La Grèce archaïque, du VIIIème au VIème siècle

Sommaire

La vie politique et sociale au VIIIème siècle.

Si l’évolution politique et sociale des cités ne peut être suivie dans le détail faute de documents, et sans doute aussi à cause de l’inégalité de leur développement, accentuée par le repli, le morcellement qui caractérisent les premiers siècles, il reste possible sans conjectures trop aventurées, grâce aux poèmes d’Homère et surtout d’Hésiode, aux fragments des auteurs anciens, parfois aux fouilles archéologiques, d’esquisser le tableau de la situation au VIIIème siècle.

La vie économique est primitive et uniquement agricole, ce qui favorise les grands propriétaires, les possesseurs de chevaux (hippobotes) qui s’assurent à la fois la richesse, la puissance politique, la maîtrise des champs de bataille et la connaissance des secrets religieux. Cette suprématie s’explique politiquement par l’effacement de la monarchie primitive au bénéfice de l’aristocratie foncière, qui élimine le roi ou le réduit à un rôle purement religieux (cf. l’archonte-roi à Athènes), et domine un conseil d’une centaine de membres. Les petits possesseurs, les artisans ou démiourgoi, les salariés ou thètes, et les métayers, écrasés sous de lourdes contributions, éventuellement les esclaves publics, d’origine mal connue, hilotes laconiens, pénestes thessaliens, ne jouent aucun rôle politique et ne sauraient prétendre à rien sur le champ de bataille.

Les institutions sont sommaires, les lois non écrites, la justice familiale. Au luxe des riches s’oppose la misère croissante des pauvres. C’est à cette époque qu’il faut situer la grande émigration grecque et la naissance du monde hellénique qui commençait à l’extrémité orientale de la mer noire et ne se terminait qu’aux colonnes d’Héraklès, aujourd’hui Gibraltar.

L’Émigration du VIIIème au VIème siècle

Ses causes

Les Grecs vivaient à l’étroit sur un territoire aride et pierreux : de plus, les invasions et les guerres civiles obligeaient les vaincus à trouver un refuge plus ou moins lointain. Les cités les plus colonisatrices sont les plus petites, les plus à l’étroit sur leur terre, comme Chalcis, Érétrie, Mégare. En revanche, Sparte, mieux pourvue, et accrue encore de la fertile Messénie, et Athènes, dans l’Attique relativement vaste et riche, ne sont pas à l’origine de la première colonisation.

La première colonisation :

Elle dure de 775 à environ 675 av. J-C. Durant cette première colonisation, on rechercha de vastes terres, comme l’Italie du Sud, la Sicile, l’Afrique du Nord ou le Pont-Euxin. Leur vocation était agraire (la seconde colonisation, elle, sera commerciale). En effet, les colonies étaient très dispersées. Les principales furent : l’Italie du Sud, la Sicile, le Pont-Euxin (actuelle Mer Noire).

Les premières colonies, dominées par une aristocratie foncière, restent indépendantes de leur métropole ; ne demeure qu’un lien religieux.

La seconde colonisation (675-500 avant J-C)

Très vite apparut la valeur commerciale de certains sites, comme le détroit de Messine, les îles Ioniennes, les côtes de Thrace, l’Hellespont (aujourd’hui les Dardanelles) ou le Bosphore, qui permettent de tenir les routes commerciales. L’oracle de Delphes orientait souvent les émigrants vers les localisations les plus avantageuses ; les métropoles, devenues des centres industriels et commerciaux, comme Chalcis, Érétrie, Mégare, Corinthe, ont une politique de développement par les colonies, tandis que de nouvelles métropoles envoient à leur tour des émigrants : c’est le cas des cités d’Asie Mineure, comme Samos, Phocée et surtout Milet.

Les principales colonies

Les colonies d’Asie mineure :une véritable Grèce asiatique, dont la partie la plus prospère s’appelait l’Ionie, avec des villes peuplées, riches d’une civilisation brillante, comme Éphèse ou Milet. Elles-mêmes devinrent très vite des métropoles, qui fondèrent leurs propres colonies.

