a lieu, elle se fait en ευς ; θέρευς =θέρους
Les thèmes en ι ont partout conservé l’ ι : πόλις, πόλιν, πόλιος, πόλι, πόλιες, πόλις / πόλιας, πολίων, πόλισι.
Les thèmes en υ se caractérisent par une alternance – υ/-eF : gén . sing. πελέκεος ; nom. Pl. πελέκεες ; acc. Πελέκεας
Morphologie verbale
- L’omission de l’augment est fréquente ;
- Nombreux imparfaits formés avec le suffixe itératif – σκον
Livre IV
Les Scythes et leurs esclaves
[4,1] Μετὰ δὲ τὴν Βαβυλῶνος αἵρεσιν ἐγένετο ἐπὶ Σκύρας αὐτοῦ Δαρείου ἔλασις· ἀνθεύσης γὰρ τῆς Ἀσίης ἀνδράσι καὶ χρημάτων μεγάλων συνιόντων, ἐπεθύμησε ὁ Δαρεῖος τίσασθαι Σκύθας, ὅτι ἐκεῖνοι πρότεροι ἐσβαλόντες ἐς τὴν Μηδικὴν καὶ νικήσαντες μάχῃ τοὺς ἀντιουμένους ὑπῆρξαν ἀδικίης. (2) τῆς γὰρ ἄνω Ἀσίης ἦρξαν, ὡς καὶ πρότερον μοι εἴρηται, Σκύθαι ἔτεα δυῶν δέοντα τριήκοντα. Κιμμερίους γὰρ ἐπιδιώκοντες ἐσέβαλον ἐς τὴν Ἀσίην, καταπαύσαντες τῆς ἀρχῆς Μήδους· οὗτοι γὰρ πρὶν ἢ Σκύθας ἀπικέσθαι ἦρχον τῆς Ἀσίης. (3) τοὺς δὲ Σκύθας ἀποδημήσαντας ὀκτὼ καὶ εἴκοσι ἔτεα καὶ διὰ χρόνου τοσούτου κατιόντας ἐς τὴν σφετέρην ἐξεδέξατο οὐκ ἐλάσσων πόνος τοῦ Μηδικοῦ· εὗρον γὰρ ἀντιουμένην σφίσι στρατιήν οὐκ ὀλίγην. αἱ γὰρ τῶν Σκυθέων γυναῖκες, ὥς σφι οἱ ἄνδρες ἀπῆσαν χρόνον πολλόν, ἐφοίτεον παρὰ τοὺς δούλους. […]
[4,3] Ἐκ τούτων δὴ ὦν σφι τῶν δούλων καὶ τῶν γυναικῶν ἐτράφη νεότης· οἳ ἐπείτε ἔμαθον τὴν σφετέρην γένεσιν, ἠντιοῦντο αὐτοῖσι κατιοῦσι ἐκ τῶν Μήδων. (2) καὶ πρῶτα μὲν τὴν χώρην ἀπετάμοντο, τάφρον ὀρυξάμενοι εὐρέαν κατατείνουσαν ἐκ τῶν Ταυρικῶν ὀρέων ἐς τὴν Μαιῆτιν λίμνην, τῇ περ ἐστὶ μεγίστη· μετά γε πειρωμένοισι ἐσβάλλειν τοῖσι Σκύθῃσι ἀντικατιζόμενοι ἐμάχοντο. (3) γινομένης δὲ μάχης πολλάκις καί οὐ δυναμένων οὐδὲν πλέον ἔχειν τῶν Σκυθέων τῇ μάχῃ, εἷς αὐτῶν ἔλεξε τάδε. “οἷα ποιεῦμεν, ἄνδρες Σκύθαι· δούλοισι τοῖσι ἡμετέροισι μαχόμενοι αὐτοί τε κτεινόμενοι ἐλάσσονες γινόμεθα καὶ ἐκείνους κτείνοντες ἐλασσόνων τὸ λοιπὸν ἄρξομεν. (4) νῦν ὦν μοι δοκέει αἰχμὰς μὲν καὶ τόξα μετεῖναι, λαβόντα δὲ ἕκαστον τοῦ ἵππου τὴν μάστιγα ἰέναι ἆσσον αὐτῶν. μέχρι μὲν γὰρ ὥρων ἡμέας ὅπλα ἔχοντας, οἳ δὲ ἐνόμιζον ὅμοιοί τε καί ἐξ ὁμοίων ἡμῖν εἶναι· ἐπεὰν δὲ ἴδωνται μάστιγας ἀντὶ ὅπλων ἔχοντας, μαθόντες ὡς εἰσὶ ἡμέτεροι δοῦλοι καὶ συγγνόντες τοῦτο. οὐκ ὑπομενέουσι„
[4,4] Ταῦτα ἀκούσαντες οἱ Σκύθαι ἐποίευν ἐπιτελέα· οἳ δὲ ἐκπλαγέντες τῷ γινομένῳ τῆς μάχης τε ἐπελάθοντο καὶ ἔφευγον. οὕτω οἱ Σκύθαι τῆς τε Ἀσίης ἧρξαν καὶ ἐξελασθέντες αὖτις ὑπὸ Μήδων κατῆλθον τρόπῳ τοιούτῳ ἐς τὴν σφετέρην. τῶνδε εἵνεκα ὁ Δαρεῖυς τίσασθαι βουλόμενος συνήγειρε ἐπ᾽ αὐτοὺς στράτευμα.
[4,1] I. Après la prise de Babylone, Darius marcha en personne contre les Scythes. L’Asie était alors riche, très peuplée, et se trouvait dans l’état le plus florissant. Ce prince souhaitait ardemment se venger de l’insulte que les Scythes avaient faite les premiers aux Mèdes, en entrant à main armée dans leur pays, et de ce qu’après une victoire complète ils étaient devenus les maîtres de l’Asie supérieure pendant vingt-huit années, comme je l’ai dit auparavant. Ils y étaient entrés en poursuivant les Cimmériens, et en avaient enlevé l’empire aux Mèdes, qui le possédaient avant leur arrivée. Après une absence de vingt-huit ans, les Scythes avaient voulu retourner dans leur patrie ; mais ils n’avaient pas trouvé dans cette entreprise moins de difficultés qu’ils n’en avaient rencontré en voulant pénétrer en Médie. Une armée nombreuse était allée au-devant d’eux, et leur en avait disputé l’entrée ; car leurs femmes, ennuyées de la longueur de leur absence, avaient eu commerce avec leurs esclaves.
[4,3] III. De ces esclaves et des femmes scythes, il était né beaucoup de jeunes gens, qui, ayant appris quelle était leur naissance, marchèrent au-devant des Scythes qui revenaient de la Médie. Ils commencèrent d’abord par couper le pays en creusant un large fossé depuis les monts Tauriques jusqu’au Palis-Maeotis, qui est d’une vaste étendue. Ils allèrent ensuite camper devant les Scythes qui tâchaient de pénétrer dans le pays, et les combattirent. Il y eut entre eux des actions fréquentes, sans que les Scythes pussent remporter le moindre avantage. «Scythes, que faisons-nous ? s’écria l’un d’entre eux ; s’ils nous tuent quelqu’un des nôtres, notre nombre diminue ; et, si nous tuons quelqu’un d’entre eux, nous diminuons nous-mêmes le nombre de nos esclaves. Laissons là, si vous m’en croyez, nos arcs et nos javelots, et marchons à eux, armés chacun du fouet dont il se sert pour mener ses chevaux. Tant qu’ils nous ont vus avec nos armes, ils se sont imaginé qu’ils étaient nés nos égaux. Mais quand, au lieu d’armes, ils nous verront le fouet à la main, ils apprendront qu’ils sont nos esclaves, et, convaincus de la bassesse de leur naissance, ils n’oseront plus nous résister.»
[4,4] IV. Ce conseil fut suivi. Les esclaves étonnés prirent, aussitôt la fuite, sans songer à combattre. C’est ainsi que rentrèrent dans leur pays les Scythes, qui, après avoir été les maîtres de l’Asie, en avaient été chassés par les Mèdes. Darius leva contre eux une nombreuse armée, pour se venger de cette invasion.
