Le temps en Grèce ancienne

Les heures de la journée

L’alternance du jour et de la nuit, la course du soleil et de la lune ont, de tout temps, permis aux hommes de se repérer approximativement dans la journée ; mais le développement de la vie sociale et de ses obligations a très vite exigé un repérage plus précis.

Une journée divisée en 24 heures

Cette division, qui ne va pas de soi, vient en réalité des Egyptiens ; elle était mesurée par des « tables d’ombre » – instrument permettant de mesurer la longueur de son ombre à différents moments de la journée.

Une table d’ombre est un tableau qui donne approximativement la longueur de l’ombre d’un «gnomon » en fonction d’un « mois » de l’année et de l’« heure » du jour.

Mais cette mesure, restreinte à un usage purement religieux, restait approximative. Elle sera néanmoins couramment utilisée en Grèce et à Rome ; on en trouve des traces dans les textes, notamment de poètes comiques.

À l’époque hellénistique paraissent des tableaux, qui compilent les différentes longueur d’ombre en fonction de l’heure et de la saison : il faut se souvenir en effet que pour les Anciens, toutes les heures n’avaient pas la même durée.

Les Babyloniens, eux, possédaient probablement déjà des cadrans solaires et des clepsydres ; mathématiciens et astronomes, ils avaient du temps un usage beaucoup plus scientifique. Les Grecs hériteront donc à la fois des « tables d’ombre » égyptiennes, et des clepsydres et cadrans solaires babyloniens.

Mesurer l’écoulement du temps : la clepsydre

Clepsydre

La clepsydre, qui permettait de mesurer une durée (et non de donner l’heure !) était un élément essentiel de la vie publique, dans une société où les procès se multipliaient : elle permettait de définir un temps de parole égal entre les adversaires. Lorsque l’on convoquait des témoins, ou lisait des documents officiels (décrets, textes de loi…), la clepsydre était momentanément arrêtée.

La clepsydre de l’Amphiareion d’Oropos

Connaître l’heure : le cadran solaire

Le cadran solaire aurait été inventé par Anaximandre ; une magnifique mosaïque romaine trouvée à Trèves montre cette invention.

Mosaïque de Trèves

Le cadran solaire est un instrument fixe, permettant de mesurer l’ombre d’un « gnomon », et de déterminer ainsi l’heure, mais aussi le jour et la saison. Héritier des tables d’ombre, il est beaucoup plus précis. D’abord plan (horizontal ou vertical), il peut aussi, à partir du IIIème siècle av. J-C, prendre une forme sphérique, la « scaphè », grâce à l’inventeur Bérose.

Les heures du jour ainsi mesurées étaient variables, longues en été, brèves en hiver ; et l’on ne pouvait, bien évidemment, utiliser le cadran solaire la nuit, ni quand le temps était couvert.

Le cadran solaire indique l’heure vraie à un instant T, sur un point précis indiqué par la longitude : cette heure n’est pas la même lorsque l’on se déplace – ce qui, dans l’Antiquité, alors que les déplacements étaient lents, ne gênait personne. Mais un cadran solaire ne pouvait être déplacé.

Un cadran solaire peut également indiquer la date approximative, en particulier les dates remarquables comme les équinoxes et les solstices.

Pour comprendre le principe du cadran solaire, on peut se reporter au site de Michel Lalos, et notamment à cette image.

Connaître l’heure : l’horloge hydraulique

L’horloge hydraulique est un perfectionnement de la clepsydre ; elle n’indique plus seulement une durée écoulée, mais l’heure qu’il est, en tenant compte de tous les paramètres (longitude, saison…) ; actionnée et maintenue en état par un esclave (il fallait veiller à ce qu’un dépôt n’empêche pas le bon écoulement de l’eau), elle représentait un progrès sur le cadran solaire : elle fonctionnait de jour comme de nuit, et dans toutes les conditions d’éclairage. Objet monumental, souvent offert à la cité par un magistrat ou un riche citoyen, elle faisait partie du mobilier urbain. Il en existait une sur l’Agora, près des tribunaux, dans l’angle sud-est ; elle a été découverte en 1953, et sa construction remonte probablement au IVème siècle av. J-C.

On dit qu’Archimède inventa la première horloge hydraulique capable de sonner les heures.

