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Le Goulag (exposé d'élève)

     

© Marjorie Mathias, TL 2



Introduction
Le terme Goulag est un mot d'origine russe signifiant "direction générale des camps" (Glavnoïe Oupravlenie Lagereï). Il a été créé par le régime soviétique dans les années 1928-1929, faisant référence au système concentrationnaire dont la mise en place a commencé sous Lénine en 1918. En effet, celui-ci avait pour but, après les révolutions d'octobre de 1917, de "nettoyer la terre russe de tous les insectes nuisibles", les "insectes" étant les croyants et le clergé (ennemis de classe.)


Officiellement, le Goulag est un système de rééducation par le travail, mais en réalité c'est un système de destruction psychologique et physique des individus. Son but est aussi économique : en effet, avec les plans de développement imposés par le régime, la main-d'œuvre du Goulag est utilisée pour améliorer la production du pays. On se servira aussi des détenus pour permettre la valorisation des terres éloignées et pour compléter l'armée soviétique durant la 2nde Guerre Mondiale. En 1956, le Goulag fut dissous, une nouvelle dénomination remplaça la notion de "camp" par celle de "colonie de redressement par le 
travail".

I) LES VICTIMES DU GOULAG
A) Les années 1930

*Koulaks
Dès les années 1930, Staline, s' inspirant de la "méthode" de Lénine, organisa des déportations massives par trains dans le cadre d'extermination des koulaks en tant que classe". Les koulaks étaient des riches paysans qui étaient contre la collectivisation des terres, car leur richesse risquait d'être distribuée, leurs terres confisquées. Staline appelle ce phénomène la dékoulakisation : des millions de paysans dénoncés sont arrêtés et déportés.

*Prisonniers politiques
En 1934, Staline déclenche les Grandes Purges, c'est à cette époque que le Goulag est définitivement organisé. Les "Procès de Moscou" en 1936-1937 augmentent le nombre de déportés : c'est la plus forte augmentation annuelle constatée. Les membres du parti communiste sont jugés, parfois même des compagnons de Lénine ainsi que des hauts fonctionnaires. L'URSS connaît une période de terreur, car même des communistes sont déportés. Pour l'essentiel, il s'agit d'opposants politiques, les "ennemis du peuple" ou de personnes contre-révolutionnaires. Chacun est soupçonné et on assiste à des dénonciations entre voisins, entre personnes d'une même famille. Les prisonniers politiques représentaient environ 1/4 des effectifs.

*Droits communs
Les autres détenus n'étaient pas tous des "droits communs", mais le sens s'est élargi et désignait aussi toutes les personnes n'ayant pas respecté les innombrables lois répressives mises en place à l'époque : cela pouvait aller de la dilapidation de propriété kolkhozienne à des retards à l'usine injustifiés ou supérieurs à 20 minutes. Ces fautes étaient passibles de 5 à 25 ans de camp. Ces lois frappaient beaucoup de personnes et sanctionnaient de façon disproportionnée le moindre délit.

B) 1945 : l'immédiat après-guerre
*Les groupes nationaux- prisonniers de guerres
En 1945, des populations entières (Baltes, Ukrainiens, Géorgiens...) furent déplacées vers les camps. Il s'agit d'une nouvelle vague de déportation, qui, pour certaines, commença dès l'occupation soviétique. En effet, c'est dès 1939 que les populations des pays Baltes furent déportées, dès 1940 pour les polonais. Ces peuples entiers étaient accusés d'avoir collaboré avec l'Allemagne, Staline parlait de "responsabilité collective". Jusqu'en 1952, c'est aussi des Grecs, des Arméniens, des Turcs qui sont déportés. Il s'agissait pour Staline, de peuples "punis" pour la collaboration. Puis ce furentt les prisonniers russes rentrant de captivité en Allemagne, condamnés pour les mêmes raisons. 
Staline craignait très fort la trahison, il déportait tous ceux sur lesquels il avait des soupçons. L'immédiat après-guerre est un moment où affluent des catégories nouvelles : des prisonniers de guerre, des "éléments étrangers" des régions nouvellement incorporées, des collaborateurs réels ou supposés.