Livre V
Les origines des guerres médiques (§ 100-102) et l’incendie de Sardes
Plusieurs cités grecques d’Asie Mineure, parmi lesquelles Milet, la plus riche de toutes, se sont révoltées contre la domination perse. A l’instigation du gouverneur de Milet, Aristagoras, les Athéniens décident l’envoi d’une flotte…
[5,100] Ἀπικόμενοι δὲ τῷ στόλῳ τούτῳ Ἴωνες ἐς Ἔφεσον πλοῖα μὲν κατέλιπον ἐν Κορησῷ τῆς Ἐφεσίης, αὐτοὶ δὲ ἀνέβαινον χειρὶ πολλῇ, ποιεύμενοι Ἐφεσίους ἡγεμόνας τῆς ὁδοῦ. Πορευόμενοι δὲ παρὰ ποταμὸν Καΰστριον, ἐνθεῦτεν ἐπείτε ὑπερβάντες τὸν Τμῶλον ἀπίκοντο, αἱρέουσι Σάρδις οὐδενός σφι ἀντιωθέντος, αἱρέουσι δὲ χωρὶς τῆς ἀκροπόλιος τἆλλα πάντα· τὴν δὲ ἀκρόπολιν ἐρρύετο αὐτὸς Ἀρταφρένης ἔχων ἀνδρῶν δύναμιν οὐκ ὀλίγην. [5,101] Τὸ δὲ μὴ λεηλατῆσαι ἑλόντας σφέας τὴν πόλιν ἔσχε τόδε. Ἦσαν ἐν τῇσι Σάρδισι οἰκίαι αἱ μὲν πλεῦνες καλάμιναι, ὅσαι δ᾽ αὐτέων καὶ πλίνθιναι ἦσαν, καλάμου εἶχον τὰς ὀροφάς· τουτέων δὴ μίαν τῶν τις στρατιωτέων ὡς ἐνέπρησε, αὐτίκα ἀπ᾽ οἰκίης ἐπ᾽ οἰκίην ἰὸν τὸ πῦρ ἐπενέμετο τὸ ἄστυ πᾶν. Καιομένου δὲ τοῦ ἄστεος οἱ Λυδοί τε καὶ ὅσοι Περσέων ἐνῆσαν ἐν τῇ πόλι, ἀπολαμφθέντες πάντοθεν ὥστε τὰ περιέσχατα νεμομένου τοῦ πυρός, καὶ οὐκ ἔχοντες ἐξήλυσιν ἐκ τοῦ ἄστεος, συνέρρεον ἔς τε τὴν ἀγορὴν καὶ ἐπὶ τὸν Πακτωλὸν ποταμόν, ὅς σφι ψῆγμα χρυσοῦ καταφορέων ἐκ τοῦ Τμώλου διὰ μέσης τῆς ἀγορῆς ῥέει καὶ ἔπειτα ἐς τὸν Ἕρμον ποταμὸν ἐκδιδοῖ, ὁ δὲ ἐς θάλασσαν· ἐπὶ τοῦτον δὴ τὸν Πακτωλὸν καὶ ἐς τὴν ἀγορὴν ἀθροιζόμενοι οἵ τε Λυδοὶ καὶ οἱ Πέρσαι ἠναγκάζοντο ἀμύνεσθαι. Οἱ δὲ Ἴωνες ὁρέοντες τοὺς μὲν ἀμυνομένους τῶν πολεμίων τοὺς δὲ σὺν πλήθεϊ πολλῷ προσφερομένους, ἐξανεχώρησαν δείσαντες πρὸς τὸ ὄρος τὸν Τμῶλον καλεόμενον, ἐνθεῦτεν δὲ ὑπὸ νύκτα ἀπαλλάσσοντο ἐπὶ τὰς νέας.
[5,102] Καὶ Σάρδιες μὲν ἐνεπρήσθησαν, ἐν δὲ αὐτῇσι καὶ ἱρὸν ἐπιχωρίης θεοῦ Κυβήβης· τὸ σκηπτόμενοι οἱ Πέρσαι ὕστερον ἀντενεπίμπρασαν τὰ ἐν Ἕλλησι ἱρά. τότε δὲ οἱ Πέρσαι οἱ ἐντὸς Ἅλυος ποταμοῦ νομοὺς ἔχοντες, προπυνθανόμενοι ταῦτα, συνηλίζοντο καὶ ἐβοήθεον τοῖσι Λυδοῖσι. Kαὶ κως ἐν μὲν Σάρδισι οὐκέτι ἐόντας τοὺς Ἴωνας εὑρίσκουσι, ἑπόμενοι δὲ κατὰ στίβον αἱρέουσι αὐτοὺς ἐν Ἐφέσῳ. καὶ ἀντετάχθησαν μὲν οἱ Ἴωνες, συμβαλόντες δὲ πολλὸν ἑσσώθησαν. Kαὶ πολλοὺς αὐτῶν οἱ Πέρσαι φονεύουσι ἄλλους τε ὀνομαστούς, ἐν δὲ δὴ καὶ Εὐαλκίδην στρατηγέοντα Ἐρετριέων, στεφανηφόρους τε ἀγῶνας ἀναραιρηκότα καὶ ὑπὸ Σιμωνίδεω τοῦ Κηίου πολλὰ αἰνεθέντα· οἳ δὲ αὐτῶν ἀπέφυγον τὴν μάχην, ἐσκεδάσθησαν ἀνὰ τὰς πόλιας.
Corrigé
[5,100]
- ἀπικόμενοι < ἀφικέομαι : arriver
- ὁ στόλος, ου : trajet, voyage, expédition / troupe, flotte
- Κορησσός : Korésos, mont près d’Éphèse
- Ποίευμαι : forme ionienne de ποιοῦμαι
- ὑπερβαίνω : franchir
- αἱρέω-ῶ (αἱρήσω, εἷλον, ᾕρηκα) : prendre, s’emparer de
- ἀντιωθείς < ἀντιόομαι-οῦμαι : résister à. Aoriste ionien ἀντιώθην
- χωρις + G. : à l’exception de
- ἐρρύετο < ῥύομαι : sauver, défendre
Les Ioniens, arrivés avec cette flotte à Éphèse, laissèrent leurs navires à Korésos d’Éphèse ; eux-mêmes se mirent en route vers l’intérieur avec une troupe nombreuse, faisant des Éphésiens leurs guides pour la route. Remontant le long du fleuve Caystre, puis de là ayant franchi le Tmôlos, ils arrivèrent à Sardes, prirent la ville sans que personne ne leur résiste, et ils s’emparèrent de tout le reste, à l’exception de l’Acropole. Artaphernès en personne défendait l’Acropole, disposant d’une puissance en hommes non négligeable.
[5,101]
- Λεηλατῆσαι : mettre au pillage
- Πλεῦνες = ionien πλείονες : plus nombreux, assez nombreux
- Καλάμινος, η, ον : fait de roseau (ἡ καλαμίς, ῖδος : roseau)
- Πλίνθινος, η, ον (πλινθίον, ου : la brique) : bâti en briques
- ἡ ὀροφή, ῆς : le toit
- ἐνέπρησε < ἐμπρήθω (ἐμπρήσω, ἐνέπρησα) : il brûla, incendia
- ἐπινέμω : dévorer
- ἀπολαμβάνομαι : être pris, être arrêté
- τὰ περιέσχατα : les extrémités tout autour
- ἐξήλυσις, εως : l’issue
- συρρέω : affluer
- τὸ ψῆγμα : paillette, poussière
- ἀθροίζομαι : assembler en grand nombre
- ἐξαναχωρέω-ῶ : se retirer, reculer
- ἀπαλάσσω : s’éloigner, partir
- ἐπιχώριος, α, ον : indigène, national
Voici ce qui les retint de piller la ville après l’avoir prise. À Sardes, les maisons étaient, les unes, les plus nombreuses, faites de roseaux, et celles d’entre elles qui étaient faites de briques avaient le toit fait de roseaux. Lorsque l’un des soldats eut mis le feu à l’une d’elles, aussitôt, allant de maison en maison le feu dévora toute la ville. Comme la ville brûlait, les Lydiens et les Perses qui se trouvaient dans la cité, pris de tous côtés, le feu dévorant les faubourgs, et n’ayant pas d’issue hors de la ville, affluèrent sur la grand place et au bord du fleuve Pactole, qui, charriant des paillettes d’or, coule du Tmôlos au milieu de la place, et ensuite se jette dans l’Hermos, et celui-ci dans la mer. Les Lydiens et les Perses, massés au bord du Pactole et dans la place étaient contraints de résister. Les Ioniens, voyant que, parmi les ennemis, les uns résistaient, les autres arrivaient en renfort en grande foule, effrayés reculèrent en direction de la montagne appelée Tmôlos, et de là, la nuit, ils partirent sur les navires.
