Reconnaître et analyser les présents de l'indicatif

Nous avons recopié ci-dessous le texte d'Édouard Glissant.

Les paysages des Amériques conviennent à ces extensions. Même cultivés, ils ne perdent rien de leur démesure, qui n'a pourtant pas à voir avec leur étendue. Les houles des plaines, les labours enfouis de l'Atlantique vers où ont chaviré tant d'Africains lestés de boulets, les jardins de la Caraïbe, terrés dans les hauteurs, loin des Plantations, et où les essences se supportent pied contre pied, les cahots des ravines, l'îlet le plus diamantaire posé comme en marge d'une éruption imminente : tout s'ouvre, convoque l'ailleurs, lève le vent et les cyclones. L'inextricable s'étend comme contagion de sèves qui sont laves.

La description de tels lieux, c'est-à-dire leur décalque réaliste, n'est jamais suffisante à elle-même, parce qu'ils disent plus que leur apparence ne signale. Ils s'étendent au loin. Faulkner ne décrit pas, il diffuse le paysage partout. Le lecteur sourcilleux me mettra sans doute face à mes erreurs et à mes aveuglements, m'indiquant peut-être et s'il le juge utile des pages entières de description que je lirai avec plaisir : on n'a jamais tout lu de Faulkner et on a bonheur à découvrir quelque fragment d'un texte de lui, parce qu'on sait que ce sera en bouture avec le reste.

"Grand primitif, serviteur des vieux mythes" ainsi que le qualifie M. Maurice Edgar Coindreau dans sa Préface à l'édition française des "Palmiers sauvages", il touchera, beaucoup plus qu'au paysage, à la vie tourmentée des éléments, l'air et le vent et le furieux cyclone, l'eau et la pluie et les inondations déracinantes, la terre et les sables mouvants et les crevasses qui ensevelissent, le feu et l'incendie, et à leur trouble retentissement sur l'être humain : par ces liens primordiaux dont on ne peut parler qu'avec le langage de l'obscur. L'élément primitif ne rencontre l'humain que dans l'exaspération. On ne se raccorde pas aux anciennes combustions, aux plus abyssales communications, par la bonace et la placidité.

Dans l'œuvre, le fleuve Mississipi est partout présent, en arrière-pays, un charroi éparpillé, une pluie qu'on voit et qui ne tombe pas, une humidité invisible sous toutes les peaux – comme est partout présente la petite musique du malheur.

Question

Dans le texte ci-dessus, relevez et classez les verbes à l'indicatif présent, selon leur groupe et leur personne.

Solution

1er groupe

2ème groupe

3ème groupe

3ème pers. sing.

s'ouvre

convoque

lève

signale

diffuse

juge

qualifie

rencontre

raccorde

tombe

a

est

décrit

a

sait

peut

est

voit

est

3ème pers. pl.

se supportent

ensevelissent

conviennent

perdent

sont

disent

s'étendent

Question

Pour chacun des verbes relevés ci-dessus, donnez la 1ère personne du singulier et du pluriel.

Solution

  • 1ère personne du singulier

    • 1er groupe : j'ouvre, je convoque, je lève, je signale, je diffuse, je juge, je qualifie, je rencontre, je raccorde, je tombe, je me supporte.

      On remarquera que le verbe est strictement identique à la 1ère et à la 3ème personne du singulier : seul le pronom sujet permet de les distinguer.

    • 2ème groupe : j'ensevelis.

      Ici, la désinence (-s pour la 1ère personne, -t pour la 3ème) permet, à l'écrit, de faire la distinction ; celle-ci est imperceptible à l'oral.

    • 3ème groupe : j'ai, je suis, je décris, je sais, je peux, je vois, je conviens, je perds, je dis, je m'étends.

      Dans ce groupe, on peut distinguer les verbes pour lesquels seule la désinence permet de distinguer la 1ère de la 3ème personne à l'écrit (décrire, savoir, pouvoir, voir, perdre, dire, s'étendre), et ceux pour lesquels il y a un radical différent : les auxiliaires "être" (je suis / il est) et "avoir" (j'ai / il a).

  • 1ère personne du pluriel

    • 1er groupe : nous ouvrons, nous convoquons, nous levons, nous signalons ,nous diffusons, nous jugeons, nous qualifions, nous rencontrons, nous raccordons, nous tombons, nous nous supportons.

    • 2ème groupe : nous ensevelissons.

      Ici, la désinence (-ons) se fixe sur un radical étendu en -iss-, caractéristique du 2ème groupe.

    • 3ème groupe : nous avons, nous décrivons, nous savons, nous pouvons, nous voyons, nous convenons, nous perdons, nous disons, nous nous étendons.

      Dans ce groupe, très majoritairement, le pluriel est formé sur un radical différent de celui du singulier.