Repérer et classer les subordonnées interrogatives indirectes (aussi appelées "percontatives")
Exemplier, tiré de "L'Exil selon Julia".
1. Combien de Nègres vous envient, vous n'en avez pas idée. (p. 28)
2. Peut-être que tu veux seulement savoir comment nous allons les uns les autres. (p. 146)
3. Je me demande si tu n'as pas envie de voir un peu la télé, là-bas, à Routhiers. (p. 147)
4. Je me rappelle quand Man Bouboule faisait la crème-caco, quand on baignait nos corps dans l'eau tiède des bassines à feuillages. (p. 148)
5. Je ne sais même pas si je vais envoyer cette lettre. (p. 150)
6. Je ne sais pas à qui m'adresser. (p. 150)
7. Je ne sais pas si tu as la radio à Routhiers. (p. 151)
8. Je ne sais pas si mes pensées te parviennent comme des lettres à la poste. (p. 151)
9. Je me demande si les événements de Mai 68 ne sont pas la réalisation d'une de mes pensées. (p. 155)
10. Je ne peux pas te dire si papa est heureux ou malheureux de quitter la France pour retourner aux Antilles. (p. 166)
11. Grands feuillages verts et fleurs rouges. Comment se nomment ces variétés ? Nous ne savons plus. (p. 177)
12. Elle ne peut oublier ce qu'ils ont enduré. (p. 209)
Question
Dans les exemples ci-dessus, relevez les subordonnées percontatives, et classez-les, en faisant toutes les remarques utiles.
Solution
Classement des percontatives
Nous trouvons tout d'abord des interrogatives totales, toujours introduites par le morphème "si" : (3), (5), (7), (8), (9), (10) ;
Puis des interrogatives partielles : (2), (6) ;
Enfin, des cas à part :
(4) et (12) :
Les verbes introducteurs ne posent pas une question, mais évoquent une connaissance : "se rappeler", "ne pas oublier". Toutefois, la construction est rigoureusement parallèle à celle des percontatives, du moins pour l'exemple (3) : "je me rappelle quand..." // je demande quand...
Par ailleurs, elles ne sont ni déplaçables, ni effaçables, peuvent être une réponse à une question, et sont remplaçables par le pronom "le".
On peut donc les considérer comme des interrogatives indirectes (avec, pour (12) le recours à un pronom décumulatif) ; toutefois, on peut aussi considérer (12) comme une relative.
(1) et (11) :
Dans ces deux cas, l'ordre est inversé, et l'on peut voir ici deux indépendantes - y compris dans (1) où la ponctuation suggère la présence d'une seule phrase, avec inversion.
Dans (1) la reprise par le pronom "en" indique que l'interrogative n'est pas COD, mais COI : on a idée de quelque-chose.
Dans (12), au contraire, nous avons deux indépendantes juxtaposées ; mais il suffirait de rétablir l'ordre canonique pour retrouver une percontative on ne peut plus classique, du même type que (2) et (6).
On comprend dès lors que la notion de subordination, en ce qui concerne les interrogatives indirectes partielles, est fragile : peut-être s'agit-il tout simplement, à l'origine, d'une simple juxtaposition. Cela peut-être confirmé par certaines autres langues, comme le grec ancien, pour lesquelles il n'y a pas de marque spécifique à l'interrogation indirecte : c'est tout simplement une interrogation directe juxtaposée à la principale, parfois même sans changement de temps ni de personne.