[5,102]
- ἀντεμπίμπρημι : incendier en retour
Et Sardes fut incendiée, et de celle-ci le temple de la déesse indigène Cybébès [= Cybèle], ce que voyant, les Perses, plus tard, incendièrent en retour les temples de Grèce. Sur la nouvelle de cette invasion, les Perses qui habitaient en deçà de l’Halys s’assemblèrent et accoururent au secours des Lydiens. Ils ne trouvèrent plus les Ioniens à Sardes ; mais, les ayant suivis sur leurs traces, ils les atteignirent à Éphèse. Les Ioniens se rangèrent en bataille vis-à-vis d’eux, livrèrent combat et furent battus. Il y en eut beaucoup de tués ; et parmi les personnes de distinction, on compte Eualcis, commandant des Érétriens, qui avait été plusieurs fois victorieux aux jeux dont le prix est une couronne, et dont les louanges avaient été chantées par Simonide de Céos. Ceux qui se sauvèrent de cette bataille se dispersèrent dans les villes.
[105] Ὀνήσιλος μέν νυν ἐπολιόρκεε Ἀμαθοῦντα. βασιλέι δὲ Δαρείῳ ὡς ἐξαγγέλθη Σάρδις ἁλούσας ἐμπεπρῆσθαι ὑπό τε Ἀθηναίων καὶ Ἰώνων, τὸν δὲ ἡγεμόνα γενέσθαι τῆς συλλογῆς ὥστε ταῦτα συνυφανθῆναι τὸν Μιλήσιον Ἀρισταγόρην, πρῶτα μὲν λέγεται αὐτόν, ὡς ἐπύθετο ταῦτα, Ἰώνων οὐδένα λόγον ποιησάμενον, εὖ εἰδότα ὡς οὗτοί γε οὐ καταπροΐξονται ἀποστάντες, εἰρέσθαι οἵτινες εἶεν οἱ Ἀθηναῖοι, μετὰ δὲ πυθόμενον αἰτῆσαι τὸ τόξον, λαβόντα δὲ καὶ ἐπιθέντα δὲ ὀιστὸν ἄνω πρὸς τὸν οὐρανὸν ἀπεῖναι, καί μιν ἐς τὸν ἠέρα βάλλοντα εἰπεῖν (2) “ὦ Ζεῦ, ἐκγενέσθαι μοι Ἀθηναίους τίσασθαι„, εἴπαντα δὲ ταῦτα προστάξαι ἑνὶ τῶν θεραπόντων δείπνου προκειμένου αὐτῷ ἐς τρὶς ἑκάστοτε εἰπεῖν “δέσποτα, μέμνεο τῶν Ἀθηναίων…
Il était devant cette place, lorsqu’on annonça à Darius que Sardes avait été prise et brûlée par les Athéniens et les Ioniens; qu’Aristagoras de Milet avait ourdi cette trame, et qu’il était le chef de la ligue formée contre lui. On raconte que, lorsqu’il apprit cette nouvelle, il ne tint aucun compte des Ioniens, sachant bien que leur révolte ne resterait pas impunie; mais qu’il s’informa quel peuple c’était que les Athéniens, et que, sur ce qu’on lui eut appris, il demanda son arc, et qu’y ayant mis une flèche, il la tira vers le ciel et en frappa l’air en s’écriant : «O Jupiter, puissé-je me venger des Athéniens !» Il ordonna ensuite à un de ses officiers de lui répéter à trois reprises, toutes les fois qu’on lui servirait à dîner : Seigneur, souvenez-vous des Athéniens.
Livre VI, Marathon
Les Perses débarquent à Marathon
Après un premier échec, le Grand Roi entreprend une nouvelle expédition sous la direction de Datis et d’Artaphernès, son neveu. Avec 600 navires les Perses gagnent Samos, puis Naxos qu’ils ravagent, Délos qu’ils épargnent à cause de son caractère sacré, puis ils débarquent en Eubée où ils prennent Érétrie après sept jours de siège.
[102]χειρωσάμενοι δὲ τὴν Ἐρέτριαν καὶ ἐπισχόντες ὀλίγας ἡμέρας ἔπλεον ἐς γῆν τὴν Ἀττικήν, κατέργοντές τε πολλὸν καὶ δοκέοντες ταὐτὰ τοὺς Ἀθηναίους ποιήσειν τὰ καὶ τοὺς Ἐρετριέας ἐποίησαν. καὶ ἦν γὰρ ὁ Μαραθὼν ἐπιτηδεότατον χωρίον τῆς Ἀττικῆς ἐνιππεῦσαι καὶ ἀγχοτάτω τῆς Ἐρετρίης, ἐς τοῦτό σφι κατηγέετο Ἱππίης ὁ Πεισιστράτου. [103] Ἀθηναῖοι δὲ ὡς ἐπύθοντο ταῦτα, ἐβοήθεον καὶ αὐτοὶ ἐς τὸν Μαραθῶνα. ἦγον δὲ σφέας στρατηγοὶ δέκα, τῶν ὁ δέκατος ἦν Μιλτιάδης· τοῦ τὸν πατέρα Κίμωνα τὸν Στησαγόρεω κατέλαβε φυγεῖν ἐξ Ἀθηνέων Πεισίστρατον τὸν Ἱπποκράτεος.
Ils s’arrêtèrent quelques jours à Érétrie, après s’en, être emparés; et, ayant remis à la voile pour se rendre dans l’Attique, ils serrèrent de près les Athéniens, pensant les traiter comme ils avaient traité les Érétriens. Hippias, fils de Pisistrate, les fit débarquer à Marathon, le lieu de l’Attique le plus commode pour les évolutions de la cavalerie, et le plus proche d’Érétrie. Sur cette nouvelle, les Athéniens se rendirent aussi à Marathon. Ils étaient commandés par dix généraux ; Miltiade, fils de Cimon et petit-fils de Stésagoras, était le dixième. Cimon s’était expatrié pour se soustraire aux desseins pernicieux de Pisistrate, fils d’Hippocrates.
Préparatifs de la bataille
Athènes demande alors de l’aide à Sparte : celle-ci accepte… mais, pour respecter ses lois, refuse de combattre avant la pleine lune !
Les Platéens viennent donc en renfort des Athéniens, mais les stratèges sont divisés : faut-il engager le combat malgré la supériorité numérique des Perses ? Miltiade, décidé à se battre, obtient l’appui du polémarque Callimaque, qui dirige toute l’armée.
[111] Ως δὲ ἐς ἐκεῖνον περιῆλθε, ἐνθαῦτα δὴ ἐτάσσοντο ὧδε οἱ Ἀθηναῖοι ὡς συμβαλέοντες· τοῦ μὲν δεξιοῦ κέρεος ἡγέετο ὁ πολέμαρχος Καλλίμαχος· ὁ γὰρ νόμος τότε εἶχε οὕτω τοῖσι Ἀθηναίοισι, τὸν πολέμαρχον ἔχειν κέρας τὸ δεξιόν· ἡγεομένου δὲ τούτου ἐξεδέκοντο ὡς ἀριθμέοντο αἱ φυλαὶ ἐχόμεναι ἀλληλέων, τελευταῖοι δὲ ἐτάσσοντο ἔχοντες τὸ εὐώνυμον κέρας Πλαταιέες. Ἀπὸ ταύτης γάρ σφι τῆς μάχης, Ἀθηναίων θυσίας ἀναγόντων ἐς τὰς πανηγύριας τὰς ἐν τῇσι πεντετηρίσι γινομένας, κατεύχεται ὁ κῆρυξ ὁ Ἀθηναῖος ἅμα τε Ἀθηναίοισι λέγων γίνεσθαι τὰ ἀγαθὰ καὶ Πλαταιεῦσι. Τότε δὲ τασσομένων τῶν Ἀθηναίων ἐν τῷ Μαραθῶνι ἐγίνετο τοιόνδε τι· τὸ στρατόπεδον ἐξισούμενον τῷ Μηδικῷ στρατοπέδῳ, τὸ μὲν αὐτοῦ μέσον ἐγίνετο ἐπὶ τάξιας ὀλίγας, καὶ ταύτῃ ἦν ἀσθενέστατον τὸ στρατόπεδον, τὸ δὲ κέρας ἑκάτερον ἔρρωτο πλήθεϊ.
