On trouve de nombreuses figures de construction reposant sur des parallélismes :
Anaphore rhétorique : répétition
d'un mot ou groupe de mots en début de phrase, de paragraphe ou de strophe.
On trouve par exemple :
"et je
l'ai trouvée amère - et je l'ai injuriée"
et j'ai joué... et le printemps...
l'anaphore sert de liaison entre les paragraphes.
L'hypozeuxe : parallélisme appuyé de groupes syntaxiques le plus souvent juxtaposés.
"Et je l'ai trouvée amère / et je l'ai injuriée
je me suis armé / je me suis enfui (avec antithèse)
j'ai appelé les bourreaux pour... /j'ai appelé les fléaux pour...
Je me suis allongé... / je me suis séché...
On peut noter que toutes ces figures se trouvent dans la première moitié du texte. Faut-il voir là une opposition entre l'unité et le désordre, introduit par le "or" et le "couac" ?
On trouve également d'autres types de figures de construction, notamment :
l'hyperbate ou "rallonge" : la phrase se poursuit alors qu'elle semblait terminée. On trouve même ici une double hyperbate :
"J'ai assis la beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée."
Autre exemple :
"La charité est cette clé. - Cette inspiration..."
Ici l'hyperbate traduit le mouvement de la pensée :élan vers le Bien (la
beauté, la charité) et aussitôt après retour vers le mal, contradiction
d'autant plus forte qu'elle surgit sans être annoncée.
L'asyndète : absence d'un outil coordonnant attendu. Elle est associée à l'hyperbate dans "La charité est cette clé. - Cette inspiration..." Ces deux figures combinées soulignent l'extrême rudesse de la contradiction.
La polysyndète se définit au
contraire comme la multiplication des liens coordonnants. C'est elle qui
permet de créer la figure de l'hyperbate, dans "et je l'ai trouvée
amère. Et je l'ai injuriée... Et le
printemps...
Elle peut aussi souligner une accumulation "et
ton égoïsme, et..."
On peut noter que le Prologue alterne
asyndète et polysyndète : cela veut probablement exprimer une logique qui
dérape...
Le chiasme, ou reprise dans l'ordre inverse ;
"où s'ouvraient tous
les cœurs, où tous les vins coulaient" :
chiasme syntaxique, où les verbes encadrent les sujets.
ou encore : "faire
s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine / sur toute joie,
pour l'étrangler..." où
alternent la destruction (faire s'évanouir, étrangler) et les sentiments
positifs (espérance, joie) : on voit ici que le chiasme montre que le Bien
est vaincu par le Mal.
La métonymie : substitue au signifié littéral un signifié dérivé, l'un étant traité, dans son entier, comme un élément de l'autre.
La partie pour le tout : "une prunelle moins irritée" (Prologue de la Saison en enfer) ; la prunelle est mise pour l'œil, lui-même mis pour le regard.
Le tout pour la partie (rare). Ex : "laver la cuisine" = laver le sol de la cuisine.
métonymie de la matière : "le fer", "les vitres"
métonymie du contenant : "boire un verre"
métonymie de l'effet pour la cause
métonymie du lieu : un bordeaux, un camembert
métonymie du corps : "les
cœurs" (Prologue de la Saison en enfer)
= l'amour, la personne amoureuse ?
Faut-il considérer "les bourreaux", "les fléaux",
la boue... comme des métonymies du mal ?
"les quelques petites lâchetés en retard" : métonymie de la
cause pour l'effet. Les textes produits par la lâcheté = les
Illuminations ?