La toilette dans la Grèce antique

Quel geste plus quotidien, plus intime que la toilette ? Dès l’antiquité grecque, les artistes ont représenté, dans la littérature et les arts plastiques, ce moment : une femme munie d’un miroir, tandis que près d’elle une servante verse de l’eau dans un bassin, s’observe et peigne ses cheveux ; non loin, on devine une boîte, contenant probablement des onguents et des parfums. Et pourtant, la scène a considérablement évolué au fil de l’histoire.

Le bain

Le bain suppose de l’eau, beaucoup d’eau douce – denrée rare en ce pays où l’été les rivières sont à sec ! D’autre part, le bain suppose l’immersion : or, pour cela il faut de grands récipients, de métal ou de pierre polie, objets rares et chers… Le bain sera donc réservé à l’aristocratie, et restera plutôt rare jusqu’à la fin du Vème siècle avant J-C. On avait donc recours à une simple vasque, ou un petit bassin, et à l’aspersion par une servante…

Néanmoins, même rare, le bain existait, et ce dès la protohistoire grecque : le premier exemple connu de baignoire à été trouvé à Pylos, dans le palais dit de Nestor, et il date du XIIIème siècle avant J-C.

Dès l’époque archaïque, le développement des jeux, en particulier les jeux Olympiques initiés dès 776, s’est accompagné de l’usage de l’eau. Les gymnases comportaient des bassins et salles d’eaux réservés aux athlètes, d’un volume parfois important. On y a trouvé des systèmes de chauffage, et même des étuves chauffées avec des braseros, décrites par Strabon (Géographie, III, 3-6.)

Au IVème siècle, les gymnases se généralisent dans les grandes villes, et avec eux les baignoires ; le bain est suivi de frictions, avec des onguents composés de nitre, de cendre, d’argile et d’huile d’olive. Mais cela reste largement une pratique masculine, et réservée à une élite.

Le maquillage

Pour les Grecs de l’époque classique, la beauté était essentiellement masculine, consistait en une proportion parfaite des parties du corps, quasi mathématique, et s’obtenait et s’entretenait pas la gymnastique.

La beauté féminine, plus fondée sur la chair que sur le muscle, et sur l’art du maquillage plus que sur le naturel, était de ce fait dévalorisée ; ce qui explique que l’on ait fort peu de sources grecques concernant la κομμωτικὴ τεχνή, l’art du maquillage, et la plupart d’époque romaine. Cet art a été dès l’origine décrié par les philosophes et les auteurs de comédie ; songeons à Xénophon, qui dans le livre X de ses Économiques exige de sa jeune épouse qu’elle renonce à se maquiller.

Mais l’on apprend ainsi que les femmes grecques blanchissaient leur teint, le rehaussaient de rose, et soulignaient leurs yeux de noir.

Le blanc de céruse

C’est le produit phare du maquillage grec ; le ψιμύθιον (psimythion), fabriqué à base de plomb attaqué à l’acide acétique, transformé par fermentation (à l’aide de fumier) en carbonate de plomb, puis broyé, avait un remarquable pouvoir couvrant, d’un blanc éclatant ; mais, ingéré, c’est un poison, et son usage externe n’est pas sans danger !

Le rose

Il était obtenu par un mélange de produits, très variés : vermillon (sulfure de mercure) mêlé de blanc, hématite (oxyde de fer), ocre…