Lorsque ce fut son tour de présider, les Athéniens se rangèrent là pour engager le combat ; le polémarque Callimaque commandait l’aile droite ; en effet c’était la loi chez les Athéniens que le polémarque commande l’aile droite ; tandis qu’il la commandait, venaient ensuite les tribus dans l’ordre où elles avaient été comptées, se tenant les unes les autres, et enfin se rangèrent les Platéens, tenant l’aile gauche. De fait, depuis cette bataille, lorsque les Athéniens font des sacrifices pour les fêtes solennelles tous les quatre ans, le héraut athénien fait des vœux en souhaitant la prospérité à la fois aux Athéniens et aux Platéens. Alors, les Athéniens s’étant rangés à Marathon, il se produisit ceci : la ligne de front était égale à celle des Mèdes, mais leur centre comptait peu de rangs, et c’était là que leur ligne était la plus faible, mais chaque aile était considérablement renforcée.
- Τὸ κέρας, ους : l’aile
- ἐκδέκομαι, forme ionienne pour ἐκδέχομαι (psilose) : succéder, venir après
- ἡ φῦλη, ης : la tribu
- εὐώνυμος, η, ον : gauche
- ἡ πανηγύρις, εως : réunion pour une fête solennelle (jeux olympiques, Grandes Panathénées…)
- κατεύχομαι : faire des vœux, souhaiter le bonheur à quelqu’un
- ἔρρωτο < ῥώννυμι (plus que parfait au sens d’un imparfait) ; impf.ἐρρώννυν, aor.ἔρρωσα, fut. et pft inusités ; passif : ῥώννυμαι, ῥωσθήσομαι, ἐρρώσθην, ἔρρωμαι, ἐρρώμην : être fort
La bataille de Marathon
[6,112] Ὡς δέ σφι διετέτακτο καὶ τὰ σφάγια ἐγίνετο καλά, ἐνθαῦτα ὡς ἀπείθησαν οἱ Ἀθηναῖοι δρόμῳ ἵεντο ἐς τοὺς βαρβάρους. ἦσαν δὲ στάδιοι οὐκ ἐλάσσονες τὸ μεταίχμιον αὐτῶν ἢ ὀκτώ. Οἱ δὲ Πέρσαι ὁρέοντες δρόμῳ ἐπιόντας παρεσκευάζοντο ὡς δεξόμενοι, μανίην τε τοῖσι Ἀθηναίοισι ἐπέφερον καὶ πάγχυ ὀλεθρίην, ὁρέοντες αὐτοὺς ὀλίγους καὶ τούτους δρόμῳ ἐπειγομένους, οὔτε ἵππου ὑπαρχούσης σφι οὔτε τοξευμάτων. Ταῦτα μέν νυν οἱ βάρβαροι κατείκαζον· Ἀθηναῖοι δὲ ἐπείτε ἀθρόοι προσέμιξαν τοῖσι βαρβάροισι, ἐμάχοντο ἀξίως λόγου. πρῶτοι μὲν γὰρ Ἑλλήνων πάντων τῶν ἡμεῖς ἴδμεν δρόμῳ ἐς πολεμίους ἐχρήσαντο, πρῶτοι δὲ ἀνέσχοντο ἐσθῆτά τε Μηδικὴν ὁρέοντες καὶ τοὺς ἄνδρας ταύτην ἐσθημένους· τέως δὲ ἦν τοῖσι Ἕλλησι καὶ τὸ οὔνομα τὸ Μήδων φόβος ἀκοῦσαι.
[6,113] μαχομένων δὲ ἐν τῷ Μαραθῶνι χρόνος ἐγίνετο πολλός, καὶ τὸ μὲν μέσον τοῦ στρατοπέδου ἐνίκων οἱ βάρβαροι, τῇ Πέρσαι τε αὐτοὶ καὶ Σάκαι ἐτετάχατο· κατὰ τοῦτο μὲν δὴ ἐνίκων οἱ βάρβαροι καὶ ῥήξαντες ἐδίωκον ἐς τὴν μεσόγαιαν, τὸ δὲ κέρας ἑκάτερον ἐνίκων Ἀθηναῖοί τε καὶ Πλαταιέες· νικῶντες δὲ τὸ μὲν τετραμμένον τῶν βαρβάρων φεύγειν ἔων, τοῖσι δὲ τὸ μέσον ῥήξασι αὐτῶν συναγαγόντες τὰ κέρεα ἀμφότερα ἐμάχοντο, καὶ ἐνίκων Ἀθηναῖοι. Φεύγουσι δὲ τοῖσι Πέρσῃσι εἵποντο κόπτοντες, ἐς ὃ ἐς τὴν θάλασσαν ἀπικόμενοι πῦρ τε αἴτεον καὶ ἐπελαμβάνοντο τῶν νεῶν.
[6,114] Καὶ τοῦτο μὲν ἐν τούτῳ τῷ πόνῳ ὁ πολέμαρχος Καλλίμαχος διαφθείρεται, ἀνὴρ γενόμενος ἀγαθός, ἀπὸ δ᾽ ἔθανε τῶν στρατηγῶν Στησίλεως ὁ Θρασύλεω· τοῦτο δὲ Κυνέγειρος ὁ Εὐφορίωνος ἐνθαῦτα ἐπιλαμβανόμενος τῶν ἀφλάστων νεός, τὴν χεῖρα ἀποκοπεὶς πελέκεϊ πίπτει, τοῦτο δὲ ἄλλοι Ἀθηναίων πολλοί τε καὶ ὀνομαστοί.
[6,115] Ἑπτὰ μὲν δὴ τῶν νεῶν ἐπεκράτησαν τρόπῳ τοιῷδε Ἀθηναῖοι· τῇσι δὲ λοιπῇσι οἱ βάρβαροι ἐξανακρουσάμενοι, καὶ ἀναλαβόντες ἐκ τῆς νήσου ἐν τῇ ἔλιπον τὰ ἐξ Ἐρετρίης ἀνδράποδα, περιέπλεον Σούνιον βουλόμενοι φθῆναι τοὺς Ἀθηναίους ἀπικόμενοι ἐς τὸ ἄστυ. Αἰτίη δὲ ἔσχε ἐν Ἀθηναίοισι ἐξ Ἀλκμεωνιδέων μηχανῆς αὐτοὺς ταῦτα ἐπινοηθῆναι· τούτους γὰρ συνθεμένους τοῖσι Πέρσῃσι ἀναδέξαι ἀσπίδα ἐοῦσι ἤδη ἐν τῇσι νηυσί.
[6,116] Οὗτοι μὲν δὴ περιέπλεον Σούνιον· Ἀθηναῖοι δὲ ὡς ποδῶν εἶχον τάχιστα ἐβοήθεον ἐς τὸ ἄστυ, καὶ ἔφθησάν τε ἀπικόμενοι πρὶν ἢ τοὺς βαρβάρους ἥκειν, καὶ ἐστρατοπεδεύσαντο ἀπιγμένοι ἐξ Ἡρακλείου τοῦ ἐν Μαραθῶνι ἐν ἄλλῳ Ἡρακλείῳ τῷ ἐν Κυνοσάργεϊ. Οἱ δὲ βάρβαροι τῇσι νηυσὶ ὑπεραιωρηθέντες Φαλήρου, τοῦτο γὰρ ἦν ἐπίνειον τότε τῶν Ἀθηναίων, ὑπὲρ τούτου ἀνακωχεύσαντες τὰς νέας ἀπέπλεον ὀπίσω ἐς τὴν Ἀσίην.
[6,117] Ἐν ταύτῃ τῇ ἐν Μαραθῶνι μάχῃ ἀπέθανον τῶν βαρβάρων κατὰ ἑξακισχιλίους καὶ τετρακοσίους ἄνδρας, Ἀθηναίων δὲ ἑκατὸν καὶ ἐνενήκοντα καὶ δύο.
Quand les troupes furent ainsi disposées, que les victimes eurent montré des signes favorables et que là on envoya les Athéniens, ils se jettèrent à la course vers les Barbares ; il n’y avait pas moins de 8 stades (1,4 km) entre les deux armées. Les Perses, les voyant s’avancer à la course se préparaient à les recevoir, ils taxaient les Athéniens de folie et d’une folie complètement fatale, les voyant peu nombreux et en plus se précipitant à la course, sans avoir l’appui ni de cavalerie ni d’archers. C’est cela du moins que les Barbares conjecturaient. Mais les Athéniens, après avoir heurté en rangs serrés les Barbares, combattirent d’une manière digne d’être mentionnée. En effet, les premiers de tous les Grecs, que nous connaissions, ils s’élancèrent à la course vers les ennemis, les premiers ils tinrent bon en voyant l’équipement mède et les hommes qui le portaient. Jusqu’alors, même le nom des Mèdes était pour les Grecs redoutable à entendre.