II) LES DIFFÉRENTS CAMPS
A) Les travaux forcés, les mines
Quand on parle de Goulag, on pense souvent d'abord aux camps de travail forcés. C'est là que les détenus travaillaient 8 à 10h par jour en été sous la chaleur, l'hiver dans un froid atteignant jusqu'à -40°C. Ils étaient situés dans les régions éloignées de l'URSS, des régions inhospitalières du Nord et de la Sibérie. C'est dans les îles des Solovki, en mer Blanche, et à la Kolyma qu'on 
envoyait indifféremment tout ces gens. Le régime voulait exploiter ces ressources (bois, or, diamant) mais jugeait trop coûteux d'envoyer une main-d'œuvre salariée. A la Kolyma, par exemple, la région est riche en minerai, mais son exploitation est coûteuse, donc on envoie une main d'œuvre gratuite capable de travailler dans les mines assez longtemps par des températures extrêmes avec pour seul "salaire" quotidien : un gobelet d'eau et 300g de pain.
D'autres camps sont situés en Russie orientale, mais vers la fins des années 30, les camps de travail sont disséminés dans tout le pays, y compris à Moscou. Les "Zeks" ou détenus de ces camps sont aussi utilisés dans les grands travaux du type des canaux Volga-Mer Blanche ou Volga-Moscou. Les routes, chemins de fer et même des villes nouvelles seront aussi construits par ces Zeks.
En tout, le Goulag a duré une génération, soit une vingtaine d'années. Les chiffres des victimes sont très imprécis car ils dépendent des sources : les estimations des survivants, l'administration peu sérieuses du régime, mais on sait qu'ils ont touchés plusieurs dizaines de millions de personnes.
La mortalité des camps variait selon les époques. Todorov faisait cette réflexion : "Ce n'est pas la mort qui prend ici un sens, c'est la vie qui n'a plus aucune valeur. En effet, le Goulag est un univers où le laisser-aller, l'indifférence, l'abandon semblent avoir joué un rôle plus important qu'une volonté systématique d'extermination. Dans certains, à cause des famines et du fait que l'acheminement de la nourriture n'était pas suivi, les détenus mourraient de faim et d'épidémies : ils étaient complètement abandonnés à leur sort. Les années 1933 et de la 2ème Guerre Mondiale furent les plus dévastatrices : un détenu sur cinq mourait.

B) Un autre type de camp
Il existait des camps un peu spéciaux en URSS appelés Charachkas. Ils étaient destinés aux intellectuels, mathématiciens, ingénieurs qui servaient de "puits de connaissances" mis à profit par le gouvernement de Staline. Celui-ci les employait tout simplement pour leurs capacités créatrices et innovatrices, bénéfiques dans la course à la maîtrise des nouvelles technologies. 
C'est dans un de ces camps qu'est envoyé Soljenitsyne la toute première fois, avant d'être transféré dans un camp de concentration, d'où il tirera Une journée d'Ivan Denissovitch. De ce camp de scientifiques, il fera le thème de son roman Le 
premier Cercle
. Mais c'est véritablement dans L'Archipel du Goulag que Soljenitsyne se fera connaître. Dans ce livre, il fait une 
analyse minutieuse des camps de travails, associé à une véritable étude de l'homme dans sa condition pénitentiaire. L'Archipel du Goulag est une réflexion philosophique sur l'homme broyé par le totalitarisme, sur sa capacité de résistance dans des conditions de vie extrême, sur l'homme mourant et l'homme révolté.

Conclusion
Finalement, le Goulag aura joué un rôle important dans l'industrialisation de l'Union soviétique, puisqu'il aura permis une partie de son développement économique, mais cela au prix de nombreuses vies. Aujourd'hui, les chiffres connus ne sont pas garantis être exactes car les sources diffèrent, mais on estime qu'environ plusieurs dizaines de millions de personnes y trouvèrent la mort. Beaucoup de critiques, notamment de survivants, se sont développées, le plus marquant d'entre eux est bien Soljenitsyne. Mais l'on peut également citer Varlam Chalamov, et ses Récits de Kolyma.