Les colonies du Pont-Euxin, qui s’échelonnaient sur les rives de la Crimée, de la Russie du Sud, de l’Asie mineure septentrionale. A l’entrée des détroits, Byzance tenait la clé du Bosphore et dominait la route du blé ; elle était destinée à un brillant avenir… Ces villes sont le domaine des Mégariens et surtout des Milésiens, qui fondèrent jusqu’à 80 villes et comptoirs.

Mais l’on trouve des colonies tout au long de la côte Thrace, et en Chalcidique, dont le nom évoque l’origine : il s’agit encore de la Chalcis d’Eubée. De leur côté, les habitants de Paros colonisèrent Thasos, et exploitèrent sur le continent les mines du mont Pangée.

Plus à l’est, Abdère, Maroneia ou Ainos sont des colonies ioniennes.

Les colonies d’Afrique

deux surtout étaient importantes, celle de Naucratès fondée dans le delta du Nil, et Cyrène, dans l’actuelle Tripolitaine (Libye), fondée par des Doriens. Mais la puissance égyptienne interdisait toute colonisation sur son territoire.

Les colonies d’Europe

En Sicile : Syracuse, Agrigente (582). Les Eubéens fondèrent Rhégion, Catane, Léontinoi ; les Corinthiens, Syracuse ; les Mégariens, Sélinonte et Mégara Hyblaea ; les Rhodiens, Géla et Agrigente.

En Italie du Sud, coloniée dès le début du VIIIème siècle, les Chalcidiens fondèrent Cumes ; un siècle plus tard, les Achéens fondèrent Sybaris et Crotone, elles- mêmes métropoles de Métaponte et Siris ; bientôt l’influence grecque pénétra si profondément ces deux régions, la Sicile et le Sud de l’Italie, qu’elles formèrent ce qu’on appela la « Grande Grèce ».

En Gaule méridionale, les Phocéens, originaires d’Ionie, fondèrent Massilia vers 600 (ou peut-être s’installèrent-ils à l’emplacement d’un ancien comptoir phénicien. Le nom de Massilia est d’origine phénicienne). Puis les Grecs de Massilia colonisèrent à leur tour la Corse, la côte provençale (Nice, Agde, Antibes, La Ciotat) et catalane. Massilia fut un grand centre de commerce avec la Gaule, la Sicile et l’actuelle Angleterre. C’était un intense foyer de culture grecque, et ses écoles connurent une grande renommée. Son influence remonta par la vallée du Rhône, jusqu’au Glanum près de Saint-Rémy.

Les résultats de la colonisation.

L’hellénisme s’implanta donc, aux VIIème et VIIème siècles, sur la plupart des rivages de la Méditerranée. Plusieurs ensembles se constituèrent :

  • L’ensemble milésien sur la Mer Noire ;
  • L’empire Massaliote (c’est-à-dire Marseillais) en Occident ;
  • Le très brillant ensemble dit de la « Grande Grèce ».

Carte des colonies grecques et phéniciennes , aux environs de 550 av. J.-C. Pour agrandir, cliquez sur l’image.

Mais le mouvement s’arrêta de lui-même à la fin du VIème siècle : les Étrusques et les Carthaginois à l’Ouest, les Perses à l’Est, ne tardèrent pas à y voir un danger pour leur propre hégémonie. Ces derniers surtout ruinèrent la puissance de Milet, et s’avancèrent vers le Danube et les Balkans. L’expansion grecque stoppa donc, pour ne reprendre qu’avec Alexandre le Grand, au IVème siècle.

Le monde grec si vaste, si dispersé, jouissait d’une remarquable unité morale : la communauté y était formée sur les liens du sang, ou ceux de la langue grecque, seule usitée et comprise dans les colonies, ainsi que sur les institutions panhelléniques : jeux, religion.

L’influence grecque commença à pénétrer le monde barbare, par le commerce des objets d’art, céramiques et armes surtout, que les colonies ne tardèrent pas à produire elles-mêmes. Des liens commerciaux se tissèrent, comme entre Marseille et Syracuse ; le commerce devint une activité principale, même dans les colonies originellement agricoles.

Athènes à l’époque archaïque

Les crises des VIIIème et VIIème siècles

Lire La Constitution des Athéniens, d’Aristote.