La durée du combat à Marathon fut longue, et les Barbares l’emportaient au milieu de la ligne de front, là où les Perses eux-mêmes et les Saces se trouvaient rangés ; les Barbares étaient victorieux à cet endroit et ayant rompu la ligne adverse, ils poursuivaient leurs adversaires vers l’intérieur des terres, mais à chaque aile, les Athéniens et les Platéens l’emportaient ; victorieux, ils laissaient fuir ceux des Barbares qui avaient tourné le dos, et attaquant ceux qui avaient rompu le centre ils combattaient après avoir joint les deux ailes, et les Athéniens l’emportèrent. Ils poursuivirent les Perses en fuite en les taillant en pièces, jusqu’au moment où, arrivés à la mer ils réclamèrent du feu et attaquèrent les navires.
Et là dans cette épreuve mourut le polémarque Callimaque, qui avait été un brave, mourut aussi parmi les stratèges, Stésileos, fils de Thraysleos ; là aussi Cynégeiros fils d’Euphorion, s’aggrippant aux aplustres d’un navire, tomba la main tranchée d’un coup de hache, et beaucoup d’autres Athéniens de renom.
De cette manière les Athéniens se rendirent maîtres de sept navires ; avec le reste les Barbares, ayant reculé, et repris dans l’île où ils les avaient laissés les esclaves d’Érétrie, doublèrent le cap Sounion, voulant devancer les Athéniens en arrivant à la ville. Parmi les Athéniens on accusa les Alcméonides d’avoir donné aux Perses cette idée par une machination ; ils se seraient en effet entendus avec les Perses pour lever leur bouclier alors que ceux-ci étaient déjà sur les navires.
Les Perses doublèrent donc le cap Sounion ; les Athéniens, de toute la vitesse de leurs pieds portaient secours à la ville, et ils devancèrent l’arrivée des Barbares, et ils étaient partis du sanctuaire d’Héraklès à Marathon vers un autre sanctuaire d’Héraklès à Cynosarge. Les Barbares, parvenus avec leurs navires à hauteur de Phalère – c’était alors le mouillage des Athéniens – ayant tenus leurs vaisseaux à l’ancre, repartirent vers l’Asie. Dans cette bataille de Marathon moururent environ 6400 hommes pour les Barbares, et 192 Athéniens.
[§ 112]
- Διετέτακτο < διατάττω : disposer en ordre. Passif impersonnel ; σφι au datif a valeur de complément d’agent. « Quand ils furent ainsi disposés… »
- Τὰ σφάγια : victimes d’un sacrifice. « Comme les victimes donnaient des signes favorables »
- ἀπείθησαν < ἀφίημι par psilose, aoriste passif, 3ème pers. du pl.
- τὸ μεταίχμιον : espace entre deux armées. Ici, il est de 8 stades, soit 8 x 177 m = 1, 416 km.
- ἐπιφέρω : assaillir, taxer de
- πάγχυ : tout à fait
- ὀλεθρια = ὄλεθρος, ου : ce qui cause la perte, fléau
- ἐπειγόμενος : pressé, hâté
- κατεικάζω : conjecturer
- προσέμιξαν < προσμίγνυμι : s’approcher de, joindre, se heurter à
[§ 113]
- Les Saces sont une peuplade scythique habitant le Turkestan russe actuel.
- ῥήξαντες < ῥήγνυμι : briser, rompre
[114]
- τοῦτο μὲν… τοῦτο δέ : d’une part… d’autre part ; construction fréquente chez Hérodote.
- Κυνέγειρος ὁ Εὐφορίωνος : frère du poète Eschyle
- Τὸ ἄφλαστον, ου : aplustre, ornement situés à la poupe d’un navire.
[115-117]
- ἐξανακρούομαι : ramer en arrière, reculer
- φθῆναι : infinitif aoriste de φθάνω, devancer
- ὑπεραιωρηθέντες : parvenus à hauteur de (ὑπεραιωρέω-ῶ)
- ἀνακωχεύω : tenir à l’ancre
Commentaire
Un récit parfaitement sobre, sans souci d’héroïsme, qui prend l’allure d’un simple compte-rendu.
Mais à propos, qu’en est-il de la légende du « coureur de Marathon », Eucrès ou Phidippidès, qui serait mort après avoir couru de Marathon à Athènes pour apporter la bonne nouvelle ? On constate qu’elle ne figure pas chez Hérodote : il mentionne seulement la marche forcée des Athéniens vers leur ville, pour prendre de vitesse les Perses et les empêcher de débarquer à Phalère. C’est ce parcours qui sera celui du premier marathon olympique, en 1896,sous l’influence de l’académicien Michel Bréal, ami de Pierre de Coubertin. C’est toujours celui du Marathon d’Athènes qui a lieu chaque année, et du marathon des jeux olympiques de 2004.
L’histoire du « coureur de Marathon » vient d’Héraclide du Pont, repris par Plutarque dans ses Moralia.
Τὴν τοίνυν ἐν Μαραθῶνι μάχην ἀπήγγειλεν, ὡς μὲν Ἡρακλείδης ὁ Ποντικὸς ἱστορεῖ, Θέρσιππος ὁ Ἐρχιεύς· οἱ δὲ πλεῖστοι λέγουσιν Εὐκλέα δραμόντα σὺν τοῖς ὅπλοις θερμὸν ἀπὸ τῆς μάχης καὶ ταῖς θύραις ἐμπεσόντα τῶν πρώτων τοσοῦτον μόνον εἰπεῖν ’χαίρετε‘ καὶ ’χαίρομεν,‘ εἶτ´εὐθὺς ἐκπνεῦσαι. Πλὴν οὗτος μὲν αὐτάγγελος ἧκε τῆς μάχης ἀγωνιστὴς γενόμενος.
Plutarque, Les Athéniens se sont-ils illustrés plus par les lettres que par les armes.
Héraclide du Pont dit que Thersippe d’Erée apporta la nouvelle de la bataille de Marathon. D’autres prétendent, et c’est le plus grand nombre, que ce fut Euclée. Ils disent qu’il arriva à Athènes encore tout fumant du sang des ennemis ; qu’il tomba de fatigue à la porte des magistrats, à qui il ne dit que ces paroles : « Réjouissez-vous, nous avons vaincu, » et qu’il tomba mort à leurs pieds. Euclée du moins apportait la nouvelle d’un combat dont il avait été le témoin, et auquel il avait eu part.
Livre VII, Les Thermopyles
Description du défilé des Thermopyles
Renonçant à défendre les passes de Thessalie, situées entre les monts Olympe et Ossa, les Grecs décident de ramener plus au sud leur système de défense, en gardant le défilé des Thermopyles, et en disposant leur flotte près du cap Artémision, au nord de l’Eubée. Hérodote décrit ici le site des Thermopyles.
