Le présent de l'indicatif : définition et emplois

Définition

Le présent de l'indicatif est le premier temps que l'on rencontre lorsque l'on étudie un verbe dans une grammaire française ; il est aussi le plus employé, car considéré comme "neutre".

Remarque préliminaire

Le présent existe dans plusieurs modes : l'indicatif (je chante...), l'impératif (chante...), le conditionnel (je chanterais...), le subjonctif (que je chante...), l'infinitif (chanter...) et le participe (chantant...).

Nous étudierons donc ici le présent de l'indicatif, les autres présents seront étudiés avec l'ensemble des modes correspondants (respectivement aux séquences 37, 38, 39, 40 et 41).

Le présent de l'indicatif est dépourvu de toute marque temporelle ou modale ; il n'a donc pas de valeur sémantique propre – ce qui lui vaut une multitude d'interprétations, liées au contexte dans lequel il se trouve.

Il peut exprimer l'action pure, sans nuance d'aucune sorte : c'est le temps du constat, de la vérité générale :

"La nuit, tous les chats sont gris.".

À ce titre, il peut exprimer une généralité, y compris dans le futur ("Demain on rase gratis.").

Il peut également marquer une permanence, ou une répétition.

Dans le texte d'Édouard Glissant, « les crevasses qui ensevelissent » indique la répétition d'un même danger.

Il peut également avoir une valeur déictique, se référent au temps du locuteur :

"Maintenant, le soleil se lève, commence à monter dans le ciel..."

Il peut être utilisé dans les énoncés performatifs : on appelle ainsi les énoncés qui constituent en eux-mêmes une action, par le seul fait de les prononcer.

Ainsi, lorsque le président de séance dit "Je déclare ouverte la séance", il ouvre, par le fait même de le dire, la séance en question.

Il peut enfin être utilisé pour actualiser une action passée, afin de dramatiser le récit. C'est ce que l'on appelle le "présent de narration".

Dans un système conditionnel, le présent dans la subordonnée prend une valeur prospective, dans la mesure où la principale est au futur ; c'est donc le temps de la principale qui détermine la valeur du temps dans la subordonnée.

Par exemple, dans le texte d'Édouard Glissant : « Le lecteur sourcilleux me mettra sans doute face à mes erreurs (...) m'indiquant peut-être et s'il le juge utile des pages entières de description... »

On peut ainsi gloser la phrase d'Édouard Glissant :

  • S'il le juge utile, il m'indiquera...

    Ici, nous avons un système éventuel, portant sur le futur.

  • S'il le juge utile, il m'indique... : cette phrase, toute entière au présent, indiquerait alors non une condition à proprement parler, mais une répétition.

Fondamental

Le présent n'indique donc rien par lui-même, ni l'extension du moment auquel il se rapporte, qui peut aller de l'instant infime ("soudain, je vois...") à une durée infinie ("cette situation dure indéfiniment"), ni ce moment lui-même, qui peut être passé ("j'arrive à l'instant"), présent ("je suis là") ou futur ("demain, je pars à l'aube"). Toutes ces nuances sont indiquées par le contexte, dans la phrase ou le texte.

Le présent est donc sémantiquement vide, ce qui permet la multiplicité de ses emplois.