Organisation primitive d’Athènes

Athènes est une cité aristocratique dirigée par une majorité de grands propriétaires nobles, les Eupatrides. Parmi eux se recrutaient les Archontes, qui dirigeaient l’État. Plus tard, sortis de ces charges, ils formaient l’Aréopage qui faisait observer les lois et rendait la justice. Mais les Eupatrides abusaient de leur pouvoir à l’égard des petites gens. Ceux-ci, victimes de mauvaises récoltes, empruntaient de l’argent qu’ils ne pouvaient rembourser : ils devenaient esclaves de leurs créanciers.

Athènes au VIIIème-VIIème siècles

Au VIIIème siècle, Athènes semble avoir été florissante, bien qu’elle soit peu présente dans les sources dont nous disposons. Son art, en particulier la céramique orientalisante était très brillant ; le Maître du Dipylon maîtrisait le nouvel alphabet, comme en témoigne une cruche de cette époque. On a trouvé des bijoux dans des tombes féminines des IXème et VIIIème siècles…

En revanche, au VIIème siècle, la céramique se raréfie et s’exporte peu. L’art attique semble plus médiocre que celui de ses grandes rivales, Corinthe ou Sparte. On peut donc en conclure qu’Athènes a subi une crise au cours du VIIème siècle.

Cette crise ne semble pas être de nature économique : Athènes exporte largement son huile dans toute la Méditerranée occidentale ; elle est plutôt d’ordre social : les Eupatrides semblent avoir repris le pouvoir vers le milieu du VIIème, et la division de la société en deux groupes, les riches propriétaires d’un côté, et les paysans dépendants, de plus en plus pauvres de l’autre, a pu aboutir à une crise majeure à la fin du siècle, d’où l’appel à la médiation de Solon en 594.

L’évolution d’Athènes vers la démocratie.

La réforme de Solon

solon

C’est donc dans un contexte difficile pour Athènes qu’intervient Solon : la cité vient de subir des défaites, contre Mégare (elle y a perdu Salamine), peut-être aussi contre Mytilène.

Ces oppositions d’intérêts risquaient d’engendrer une guerre civile. Elle fut évitée par Solon (594 av. J-C.), un Eupatride, désireux de maintenir la paix dans la cité. Il fit de grandes réformes :

  • une réforme sociale qui abolit les dettes et l’esclavage pour dettes et supprime la condition d’hectémore (ou paysans dépendants) ;
  • une réforme politique qui classait les citoyens d’après leurs revenus ou leurs richesses : seuls les citoyens des trois premières classes pouvaient devenir Archontes, mais tous les citoyens pouvaient siéger à l’Ecclésia et faire partie du jury populaire. Ces quatre classes sont :
  1. les pentacosiomédimnes, classe des plus riches, dont l’opulence était compensée par la lourdeur de leurs charges ; ils pouvaient récolter 500 médimnes de blé, soit environ 250 hectolitres.
  2. Les cavaliers, petits hobereaux récoltant de 300 à 500 médimnes (150 à 250 hectolitres) ;
  3. Les zeugites, récoltant de 200 à 300 médimnes (100 à 150 hectolitres) et possédant sans doute un attelage ;
  4. Les thètes, qui ne possèdent presque rien, et sont, du coup, exclus de presque tous les droits.

Il établit aussi un conseil de 400 membres (Βουλὴ), dont on a peut-être retrouvé le bâtiment, du premier quart du VIème siècle, à l’angle sud-ouest de l’agora.

  • Une réforme judiciaire :

La liberté de tester : chacun dispose de ses biens à son gré s’il n’a pas d’héritier mâle légitime.

Le premier venu peut demander satisfaction pour un tiers offensé : atteinte aux procédés de composition entre familles ; renforcement de l’autorité et de la compétence de la justice d’Etat.

Création du tribunal de l’Héliée, jury tiré au sort dans la masse des citoyens, sans distinction de fortune ou de classe.

L’Aréopage, déjà affaibli au VIIème siècle par la création des Ephètes, voit, par la naissance de l’Héliée son rôle amoindri. Il perd aussi le pouvoir de nommer les Archontes.