ἡ δὲ αὖ διὰ Τρηχῖνος1 ἔσοδος ἐς τὴν Ἑλλάδα ἐστὶ τῇ στεινοτάτη2 ἡμίπλεθρον 3. οὐ μέντοι κατὰ τοῦτό γε ἐστὶ τὸ στεινότατον τῆς χώρης τῆς ἄλλης, ἀλλ᾽ ἔμπροσθέ4 τε Θερμοπυλέων καὶ ὄπισθε, κατὰ τε Ἀλπηνοὺς ὄπισθε ἐόντας ἐοῦσα ἁμαξιτὸς5 μούνη, καὶ ἔμπροσθε κατὰ Φοίνικα ποταμὸν ἀγχοῦ Ἀνθήλης πόλιος ἄλλη ἁμαξιτὸς μούνη. τῶν δὲ Θερμοπυλέων τὸ μὲν6 πρὸς ἑσπέρης ὄρος ἄβατόν τε καὶ ἀπόκρημνον, ὑψηλόν, ἀνατεῖνον ἐς τὴν Οἴτην· τὸ δὲ πρὸς τὴν ἠῶ τῆς ὁδοῦ θάλασσα ὑποδέκεται καὶ τενάγεα. ἔστι δὲ ἐν τῇ ἐσόδῳ ταύτῃ θερμὰ λουτρά, τὰ Χύτρους καλέουσι οἱ ἐπιχώριοι, καὶ βωμὸς ἵδρυται7 Ἡρακλέος8 ἐπ᾽ αὐτοῖσι. ἐδέδμητο δὲ τεῖχος κατὰ ταύτας τὰς ἐσβολάς, καὶ τό γε παλαιὸν πύλαι ἐπῆσαν. ἔδειμαν δὲ Φωκέες τὸ τεῖχος δείσαντες, ἐπεὶ Θεσσαλοὶ ἦλθον ἐκ Θεσπρωτῶν9 οἰκήσοντες γῆν τὴν Αἰολίδα10 τήν νῦν ἐκτέαται11. ἅτε δὴ πειρωμένων τῶν Θεσσαλῶν καταστρέφεσθαι σφέας, τοῦτο προεφυλάξαντο οἱ Φωκέες, καὶ τὸ ὕδωρ τὸ θερμὸν τότε ἐπῆκαν ἐπὶ τὴν ἔσοδον, ὡς ἂν12 χαραδρωθείη ὁ χῶρος, πᾶν μηχανώμενοι ὅκως μή σφι ἐσβάλοιεν οἱ Θεσσαλοὶ ἐπὶ τὴν χώρην. (5) τὸ μέν νυν τεῖχος τὸ ἀρχαῖον ἐκ παλαιοῦ τε ἐδέδμητο καὶ τὸ πλέον αὐτοῦ ἤδη ὑπὸ χρόνου ἔκειτο· τοῖσι13 δὲ αὖτις ὀρθώσασι ἔδοξε ταύτῃ ἀπαμύνειν ἀπὸ τῆς Ἑλλάδος τὸν βάρβαρον. Κώμη δὲ ἐστὶ ἀγχοτάτω τῆς ὁδοῦ Ἀλπηνοὶ οὔνομα· ἐκ ταύτης δὲ ἐπισιτιεῖσθαι ἐλογίζοντο οἱ Ἕλληνες.
Οἱ μέν νυν χῶροι οὗτοι τοῖσι Ἕλλησι εἶναι ἐφαίνοντο ἐπιτήδεοι· πάντα γὰρ προσκεψάμενοι καὶ ἐπιλογισθέντες ὅτι οὔτε πλήθεϊ ἕξουσι χρᾶσθαι οἱ βάρβαροι οὔτε ἵππῳ, ταύτῃ σφι ἔδοξε δέκεσθαι τὸν ἐπιόντα ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα. Ὡς δὲ ἐπύθοντο τὸν Πέρσην ἐόντα ἐν Πιερίῃ, διαλυθέντες ἐκ τοῦ Ἰσθμοῦ ἐστρατεύοντο αὐτῶν οἳ μὲν ἐς Θερμοπύλας πεζῇ, ἄλλοι δὲ κατὰ θάλασσαν ἐπ᾽ Ἀρτεμίσιον.
L’entrée en Grèce par le pays de Trachis, là où elle est le plus resserrée, a une largeur d’un demi plethre. Cependant, ce n’est pas à cet endroit qu’est le point le plus étroit de ce pays, mais en avant et en arrière des Thermopyles, près d’Alpènes, qui est en arrière, là où la route permet le passage d’un seul char, et en avant, du côté du fleuve Phoinix, près de la ville d’Anthélé, où un seul char peut également passer. La partie occidentale des Thermopyles est une montagne inaccessible, abrupte, escarpée, se prolongeant jusqu’à l’Œta ; la partie de la route située à l’orient est bornée par la mer et par des terres envasées. Il y a dans ce passage des bains chauds, que les habitants appellent Chytroi (« les Marmites ») et l’on a élevé un autel à Héraklès près de ceux-ci ; un mur était construit en travers de ce défilé et jadis, il s’y trouvait une porte. Les Phocidiens avaient construit ce mur sous l’effet de la peur, lorsque les Thessaliens vinrent du pays des Thesprotes pour occuper laterre d’Éolide, qu’ils possèdent aujourd’hui ; comme les Thessaliens tentaient de les soumettre à leur pouvoir, les Phocidiens prirent cette précaution et ils dirigèrent alors l’eau chaude vers l’entrée du défilé, pour que le sol fût raviné en cet endroit, usant de tous les moyens pour que les Thessaliens ne fissent pas irruption dans leur pays. Donc l’ancien mur était construit de longue date et, pour la plus grande partie, il s’était déjà écroulé à force de temps ; les Grecs décidèrent, après l’avoir relevé, de repousser en ce lieu l’attaque des Barbares contre la Grèce. Il y a, tout près de la route, un bourg nommé Alpènes ; les Grecs envisageaient de s’y approvisionner en vivres.
Donc l’emplacement leur parut favorable : ayant tout pris en considération et calculé que les Barbares ne pourraient tirer parti ni du nombre de leurs troupes ni de leur cavalerie, il décidèrent de recevoir en ce lieu le choc de l’envahisseur. Apprenant que le Perse était en Piérie, ils se séparèrent et quittèrent l’isthme, les uns faisant mouvement vers les Thermopyles par voie de terre, les autres se dirigeant par mer vers l’Artémision.
- La ville de Trachis est située aux confins de la Doride et de la Locride
- Sous entendu : ἐστί ; τῇ est adverbe de lieu
- Un plèthre = 29,6 m.
- En allant du Nord au Sud
- Le mot désigne ici une route où ne peut passer qu’une seule voiture
- La partie des Thermopyles ; ὄρος est attribut.
- Attention au temps
- C’est ici,en effet, que l’on situait la légende selon laquelle Héraklès serait monté sur le bûcher, avant d’être admis au rang des demi-dieux.
- Le pays des Thesprotes correspond au sud de l’Épire
- L’Éolide est l’ancien nom de la Thessalie ; le thessalien appartient au groupe dialectal de l’éolien.
- Ἐκτέαται = attique κέκτηνται
- Introduit une subordonnée de but.
- Désigne les Grecs décidés à défendre les Thermopyles.
La Bataille
[7,223] Ξέρξης δὲ ἐπεὶ ἡλίου ἀνατείλαντος σπονδὰς ἐποιήσατο, ἐπισχὼν χρόνον ἐς ἀγορῆς κου μάλιστα πληθώρην πρόσοδον ἐποιέετο· καὶ γὰρ ἐπέσταλτο ἐξ Ἐπιάλτεω οὕτω· ἀπὸ γὰρ τοῦ ὄρεος ἡ κατάβασις συντομωτέρη τε ἐστὶ καὶ βραχύτερος ὁ χῶρος πολλὸν ἤ περ ἡ περίοδός τε καὶ ἀνάβασις. (2) οἵ τε δὴ βάρβαροι οἱ ἀμφὶ Ξέρξην προσήισαν, καὶ οἱ ἀμφὶ Λεωνίδην Ἕλληνες, ὡς τὴν ἐπὶ θανάτῳ ἔξοδον ποιεύμενοι, ἤδη πολλῷ μᾶλλον ἢ κατ᾽ ἀρχὰς ἐπεξήισαν ἐς τὸ εὐρύτερον τοῦ αὐχένος. τὸ μὲν γὰρ ἔρυμα τοῦ τείχεος ἐφυλάσσετο, οἳ δὲ ἀνὰ τὰς προτέρας ἡμέρας ὑπεξιόντες ἐς τὰ στεινόπορα ἐμάχοντο. (3) τότε δὲ συμμίσγοντες ἔξω τῶν στεινῶν[…] ἔπιπτον πλήθεϊ πολλοὶ τῶν βαρβάρων· ὄπισθε γὰρ οἱ ἡγεμόνες τῶν τελέων ἔχοντες μάστιγας ἐρράπιζον πάντα ἄνδρα, αἰεὶ ἐς τὸ πρόσω ἐποτρύνοντες. πολλοὶ μὲν δὴ ἐσέπιπτον αὐτῶν ἐς τὴν θάλασσαν καὶ διεφθείροντο, πολλῷ δ᾽ ἔτι πλεῦνες κατεπατέοντο ζωοὶ ὑπ᾽ ἀλλήλων· ἦν δὲ λόγος οὐδεὶς τοῦ ἀπολλυμένου. (4) ἅτε γὰρ ἐπιστάμενοι τὸν μέλλοντα σφίσι ἔσεσθαι θάνατον ἐκ τῶν περιιόντων τὸ ὄρος, ἀπεδείκνυντο ῥώμης ὅσον εἶχον μέγιστον ἐς τοὺς βαρβάρους, παραχρεώμενοί τε καὶ ἀτέοντες.
