Babrius était un Romain qui écrivait en grec ; il était contemporain des Flaviens, et du poète Martial. Pour en savoir plus, voir l’article de Philippe Renault :
Le cheval et l’âne
Ἄνθρωπος ἵππον εἶχε. Tοῦτον εἰώθει
κενὸν παρέλκειν, ἐπετίθει δὲ τὸν φόρτον
ὄνῳ γέροντι. Πολλὰ τοιγαροῦν κάμνων
ἐκεῖνος ἐλθὼν πρὸς τὸν ἵππον ὡμίλει·
«ἤν μοι θελήσῃς συλλαβεῖν τι τοῦ φόρτου,
τάχʹ ἂν γενοίμην σῷος· εἰ δὲ μή, θνῄσκω.»
ὁ δʹ «οὐ προάξεις,» εἶπε «μή μʹ ἐνοχλήσῃς ;»
<ὄνος> εἷρπε σιγῶν, τῷ κόπῳ δʹ ἀπαυδήσας
πεσὼν ἔκειτο νεκρός, ὡς προειρήκει.
Τὸν ἵππον οὖν παρʹ αὐτὸν εὐθέως στήσας
ὁ δεσπότης καὶ πάντα τὸν γόμον λύων
ἐπʹ αὐτὸν ἐτίθει τὴν σάγην τε τοῦ κτήνους,
καὶ τὴν ὀνείην προσεπέθηκεν ἐκδείρας.
Ὁ δʹ ἵππος· «οἴμοι τῆς κακῆς» ἔφη «γνώμης·
οὗ γὰρ μετασχεῖν μικρὸν οὐκ ἐβουλήθην,
<τοῦτʹ> αὖτʹ ἐμοὶ πᾶν ἐπιτέθεικεν ἡ χρείη.»
Un homme possédait un cheval ; il avait l’habitude de le tirer à vide, et imposait la charge à un vieil âne. C’est pourquoi, bien fatigué, celui-ci alla vers l’âne et lui dit : « si tu veux bien partager avec moi un peu du fardeau, j’aurais la vie sauve ; sinon, je meurs. » Le cheval répondit : « n’avanceras-tu pas, sans m’ennuyer ? [afin de ne pas m’ennuyer]. L’âne avançait en silence, et abattu par l’épuisement, il tomba mort, comme il l’avait prédit. Aussitôt le maître arrêtant le cheval près de lui et ayant détaché toute la charge la mit sur lui, avec le harnais de la bête de somme, et il ajouta encore la peau de l’âne qu’il avait écorché. Alors le cheval dit : « Oh ! la mauvaise pensée ! Je n’ai pas voulu partager un peu de sa charge, et la nécessité me l’impose toute entière. »