Mais le détail de ces réformes reste incertain, et il faut souvent prendre avec prudence le texte d’Aristote :

  • Réforme des poids et mesures : nous n’en avons aucune trace archéologique ;
  • Interdiction d’exporter les produits agricoles, sauf l’huile d’olive : mais on ignore si Athènes exportait autre chose que de l’huile à cette époque ;
  • Octroi du droit de cité à des artisans étrangers : mais rien ne montre leur présence, notamment dans le quartier des potiers.

Du départ de Solon à la fin des Pisistratides (593-510)

Lire La Constitution des Athéniens, d’Aristote.

Le départ de Solon

Solon avait tenté d’établir une médiation entre les deux « classes » qui se déchiraient ; il réussit surtout à mécontenter l’une et l’autre ; à la fin de son archontat, il quitta Athènes.

Les troubles reprirent alors, avec une première tentative de tyrannie, d’un certain Damasias qui voulut conserver l’archontat deux ans de suite, en 582 et 581.

Le pouvoir de Pisistrate (561-527)

Pisistrate était un membre de l’aristocratie, qui avait acquis une certaine renommée lors de la guerre contre Mégare ; il semble s’être emparé du pouvoir, à la faveur du mécontentement populaire, en s’emparant de l’Acropole. Il connut bien des difficultés : d’abord il régna à partir de 561 jusqu’à une date inconnue, où il fut chassé et exilé ; il revint une première fois d’exil, reprit le pouvoir et fut chassé à nouveau, sans que nous puissions dater précisément ces événements. Enfin, il revint définitivement à Athènes en 546, et régna alors sans interruption jusqu’à sa mort, de maladie, en 527.

Ce personnage paraît plutôt sympathique, débonnaire, et favorable au peuple.

Les Pisistratides : Hipparque (527-514) et Hippias (514-510).

Son fils aîné Hipparque semble au début suivre le même chemin. Mais il est assassiné en 514, et son second fils Hippias, qui succède à son frère, passe pour avoir été un tyran au sens moderne du mot.

Le règne des Pisistratides prit fin avec l’action des « Tyrannoctones » : action purement politique, ou simple fait divers ? quoi qu’il en soit, il en résultat deux faits :

– la création d’un véritable mythe athénien, celui des « tueurs de tyrans », même si leur action, en durcissant le régime, fut plus catastrophique que positive ;

– une horreur viscérale du pouvoir personnel, qui va expliquer bon nombre d’institutions athéniennes :

  • Le caractère collégial, et la durée très réduite de la plupart des magistratures
  • L’obligation pour tout magistrat de rendre des comptes à sa sortie de charge
  • L’invention de l’ostracisme.

La tyrannie n’a rien d’une exception athénienne, bien au contraire : on la retrouve à la même époque à Corinthe (Périandre), à Milet (Thrasybule), à Mytilène sur l’île de Lesbos (Pittacos, contemporain de Sappho et d’Alcée), à Samos (Polycrate).

Ce sont les régions les plus développées de Grèce, où s’est installé le régime des cités, qui connaissent ces épisodes tyranniques, comme s’il s’agissait d’une maladie infantile de la démocratie, un avatar dans la constitution des Cités-États.

Sparte, en revanche, qui disposait d’institutions originales, échappa à ce phénomène.

Les réformes réalisées par les tyrans

Arrivés au pouvoir lors d’une crise, les tyrans, et en particulier les Pisistratides feront en sorte d’apaiser les tensions et de stabiliser la société.

Ils favorisent le commerce et l’artisanat ;

Ils lancent une politique de grands travaux : à Athènes, on leur prête la construction de temples.

Ils tentent de retenir les paysans sur leurs terres : sans doute pas, comme on l’a cru longtemps, en confisquant des terres ; mais en accordant des prêts à de petits paysans, et en créant des « juges des dèmes » qui se déplaçaient à la campagne.

Issus de l’aristocratie, ils luttent cependant contre elle, ou une partie d’entre elle, en s’appuyant sur le δῆμος ; les mesures prises ont sans doute été avantageuses pour une majorité des gens : sinon la tyrannie n’aurait pas duré aussi longtemps – plus de 50 ans à Athènes, 73 ans à Corinthe, 100 ans à Sicyone ! Par ailleurs, l’aristocratie était divisée : parmi les archontes du VIème siècle, on trouve des nobles que l’on croyait bannis par les Pisistratides…

Cependant, le règne des tyrans a abouti à la destruction du prestige politique et moral de l’aristocratie. Ils ont également, pour cela, utilisé la religion, en apportant notamment un soutien fervent au culte populaire par excellence, celui de Dionysos.