[7,224] δόρατα μέν νυν τοῖσι πλέοσι αὐτῶν τηνικαῦτα ἤδη ἐτύγχανε κατεηγότα, οἳ δὲ τοῖσι ξίφεσι διεργάζοντο τοὺς Πέρσας. καὶ Λεωνίδης τε ἐν τούτῳ τῷ πόνῳ πίπτει ἀνὴρ γενόμενος ἄριστος καὶ ἕτεροι μετ᾽ αὐτοῦ ὀνομαστοὶ Σπαρτιητέων, τῶν ἐγὼ ὡς ἀνδρῶν ἀξίων γενομένων ἐπυθόμην τὰ οὐνόματα, ἐπυθόμην δὲ καὶ ἁπάντων τῶν τριηκοσίων. (2) καὶ δὴ Περσέων πίπτουσι ἐνθαῦτα ἄλλοι τε πολλοὶ καὶ ὀνομαστοί, ἐν δὲ δὴ καὶ Δαρείου δύο παῖδες Ἀβροκόμης τε καὶ Ὑπεράνθης, ἐκ τῆς Ἀρτάνεω θυγατρὸς Φραταγούνης γεγονότες Δαρείῳ. ὁ δὲ Ἀρτάνης Δαρείου μὲν τοῦ βασιλέος ἦν ἀδελφεός, Ὑστάσπεος δὲ τοῦ Ἀρσάμεος παῖς· ὃς καὶ ἐκδιδοὺς τὴν θυγατέρα Δαρείῳ τὸν οἶκον πάντα τὸν ἑωυτοῦ ἐπέδωκε, ὡς μούνης οἱ ἐούσης ταύτης τέκνου.
[7,225] Ξέρξεώ τε δὴ δύο ἀδελφεοὶ ἐνθαῦτα πίπτουσι μαχόμενοι, καὶ ὑπὲρ τοῦ νεκροῦ τοῦ Λεωνίδεω Περσέων τε καὶ Λακεδαιμονίων ὠθισμὸς ἐγίνετο πολλός, ἐς ὃ τοῦτόν τε ἀρετῇ οἱ Ἕλληνες ὑπεξείρυσαν καὶ ἐτρέψαντο τοὺς ἐναντίους τετράκις. Τοῦτο δὲ συνεστήκεε μέχρι οὗ οἱ σὺν Ἐπιάλτῃ παρεγένοντο. (2) ὡς δὲ τούτους ἥκειν ἐπύθοντο οἱ Ἕλληνες, ἐνθεῦτεν ἤδη ἑτεροιοῦτο τὸ νεῖκος· ἔς τε γὰρ τὸ στεινὸν τῆς ὁδοῦ ἀνεχώρεον ὀπίσω, καὶ παραμειψάμενοι τὸ τεῖχος ἐλθόντες ἵζοντο ἐπὶ τὸν κολωνὸν πάντες ἁλέες οἱ ἄλλοι πλὴν Θηβαίων. Ὁ δὲ κολωνὸς ἐστὶ ἐν τῇ ἐσόδῳ, ὅκου νῦν ὁ λίθινος λέων ἕστηκε ἐπὶ Λεωνίδῃ. (3) ἐν τούτῳ σφέας τῷ χώρῳ ἀλεξομένους μαχαίρῃσι, τοῖσι αὐτῶν ἐτύγχανον ἔτι περιεοῦσαι, καὶ χερσὶ καὶ στόμασι κατέχωσαν οἱ βάρβαροι βάλλοντες, οἳ μὲν ἐξ ἐναντίης ἐπισπόμενοι καὶ τὸ ἔρυμα τοῦ τείχεος συγχώσαντες, οἳ δὲ περιελθόντες πάντοθεν περισταδόν.
Lorsque Xerxès eut fait des libations au lever du soleil, ayant attendu un moment jusqu’à l’heure où l’agora est le plus remplie, il lança une attaque. Et en effet il avait été ainsi conseillé par Éphialtès ; car la descente de la montagne est plus courte et le chemin beaucoup plus restreint que le contournement et la montée. (2) Les barbares de Xerxès avançaient, et les Grecs de Léonidas, dans la pensée qu’ils marchaient à la mort, désormais beaucoup plus qu’au début, allaient contre eux vers la partie plus large du défilé. On gardait en effet l’abri du rempart, et ceux qui les jours précédents se retiraient peu à peu combattaient vers le défilé. Mais ce jour-là, en en venant aux mains hors des passes […] Beaucoup de Barbares tombaient en foule ; en effet, par derrière, les chefs de bataillons, tenant des fouets, frappaient chaque homme, les poussant sans cesse vers l’avant. Beaucoup d’entre eux tombaient dans la mer et périssaient, mais beaucoup plus nombreux encore ils s’écrasaient vivants les uns les autres ; on ne tenait aucun compte de celui qui succombait. Sachant que la mort viendrait de ceux qui contournaient la montagne, les Grecs montraient contre les Barbares toute la force dont ils disposaient, avec une audace insensée.
Les javelots, pour la plupart d’entre eux, à ce moment-là déjà se trouvaient brisés, mais avec leurs épées ils massacraient les Perses. Et Léonidas, dans cette épreuve, tombe, en homme très brave, et avec lui d’autres Spartiates de grand renom, dont j’ai appris les noms, les estimant hommes de mérite, et je me suis même informé des noms de tous les trois cents. Et parmi les Persestombent là beaucoup d’hommes de renom, et parmi eux deux fils de Darius, Abrocomès et Hyperanthès, que Darius avait eus de la fille d’Artanès, Phratagouna. Artanès était frère du Roi Darius, et fils d’Hytaspès, lui-même fils d’Arsamès ; en donnant sa fille à Darius il lui donna tous ses biens, étant donné que celle-ci était son unique enfant.
Deux frères de Xerxès tombent donc là en combattant, et il y eut une grande mêlée entre les Perses et les Lacédémoniens pour s’emparer du cadavre de Léonidas, jusqu’à ce que les Grecs, par leur courage, le soustraient, et ils mirent en fuite leurs adversaires à quatre reprises. Cela dura jusqu’à ce que surviennent les hommes d’Éphialtès. Lorsque les Grecs furent informés de leur arrivée, la lutte, à partir de là, changea alors de nature ; en effet ils se replièrent vers la partie étroite de la route, et ayant contourné le mur, ils allèrent prendre position sur la colline, tous rassemblés sauf les Thébains. La colline se trouve à l’entrée, là où à présent se dresse le lion de pierre en l’honneur de Léonidas. C’est dans ce lieu, alors qu’ils se défendaient avec des couteaux, pour ceux d’entre eux qui en avaient encore, avec leurs mains, avec leurs dents, que les Barbares les accablèrent en leur lançant des traits, les uns de front, après les avoir poursuivis et avoir détruit l’abri du mur, les autres en ayant fait le tour et en les encerclant de toutes parts.
Pour une explication phrase par phrase de la version, voyez le cours de version grecque, version n° 6.
Un travail d’historien
Précision des données géographiques : Hérodote s’attache à situer chaque mouvement, minutieusement : ainsi, dans le 1er §, ἀπὸ γὰρ τοῦ ὄρεος ἡ κατάβασις, la descente de la montagne, ἐς τὸ εὐρύτερον τοῦ αὐχενος, vers l’endroit le plus large du défilé, τὸ ἔρυμα τοῦ τείχεος, l’abri du mur, ἐς τὰ στεινόπορα, vers la partie resserrée, ἔξω τῶν στεινῶν, en dehors des passes, ἐς τὴν θάλασσαν, dans la mer… Un coup d’œil au texte précédent nous montre avec quelle précision géographique Hérodote a situé l’emplacement et le site de cette bataille décisive. Dans le 3ème §, ce sont les compléments de lieu qui l’emportent : on revient à un combat de mouvement : ἔς τε γὰρ τὸ στεινὸν τῆς ὁδοῦ, vers la partie étroite de la route, ὀπίσω, en arrière, παραμειψάμενοι τὸ τεῖχος, ayant contourné le mur, ἐπὶ τὸν κολωνὸν, sur la colline ;
Précision des données chronologiques : les repères temporels ne sont pas moins nombreux. Dès le 1er § nous trouvons des indications temporelles, qui peuvent être absolues (ἡλίου ἀνατείλαντος, au lever du soleil ; ἐς ἀγορῆς οου μάλιστα πληθώρην, vers l’heure où l’agora est pleine) ou relatives (πολλῷ μᾶλλον ἢ κατ’ ἀρχάς, beaucoup plus qu’au début ; ἀνὰ τὰς προτέρας ἡμέρας, au long des jours précédents). Si, dans le 2ème §, les indications temporelles et spatiales tendent à disparaître, ou du moins se limitent à des notations anaphoriques (ἐνθαῦτα, l. 20), on les retrouve dans le 3ème : ὡς… ἐπύθοντο, ἐνθεῦτεν ἤδη.