Horloge hydraulique et cadrans solaires : la Tour des Vents, à Athènes

La Tour des Vents

Construite vers le Ier siècle av. J-C par l’ingénieur macédonien Andronicos, la « Tour des vents » est une horloge hydraulique monumentale, en forme de tour octogonale haute de 12 mètres, et d’un diamètre de 8,40m. Sur chacune de ses faces était représenté un des huit vents qui soufflaient à Athènes, et au sommet du toit une girouette indiquait d’où venait le vent ; à l’intérieur, un mécanisme hydraulique permettait d’indiquer l’heure. Chacune des faces exposées au soleil à un moment de la journée était ornée d’un cadran solaire.

La tour des Vents, à l’ouest de l’agora romaine.

À l’intérieur, on peut encore voir la cuve de l’horloge hydraulique et des traces de canalisation.

La Tour des Vents reconstituée par Stuart Revett (1762)

La tour des vents au 18ème siècle

Utilisée comme clocher d’une église byzantine, puis pendant la période ottomane comme tekke de derviches, elle se trouvait à demi enfouie ; elle ne fut dégagée qu’au milieu du 19ème siècle.

Le calendrier

Il faudrait en réalité parler « des » calendriers, car chaque cité a le sien. L’on trouve néanmoins quelques constantes :

  • L’année compte 12 mois ;
  • Il s’agit d’un calendrier lunaire, c’est-à-dire fondé sur les phases de la lune ; avec des éléments solaires, comme l’attention aux équinoxes et aux solstices.

En revanche, l’année ne commençait pas partout au même moment : Sparte la faisait débuter à l’équinoxe d’automne, Athènes au solstice d’été, Thèbes au solstice d’hiver.

Nous nous intéresserons plus particulièrement au calendrier d’Athènes.

Le calendrier athénien

Il compte 12 mois, alternant des mois de 29 et de 30 jours – ce qui crée un déficit de 10-11 jours par rapport à l’année solaire ; pour y remédier, on intercale un 13ème mois de 30 jours tous les 3 ans – mais il manque encore 9 jours pour que la concordance avec les années solaires soient parfaites.

Au 5ème siècle, pour éviter trop de décalages, on invente un cycle de 8 ans au lieu de 9, au cours duquel on intercale 3 mois de 30 jours, la 3ème, la 5ème et la 8ème année.

L’année commençait en principe à la nouvelle lune suivant immédiatement le solstice d’été. Elle était divisée en 3 saisons (ὥραι), le printemps, l’été et l’hiver. Il faudra attendre la conquête Romaine pour que l’année compte 4 saisons.

Les 12 mois :

Nom signification durée équivaut à peu près à… Fêtes principales
Hécatombeion mois de l’hécatombe (fête) 30 jours juillet Panathénées
Métageitnion mois des déménagements 29 jours août
Boedromion mois des Boédromies 30 jours septembre initiation à Eleusis
Pynaepsion mois de la fête des pynaepsies 30

jours

octobre
Maimakterion mois de Zeus Maïmaktès (impétueux) 29

jours

novembre
Poséidon mois de Poséidon 29 jours décembre  dionysies rurales
Mois intercalaire Poséidon II 30 jours
Gamélion mois des mariages 30 jours janvier Lénéennes
Anthesterion Mois des fleurs, en l’honneur de Dionysos 29 jours février Anthestéries
Elaphèbolion Mois d’Artémis « qui poursuit les cerfs » 30 jours mars Dionysies urbaines
Mounikion mois d’Artémis de Mounikie 29 jours avril
Thargelion mois des Thargélies, en l’honneur d’Artémis et Apollon 30 jours mai Thargélies
Scirophorion le mois des Scirophories » en l’honneur d’Athéna  29 jours juin  Scirophories

 

Mais les correspondances indiquées sont très approximatives, avec une marge d’erreur pouvant aller jusqu’à 2 mois certaines années ! Les Athéniens eux-mêmes n’étaient pas les derniers à se moquer des imperfections de leur calendrier…

Chaque mois était divisé en 3 décades, et les jours n’avaient pas de nom particulier : on était simplement, par exemple, « au 8ème jour de la deuxième décade de tel mois ». Et pour pimenter encore un peu le décompte, les jours de la 3ème décade (qui pouvait en compter tantôt 10, tantôt 9) étaient notés en partant de la fin ! Ainsi, ce qui serait pour nous le 27 février était pour un Athénien « le 2ème jour de la 3ème décade du mois d’Anthestérion »… à condition que cette année-là, ce soit bien le mois d’Anthestérion qui corresponde à février… Reconnaissons que l’on peut faire plus simple et plus pratique !