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chronologie

ENNIUS (239-169 av. J-C)

Biographie :

Né à Rudies, en Messapie (70 KM à l'est de Tarente), il parle d'abord le grec et l'osque. Il sert comme socius (allié, dans les contingents des cités soumises à Rome)en Sardaigne ; protégé par Caton, il enseigne le grec à Rome ; il fait alors la connaissance de Scipion l'Africain, Servilius Geminius, Marcus Fulvius Nobilior qui, en 189, l'emmena comme historiographe en Etolie.

En 184, le fils de M. Fulvius lui fit accorder la citoyenneté romaine et un lot dans la colonie de Potentia.

Après sa mort, en 169, une statue lui fut élevée dans le tombeau des Scipions.

Les Annales :

Elles comptaient 18 livres, mais il n'en reste que 600 vers.  Elles racontent, dans les six premiers livres, la création de Rome et son histoire jusqu'aux guerres puniques. Les livres VII à IX étaient consacrés à a seconde guerre punique. Enfin, les 9 derniers livres, écrits au fur et à mesure des événements, perdent toute unité.

Ennius veut faire œuvre d'historien, mais en même temps idéaliser les événements, dans la veine de l'épopée, et glorifier ses protecteurs, notamment Fulvius Nobilior. Il s'inspire d'Homère par le don d'évocation, l'art de la comparaison, et la manière de mêler réalisme et épopée. Il produit souvent de très belles maximes, et veut donner une image de Rome, héroïque, sublime et pure (cf. Corneille...)

Voir texte traduit et commenté.

Les Tragédies :

Ennius écrivit une vingtaine de tragédies, le plus souvent inspirées par Euripide, avec une prédilection pour les sujets tirés de l'Iliade. On peut citer deux Achille, Ajax, Alexandre, Andromaque prisonnière, La Rançon d'Hector, Hécube, Alcméon, Athamas, Cresphontes, Les Euménides, Erechthée, Iphigénie, Médée, Phœnix, Télamon, Télèphe, Les Sabines, l'Ambracia...

Il n'en reste au total qu'environ 300 vers.

Les Satires :

Du latin "saturae" (salades), ce sont des "poésies mêlées", en 4 livres : satires, veine épique, poèmes gastronomiques, poèmes d'inspiration sicilienne...

Ennius mêle le rationalisme d'Euripide, le pythagorisme (métempsycose) et l'épicurisme. Il s'oppose à son époque superstitieuse.

Sur le plan littéraire, il a voulu créer une langue poétique, en partant du vocabulaire pauvre et peu expressif de l'aristocratie, sans recourir au grec : une entreprise qui évoque, par avance, les efforts de la Pléiade dans la France du 16ème siècle :

Bibliographie :


ANNALES, Livre I

Romulus et Rémus.

Curantes magna cum cura, tum cupientes                 
Regni, dant operam simul auspicio augurioque.     
... Remus auspicio se devovet atque secundam         45
Solus avem servat. At Romulus pulcher in alto
Quaerit Aventino, servat genus altivolantum.
Certabant urbem Romam Remoramne vocarent.
Omnibus cura viris uter esset induperator.
Exspectant, veluti, consul cum mittere signum           50
Volt, omnes avidi spectant ad carceris oras,
quam mox emittat pictis e faucibus currus ;
Sic exspectabat populus atque ora tenebat
Rebus, utri magni victoria sit data regni.
Interea sol albus recessit in infera noctis.                  55
Exin candida se radiis dedit acta foras lux ;
Et simul ex alto longe pulcherruma praepes
Laeva volavit avis. Simul aureus exoritur sol,
Cedunt de caelo ter quattuor corpora sancta
Avium, praepetibus sese pulchrisque locis dant.        60
Conspicit inde sibi data Romulus esse priora,
Auspicio regni stabilita scamna solumque.

Traduction :

Soucieux, grandement préoccupés, désireux à ce moment du pouvoir royal, ils appliquent simultanément leur attention à l'observation des oiseaux et aux signes auguraux. ... Rémus se consacre aux auspices et seul, il guette un oiseau favorable. Quant au beau Romulus, il cherche au sommet de l'Aventin, et guette la gent ailée. Ils luttaient pour savoir s'ils appelleraient la ville Rome ou Rémora. Tous s'inquiétaient de savoir lequel des deux serait le chef.
Ils attendent, comme, lorsque le consul veut lancer le signal, tous avidement regardent vers les barrières, se demandant dans quel bref délai elles laisseront échapper les chars des loges peintes ; ainsi attendait le peuple, attentif aux événements : auquel des deux serait donnée la victoire d'un grand règne ?
Entre temps le clair soleil retourna dans les abîmes de la nuit. Puis la lumière éblouissante se répandit, chassée au-dehors par les rayons ; au même moment, venu du haut du ciel, de loin le plus beau présage, sur la gauche vola un oiseau. Aussitôt que le soleil d'or se lève, s'élancent du ciel trois fois quatre oiseaux sacrés ; ils se présentent en belle et favorable position. Romulus se rend compte alors que la primauté lui est accordée par l'auspice, que la base et le marchepied du trône sont consolidés.

Commentaire :

Ce texte raconte, pour la première fois dans la littérature latine (mais probablement en se fondant sur une tradition orale), l'histoire de la fondation de Rome : une histoire fondamentale pour l'épopée nationale, et qui sera reprise par Tite-Live.

LA LEGENDE :