Une volonté documentaire qui se traduit par des parenthèses :
Une parenthèse généalogique à propos des frères de Xerxès, les deux fils de Darius, Abrocomès et Hyperanthès (on notera l’hellénisation des noms…). S’ensuit une petite parenthèse : Artanès était d’une part frère du roi Darius, d’autre part fils d’Hystapès lui-même fils d’Arsamès… On pourrait s’étonner que Darius ait épousé sa nièce ; cela ne surprenait pas un Grec, habitué à ce qu’une fille épiclère (c’est-à-dire héritière et sans tuteur) épouse son plus proche parent…
Une parenthèse géographique à propos de la colline : Le 3ème § offre une très brève notation géographique, au présent, évoquant un monument connu de tout le monde grec : Ὁ δὲ κολωνὸς ἐστὶ ἐν τῇ ἐσόδῳ, ὅκου νῦν ὁ λίθινος λέων ἕστηκε ἐπὶ Λεωνίδῃ.
Un travail d’écrivain
Une bataille “homérique”
Héroïsation des combattants : importance des noms. Les noms propres sont nombreux, et Hérodote souligne le soin qu’il a mis à les rassembler ; on se souvient que chez Homère, la gloire du nom, le κλῦτος, représente la seule forme d’immortalité à laquelle le héros puisse prétendre, et que cette gloire, à elle seule, suffit à rendre la « belle mort » désirable. Même les Perses ont droit à une parenthèse généalogique…
Bataille autour du cadavre de Léonidas : De même que dans l’Iliade, il est essentiel de récupérer le cadavre du héros pour lui donner une sépulture digne de ce nom, de même, on se bat pour récupérer le corps de Léonidas… avec tant d’acharnement que les Grecs mettent quatre fois en déroute leurs adversaires ! On se souvient des enjeux autour du cadavre d’Hector dans l’Iliade… et aussi du sort tragique des amiraux vainqueurs aux Arginuses, et condamnés pour n’avoir pas récupéré les morts au combat…
Les effets de dramatisation
Composition en plusieurs phases : Le texte comprend manifestement trois phases, construites comme une tragédie : un premier combat, incertain, où les Grecs semblent presque vainqueurs : ils récupèrent le corps de Léonidas, continuent de résister… Puis le combat semble marquer une pause, le temps de dénombrer les morts. Enfin, l’assaut final, préparé dès le 1er § : ὡς τὴν ἐπὶ θανάτῳ ἔξοδον ποιεύμενοι ; ἐπιστάμενοι τὸν μέλλοντα σφίσι ἔσεσθαι θάνατον ἐκ τῶν περιιόντων τὸ ὄρος…
Le “chant funèbre” du 2ème paragraphe : la mort est partout, du côté des Grecs, mais aussi des Perses. Champ sémantique de la mort : διεργάζοντο, πίπτει, πίπτουσι…
Un combat héroïque et désespéré : L’on assiste à la disparition progressive des armes dans le camp grec : au début du 2ème §, les javelots sont brisés, et les Grecs condamnée au corps à corps ; dans le 3ème, ils n’ont même plus d’épée ! La 3ème phase montre un corps à corps pathétique et sans espoir. Les Grecs, presque sans armes, résistent “avec leurs mains, avec leurs dents” et finissent par succomber sous le nombre. Ils sont encerclés : οἳ μὲν ἐξ ἐναντίης ἐπισπόμενοι καὶ τὸ ἔρυμα τοῦ τείχεος συγχώσαντες, οἳ δὲ περιελθόντες πάντοθεν περισταδόν. Le combat est rendu plus pathétique encore du fait que la scène est décrite du point de vue des Grecs.
Un travail de patriote
L’héroïsme grec contre une certaine lâcheté des Barbares
La “mêlée” barbare et l’action des officiers dans le 1er § : si Hérodote semble alterner équitablement la description des Barbares et celle des Grecs, en réalité le monde barbare est montré comme désordonné et lâche ; pour que les hommes avancent, il faut que les officiers les poussent en avant à coups de fouet ! Peut-être faut-il voir là la différence entre une armée de citoyens, conscients qu’ils défendent leur pays et prêts à mourir pour lui, et une armée de sujets, contraints de risquer leur vie pour le seul intérêt d’un tyran… Quoi qu’il en soit, les foules barbares connaissent une mort peu glorieuse : les Perses se noient ou sont écrasés par leurs propres troupes. On est à l’opposé de l’héroïsme homérique des Grecs. Seuls les princes échappent, dans le 2ème §, à cette mort anonyme et honteuse…
Les vaines attaques des Perses dans le 3ème § avant l’arrivée d’Éphialtès : à ce moment, les Grecs, épuisés et quasi désarmés, sont dans une situation désespérée. Et pourtant, avant l’arrivée d’Éphialtès (un Grec !), les Perses ne parviennent même pas à s’emparer du cadavre de Léonidas !
L’ultime assaut des Barbares : ils sont encore représentés par une masse indifférenciée, et ne l’emportent que par le nombre ; le sujet de la phrase est rejeté en fin de phrase, avec de simples participes présents : οἱ βάρβαροι βάλλοντες, οἳ μὲν ἐξ ἐναντίης ἐπισπόμενοι καὶ τὸ ἔρυμα τοῦ τείχεος συγχώσαντες, οἳ δὲ περιελθόντες πάντοθεν περισταδόν.
La mise en valeur des Grecs
Dans tout le texte, ils sont seuls à penser, à être conscients de la situation : ὡς τὴν ἐπὶ θανάτῳ ἔξοδον ποιεύμενοι, ἅτε γὰρ ἐπιστάμενοι τὸν μέλλοντα σφίσι ἔσεσθαι θάνατον ἐκ τῶν περιιόντων τὸ ὄρος… Ils combattent presque à main nue des adversaires plus nombreux et mieux armés ; ils font preuve d’un héroïsme confinant à la folie : ἀπεδείκνυντο ῥώμης ὅσον εἶχον μέγιστον ἐς τοὺς βαρβάρους, παραχρεώμενοί τε καὶ ἀτέοντες. Même dans la phase finale, ils sont propulsés en tête de phrase, suivant ainsi la chronologie : leur résistance désespérée “avec des couteaux, avec leurs mains, avec leurs dents”, puis leur écrasement par les masses barbares.
Leur combat n’est jamais désordonné comme celui des Barbares, mais toujours conscient et organisé. Hérodote s’efforce même de dissimuler la déroute : ainsi, dans le 3ème §, Hérodote s’efforce de ne pas donner l’impression d’une déroute : ἀνεχώρεον, ils se repliaient, παραμειψάμενοι, ayant contourné, ἐλθόντες, étant allés, et enfin ἵζοντο, ils prenaient position. Si les participes sont à l’aoriste, les verbes conjugués sont, eux, à l’imparfait – ce qui donne la sensation d’un mouvement lent, et ordonné.
Les interventions du narrateur. À part quelques notations géographiques, hérodote n’intervient en personne qu’une fois : pour insister sur le fait qu’il s’est informé du nom des trois-cents Spartiates. Plus qu’un travail d’historien, il faut voir là un geste de piété – comme plus loin la mention du monument à Léonidas.
Dans l’imaginaire Grec, la bataille des Thermopyles fut un très grand moment d’héroïsme et de gloire nationale – une gloire qui, pour une fois, unissait toute la nation hellène contre un envahisseur étranger. Elle reste un fait unique dans l’histoire grecque : les cités ne surent plus jamais s’unir de la sorte, ni contre Philippe de Macédoine, malgré les appels désespérés de Démosthène, ni contre les Romains. Aujourd’hui encore, elle demeure dans la mémoire collective comme le symbole de la grandeur grecque, et son souvenir animera, au 19ème siècle, les combattants grecs contre un autre envahisseur venu des plateaux anatoliens : l’empire Ottoman.