Les tyrans ont donc contribué à résoudre une crise profonde, entre l’aristocratie et le δῆμος ; mais une fois la crise résolue, leur pouvoir personnel a semblé trop lourd ; la plupart ont fini dans la violence. Ainsi, les Pisistratides ont été assassinés.

L’évolution d’Athènes sous les Pisistratides

La monnaie apparaît simultanément dans toute la Grèce ; à Athènes, les premières monnaies datent de l’époque de Pisistrate, et elles prennent une importance considérable sous Hippias : on voit apparaître les tétradrachmes à l’effigie d’Athéna et de la chouette. (Cette pièce d’argent valant 4 drachmes fut utilisée par les grecs de 600 av. JC à 200 ap. JC. L’usage de cette monnaie s’est étendu aux zones sous influence grecque, tels l’Iran et l’Inde jusqu’au VIème siècle.)

Souvent attribuée aux tyrans, l’invention de la monnaie symbolise leur pouvoir.

Si la naissance de la pensée scientifique appartient à la période, elle se produit essentiellement à l’Ionie, et en Sicile, et non pas à Athènes.

La Grèce connaît aussi une véritable révolution artistique.

La statuaire voit apparaître les « kouroi » et les « korai »

En architecture, les ordres (ionien, dorien) se mettent en place

La céramique grecque voit d’abord le triomphe de Corinthe, mais très vite, vers 550, les artisans du Céramique donnent à Athènes la prééminence.

Vers 530, l’invention des vases à figure rouge lui assurent une suprématie durable. Représentant souvent des épisodes mythologiques, ils contribuent à populariser les légendes antiques.

Les réformes de Clisthène

Clisthène (570- fin du VIème siècle)

Clisthène appartient à la grande famille des Alcméonides ; il est fils de Mégaclès, et petit-fils, par sa mère,du tyran de Sicyone. Il naît autour de 570 av. J-C.

Il devient chef de famille vers 540, sous Pisistrate, lors de l’exil des Alcméonides. Revenu à Athènes, sans doute avant même la mort du tyran (qui a lieu en 527), il devient archonte en 525-524 pendant le règne d’Hippias et Hipparque, les fils de Pisistrate.

En 514, après l’expulsion des Alcméonides, il utilise son influence sur le sanctuaire de Delphes pour susciter l’intervention de Cléomène, roi de Sparte ; intervention qui aboutira au renversement d’Hippias en 510.

En 508, il s’oppose désormais à Cléomène, et au protégé de celui-ci, Isagoras ; il choisit alors de « faire entrer le dèmos (δῆμος) dans son hétairie » (Aristote, Constitution des Athéniens).

Les réformes de Clisthène

Première division du peuple en 10 tribus (chacune présentant 50 membres à la βουλή, qui en comptera désormais 500) ;

Chacune de ces tribus comprend trois « trittyes », l’une comportant des habitants de la plaine, l’autre du Pirée, la troisième de la ville, afin d’unifier ces trois régions de l’Attique, aux intérêts souvent divergents ; Aucune tribu ne correspond donc à une aire géographique, mais chacune constitue une image complète de la cité et représente les intérêts de tous les citoyens, quel que soit leur lieu d’origine.

Enfin, la circonscription de base devient le dème (δῆμος), qui constitue l’identité de chaque citoyen : un Athénien est d’abord Untel, du dème de X, avant d’être le fils de son père, ou de sa famille : une manière de limiter l’influence des grandes familles et des clientèles…

Clisthène accompagne cette réorganisation géographique d’une réforme profonde des institutions, dont le détail nous échappe un peu ; mais l’on sait en revanche qu’il a mis en place la βουλή de 500 membres, en remplacement du conseil des 400 mis en place par Solon.

En revanche, les anciennes institutions, telles que l’Aréopage et l’archontat, restent en place.